Jeux

AO Tennis 2

| Edité par Bigben Interactive | Développé par Big Ant Studios

4/10
One : 09 janvier 2020
09.01.2020 à 08h00 par - Rédacteur en Chef

Test : AO Tennis 2 sur Xbox One

Faute directe

Après nous avoir servi une version enfin satisfaisante à l'occasion de la 118ème édition des Internationaux de France de Roland Garros, Tennis World Tour n'a pas tardé à laisser sa place dans le monde pas franchement hyper concurrencé du jeu de tennis. A seulement quelques jours de l'Australian Open, BigBen Interactive revient à la charge en commandant AO Tennis 2 à Big Ant Studios, déjà à l'origine du premier épisode. Une arrivée rapide donc, sans doute trop rapide même.

Pendant que certains rêvent du retour de Virtua Tennis ou de Top Spin, BigBen Interactive affirme sa position sur le marché de niche du jeu de tennis avec AO Tennis 2. En calant la sortie du jeu avec le début de la tournée australienne, qui se conclura fin janvier avec l’Australian Open, l’éditeur français ne cache pas ses ambitions, à savoir toucher en premier lieu les fans de la petite balle jaune. Et pour les convaincre, la société parisienne mise sur l’expertise des Australiens de Big Ant Studios, déjà à l’origine du premier épisode. Gros avantage donc, le titre permet de récupérer l’ensemble des contenus créés par la communauté sur le précédent AO Tennis, incluant les noms des différents tournois et certains joueurs qui ne font pas partie du roster de base.

L’outil de personnalisation très poussé permet de retrouver de très nombreux joueurs, ce qui paraît assez indispensable au moment de lancer le mode Carrière. La qualité des modèles présents dans le jeu est vraiment très correcte à l’exception de quelques uns, tandis que les modèles créés par la communauté vont du très bon au carrément immonde. Contrairement à Tennis World Tour, les développeurs se sont sérieusement penchés sur la modélisation de joueuses du circuit WTA, pour finalement inclure onze joueuses contre quatorze joueurs du circuit ATP. La communauté en revanche met une bonne claque à cet équilibre en proposant une très grande majorité de joueurs masculins, et très peu de joueuses. Un constat qui pourrait évidemment être corrigé à l’avenir, même si la tendance ne semble pas vraiment se dessiner en ce sens. Il reste tout de même de quoi faire pour lancer un match en simple, contre l’I.A. ou contre un ami, ou même un match de double jouables jusqu’à quatre en local. Sans se mentir, on n’a pas trouvé de joueurs en ligne pour tester les possibilités offertes en multijoueur.

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Mais le gros morceau de ce AO Tennis 2, celui qui a été largement mis en avant durant la promotion du titre, c’est le mode Carrière. Avec la possibilité de partir d’un joueur présent dans le roster ou en en créant un (en passant de longues minutes à le peaufiner dans les options de personnalisation), vous voilà donc lancé dans le grand bain. En partant de rien, il va donc falloir gravir les échelons un à un, tournoi après tournoi pour grappiller quelques points sur les compétitions mineures. Contrairement à Tennis World Tour, un très grand nombre de tournois sont intégrés, en prenant soin de respecter le planning officiel avec la tournée australienne, les saisons de terre battue et de gazon et même la tournée asiatique. Un tournoi similaire aux Jeux Olympiques revient même tous les quatre ans en vous permettant de batailler sous vos couleurs nationales. D’ailleurs, vraie fausse bonne idée, les développeurs ont choisi d’intégrer une multitude de nationalités différentes pour les joueurs fictifs, sans pondérer leurs chances de victoire. De quoi faire perdre un peu de réalisme à l’ensemble lorsque les top 3 se compose de joueurs du Sri Lanka, du Liechtenstein, et de Moldavie après deux ans écoulés dans le mode Carrière.

Mais le plus regrettable reste sans aucun doute l’intégration de séquences scénarisées. Si les conférences de presse sont plutôt agréables avec la possibilité de choisir une réponse parmi quatre pour répondre à la question d’un journaliste, le reste est largement dispensable. On se retrouve finalement avec constamment les mêmes séquences, généralement pour nous indiquer que notre tennis s’améliore et que les sponsors s’intéressent à nous. Plutôt présenté comme un mode scénario inspiré par L’Aventure de FIFA, le mode Carrière finit par traîner ces apartés ultra répétitives comme un boulet inutile. On se concentre donc sur le cœur du mode, avec la possibilité de dépenser de l’argent dans diverses compétences, pour diminuer la fatigue due au voyage par exemple, ou dans l’amélioration des coups.

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Car la palette est très large, voire totalement complète, et soigneusement découpée pour que les améliorations données n’affectent qu’un type de coups. Si vous souhaitez devenir un pro du revers par exemple, il faudra donc améliorer à la fois le revers simple, le revers slicé, et le revers lifté. Même chose pour le service et les coups droits, la volée et le lob étant encore à part. Des choix à prendre judicieusement car le début de Carrière peut vite s’avérer compliqué. Un gros manque d’équilibre a été noté du côté des nombreux modes de difficulté du jeu. Le premier mode de difficulté est enfantin, et vous empêche de mettre la balle en dehors du court. Par contre, dès le seconde mode de difficulté il devient très difficile d’enchaîner les points. La faute à votre joueur qui débute avec des statistiques très basses, avec la nécessité pourtant de gagner de l’argent pour l’améliorer. La faute également aux adversaires, qui ne font jamais de fautes directes ou presque, et dont les caractéristiques leur permettent de courir sans jamais se fatiguer, en réalisant des coups aux effets hautement improbables. On aurait souhaité que les entraînements permettent d’augmenter nos statistiques, quitte à faire une première saison blanche, mais ceux-ci ne servent qu’à débloquer des emplacements d’améliorations qu’il faudra ensuite acheter. Pour limiter la purge, il est heureusement possible de sélectionner le nombre de jeux et de sets selon le type de tournois, et surtout de simuler les matchs afin de faire grossir le porte-monnaie sans avoir à subir les double-bagels qui s’enchaînent. Un soulagement d’autant que les temps de chargement pour lancer un match, ainsi que les entraînements, sont interminables.

Et lorsque les caractéristiques du joueur sont enfin correctes, le gameplay nous rappelle tout de même à quel point il est exigeant. Basé sur le timing, celui-ci demande d’appuyer sur une touche (selon l’effet que vous voulez donner), de déplacer une mire, et de relâcher la touche lorsque le point au dessus du joueur devient vert. Un timing ultra tendu qui vire très rapidement au rouge, et donc à la faute directe, si vous choisissez de viser les lignes. Le fait de devoir regarder le joueur et le curseur en même temps rend la chose peut naturelle et demande énormément d’heures de jeu avant de s’y faire. Malheureusement, malgré cela, les échanges se ressemblent à peu près tous, et les enchaînements «amorties/lobs» restent la seule arme réellement efficace face à une I.A. capable d’encaisser des rallyes en essuie-glaces sans jamais se fatiguer. On aurait aimé pouvoir placer un contre-pied de temps en temps, ou une diagonale courte croisée, mais les difficultés à pouvoir maîtriser le gameplay est un véritable frein à ce qui aurait pu amener plus de diversité. Petit point positif tout de même, la présence des challenges qu’il est possible de demander lorsque la balle paraît limite. Il arrive d’ailleurs que les arbitres se trompent – même si cela est relativement rare – ce qui aide vraiment à l’immersion. On regrette par ailleurs que ceux-ci aient été traduits (par «défi») et qu’ils soient présents sur terre battue en lieu et place des «marques» de balle.

En parlant de traduction, il s’agit sans doute là du plus gros défaut du jeu. Là où la plupart des termes du tennis garde leur appellation anglophone, la société qui s’est chargée de réaliser la traduction du jeu s’est mis en tête de tout traduire, ruinant parfois certains tableau de statistiques (très bonnes au passage) avec des termes comme «point d’embrayage» ou «faute non directe». Du côté de la technique c’est assez sommaire passé les joueurs et le site de Melbourne qui bénéficient d’une bonne application. On note également l’absence de commentaires, un bon point lorsque l’on réécoute ceux de Tennis World Tour, et qui laisse place à des bruitages plutôt réalistes à l’exception des bruits de chaussures qui ne sont pas assez différenciés entre les surfaces dures en extérieur et en intérieur. L’impression de jouer l’Open d’Australie dans le gymnase de l’école du coin sautera sans doute aux oreilles des plus pointilleux.

4/10
On ne comprend pas trop ce qui s'est passé avec AO Tennis 2. On ne comprend surtout pas bien pourquoi BigBen Interactive n'est pas reparti de la version définitive de Tennis World Tour pour élaborer un jeu encore meilleur. Au lieu de cela, on se retrouve face à un jeu clairement moins bon que son prédécesseur, la faute à des échanges bien peu diversifiés, des trajectoires et des réactions peu réalistes et un mode Carrière mal chapeauté. Pourtant la profondeur de son contenu, enrichi par la communauté elle-même, est un argument de poids, qui se heurte malheureusement à trop d'imperfections.

+

  • Contenu énorme grâce à la commu
  • Visages officiels plutôt bien modélisés
  • Possibilité de jouer en double
  • Présence des challenges

-

    • Mode Carrière bancal
    • Echanges peu variés
    • Effets de balle parfois très exagérés
    • Mal équilibré dans l'ensemble
    • Des traductions complètement ratées
    • Terre battue sans traces de balles
    • Temps de chargement insupportables