[Edito] Xbox, Phil Spencer et la personnification d’une force (enfin) tranquille
Deus Ex Xbox
Hier 1er mai, Microsoft par l’intermédiaire de Phil Spencer, patron de la branche Xbox, dévoile la tenue de l’événement dont tout le monde rêvait dès lors qu’il était impossible pour cette personne de se rendre sur les stands de l’E3, de la Gamescom et des tous les autres événements publics qui doivent cette année faire profil bas en attendant des jours meilleurs. Avec le Xbox Game Festival, c’est le jeu vidéo du futur qui s’invite dans les salons de monsieur et madame tout le monde. Avec cet événement, c’est Microsoft qui pose les coudes sur la table.
Si Microsoft a souvent joué le rôle de suiveur depuis la tristement célèbre chute de la Babylone Mattrick-tienne, les choses ont progressivement changé pour déboucher en 2020 sur un positionnement de locomotive prête à tracter toute l’industrie vers la nouvelle génération de consoles. Microsoft soigne sa communication, affiche la maîtrise de son destin en envoyant à la face du monde et surtout celle de son principal concurrent les spécificités détaillées de sa future machine ; écrasé sous le poids d’une guerre qui a vu Sony s’imposer largement, Microsoft a cependant une réaction de leader. Une confiance inébranlable dans sa destinée.
Dans ce contexte de tentative de rebattement des cartes, la personnification de la machine de guerre Xbox joue un rôle primordial. Certainement arrivé là où il est pour ses indéniables qualités managériales, pour cette capacité à aller au charbon qui fait partie de l’ADN Microsoft et pour laquelle Don Mattrick restera l’exception confirmant la règle, Phil Spencer a de façon totalement volontaire ou non, changé la perception que nous autres joueurs avons de la famille Xbox. Qui de mieux placé qu’un homme au physique de cow-boy pour prendre le taureau par les cornes ? Sourire vissé sur les lèvres, buste imposant façon pare-buffle de pick-up, Phil Spencer inspire la confiance au-delà de ses capacités de patron, au-delà de son statut de « corporate ».
Tout joueur peut citer le créateur de jeux vidéo qu’il admire, celui dont il suit les créations avec confiance. Qu’importe le résultat : de Yu Suzuki à Tim Schafer en passant par Shigeru Miyamoto, la liste des personnages capables de convaincre leurs afficionados avant la moindre publication d’une esquisse de projet est longue. Phil Spencer a quelque part donné à cet état de fait son pendant « managérial ». Il n’est certes pas le premier à imposer sa personne auprès d’un public. On pense à Regis Fils-Aimé de Nintendo America voire même Kazuo « kaz » Hirai, ex-PDG emblématique de Sony. Plus proche de nous encore, il y a Larry Hryb, alias Major Nelson qui est parvenu à nous donner l’impression d’avoir un tonton dans la maison Xbox.
L’impact Spencer semble cependant plus grand. Une déclaration de Microsoft c’est une chose, une annonce estampillée Phil Spencer une autre. Nous avons confiance dans l’homme au-delà de sa fonction et c’est tout de même quelque chose d’assez exceptionnel dans une industrie qui a souvent eu le chic, un peu malgré elle, de rendre célèbre les patrons au tempérament bouillonnant voire détestable. Phil Spencer c’est au contraire l’incarnation d’une approche positive, la force tranquille née d’une capacité à dire ce qu’il pense et à faire ce qu’il dit.
Résultat direct ou non de cette présence forte à la tête de la maison Xbox, on observe la propagation de ce rapport familier (au sens noble) entre les joueurs et les personnes à la tête des différentes branches Xbox à travers le monde. Il suffit d’observer les comportements des joueurs Xbox sur Twitter qui sollicitent régulièrement la responsable de la branche Xbox française, Ina Gelbert, comme ils l’ont régulièrement fait (beaucoup plus encore) avec son prédécesseur Hugues Ouvrard. Le rapport marque/consommateur affiche quelque chose d’assez inédit quand on y pense en brisant les intermédiaires, en créant du lien direct entre le management et la personne qui utilise ses produits. Un lien que l’on observe beaucoup moins chez les autres constructeurs et qui semble, sous certains aspects, impossible à envisager dans d’autres domaines professionnels.
Rien ne dit que cela est totalement le résultat de l’aura presque magique de celui que l’on finit par appeler Philou. Mais il est indéniable que l’homme a radicalement changé la Xbox et l’image que nous en avons. Nous, vous et ceux qui sont restés accrochés au wagon lorsqu’il chancelait sérieusement.
Fais-nous rêver Philou !