Reportage Xbox 360 : Forza Motorsport 3 aux 24H du Mans
24 heures au Mans (un peu moins en fait)
Si la journée que nous avons passée au Mans avait pour but d’effectuer les premiers tours de roues sur Forza 3, elle nous a également permis de constater que la popularité de l’événement sarthois est au beau fixe. Les alentours du circuit mythique étaient assez impressionnants, entre parkings immenses, campings improvisés et, malheureusement, montagnes de déchets dues à l’affluence entraînée par la course. Notre programme consistait d’abord à visiter (brièvement) les abords du circuit, et notamment la pitlane, surpeuplée mais impressionnante, compte tenu des bolides qu’on pouvait apercevoir dans les différents box. Malheureusement, pas de tour de piste pour continuer, mais un bon quart d’heure de marche pour rejoindre l’espace VIP de Peugeot, partenaire de la Xbox 360 depuis quelques années déjà. Après un rapide déjeuner, il était temps de passer aux choses sérieuses.
24 (au moins) bonnes raisons d’acheter Forza Motorsport 3
Dès son entrée en scène, Dan Greenawalt, patron de Turn 10 et brillant conférencier (on a pu le voir lors du show Microsoft à l’E3, le 1er juin), a mis les points sur les i : Forza 3 est le « definitive racing game » de cette génération, c’est-à-dire le plus grand jeu de course, tout simplement. Une déclaration pleine de poids, mais qui s’appuyait sur un argumentaire bien préparé, et organisé en quatre points : l’aspect visuel, le contenu très dense, le gameplay et la créativité de la communauté.
Le secteur des jeux de course est sans doute l’un de ceux mettant le plus en valeur un rendu visuel réaliste. Gran Turismo, Project Gotham Racing, Colin McRae, autant de licences qui ont assis une partie de leur renommée sur une maîtrise technique hors-normes. C’est justement là que Forza Motorsport 2 avait trébuché. Déjà critiqués en 2007, les graphismes du soft ont aujourd’hui terriblement vieilli. Pour y remédier, Turn 10 a choisi de concevoir un moteur tout neuf, garantissant à la fois une fluidité sans failles (60 images par secondes) et des modèles beaucoup plus élaborés (dix fois plus de polygones, définition deux fois supérieure) que ceux de Forza 2. Cela se voit bien sur les images déjà diffusées sur internet, qui donnent une bonne idée du rendu du soft. Il faut toutefois savoir qu’un léger aliasing, invisible sur les captures, demeure dans le jeu. Rien de comparable avec Forza 2 néanmoins, d’autant que les décors ont eux aussi subi une très belle mise à niveau. Les alentours des pistes, mais aussi les paysages en arrière-plan rivalisent désormais sans problème avec la superbe chaîne montagneuse de Gran Turismo Prologue.
Avec 400 voitures, 50 fabricants, 100 circuits (dont Le Mans, bien sûr) et 200 épreuves de carrière, c’est sûr le contenu que Forza 3 va faire très fort. La durée de vie du jeu devrait être colossale, sans compter les options multijoueur et la partie customisation, qui permettra comme toujours de personnaliser son véhicule à outrance, que ce soit techniquement ou artistiquement. Pour assurer toujours plus de profondeur, Turn 10 a inclus quelques sympathiques trouvailles, comme des classements en ligne pour les créateurs. Photographes, peintres ou cinéastes (via le tout nouvel éditeur de vidéos), tous pourront essayer de devenir des célébrités sur le Live, même en ne conduisant pas. La présentation ne nous a malheureusement pas permis d’apprécier la qualité des outils mis à disposition, notamment en termes de création de films.
Dan Greenawalt, conducteur en chef chez Turn 10, a mené la danse
pendant la présentation.
On aurait pu penser que Turn 10 éviterait de trop changer la formule gagnante du gameplay de Forza 2 pour se concentrer sur les à-côtés qu’on vient de décrire, mais le studio a choisi de doter son jeu de nouvelles options, censées le rendre plus accessible pour les néophytes. En plus de la classique ligne d’aide au freinage et à la trajectoire, on trouve deux options intéressantes. Le retour en arrière d’abord, emprunté à Race Driver Grid, qui permet à tout moment, en appuyant sur la touche back, de « rembobiner » la course sur cinq secondes environ, et ce autant de fois qu’on le désire. La conduite « un bouton » ensuite, qui prend totalement le contrôle de la voiture, laissant le joueur agir uniquement sur l’accélération.
Evidemment, on voit déjà les puristes crier, cependant l’aspect simulation a lui aussi bénéficié de nouveautés, comme un système impressionnant de physique des pneus, qui se déforment en temps réel pendant les courses et agissent directement sur la tenue de route des bolides.
Et puis il y a ce que beaucoup avaient déploré dans l’épisode précédent : enfin, chaque véhicule possède sa vue cockpit, finement modélisée.
Stéphane Sarrazin, auteur de la pole position et second de la course le Week-End suivant,
a assuré que "Forza, c’est mieux que Gran Turismo". Sûr de toi, Steph’ ?
Comme toujours, un pilote pro s’était déplacé pour assurer que Forza 3 était le jeu le plus réaliste de tous. Après Bourdais en 2007, c’est Stéphane Sarrazin qui est venu tester la simulation devant les journalistes. Même si ses louanges n’avaient forcément pas le même poids que ce qu’il pourrait dire en privé, on était plutôt enclin à le croire, tant le soft est agréable à prendre en main. Après plusieurs tours au pad et au volant, c’est en effet un sentiment d’admiration qui ressort de nos essais, car Turn 10 paraît réellement avoir réussi à reproduire les sensations d’un vrai pilotage. Toutes aides désactivées, on ressent extrêmement bien le poids des voitures, les reprises, les dérapages, et il faut du doigté pour s’en sortir face à une IA de qualité, tenace mais qui fait aussi des erreurs quand on la met sous pression. En définitive, Forza reste un exemple de simulation, et c’est là, peut-être sur le point le plus important, que résidera la principale force de cet épisode.
24 heures du manque de modestie ?
Au sortir de la journée, un sentiment de satisfaction prédominait. Oui mais voilà, en toute objectivité, il est difficile de ne pas se rappeler des mots de Greenawalt : Forza 3 sera LA simulation ultime. Vraiment ? Même si, comme le PDG de Turn 10 nous l’a confirmé, Polyphony Digital est venu étudier et poser des questions sur le jeu, sur le stand Xbox 360 pendant l’E3, le studio japonais est loin de partir battu. Et Forza 3, malgré son aspect imprenable, a des failles. Le soft ne proposera pas de courses sous la pluie, ou de nuit, comme son concurrent. Pas d’animations lors des arrêts aux stands non plus. On peut en outre se questionner sur le moteur de gestion des dégâts, plutôt léger : les voitures se déforment vraiment peu par rapport à des Grid ou des Burnout, et les malus dus aux accidents n’étaient pas encore pris en compte dans la démo du Mans. Enfin, les courses, limitées à huit véhicules seulement, risquent de manquer d’envergure. Tous ces éléments mis bout à bout ne poussent vraiment pas à décréter que le match des simulations est gagné d’avance.