Jeux

Alaskan Road Truckers

Simulation | Edité par Green Man Gaming Publishing | Développé par Road Studio

6/10
One : 11 July 2024 Series X/S : 11 July 2024
23.07.2024 à 20h04 par - Rédacteur

Test : Alaskan Road Truckers sur Xbox Series X|S

Honk in the USA

Souvent cantonné aux routes européennes lorsqu’il officie sur consoles, le monde de la simulation de conduite s’en va prendre enfin un bol d’air très frais du côté du grand Nord américain avec Alaskan Road Truckers: Highway Edition. Tels des héros des Routes de l’Impossible, nous voilà partis pour des heures de conduite dans des contrées sauvages, belles autant qu’hostiles. Allons-nous survivre en territoire des loups ?

Déjà (et comme souvent) disponible sur PC depuis quelques mois, Alaskan Road Truckers: Highway Edition est arrivé sur Xbox Series X|S. Il est développé par Road Studio, une jeune équipe dont les projets tournent principalement autour de la conduite. Comme son nom l’indique, Alaskan Road Truckers nous invite à prendre les commandes de poids-lourds sur les routes de l’immense état septentrional américain et y assurer les livraisons de tous types de biens. Du chargement de denrées alimentaires au matériel de construction, du transport de carburant à celui de matériel militaire XXL, à peu près tout y passe. Les missions sont très nombreuses, on en trouve aussi bien dans les petites bourgades de l’état que dans des installations absolument paumées en pleine cambrousse. On n’est jamais très loin d’une possible mission.

A mesure que les points d’expérience s’engrangent, il devient possible d’accéder à des nouveaux camions plus puissants et donc capables de tracter des chargements toujours plus imposants. Vous connaissez la musique, on est ici comme dans tout bon simulator dans un jeu qui n’a ni histoire, ni finalité particulière, et qui repose simplement sur l’envie du joueur d’engloutir les kilomètres pour le seul plaisir de la conduite. Le seul véritable objectif de long terme consiste en l’augmentation des ressources financières qui ouvrent à l’amélioration du QG de l’entreprise. On y installe des places de parking pour disposer de plusieurs camions, un atelier de réparation, un autre pour la personnalisation des véhicules (uniquement esthétique avec pas mal de choix disponibles). Toutes ces choses sont certes disponibles ailleurs sur la carte, mais en disposer dans son QG offre une réduction des coûts.

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Une fois passée une brève mission de tutoriel nous indiquant les principales actions requises pour s’occuper d’un chargement (à savoir verrouiller la remorque, connecter les câbles et remonter les supports), on est libre de quitter le QG, point plus ou moins central de la carte, pour voguer vers de nouvelles aventures. La carte est intégralement accessible dès le départ du jeu, ce sont seulement certains types de livraisons qui nécessitent des points d’expérience pour l’obtention du permis et du camions associés. Alaskan Road Truckers dispose d’une carte de belle taille, très verticale, allant de Prudhoe Bay au Nord jusqu’à Port Valdez au Sud. Le jeu s’inspire librement de véritables lieux de l’état américain dans ses décors et propose de nombreux points d’intérêt où prendre une photo récompense le joueur de quelques points d’expérience. On apprécie ce petit aspect touristique, d’autant que la carte s’emploie à illustrer aussi bien que possible la variété des environnements naturels de l’Alaska, avec une nature qui évolue, devient progressivement désertique à mesure que l’on progresse au Nord.

Le réseau routier apporte lui aussi de la variété en imbriquant des tracés bitumés classiques, des pistes larges et d’autres qui ressemblent à des chemins, jusqu’à nous faire rouler sur des lacs gelés. Certaines expéditions prennent ainsi un caractère aventureux par la succession d’environnements qui sont autant d’expériences diverses. On ne va pas mentir cependant, on aurait aimé disposer d’un réseau encore plus dense, mais disons que l’on a ici avec Alaskan Road Truckers de quoi occuper déjà de nombreuses heures avant d’avoir complété l’exploration complète de la carte. Il faut ajouter que le jeu dispose de la météo changeante, du cycle jour/nuit mais aussi et surtout du cycle des saisons. Si les choses sont assez faciles en été, la période automne-hiver change les choses, avec bien évidemment l’apparition de la neige. Mieux vaut avoir alors avec soi des chaines, une belle doudoune et éventuellement un grattoir pour le pare-brise. Il y a de l’idée derrière l’univers d’Alaskan Road Truckers et on aurait vraiment pu trouver cela formidable si le jeu n’était pas aussi pauvre visuellement. Tandis que les modèles de camions s’en sortent plutôt bien (intérieur inclus), on évolue dans des décors qui oscillent entre le moyen et le franchement vieillot, le tout émaillé d’un clipping qui tente de se faire discret mais qu’on ne peut ignorer. La distance d’affichage n’est vraiment pas folle. On sait que les simulators ne sont pas de modèles de qualité graphique en général, mais certains jeux plus ou moins récents avaient redressé la barre ; de son côté Alaskan Road Truckers se range dans la catégorie des jeux graphiquement passables, fades, sauvés essentiellement par l’éclectisme évoqué un peu plus haut. Il souffre par ailleurs de quelques chutes de framerate, heureusement peu handicapantes.

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C’est donc moins vers le plaisir visuel que pour l’expérience manette en mains que l’on se tourne éventuellement vers Alaskan Road Truckers. Parmi les choses que l’on a appréciées, il y a l’effort des développeurs pour rendre l’expérience prenante au-delà de la simple conduite. Notre chauffeur doit ainsi veiller à manger, boire, dormir et lorsque vient l’hiver, combattre le froid. Il faut également prendre soin du camion à mesure que l’usure et les chocs éventuels viennent endommager les pneus, que les filtres s’encrassent, ou que les niveaux d’huile ou de liquide de refroidissement baissent. On passe donc régulièrement par les magasins dédiés et la partie boutique des stations-services pour faire des achats. Il y a quelque chose ici de certes accessoire mais très immersif quand on lance un plein d’essence et que l’on entre dans la boutique en attendant pour boire un café, acheter une nouvelle batterie et faire le plein de nourriture dont une partie peut être réchauffée dans le four à microondes de la cabine du camion. C’est tout bête mais ça marche parfaitement. Toutes les petites animations prévues par les développeurs, comme le fait de régler la quantité de carburant voulue, prendre le pistolet et le placer dans le réservoir, favorisent l’immersion. Il est à noter que manquer d’attention à notre personnage peut conduire au mieux à un mal de tête et des yeux qui se ferment en conduisant (toujours prévoir une boisson énergétique et des cachets pour le mal de tête qui va avec l’excès de caféine), au pire au décès du pauvre bougre. Il faut certes aller loin dans l’inconséquence pour en arriver là, Alaskan Road Truckers n’étant pas vraiment le jeu de « survie » qu’il prétend être, mais l’idée que cela puisse éventuellement arriver donne encore un peu plus de consistance à l’expérience.

Alaskan Road Truckers n’est donc certes pas très beau ni excessivement original, mais il est assurément l’un des simulateurs de conduite les plus prenants que l’on ait essayé sur une console Xbox. On se dit que chaque compartiment du jeu aurait certainement pu être amélioré, mais on y revient tout de même. Cette immersion fonctionne aussi grâce à la partie sonore réussie, du côté des bruitages mais surtout de la musique. Alaskan Road Truckers intègre la radio en ligne Truck Stop Radio, une première dans un simulator tous supports confondus. On profite ainsi de musiques sous licence, renouvelée en permanence. Il ne faut certes pas être totalement allergique à la pop allant des années 80 à nos jours, qui représente 90% des morceaux diffusés. Mais quoi qu’il en soit on a grandement apprécié les heures de jeu avec l’accompagnement de titres allant de Madonna à Dua Lipa en passant par AC DC, Michael Jackson ou David Guetta. Au pire, il y a toujours les musiques de fond du jeu qui sont plutôt sympathiques, quoi qu’un peu répétitives.

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Reste enfin à évoquer bien évidemment la conduite dans Alaskan Road Truckers. C’est un euphémisme que de dire que le jeu de Road Studio n’a pas grand-chose d’un simulateur, l’ensemble se voulant très « arcade » nonobstant la présence de petites choses comme la possibilité d’utiliser un embrayage en mode manuel ou bien de bloquer le différentiel lorsque l’ascension devient extrême. L’expérience est toutefois très accessible dans l’ensemble, plutôt maniable en dépit d’un étrange sentiment de flottement par moments, comme si la gestion des transferts de masse changeait de méthode en fonction de son humeur. Pas désagréable donc mais pas exceptionnel non plus, dans la configuration à la manette que nous avons testée. On navigue assez aisément entre les fonctionnalités, que ce soit via une roue de sélection, des raccourcis manette ou carrément depuis le tableau de bord (moyen plutôt fonctionnel). Difficile en revanche de ne pas pester contre les rétroviseurs à l’affichage archi-pixélisé et qui doit plafonner à 10 images par seconde.

On a noté par ailleurs de drôles de réactions lors de chocs, le résultat n’étant pas toujours très en rapport avec l’importance du sinistre, que ce soit pour la position du camion ou simplement le décompte de l’état de la cargaison. A noter qu’en cas de blocage dans le décor ou de panne, on peut utiliser la CB pour demander un remorquage contre écu sonnant et trébuchant. L’IA de son côté est plutôt rare sur les routes d’Alaska et elle se comporte de façon aléatoire. On l’a aperçu griller quelques priorités ou bien venir s’encastrer dans notre camion tandis que l’on bataille pour s’engager à une intersection. L’amende était en plus pour notre pomme. Attention d’ailleurs aux excès de vitesse, les forces de l’ordre sont rares aux abords des routes mais savent où se positionner pour rentabiliser leur sortie.

6/10
Alaskan Road Truckers est un simulateur de conduite qui a un certain charme. Il n’est pas dit pour autant qu’il fonctionne avec tout le monde car sa faiblesse graphique notamment et ses sensations de conduite perfectibles peuvent éventuellement détourner l’intérêt de certains joueurs. Nous retenons pour notre part qu’Alaskan Road Truckers est un jeu immersif, plein de petites idées qui fonctionnent plus ou moins bien, qui parvient à produire nonobstant ses défauts ce moment d’évasion, cet instant reposant et récréatif, que certains d’entre nous peuvent rechercher au travers du simulator. Il n’est pas le roi du genre, mais on vous conseille tout de même de vous y intéresser si vous partagez cette vision du genre.

+

  • Carte de bonne taille
  • Environnements et routes diversifiés
  • Des petites choses qui le rendent immersif
  • Bande-son impeccable
  • Très accessible

-

    • Graphiquement à la peine
    • Un certain manque de finition (clipping, bugs visuels et physiques)
    • Sensations de conduite perfectibles
    • Le rendu des rétroviseurs bâclé