Jeux

Backfirewall

Aventure narrative | Edité par All in! Games | Développé par naraven

8/10
One : 30 janvier 2023 Series X/S : 30 janvier 2023
30.01.2023 à 18h02 par

Test : Backfirewall sur Xbox Series X|S

Un bon OS à ronger

C'est déjà la deuxième production du studio suisse Naraven Games créé en 2019, la première sur consoles. La petite équipe basée à Lausanne, et essentiellement composée de développeuses, nous propose de faire un tour à l'intérieur d'un téléphone portable avant que celui-ci ne fasse une mise à jour de son système d'exploitation. Une expérience inédite et surtout très originale pour un jeu à la fois amusant et surprenant.

Dans Backfirewall_ nous incarnons un personnage original qui se révèle être l’Application assistante de mise à jour. Après avoir choisi notre nom parmi trois codes binaires, nous rencontrons OS9, système d’exploitation du téléphone de « L’Utilisatrice ». OS9 avec son accent britannique bien prononcé et sa langue bien pendue a bien compris que lancer la mise à jour du smartphone signifiera sa fin et a donc décidé de s’allier à vous afin d’empêcher celle-ci.

Ce point de départ est donc le prétexte à se balader dans le Système du téléphone. Nous apprenons que si cette mise à jour 10.1.1  se réalise, vieux softwares et vieux processes seront supprimés, avec bien sûr l’OS actif et… nous-même. Le reste de la population, elle, obtient de nouvelles options, tandis que les structures endommagées sont réparées, les protocoles interrompus sont rétablis, mais «Dans la réalité, la moitié des mise à jour entrainent deux nouveaux ennuis pour chaque problème qu’elles ont réparé» (Toute ressemblance avec la réalité est fortuite évidemment).

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Nous comprenons ici tout l’humour, l’ironie et le second degré de l’équipe de développement qui nous plonge dans le petit monde d’un smartphone et de ses habitants. Nous partons par exemple à la recherche de l’App santé – un genre de ninja blanc et rouge à la tête de La Résistance – qui refuse d’exécuter ses rapports hebdomadaires auprès des Diagnostics. Nous explorons ainsi les data égouts, le GPU, la RAM ou encore la batterie et le coffre-fort Wifi.  Nous rencontrons au fil de nos pérégrinations toutes les applications de nos smartphones : L’App Photo, qui prend la forme d’une femme un peu snob, le réseau social F qui ne semble pas briller par son intelligence ou encore le cowboy Frank, nettoyeur de cache. On échange de nombreux moments et dialogues avec le Collecteur de fichiers (alias l’hameçonneur) qui nous propose de découvrir son magasin Le bric à Bytes qu’il décrit comme une véritable caverne d’AliData, la très attachante Dézippeuse ou le Pixel blasé au chapeau melon.

Le jeu fourmille de détails qui rendent l’univers créé terriblement attachant, que l’on soit à l’aise en informatique ou non. De prime abord, nous pourrions être rebutés par l’aspect très «private joke» d’informaticiens pour les néophytes, mais le travail scénaristique et le soin apportés aux environnements, ainsi que la possibilité de creuser l’exploration et les dialogues permettent d’agréablement emmener les profanes vers l’univers présenté. L’histoire, qui certes est originale, pouvait initialement apparaitre simpliste (empêcher la mise à jour et sauver ses fesses) se révèle finalement être plus complexe et plus profonde, avec quelques rebondissements et embranchements auxquels nous ne nous attendions pas.

En vue à la première personne, le protagoniste apprend progressivement de nouvelles capacités, sous forme de cheat codes offerts par OS9 et basées sur l’utilisation des gâchettes. Il est ainsi possible d’interagir sur certains objets de l’environnement en les supprimant, les inversant, les dupliquant ou même en modifiant leur couleur. Backfirewall_ est ainsi un jeu mêlant plusieurs mécaniques au fil de l’aventure, ce qui lui apporte un certain goût de reviens y.

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Tout d’abord des étapes d’escape game dans lesquelles il est nécessaire de remplir des missions sous forme d’erreurs système pour permettre de s’échapper. Ces parties reposent sur les différentes capacités acquises grâce aux cheat codes, et se composent d’énigmes se complexifiant au fur et à mesure que nous apprenons nos nouveaux dons. Plutôt bien équilibrées, il est cependant à regretter que celles-ci ne soient pas assez nombreuses. Et si nous venions à être perdus, de charmants petit canaris sont là pour nous venir subtilement en aide.

Une composante infiltration est présente pour accéder aux salles, puisqu’il ne faut pas croiser la lumière des Sentinelles de la sécurité. La réflexion est elle toujours de mise pour atteindre de nouveaux endroits, avec un ingénieux alliage entre plateforme, énigmes et… quêtes FedEx : un grand moment digne de « La maison qui rend fou » des 12 travaux d’Astérix nous est par exemple offert pour accéder au coffre-fort wifi.

Durant notre parcours, nous pouvons collecter un certain nombre d’éléments tels que des figurines ou notamment des messages personnels qui permettent de suivre une histoire dans l’histoire : celle de «l’Utilisatrice».

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Graphiquement, le jeu nous propose une aventure en 3D, avec des textures propres et colorées. Un univers sympathique dans lequel les apps et autres processes ont leur personnalité parfois bien affirmée. Les dialogues en anglais sont entièrement sous-titrés, mais quelques fautes peuvent parfois gêner la bonne compréhension avec même un certain nombre de textes qui ne sont pas totalement traduits. Ceci ne gêne en rien la progression mais pourra poser quelques soucis à ceux qui ne sont pas bilingues, notamment face à la subtilité de certains easter eggs et autres messages cachés par les développeuses et développeurs du studio. La bande son et les musiques sont elles discrètes et agréables, au service du jeu. Pensé pour le clavier/souris, il reste néanmoins accessible et facilement jouable à la manette.

Enfin, quelques bugs étaient présents lors de notre test, obligeant par exemple à redémarrer le jeu pour débloquer notre personnage coincé dans un élément du décor. Mais le système de sauvegarde étant bien fichu, pas de perte de progression ou d’heures de jeu perdues. A noter que les bugs que nous avons rencontré font partie de la liste de ceux relevés par l’équipe de développement et pour lesquels un patch day one est prévu.

Côté durée de vie, il nous a fallu environ 7-8 heures pour compléter notre premier run. Et clairement, le titre incite à la rejouabilité puisque celui-ci pointe nos erreurs, nos manquements ou au contraire nos réussites à la fin du jeu. Et c’est là où se trouve notre principal regret : l’absence de chapitrage ou de New Game Plus. En effet, impossible d’obtenir tous les collectibles au premier run sans un guide. Pour comprendre la totalité de l’histoire de l’utilisatrice, tout collecter ou accomplir l’ensemble des missions secondaires, il est donc nécessaire de repartir du début et de rejouer la totalité du titre, avec l’impossibilité de passer les dialogues qui plus est. Malgré tout, l’expérience de jeu reste globalement agréable à parcourir, pour un jeu très satisfaisant dans l’ensemble.

8/10
L’air de rien, le titre nous emmène dans le petit microcosme du téléphone et nous permet de rencontrer une galerie de personnages assez attachants et hauts en couleurs avec lesquels nous prenons plaisir à échanger. Le jeu qui nous invite à la réflexion tant dans ses mécaniques que dans ses propos oscille entre aventure, puzzles et plateformes. Il plaira aux béotiens comme aux érudits de l'informatique par ses aspects originaux et didactiques, tout en apportant un peu de réflexion sur la question du rapport que nous entretenons avec nos smartphones.

+

  • Univers cohérent
  • Puzzles bien équilibrés
  • Scenario bien pensé
  • Personnages attachants

-

    • Rejouabilité mal pensée
    • Traduction à améliorer
    • Puzzles un peu courts

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