Lucidity
Si on analyse rapidement Lucidity, il est assez facile de tracer des parallèles avec des choses très connues. Le Lemmings de David Jones notamment, qu’on ne vous fera pas l’insulte de présenter, ou plus récemment le très bon Eets de NinjaBee (aussi sur XBLA, on vous le recommande). Des jeux où on n’a aucun moyen de diriger directement le personnage à l’écran, qu’il faut guider jusqu’au bout du niveau grâce à diverses plateformes ou mécanismes. Un genre déjà exploité donc, même s’il n’est vraiment pas utilisé souvent par les développeurs. Mais les références – on vient de les citer – existent et permettent de dresser une comparaison. Et justement, à ce niveau-là, Lucidity ne s’impose jamais vraiment comme un jeu exceptionnel. Rythme posé, plutôt facile à parcourir (même si le challenge est un peu relevé par l’absence de checkpoints au sein des stages), le soft n’offre surtout pas énormément de variété. On dirige l’héroïne, Sofi, dans les niveaux grâce à des objets (ventilateurs pour planer, vieilles chaussures à ressorts pour sauter, etc) distribués aléatoirement par le jeu. Le joueur ne fait aucun choix direct, à part, bien sûr, celui de déposer l’objet devant la petite fille imprudente. Il peut, certes, « sauter » une pièce, avec possibilité de la ressortir plus tard à la place d’une autre, mais c’est tout. Si bien qu’on se sent tout de même légèrement guidé au cours du jeu, voire parfois impuissant quand la bonne pièce ne veut résolument pas apparaître au bon moment.
Lucidité
En fait, la force de Lucidity est ailleurs. Le jeu a fait l’objet d’une réalisation artistique exemplaire, avec un rendu « papier canson » réussi et bien animé. La bande-son est elle aussi à retenir, proposant de nombreux morceaux, tous bons, et envoutante dès l’arrivée sur l’écran-titre. Ces éléments participent à bâtir une vraie personnalité au titre, qui gagne définitivement ses lettres de noblesse grâce à son histoire, très simple mais particulièrement touchante. Il n’était sans doute pas évident de trouver un thème qui correspondrait parfaitement au style emprunté à Lemmings, mais LucasArts l’a fait, et ce n’est pas tellement surprenant quand on voit qu’un des mentors du projet (Jens Andersson) est un ancien du studio suédois Starbreeze, expert en scénarios. Sans dévoiler l’intrigue, le fait d’aider soi-même Sofi à trouver sa route à travers les mondes fantasmagoriques qui forment l’univers de Lucidity prend petit à petit tout son sens, notamment lors d’un final assez émouvant. C’était un peu ce qu’on attendait secrètement du jeu, après tout.