Conférence Xbox 360 E3 2008 : A game for everyone
N’oubliez pas le résumé vidéo de la conférence préparé par Spawn (cliquez ici)
Quelle nouvelle énergie peut bien posséder les pontes de Seattle pour qu’ils s’imposent pareil défi ? Sans doute la concrétisation, enfin, de leurs désirs les plus fous, à savoir une gamme de jeux et de services à la hauteur de leurs ambitions. L’année passée, c’était un Peter Moore sur le déclin et un Jeff Bell artificiel qui avaient tenté de montrer que joueurs occasionnels et confirmés pouvaient très bien trouver leur bonheur sur Xbox 360. Cette année, le programme reposait à peu de choses près sur les mêmes thématiques, mais le contenu présenté s’est révélé finalement bien plus touffu.
La Wii en ligne de mire
Ces derniers temps, si la Wii a bien mis quelque chose en lumière, c’est l’arrivée d’un nouveau public amateur de jeux vidéo, différent des hardcores solitaires et incompris maniant des pads aux innombrables boutons. Nintendo le démontre de façon éclatante, bilan après bilan : le marché du jeu vidéo occasionnel existe et n’a même jamais été aussi dynamique.
Problème : ce marché, Microsoft n’a commencé à le considérer que récemment. Avec sa Xbox qui n’a jamais été autre chose qu’une machine de connaisseurs, et une Xbox 360 qui s’est construit la même image dès son lancement, le géant américain était mal parti, mais n’a jamais osé faire les choses en grand pour combattre des idées pas si reçues que ça. Si la Three-Sixty connaît aujourd’hui des difficultés à tenir la cadence sur presque tous les grands marchés mondiaux, c’est en grande partie pour ça. Redmond a préféré serrer les fesses, attendre que sa branche loisirs devienne rentable, pour ensuite commencer à remonter la pente.
La conférence du 14 juillet a montré que, faute de grandes innovations, du travail sérieux avait (enfin) été effectué en amont pour construire une image plus ouverte, et sans doute plus consensuelle, à la 360.
La plateforme s’impose d’abord comme un réel centre multimédia, disposant d’un catalogue VOD dorénavant très solide aux Etats-Unis, avec l’apport de NBC/Universal ou encore Netflix, premier mondial de la location de DVD en ligne.
Ensuite, comme pour valider son nouvel attrait revendiqué pour le grand public, la 360 va adopter dès l’automne une toute nouvelle interface, beaucoup plus épurée que les menus-lames présents depuis le lancement fin 2005. Plus graphique, presque sans texte, le dashboard new look se pare entre autres des avatars, clones des Miis de Nintendo qui remplaceront vraisemblablement les images des gamercards actuelles. La nouvelle ayant été éventée depuis un moment, pas de surprise ici.
Ce qu’on ignorait, c’est que les avatars serviraient à participer à de toutes nouvelles activités communautaires, allant de simples visionnages de photos ou de films en ligne jusqu’à de vrais jeux « télévisés » produits par Endemol (et sans doute d’autres sociétés à l’avenir) au sein du Live Prime Time. Cette fois, ce n’est plus aux Miis mais au service Home de Sony qu’on pense.
L’ensemble paraît être plutôt bien pensé, néanmoins, impossible de ne pas tiquer devant la similarité entre ces concepts et ceux des consoles concurrentes. Certes, on n’est plus à un copiage près dans l’univers impitoyable des jeux vidéo, cependant ce sont ces nouveautés qui forgeront le nouveau visage de la Xbox 360, un visage qui aura forcément du mal à dégager une personnalité affirmée puisqu’étant dérivé de celles de la Wii et de la PS3.
Vous avez dit lisse ?
Ce manque de personnalité, trait correspondant finalement assez bien à quelqu’un désireux de plaire au plus grand nombre, a été l’apanage de l’intégralité, ou presque, de la conférence, à commencer par Don Mattrick, toujours aussi superficiel sur scène que durant ses années Electronic Arts. Shane Kim n’étant pas spécialement charismatique non plus, et John Schappert, en charge des nouveautés Xbox Live, peinant à équilibrer la balance, on a surtout assisté à des discours très convenus et caricaturaux. Les nouveaux jeux eux-mêmes ont été à la peine, avec des Scene It 2 et You’re in the Movies très inspirés des créations grand public (respectivement Buzz et Eye Toy) que Sony possède depuis l’ère PS2. Un goût de réchauffé donc, et heureusement pour la nouvelle gamme casual de Redmond que Lips, bien que très proche de Sing Star, possède visiblement beaucoup de potentiel avec, il est vrai, une valeur sûre aux commandes, le studio Inis.
Pour s’attarder un moment sur le cas Lips, il est bon de se rappeler qu’on attendait aussi de la conférence Microsoft l’annonce d’une nouvelle manette, la Newton, aux caractéristiques semblables à la Wiimote de Nintendo. Annonce qui n’est jamais venue. Or, le micro, accessoire central de Lips, inclura, lui, un détecteur de mouvements. Les paris sont ouverts pour deviner si ce micro était en fait le projet Newton, ou bien si Microsoft garde encore des atouts dans ses manches. En tous les cas, ce n’est pas encore aujourd’hui que les jeux Wii seront portés sur 360, et ce n’est peut-être pas si mal en fin de compte.
En revanche, la Xbox 360 possède désormais un excellent line up de jeux musicaux, ociaux par excellence. Guitar Hero 4 sera bien entendu là, Rock Band 2 exclusif, grâce au copinage de toujours avec EA, et ultra-complet (500 morceaux avec la compatibilité du premier épisode), et donc enfin Lips, avec son concept pouvant potentiellement mettre fin aux éternels add-ons et contenus payants à la Sing Star.
Défilé de mastodontes
Avant la révélation de ces projets, Microsoft avait débuté les hostilités par les classiques présentations on stage, souvent dédiées aux blockbusters. Fallout 3, Resident Evil 5, Fable 2, Gears of War 2, (très) belle brochette, des dates annoncées, des infos attendues (le coop en ligne de Fable 2), des développeurs stars (Howard de Bethesda, Inafune de Capcom, Molyneux de Lionhead et Bleszinski d’Epic), des séquences de gameplay carrément emballantes pour au moins trois des quatre larrons, bref, pas mal, mais tous ces jeux avaient déjà été maintes fois présentés et/ou previewés auparavant. Pas de grosses nouveautés, seulement plus de choses sur des jeux déjà bien connus, et tel serait le cas pendant toute la durée du show.
La surprise aurait dû provenir de la nouvelle interface de la console, mais comme le scoop avait été révélé par erreur sur le web, rien ne permettait de réellement s’enflammer. Rien, jusqu’à l’arrivée de Wada-San, le Président de Square Enix. Prétextant la présentation de la gamme RPG déjà assez étoffée sur 360, le bonhomme était en réalité présent pour réaliser un retour sur scène surprise et annoncer Final Fantasy XIII sur Xbox, un événement « historique » aux conséquences réelles encore floues mais qui rappelait pour le coup les beaux jours de l’E3 souverain, où on était nourris aux news-coup-de-poing (la conférence Microsoft de 2006, particulièrement réussie).
Une conférence au contenu intéressant mais pas totalement emballant, voilà ce qu’a proposé Microsoft il y a quelques jours à Los Angeles. L’équipe aux commandes du navire et la politique adoptée semblent moins rock’n roll qu’il y a quelques années. La nécessité de s’accrocher, de ne plus perdre d’argent, de combattre la Wii sur son terrain, a joué un rôle certain dans cette métamorphose. Mais il n’y a, à priori, rien à craindre pour l’instant : les grosses productions continueront à alimenter le catalogue. A défaut d’avoir du caractère, la Team Xbox version 2008 fait son boulot consciencieusement.
A l’issue de cette keynote, on pouvait par conséquent osciller entre la satisfaction d’avoir vu du concret, du solide et un constructeur visiblement sûr de lui, et la déception de n’avoir eu que Final Fantasy de réellement surprenant, tout en ayant assisté à un show trop calme et convenu. Les atouts pour enflammer les débats, Microsoft les avait : le nouveau jeu Bungie, probablement un Halo, qui était prêt à être montré, ou encore Alan Wake, dont le retour se fait de plus en plus pressant. L’annonce prochaine d’un éventuel X08 pourrait expliquer que Redmond ait gardé certaines annonces choc sous le coude. Et permettre de mieux mettre en perspective la conférence du 14 juillet.
N’oubliez pas le résumé vidéo de la conférence préparé par Spawn (cliquez ici)