Jeux

Atomic Heart

Action | Edité par Focus Entertainment | Développé par Mundfish

7/10
One : 21 février 2023 Series X/S : 21 février 2023
27.02.2023 à 09h19 par

Test : Atomic Heart sur Xbox Series X|S

Après le chaos, le Soviet' éponge

Mundfish, jeune studio russe fondé en 2017, puis installé en 2022 à Chypre à cause du contexte international que nous connaissons, nous propose une réécriture du passé soviétique ainsi que de son emprise sur le monde. Bien qu’il est utile d’indiquer l’origine d’Atomic Heart afin de mieux cerner son propos, nous allons nous focaliser sur l’œuvre exclusivement. Alors, Atomic Heart est-il une bombe atomique ou un pétard mouillé ?

Atomic Heart est un FPS solo narratif et, osons le dire, de la narration, dans Atomic Heart, il y en a ! Nous sommes plongés dans un passé alternatif, en 1955, où le bloc de l’est est sorti grand vainqueur de la Seconde Guerre Mondiale. Forts de cette victoire, les soviétiques ont réussi à faire des progrès considérables dans tous les domaines scientifiques. De la robotique en passant par l’IA et le transhumanisme, Atomic Heart a de quoi faire pâlir de jalousie Elon Musk et ses projets, Neuralink en tête.

atomic heart

Dans les années 30, le Docteur Dmitry Sechenov inventa le « Polymère », un module liquide programmable révolutionnaire qui a permis de transformer le monde en une sorte d’utopie où l’Homme est assisté par des robots dotés d’une intelligence collective. L’étape suivante est de transposer ce mode de pensée aux êtres humains afin de rendre le savoir universel et de toujours chercher à améliorer la condition humaine. Un plan qui devait se dérouler sans accroc, jusqu’au moment où la situation idyllique se met à tourner au cauchemar. Notre héros, le major Sergei Nechaev aka P-3, agent spécial du KGB et proche de Sechenov, est dépêché sur l’installation 3826 pour faire en sorte de contrôle de la situation et ainsi éviter que le reste du monde ne découvre cette catastrophe…

Le scénario d’Atomic Heart est plutôt dense, le lore est bien développé, quelques ficelles sont un peu grosses et certains rebondissements se laissent deviner, cependant le jeu est généreux et nous embarque dans une campagne bien écrite.

atomic heart

La direction artistique, à la manière d’un Bioshock, sonne juste avec une ambiance rétrofuturiste réussie. La variété des lieux explorés est satisfaisante et ce monde alternatif jouit d’une crédibilité presque dérangeante. Alors que l’on parle tous des productions à venir sous Unreal Engine 5, Atomic Heart fait de la résistance en usant jusqu’à la moelle ce bon vieil Unreal Engine 4. Le rendu graphique ne démérite pas, il se permet d’être dans le haut du panier des productions actuelles sans pour autant nous ébahir. C’est joli techniquement, mais pas magnifique. Vous l’aurez sans doute compris, c’est la direction artistique qui rend ce jeu agréable à regarder.

La bande-son convaincante est réussie et finit de nous faire plonger dans ce passé alternatif. À coté de la musique et des bruitages habituellement explosifs dans ce genre de productions, nous avons des dialogues, beaucoup de dialogues. Ces dialogues, point clivant d’Atomic Heart, sont intégralement doublés en français. Heureusement car ça blablate constamment, ça fuse, ça vanne, ça jure et le jeu aurait été difficilement appréciable pour les non bilingues, même avec les sous-titres en français. Dans un univers assez sombre où la conspiration, les trahisons et les drames s’enchaînent, le héros s’attrape verbalement avec tout le monde et plus particulièrement avec l’IA qui l’accompagne : Charles.

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On se retrouve trop régulièrement estomaqué par le comportement inutilement agressif et faussement drôle du Major. On aura bien une explication qui viendra justifier cette agressivité plus tard dans le jeu mais était-ce bien nécessaire ? Dans le même domaine, parlons de Nora, le frigo soviétique le plus chaud de sa région. Nora ressemble à un vulgaire frigo rouge qui nous sert tout au long du jeu pour développer notre héros, ses pouvoirs via son gant (Charles) et ses armes. Sauf que Nora va (trop) régulièrement nous faire du rentre dedans et parfois à la limite d’un doublage de porno bas de gamme. Pourquoi faire ? C’est drôle au début, vite fait, mais à la longue ça devient gênant, surtout que ça n’apporte foncièrement rien au jeu lui-même. Ne restons pas trop sur Nora, elle pourrait y prendre goût (vous voyez bien que c’est gênant), parlons du gameplay !

Atomic Heart est un melting-pot plus ou moins habile d’un FPS classique avec des QTE au combat rapproché, de l’exploration verrouillée par des puzzles et de la customisation à la manière d’un RPG. Les déplacements sont relativement souples mais la précision des sauts et des combats au corps à corps sont très perfectibles, quelques boss ou moments un peu tendus peuvent aisément mettre en exergue ces défauts. Les puzzles sont intéressants mais rapidement redondants. La partie customisation, quant à elle, est réellement intéressante. Le combo Major / Charles / Armes peut se développer à loisir et selon nos envies. En clair, suivant notre façon de jouer, la combinaison des pouvoirs émanant de Charles avec les armes adéquates donnent à chacun la possibilité de s’amuser comme il l’entend. Pour le reste, le jeu est assez directif malgré quelques zones semi-ouvertes. On ne se perd pas trop. Atomic Heart est jouable selon trois niveaux de difficulté bien dosés, il y en a, là aussi pour tous les goûts.

Sur Xbox Series X tout comme sur Xbox Series S le bilan technique est satisfaisant, mais sachez que le jeu est également jouable sur Xbox One et Xbox One X. Au final, Atomic Heart est un jeu dont l’univers se laisse découvrir mais dont le gameplay est imparfait et où l’humour ne fait que rarement mouche (tâche, oui, moi aussi je peux le faire et sans gros mot).

7/10
Atomic Heart fera le bonheur des joueurs ayant apprécié les Bioshock, mais attention, l’excellence des jeux de Ken Levine n’est pas atteinte. Le jeu de Mundfish est très perfectible mais son ambiance particulière et son scénario plaisant donnent envie de boucler une campagne qui se révèle être assez dense pour un FPS solo. Atomic Heart n’est pas un GOTY en puissance mais il fera le bonheur de celles et ceux qui ne sont pas hermétiques à un humour parfois très cringe.

+

  • Direction artistique de qualité
  • Graphiquement propre
  • Bande-son sympa
  • Scénario intéressant
  • Charles, une compagnie appréciable
  • Doublé en français

-

    • Gameplay imprécis
    • Nora bien trop chaude pour un frigo
    • P-3, le John McLane Wish