Test : Agatha Christie : The ABC Murders sur Xbox One
Poirot réforme l’orthographe
Si vous découvrez A.B.C. contre Poirot avec ce jeu Xbox One, vous y retrouvez le célèbre détective, accompagné de son acolyte Hastings, dans une aventure qui les met face à un tueur qui a décidé de faire de sa funeste mission un jeu tout autant macabre visant à provoquer Poirot et à mettre en doute sa capacité à résoudre les enquêtes. Cela commence par une lettre, puis un meurtre à Andover et la présence sur les lieux du crime d’un «A.B.C» (livre regroupant dans l’ordre alphabétique les horaires de train et les différentes destinations). Nous n’irons pas plus loin dans la présentation de l’intrigue pour ne rien gâcher de sa découverte. On peut néanmoins assurer que la plume de l’écrivaine britannique fait mouche naturellement et que les développeurs l’ont bien exploité : la progression est bien rythmée (ce qui n’est pas forcément toujours le cas dans un point & click vous en conviendrez), les révélations s’enchaînent, tout comme les dialogues. Nombreux, ceux-ci bénéficient d’un bon doublage en français, mais il y a toujours la possibilité de choisir l’anglais pour profiter de l’accent à couper au couteau du détective.
The A.B.C. Murders nous plonge ainsi pendant quelques heures dans une aventure qui mêle recherche, résolution de puzzles et exercices de réflexion autour de nombreuses questions. L’interface se veut minimaliste et les actions possibles lors des phases d’observation ne dépassent pas le duo regarder/utiliser. Ce parti-pris, qui n’est pas une mauvaise chose au regard de l’immédiateté du plaisir de jeu et du maintien d’un certain rythme, se révèle tout de même discutable lors de certains types d’action. L’observation des suspects par exemple ne requiert rien d’autre que le déplacement du curseur sur plusieurs points d’intérêt : il n’y a rien de spécial à faire ou à dire, pas de choix possible pouvant mener vers une erreur. Du côté des énigmes, le résultat est en dent de scie : on oscille entre le bon (néanmoins relativement facile) et l’exercice qui tend plus à faire office de remplissage par sa grande facilité ou son côté insolite. Il arrive que l’on ne sache pas vraiment ce qui justifie vraiment une action.
« on apprécie également la patte graphique du titre de Microids. Le style aux contours prononcés et aux multiples couleurs, la modélisation très marquée des personnages (aux visages taillés en biseau) : tout cela se fond dans des décors variés et bien représentatifs de l’époque à laquelle se déroule l’intrigue »
Et plus on avance et plus on se rend compte que The A.B.C. Murders est facile, un peu trop facile. A quelques rares exceptions, tout se fait sans même que l’idée d’avoir recours à une astuce ne vienne nous traverser l’esprit. Parler d’astuce est d’ailleurs un euphémisme tant l’option ressemble plus à un mode «pilote automatique» qu’à une simple aide. Les erreurs ne sont de toute façon pas sanctionnées et il suffit de multiplier les essais pour parvenir tôt ou tard à la résolution de neuf cas sur dix. On pense ici au système d’hypothèses consistant à répondre à une question en choisissant plusieurs éléments importants précédemment notés. Les interrogatoires laissent, quant à eux, le choix de l’approche (plus ou moins douce ou sournoise) mais conduisent souvent au même résultat. Loin d’ici l’idée de dire qu’un jeu n’a d’intérêt que s’il se montre difficile mais dans le cas présent, il faut bien reconnaître qu’un minium de challenge n’aurait probablement pas fait de mal à la durée de vie du soft : The A.B.C. Murders se boucle en six heures maximum.
Pourtant, l’aventure de Poirot se suit sans déplaisir, du début à la fin. Ce que The A.B.C. Murders concède du côté du gameplay, il le rattrape sur presque tous les autres aspects. Il y a bien sûr la qualité du scénario dont nous avons parlé ; mais on apprécie également la patte graphique du titre de Microids. Le style aux contours prononcés et aux multiples couleurs, la modélisation très marquée des personnages (aux visages taillés en biseau) : tout cela se fond dans des décors variés et bien représentatifs de l’époque à laquelle se déroule l’intrigue. Au bout de six heures, il faut avouer que l’on a quand même du mal à supporter encore les musiques trop peu nombreuses pour ne pas être répétitives ; mais on garde tout de même la satisfaction d’avoir suivi une enquête aux manières certes peu orthodoxes mais menée avec efficacité au final. Et c’est bien cela qui compte.
+
- Prenant de bout en bout
- Ambiance du livre bien restituée
- Personnages réussis
- Doublages français convaincants
- Agréable à regarder
-
- Trop facile
- Un poil trop court
- Musiques répétitives
- Certaines actions tirées par les cheveux