Jeux

Assassin’s Creed : Brotherhood

Action/Aventure | Edité par Ubisoft | Développé par Ubisoft Montreal

8/10
360 : 18 novembre 2010
31.12.2010 à 13h29 par |Source : http://www.xbox-mag.net

Test : Assassin's Creed : Brotherhood sur Xbox 360

S'il y a bien une série chouchoutée par Ubisoft depuis son apparition en 2007, c'est bien celle des Assassin's Creed. Pour cette licence « AAA » par excellence adulée par des millions de joueurs, Ubi a mobilisé durant le développement de ce Brotherhood pas moins de cinq studios dispercés dans les quatre coins du globe. Pourtant, il ne s'agit pas encore du véritable troisième volet de la série. Du coup, cet AC:B serait-il la fin tronquée du précédent épisode ? Une extension façon 2.5 ? Bien plus ? Pour le retour d'Ezio, nous sommes venus, nous avons vu. Sommes-nous ressortis convaincus ?

Elma Pompéi, m’dame !

L’histoire d’Assassin’s Creed : Brotherhood prend place directement après la conclusion du précédent volet. Ezio, toujours en plein combat contre les templiers, s’apprête à terminer son périple à Rome, cité contrôlée et pervertie par les Borgia. Mais au lieu de faire rentrer le joueur directement dans le combat comme l’on aurait pu le craindre pour un « finish the fight » que certains pensent amputés de l’épisode précédent, Ubisoft propose une bonne séquence (de quelques chapitres) plutôt tranquille, faite de quêtes anecdotiques pour rendre divers services aux villageois du coin. Par l’utilisation bien incrustée de ce tutoriel géant surtout fait pour ceux qui n’ont jamais joué à AC ou qui auraient oublié toutes les commandes, les développeurs réussissent à distiller un univers avenant dans lequel on ne demande qu’à se perdre. Les PNJ paraissent plus vivants que jamais (on en surprend même certains qui se délectent de quelques pommes), et les dialogues en VF sont d’une justesse au moins à la hauteur de ceux du second titre, sans doute grâce à un parterre de doubleurs officiels déjà entendus dans plusieurs séries à succès (dont Rome, décidément). Une phase au rythme posé, où Ezio est considéré comme un véritable héros dans les rues de la cité, qui prend fin de la plus belle manière qui puisse exister : un massage avec finitions par la courtisane éperdument amoureuse qui passait par là.

Après le repos du héros évoqué plus haut, les choses sérieuses commencent, à savoir la fameuse séquence de siège du dernier E3. De quoi apercevoir une mise en scène réussie articulée autour d’éléments forcément scriptés mais bien implémentés, du moins dans ce chapitre sur-vitaminé. Car les suivants rentrent plus volontiers dans le moule encore chaud de AC2, avec ce côté open world où tout est potentiellement escaladable mais sans relief particulier niveau effets de mise en scène « m’as-tu vu ». Un sentiment qui se vérifie au cours des 9 chapitres qui composent l’aventure. Forcément, les scripts bien sentis n’ont surement pas leurs places dans ces types de jeux non linéaires qui laissent la part belle à l’exploration. Soit. Le grand spectacle est tout de même présent grâce à une direction artistique toujours au top et à une distance d’affichage qui fait la part belle aux panoramas enchanteurs. Ce ne sont en tout cas pas les combats qui vont défriser les joueurs esthètes que nous sommes. Véritable fardeau que se traine la saga depuis ses débuts, les séquences de baston d’Assassin’s Creed Brotherhood sont loin d’être aussi réussies que celles d’un Batman Arkham Asylum (au hasard), avec des feedbacks visuels peu présents pour indiquer le bon timing à opter, et surtout une technique imparable qui consiste à attendre son adversaire en position défensive et à appuyer sur « X » ou « A » dès que ce dernier commence à attaquer. Le méchant est alors envoyé au tapis avec une épée entre les deux yeux, raide mort, ou déséquilibré prêt à recevoir une charge mortelle. Répétez l’opération selon le nombre d’assaillants à l’écran, et vous obtiendrez la séquence de combat type que vous rencontrerez par dizaines durant le reste de l’aventure.

La guerre Desmond

Le gameplay général d’Assassin’s Creed Brotherhood reprend peu ou prou les grands principes de ses aînés. Aux commandes de l’avatar Ezio, l’assassin séducteur ancré dans la mémoire génétique de Desmond, le joueur libre comme l’air dans un univers gigantesque (ici Rome) doit accomplir différentes actions, majoritairement des assassinats, pour avancer dans un scénario qui fait la part belle aux événements historiques avérés grandement romancés. Entre grands coups d’éclats et petites fourberies, le tueur encapuchonné, qui peut piquer dans les poches des locaux qui se promènent tranquillement ou sur les cadavres qui jonchent le sol afin de rénover son équipement, est surtout capable de jouer les équilibristes d’exception. Chaque mur, chaque toit, chaque gondole devient un terrain de cabrioles pour Ezio qui sait escalader, sauter, s’accrocher automatiquement, bref, faire tout ce que le joueur veut en une seule et unique pression sur la gâchette du pad. De quoi surveiller tranquillement une cible en chevauchant les hauteurs, ou espérer semer les gardes alertés par un comportement suspect, habiles au point de poursuivre à la trace le voleur au grand coeur, même sur les briques. Un gameplay hybride donc à la croisée de l’open world façon GTA, jeu de plate-forme et du soft d’infiltration/action lors des (nombreuses) missions de filatures/exécutions. Un combo gagnant qui, allié aux dernières trouvailles des studios Ubisoft, donne un sentiment de grande puissance totalement grisant. Brillant !

En plus de n’avoir rien à envier à Spider Man, grâce il faut l’avouer à une jouabilité lors des séquences de plate-forme très assistée, voire même trop comme nous le verrons plus tard, Ezio le bagarreur devient dans cet épisode un fin politicien. En effet, afin de s’assurer le soutien du peuple dans son combat éternel contre les templiers, l’italien peut tout d’abord libérer différents endroits de la ville de l’emprise malfaisante des Borgia, caractérisés sur la mini-map par des voiles rouges évocateurs. Bourrées de gardes aux aguets, ces zones corrompues sont libérables par l’assassinat du chef des malfrats, dont l’emplacement est gracieusement précisé. Une fois le boss envoyé au tapis, il ne reste plus qu’à escalader sa tour fétiche pour la détruire, arrivé à son sommet. Une séquence souvent laborieuse à cause d’une multitude de faux appels qui transforme cette ascension salvatrice en exercice frustrant, où un chemin pourtant dessiné devant nous est impossible à emprunter à cause de restrictions invisibles imposées par le jeu spécialement pour ces passages. L’appendice brûlé, le secteur autrefois hostile redevient fréquentable. Libre au joueur par la suite d’acheter des enseignes pour imposer son contrôle et faire revenir la prospérité, en installant des boutiques pour ses voleurs, courtisanes et mercenaires préférés.

L’assassin-phonie fantastique

Le choix du bâtiment à installer est une donnée stratégique inédite dans un Assassin’s Creed. Les maisons closes (ou pour courtisanes, c’est selon) une fois installées proposent à Ezio des groupes dans lesquels il peut se confondre, et ainsi se déplacer en toute tranquillité, disparaître lors d’une poursuite, ou tuer une cible en toute discrétion. Les deux autres guildes disposent d’atouts semblables avec quelques variations. Pad en main, ce système fonctionne plutôt bien même s’il reste largement anecdotique car très limité. Le fait de ne pouvoir rénover qu’aux quelques endroits prévus à cet effet, sans oublier qu’une fois validée l’installation se fait instantanément, c’est à dire sans un certain nombre de jours virtuels à attendre, fait disparaître quasiment toute dimension stratégique. Autant de jeux dans le jeu qui approfondissent l’expérience Brotherhood, surtout dans la deuxième partie du soft avec la gestion des alliés, dont nous évoquerons les détails plus tard. L’histoire principale peut heureusement être à tout moment rejouée grâce aux chapitres « ADN » sélectionnables à l’unité, chaque quête de chaque chapitre pouvant ainsi être chargée selon notre gré. Cette option bien utile pour tous les amateurs de succès (et de quêtes terminées à 100%) est un gros plus pour la lisibilité de cet AC:Brotherhood qui regorge de missions annexes et petits défis à relever.

Toutes ces missions bonus et quêtes aux buts plutôt variés, parfois très drôles, font la part belle tantôt à l’infiltration, à la poursuite, à l’action, à l’escalade, ou tout à la fois. Les adorateurs de la maniabilité du titre d’Ubi ne seront pas perdus puisque tout est similaire ou presque par rapport au volet précédent. Les autres continueront à se demander où se situe le design réel du jeu. Avec sa maniabilité très assistée lors des phases de plate-forme facilitées qui plus est par des mouvements de caméras révélant le chemin à suivre, difficile de ne pas savoir où aller en pleine course. Ainsi, dans la majorité des cas, foncer en maintenant « RT » et « A » suffit à réussir une séquence de poursuite ou de plate-forme, pour peu que le docile Ezio ne s’aimante pas par erreur à un obstacle pendant sa course, ou qu’un faux appel ne vienne inutilement attirer son attention là où il ne faut pas. L’intérêt réside donc surtout dans la grande simplicité de déplacement du personnage, et de son animation au poil, qui donne un sentiment de grande puissance forcément plaisant. Enfin, la navigation via la mini-map demande un certain temps d’adaptation, la faute à des icônes trop nombreuses et pas forcément évocatrices. Il va pourtant falloir s’y mettre, car entre les banques, les armureries, les tailleurs et autres écuries, pour tout autant de services, l’exploration devient vite vitale.

Brother in harm

Dans sa lutte contre les Borgia et leur main-mise sur Rome, Ezio peut désormais recruter des assassins pour rapporter argent et renom, ou juste aider lorsque les gardes se font trop nombreux. Un système de crew dans Creed ? Absolument, même si la manière de gérer ces nouveaux comparses est à l’image du système de rénovation, à savoir appréciable mais pas vraiment approfondi. Mais avant de pouvoir jouir de nouvelles lames, il va falloir passer par la case recrutement. Pour cela, il suffit de venir en aide à un moment donné de l’aventure à différents personnages situés aux quatre coins de la carte. Reconnaissants, il se joindront par la suite au héros que vous êtes, prêts à sévir sous vos ordres. Grâce à une série de tableaux illustrés, il est alors possible d’envoyer ses recrues dans divers endroits du globe pour qu’elles accomplissent des taches peu avouables, afin de rapporter à la nouvelle guilde ainsi formée argent et points d’expérience. Envoyer tous ses frères d’armes au charbon pour qu’ils gagnent en niveaux et enrichissent la confrérie ou les garder à disposition pour les appeler à tout moment afin qu’ils s’occupent des ennemis sélectionnés ou se trouvant dans une zone, c’est au joueur qu’incombe les décisions importantes sur la gestion de l’équipe. Si les nouveaux mercenaires peuvent être envoyés à Paris et dans d’autres destinations que nous aurions adoré visiter en leur compagnie, il est effectivement impossible de venir avec eux et donc de sortir de Rome.

Enfin, Brotherhood impose son côté « tout-en-un » grâce à la venue d’un mode multijoueur inédit dans l’histoire de la saga, doté d’un mini-scénario au moins au niveau de celui de l’inoubliable POD. Trêve de nostalgie, le multi du dernier AC ose l’originalité pour tenter de s’imposer dans la grande cours de récré en ligne qu’est le Xbox Live. Au lieu de nous sortir un mode deathmatch classique, les équipes d’Ubisoft proposent de jouer sur la paranoïa générale en mélangeant chasse et poursuite. En effet, chaque joueur a une cible (humaine) qui lui est assignée, tout en étant la cible d’un autre concurrent de la partie. Le chasseur et le chassé. Dans des cartes remplies de bots « clones » des joueurs présents dans la partie (avec des médecins, des bourreaux, des courtisanes et toute la clique), les traits physiques ne suffisent parfois pas à dénicher sa cible, puisqu’elle peut intelligemment se cacher aux côtés d’un de ses nombreux clones. Seul son comportement peut la tromper, si elle se met par exemple à détaler en vous voyant arriver trop rapidement, ou si elle ne pense qu’à foncer sur sa propre cible. Le rush est donc vite puni dans ce multi, puisque la course, en plus de révéler sa position aux autres, n’apporte que peu de points si elle se termine par l’assassinat du joueur assigné.

La paranoïa est donc totale, grâce à des PNJ à l’I.A bien vicieuse qui fait se diriger des personnages vers l’avatar que l’on dirige, tel de véritables joueurs en voulant à notre pomme. Attention cependant, tuer un innocent, même si ça n’enlève pas de points, fait perdre son contrat actuel, et donc de précieuses secondes dans la course aux points. Gagner de l’XP débloque différents gadgets vite indispensables pour que le titre révèle toute sa puissance dans la tromperie : smoke bombe, déguisement, morphing de foule, course d’un PNJ pour tromper l’attention, pistolet, le jeu dévoile à chaque nouveau « pouvoir » une profondeur bienvenue dans les tactiques qui peuvent être adoptées pour terminer en tête. Dommage cependant qu’il soit parfois si difficile de trouver une partie, et que la qualité d’une manche repose avant tout sur l’envie des joueurs à tuer en profil discret plutôt que de rusher en fonçant partout et ainsi obliger tout le monde à courir dans tous les sens. Car oui, si la cible se met à courir, tout encourage le chasseur à sprinter également, joueur qui incitera par voie de conséquence son poursuivant à rusher également, ce qui peut créer des chaines pas vraiment en accord avec le design de ce mode.

Vraie fin de luxe d'Assassin's Creed 2 couplée à un mode multijoueur recherché, Brotherhood gagne son pari de nous faire oublier le côté 2.5 lié à sa naissance peut-être un peu trop précipitée grâce à une aventure réussie et bourrée de petits défis. La reconstruction de Rome pourra cependant se faire en un jour, la durée de la campagne solo n'excédant pas la vingtaine d'heures. Le creed du coeur lâché par Ubisoft tient en tout cas ses promesses, sans pour autant surprendre son petit monde malgré quelques séquences spectaculaires. Si vous n'en avez donc pas assez d'AC, Brotherhood rythmera facilement vos vies de jeunes aventuriers, qu'il vous mettra au défi de conserver dans son mode multijoueur où la paranoïa règne de façon délicieuse. Alea jecta est.

+

  • Ambiance sonore au top
  • Le multijoueur original
  • Plein de choses à faire (reconstruction de Rome)
  • Aventure enchanteresse
  • Direction artistique de premier ordre

-

    • Des features pas assez approfondies
    • Des combats lourds
    • Toujours des soucis dans le couple contrôles/caméra
    • Techniquement sans coup d'éclat