Interview Lorne Lanning
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N’oubliez pas de participer à cette interview en répondant
à la question que vous pose Lorne Lanning en fin d’article ! Toutes
les réponses seront traduites et envoyées à Lorne Lanning, et en plus on
tirera au sort l’un ou l’une d’entre vous pour lui envoyer un DVD Bonus
exclusif sur la série Oddworld.
Xbox Mag.net : Cher Lorne, merci beaucoup d’avoir accepté cette
interview.
Lorne Lanning : je vous en prie.
La série Oddworld
Xbox Mag.net : Initialement, la série Oddworld était supposée
être une saga en 5 épisodes, chaque épisode étant joué avec un personnage
différent. Puis le concept a évolué, Abe a eu deux épisodes (L’Odyssée et
l’Exode ndlr), Munch un seul, et L’Etranger, qui n’est pas directement relié à
l’univers original de Abe, s’est inséré comme une sorte de déclinaison.
Dites-vous au revoir à votre idée initiale ou bien est-ce que tout ceci converge
vers quelque chose de bien défini ? Et si vous avez changé d’idée, vers quoi
évoluez-vous et pourquoi ?
Lorne Lanning : C’était l’idée initiale. Cependant,
après Munch, j’ai senti que l’histoire de Munch était tellement différente [que
prévue] en raison des défis technologiques, que je n’ai pas souhaité revivre
cela pour les épisodes suivants de la pentalogie. Ca a toujours été l’un de nos
espoirs de porter ces histoires sur grand écran en tant que film d’animation
(comme un Pixar ndlr), mais voir les histoires altérées en raison de challenges
techniques, l’un des problèmes auquel le medium jeu vidéo fait constamment face,
m’a amené à y réfléchir à deux fois avant de sortir ces histoires d’abord en
tant que jeu.
XM : Est-ce que cela signifie que vous êtes plus motivé pour
faire des films d’animation pour la pentalogie que des jeux vidéo ?
L.L. : Je dirais « plus à l’aise », au lieu de « plus motivé
».
Le jeu vidéo comme
moyen d’expression
XM : Certaines valeurs sont communes à chaque jeu Oddworld, y
compris Stranger : le respect de la nature, de la vie sauvage et des indigènes,
la critique de la démagogie pour le profit dans les grandes entreprises, ou
encore l’apologie de la lutte des peuples oppressés contre leurs oppresseurs.
Globalement, les jeux Oddworld sont donc très engagés, et vous semblez même
vouloir aller plus loin avec le prochain Citizen Siege. Pensez vous que les jeux
vidéo devraient être plus militants et réfléchis, et qu’il est temps que
certains utilisent les jeux un peu comme Michael Moore utilise le cinéma ?
(informer et combattre par le divertissement)
L.L. : Je pense que les jeux sont une forme
d’expression artistique, ce qui implique qu’ils sont capables de faire passer
une conviction personnelle. Un message personnel rend toujours le divertissement
plus intéressant. Les meilleurs films, romans, pièces de théâtre etc. sont
toujours le résultat d’une réflexion artistique passionnée et une
réinterprétation par les artistes de leur perception du monde. Les thèmes
véhiculés dans Oddworld ont toujours été des sujets desquels je me sentais très
proche, donc pour moi il est assez naturel de les évoquer au travers des jeux
vidéo.
Vers une distribution indépendante
?
XM : Faire un jeu nécessite de plus en plus de temps et
d’argent, et l’arrivée des prochaines générations de consoles va clairement
aggraver cette situation. Cela induit que les investisseurs seront de mois en
moins volontaires pour produire des jeux sans licence ou trop originaux (trop
outland-esque). Pire encore, la philosophie marketing (adapter les jeux à ce que
veulent les gens) risque de devenir une menace réelle pour la créativité. Le
cinéma peut parfois éviter cela grâce aux réseaux de distribution indépendants.
Pensez-vous que l’industrie du jeu, qui est très rapidement passée du stade «
chacun peut créer avec quelques idées » à un modèle « quasi hollywoodien de
majors », peut elle aussi voir l’émergence d’une distribution plus indépendante
?
L.L. : La distribution indépendante sera viable lorsque
la distribution digitale sera opérationnelle (distribution directe par
téléchargement, sans passer par un revendeur physique ndlr). Je ne pense pas que
cela puisse arriver tant que les magasins resteront les distributeurs. Il y a
également beaucoup de phénomènes complexes corollaires à la production d’un jeu
qui ne le sont pas forcément dans la production d’un film, donc c’est encore un
peu comme « l’orange et la pomme » (ndtraduction : ce n’est pas pareil tout en
n’étant pas vraiment différent).
Cependant, je pense que la distribution
digitale (et les modèles économiques qui vont avec) est un grand espoir pour la
créativité vidéoludique dans les années à venir.
Le online dans les prochains jeux Oddworld
Inhabitants
XM : Il y a une évolution technologique majeure qui n’a encore
jamais été utilisée dans les jeux Oddworld, les possibilités de jeu online.
Comme vous le rappelez souvent, vous pensez que l’industrie du jeu vidéo a des
choses à offrir que le cinéma et la littérature n’auront jamais. Les
applications online peuvent clairement être considérées comme un attribut très
prometteur des jeux vidéo. Comment voyez-vous vos futurs projets intégrer ces
possibilités online ?
L.L. : Le jeu online est une part énorme de l’avenir,
mais parler de nos projets concrets dès maintenant serait prématuré. L’une des
choses que nous avons apprises dans ce milieu est que si vous parlez de grandes
idées avant de les faire fonctionner concrètement… l’industrie vous le fait
payer.
Bonus : Lorne Lanning vous pose une
question !
Question bonus : L’interactivité étant quelque chose que la
presse écrite peut difficilement offrir, pourquoi ne pas en tirer avantage ?
Ainsi, nous vous proposons cette fois de poser une question à nos lecteurs, nous
vous renverrons leurs réponses traduites.
L.L. : Très bien. Quels types de jeux, et quelles évolutions
espérez-vous de la prochaine génération de consoles de jeux ?
Merci de répondre à cette question soit dans nos
forums
, soit par email à cette
adresse. Toutes vos réponses seront résumées et traduites à Lorne
Lanning, et Electronic Arts offrira un DVD Bonus exclusif sur la série Oddworld
à l’un ou l’une d’entre vous.
XM : Merci beaucoup pour votre gentillesse et votre
disponibilité, et tous nos vœux de réussite dans vos prochains projets.
L.L. : Le plaisir est pour moi.
Interview réalisée le 24 février 2005.
