Test : Another Dawn sur Xbox One
Il a formé ces mots avec la bouche : "Sauve-moi
Développé et édité par KR Games à qui l’on doit notamment sur PC les jeux Allison’s Diary, Another Dawn nous propose une aventure potentiellement intéressante sur le papier. Il y a la perspective bien sûr de jouer le prédateur et de coller quelques bastos et coups de couteau en toute discrétion aux vilains mercenaires qui ont enlevé la famille du héros. Mais au-delà de l’affrontement avec les hommes, Another Dawn nous met également au défi de faire face à nos besoins primaires : boire et manger. Du déjà-vu, me direz-vous. Pourtant cet aspect est ici traité d’une façon relativement différente des autres titres l’intégrant. Les consommables sont non seulement très rares mais la structuration linéaire et dirigiste du jeu fait finalement de la survie plus une sorte de « course aux checkpoints » qu’autre chose. En somme, on fait face à des barres de faim et de soif qui descendent très vite, transformant la survie en quelque chose de proche de la course contre-la-montre. Difficile dès lors d’envisager boucler un niveau sans mourir quelques fois au passage, le temps d’apprendre comment se présentent les environnements pour mieux les appréhender.
Oui Another Dawn est coupé en niveaux (une demi-douzaine environ) et non il n’est pas du tout porté sur l’exploration, en dépit de ce que peuvent peut-être suggérer les premières images présentées. On a toutefois l’opportunité de s’écarter un petit peu du chemin pour fouiller une pièce, maisonnette ou petite zone ; n’attendez cependant rien qui vienne fondamentalement changer votre façon d’engager l’expérience d’une partie à l’autre. Si tant est que vous vous lanciez sur un second run. Il faut dire qu’une fois que l’on a planté le décor, que l’on a dit ce que l’on a dit jusqu’ici, tout ce qui va suivre se pose comme une série presque sans fin de reproches. Another Dawn est sans trop de doute aujourd’hui la pire expérience jouable sur Xbox Series X|S et même face à l’immense catalogue Xbox One, le jeu peut se targuer d’aller titiller les limbes.
Commençons par quelque chose qu’Another Dawn fait mal, un peu malgré lui. Sur PC, le jeu de KR Games est pensé pour être joué en VR, chose qui est on le rappelle impossible aujourd’hui sur une console Xbox. Pas sûr que les joueurs PC trouvent avec ce jeu quelque chose de fondamentalement meilleur une fois un casque VR vissé sur le crâne, mais au moins auront-ils une impression moins déconcertante au moment de faire bouger le personnage. Sur Xbox Series/One Another Dawn est donc un jeu à la première personne tout ce qu’il y a de plus classique, à l’exception donc de bras un peu trop visibles et mal positionnés, et des mouvements du corps qui manquent cruellement de fluidité. Ce n’est pas rédhibitoire, mais ça donne le ton dès les premières secondes.
On avance un peu et on se rend compte que pointer un objet peut devenir un exercice de précision extrême. On aura entre temps pris soin d’aller dans les options pour baisser autant que possible la sensibilité des sticks, infiniment trop haute par défaut. Lorsque l’on a enfin réussi à assommer un ennemi sans se faire repérer (ce qui est dans le cas contraire synonyme de mort tant le personnage est faible), on découvre l’usage de l’arme à feu. Et là on s’accroche bien fort, car on est face à la visée la moins précise, souple, pratique (et tout ce que vous voulez d’autre) rencontrée ces dernières années. Pistolet, fusil d’assaut, fusil de précision : qu’importe le flacon, l’ivraie reste au placard. Flinguer un ennemi est un chemin de croix, même en facile. La seule arme qui vient sauver les meubles est l’arbalète. Elle n’est pas plus précise mais elle permet d’abattre un ennemi en un carreau, sans alerter les autres. De quoi souffler un peu, mais jamais trop longtemps car aussi vrai que l’on galère avec la visée, le niveau de faim et de soif baisse à grande vitesse.
Another Dawn ne dure que trois heures. Trois heures dans une ambiance sonore calme, très calme. C’est pourtant une durée suffisante pour nous en faire voir de toutes les couleurs : ennemis animés en hommage aux 32bits, IA au comportement absurde, niveaux parfois labyrinthiques et sans aucun intérêt, ni ludique ni scénaristique (ne vous attendez pas à une histoire un tant soit peu travaillée, ou tout simplement présente). Tout y passe. Les décors ont au moins le bon goût de se renouveler en termes d’ambiance d’un niveau à l’autre, nous faisant passer de la plage à la caverne puis aux abords d’un lac pour terminer du côté d’un laboratoire secret. L’ennui c’est que tout cela, d’un point de vue graphique, transpire le jeu Xbox 360 pré-2010. Pauvres, aliasés, baveux, les décors se payent le luxe d’afficher de sérieux soucis d’échelle, de perspective. Il y a clairement un problème à l’approche de certains éléments, comme la porte menant au second niveau. On a cherché un moment une fiole où serait écrit « bois-moi ».
A ce stade, ce n’est pourtant pas le pire. Quiconque parviendra aux deux derniers niveaux d’Another Dawn aura à faire à un framerate au bout du rouleau. Si les deux ou trois premiers niveaux font illusion (ce n’est pas beau, l’effet du soleil est ridiculement fort, mais ça ne rame pas), les choses se gâtent d’un coup une fois le laboratoire rejoint. Il n’est d’ailleurs pas question de chutes de framerate, mais d’un framerate qui doit plafonner à dix images par secondes. Rappelons que le jeu fait partie des titres optimisés Xbox Series X|S… On vous souhaite d’avoir un estomac bien solide pour affronter cela sur Xbox One cuvée 2013. Sur cette note effroyable, et après un dernier et gros effort, Another Dawn parvient quand même à nous surprendre dans ses derniers instants. On ne vous dit rien parce que l’on est à peu près sûr que vous non plus, celle-là, vous ne l’aurez pas vu venir !
Si vous n’envisagez pas de jouer à Another Dawn ou que le spoiler ne vous effraie pas, vous pouvez avoir cette grande révélation en toute fin de la vidéo à suivre, un Let’s Play complet orchestré comme toujours par Creasy Buscemi.
+
- Le mot « survie » n’est pas galvaudé
- Un peu de diversité dans les décors
-
- Commandes imprécises au possible
- Le shooting est dès lors une horreur
- Graphiquement d’un autre temps
- Framerate abominable sur le dernier tiers
- Animations ratées
- Il ne se passe pas grand-chose
- Trois heures globalement éprouvantes