Test : Atelier Yumia: L'alchimiste des Souvenirs et la Terre Rêvée sur Xbox Series X|S
La bonne recette

Comme avec la majorité des épisodes de la franchise, il n’y a absolument pas besoin de connaitre la licence pour débuter Atelier Yumia : L’alchimiste des Souvenirs et la Terre Rêvée. Les joueurs Xbox peuvent donc prendre le train en route sans aucun souci, d’autant que les développeurs ont tout mis en œuvre pour capter un nouveau public, en apportant de profondes modifications à la formule habituelle. Les premières minutes de jeu tranchent d’ailleurs avec le côté naïf des autres jeux Atelier, en nous embarquant dans un château lugubre, pour un prologue qui prend place plusieurs heures après le début de cette histoire inédite. Un flash forward qui permet d’introduire les premiers tutoriels sans doute plus facilement, avec une panoplie d’attaques élargies notamment. Plusieurs éléments de game-design sont expliqués à la fois simplement et progressivement, ce qui permet une entrée en matière en douceur malgré un contexte assez tendu pour Yumia et son groupe d’amis.
Une séquence d’une trentaine de minutes conclue par un retour en arrière, là où tout a commencé. Totalement dépassé par les effluves de mana qui rongent le continent d’Aladiss, un groupe de recherche a fait appel à Yumia pour profiter de ses compétences d’alchimiste. Une tâche confiée avec défiance puisque ces apprentis sorciers sont tenus pour responsables du terrible cataclysme qui a frappé la région il y a quelques années. Notre héroïne est donc accompagnée par Viktor et Isla, qui sont à la fois tenus de la surveiller et de la protéger face aux dangers qui menaceraient sa mission. Là où les précédentes protagonistes de la série étaient plutôt des adolescentes à la recherche d’émancipation, ici Yumia est une jeune adulte persécutée dont les intentions ne sont pas toujours très claires. Sans aller jusqu’à parler d’anti-héros, on sent rapidement la volonté du studio et de son producteur Junzo Hosoi de nous livrer une histoire nettement plus mature qu’à l’accoutumée.
Dans la lignée d’Atelier Ryza 3, l’aventure menée par Yumia et sa troupe prend la forme d’un monde ouvert découpé en différentes zones à débloquer en progressant dans l’aventure. Pas question de partir en exploration libre comme dans The Legend of the Zelda: Breath of the Wild, les développeurs ont préféré découper le continent d’Aladiss en plusieurs parties plus restreintes pour servir un game-design à la fois non-linéaire, mais qui se savoure au fil des régions à découvrir. La principale caractéristique de la franchise est de retour, avec la nécessité de récolter un maximum de ressources trouvées en chemin, pour ensuite réaliser des recettes ou synthétiser des objets utiles pour mener la mission à son terme. Entre quête principale et missions secondaires, la carte donne envie de s’intéresser aux divers points d’intérêt présents, répartis à la manièree d’un jeu Ubisoft, tout en étant bien répartis, sans être trop abondants non plus. On y trouve également quelques mini-jeux très accessibles pour ouvrir des coffres ou réparer divers éléments, et la possibilité d’utiliser la canne-fusil de Yumia pour activer des dispositifs à distance, ce qui permet d’amener un peu de variété. De nombreux points de téléportation sont également présents, pour faciliter les déplacements de notre équipe, tandis qu’une sorte de triple saut offre un peu de permissivité et rend l’exploration d’autant plus intéressante. Seul élément qui permet de contraindre un peu les excès, une jauge d’endurance se vide à force d’acrobaties ou de fabrication de petits objets par exemple, mais sans jamais venir contrecarrer le plaisir de jeu.
Bien évidemment, en explorant la carte on est amener à croiser divers types d’ennemis, avec des combats qui ne sont pas aléatoires et qui peuvent ainsi être évités. Il est toutefois nécessaire de se lancer dans la bataille pour plusieurs raisons, à commencer par le fait que vos adversaires lâchent des ingrédients spécifiques lorsque vous les battez. L’autre bon prétexte, c’est tout simplement le plaisir que l’on prend à combattre, avec l’abandon du tour par tour traditionnel, pour un système beaucoup plus dynamique et finalement très agréable à jouer. On retrouve bien évidemment les attaques physiques, avec des compétences qui suivent un schéma un peu trop classique à notre goût puisqu’elles s’acquiert en atteignant un certain niveau. Il est également possible d’utiliser de la magie mais il faut pour cela passer par la fabrication d’objets via l’atelier de Yumia. Que ce soit pour la magie ou les attaques normales, leur utilisation est limité par des points d’action attribués à chaque compétence, ce qui oblige le joueur à varier ses coups, et même parfois à faire le dos rond en attendant qu’elles se rechargent.
Un système original combiné à la nécessité de se déplacer dans la zone de combat. Même si nos héros ne peuvent pas bouger totalement librement, il est tout de même possible d’effectuer des pas de côté ou de se mettre à distance de l’ennemi. Si on devait schématiser l’aire de combat, on la représenterait par deux cercles concentriques, avec la menace à éliminer en son centre. S’il est forcément difficile de s’imaginer le système sans y avoir touché, on vous garantit que celui-ci est particulièrement efficace, sublimé par une chorégraphie impeccablement détaillée des mouvements de nos héros, sans que le tout ne souffre d’un quelconquee ralentissement. Ainsi, on se retrouve à esquiver des offensives de l’ennemi, à sortir d’une zone de danger, mais aussi à combiner avec nos amis pour réaliser des contres ou des attaques en duo. C’est parfois éprouvant, notamment sur certains boss et en mode difficile, mais la possibilité de farmer de l’expérience assez simplement permet généralement de gagner assez rapidement en puissance, même si ce n’est pas le seul élément à prendre en compte pour augmenter ses statistiques.
En effet, s’il y a bien un élément qui reste fidèle au reste de la série, c’est la nécessité de passer par l’atelier pour confectionner de meilleures armes et de pièces d’équipement. L’efficacité de chaque élément synthétiser dépend de la qualité des matériaux utilisés et de votre capacité à associer des ingrédients pour développer la résonnance et augmenter le mana de l’objet à fabriquer, ce qui déterminera ses statistiques mais aussi sa capacité à pouvoir y associer des pierres de compétences. Malgré les nombreux tutoriels, le système reste assez complexe à appréhender au départ, et nécessite finalement qu’on y passe un peu de temps pour tenter de le maitriser. On regrette tout de même que le fait de bien choisir ses ingrédients se fasse de manière aussi laborieuse, puisqu’il faut parfois piocher dans plus d’une centaine d’éléments différents afin de déterminer celui qui sera le plus légitime à intégrer notre synthèse. Cela aurait peut-être mérité plus d’options de filtres pour que l’on s’y retrouve plus simplement, alors qu’en l’état on a surtout l’impression de perdre beaucoup de notre temps, pour un résultat parfois décevant qui plus est.
Autre constat dommageable : l’utilisation de l’Unreal Engine 5 peine à convaincre. Malgré une direction artistique sympathique, capable d’offrir de jolis panoramas par endroit, on regrette tout de même que les développeurs de Gust ne soient pas parvenus à en tirer un meilleur rendu général. La finesse de certains éléments tranchent avec des textures peu détaillées, avec l’impression d’être toujours à mi-chemin entre un univers réaliste, et un monde capable d’offrir une jolie palette de couleurs pastels. La série perd un peu de son cachet, même si c’est en partie compensé par le chara-design, avec des personnages parfois très réussis comme Isla ou Lenja, et d’autres beaucoup moins intéressants à l’image de Rutger. Même chose concernant la partie sonore, avec des thèmes trop discrets et jamais en mesure de soulever le côté épique de certaines scène, tandis que le sound-design aurait pu aider à rendre un peu plus vivant un monde ouvert qui reste néanmoins plaisant à parcourir.

+
- Concept qui invite à l'exploration et à la découverte
- Système de combat révolutionnaire pour la franchise
- Animations très réussies
- Enfin un jeu du studio Gust sur Xbox
-
- Peu impressionnant techniquement
- Synthèses pas toujours très confortables
- Chara-design assez inégal