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Baldur’s Gate & Baldur’s Gate II: Enhanced Editions

Hack'n slash | Edité par Skybound Games | Développé par BioWare

8/10
One : 24 septembre 2019
24.10.2019 à 18h49 par

Test : Baldur's Gate & Baldur's Gate II: Enhanced Editions sur Xbox One

Un repas 4 étoiles au micro-ondes

Sortie en 1998 et développée par le légendaire studio Bioware, la série Baldur’s Gate s’est très rapidement imposée comme l’une des références du RPG sur PC. Adaptée pour la première fois sur console par les développeurs de Beamdog, studio fondé par d’anciens membres de Bioware, la série arrive-t-elle toujours à convaincre deux décennies plus tard ?

Baldur’s Gate vous plonge dans l’univers des Royaumes Oubliés et reprend à son compte les règles du jeu de rôle papier Donjons & Dragons. Dans un monde héroïc-fantasy où se côtoient différentes races sous influence directe et constante de la magie, vous êtes placé dans la peau d’un personnage anonyme aux origines inconnues. Après quelques instants passés à discuter avec vos voisins, vous êtes victime d’une tentative de meurtre qui vous obligera à voyager hors des murs de la forteresse de Château-Suif. Accompagné de votre tuteur Gidéon et de votre amie d’enfance Imoen, vous voilà parti dans une grande aventure, remplie de personnages patibulaires, de monstres légendaires et de décors magnifiques. Le deuxième épisode, suite directe de l’aventure, vous permettra d’aller au bout d’une histoire, trop longue pour être résumée et surtout trop passionnante pour être déflorée.

Les deux jeux, totalement identiques dans leurs mécaniques, prennent la forme de RPG en vue isométrique vous laissant une liberté quasi-totale sur vos actions et la manière d’entreprendre vos quêtes. Un noble possède une relique nécessaire à l’avancée de votre quête ? Libre à vous de lui venir en aide pour qu’il vous l’offre en récompense. Vous pouvez également l’agresser directement pour récupérer la clé du coffre sur son corps ou tout simplement vous introduire de nuit dans ses appartements pour lui subtiliser discrètement. A moins bien sûr que votre talent verbal vous permette d’arriver à vos fins par la ruse. Encore aujourd’hui, la série se révèle particulièrement libre, diversifiée dans les approches possibles et vous permettra de vivre une aventure unique qui ne ressemblera à celle d’aucun autre joueur. Si Baldur’s Gate est très verbeux par moments, il faut savoir que les combats composent une part très importante de l’aventure. Pour les mener au mieux, vous pourrez diriger une équipe comprenant jusqu’à 6 aventuriers simultanément. Baldur’s Gate adopte un système de combat en temps réel que vous pourrez interrompre à tout moment en passant en pause, histoire de planifier au mieux vos stratégies d’attaque comme de défense. Très en vogue dans les années 90, le système reste encore redoutable d’efficacité et nécessitera une bonne dose de stratégie et de gestion des compétences pour espérer survivre aux combats, rapidement difficiles, qui ponctuent l’aventure.

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Avant de vous lancer à corps perdu dans celle-ci, vous devrez créer totalement le personnage qui vous accompagnera tout au long des 150 heures de jeu qui vous seront nécessaires pour finir les deux titres et leurs extensions. Choix du sexe, de la race, de la classe et même de son alignement, allant de «loyal bon» à «chaotique mauvais». Les possibilités de création de personnages sont quasiment infinies, permettant aussi bien de créer un demi-orque shaman qu’un gnome guerrier. Chaque race possède évidemment ses avantages et inconvénients et sera limitée dans son choix de classe et d’alignement, à l’exception des humains, capables de remplir n’importe quel rôle. On regrette toutefois que les choix de customisation visuels soient restés identiques au jeu original de 1998 et qu’on ne puisse pas influer sur le style et la dégaine de notre personnage, directement liés à nos choix de race et carrière. Une fois votre personnage créé, vous pourrez choisir votre mode de difficulté, sur 7 niveaux, allant du mode histoire, en dessous de facile avec aucune mort au combat, jusqu’au mode Succession de Bhaal pour les plus masochistes des aventuriers. Situées en plein milieu, les règles de base vous ramèneront à la difficulté du jeu originel. Pour l’instant jouable uniquement en solo, une mise à jour devrait normalement permettre le jeu en ligne à plusieurs.

Depuis les menus de la compilation, pratiques et d’une fluidité exemplaire, vous pouvez débuter Baldur’s Gate de zéro ou vous lancer directement sur l’une des nombreuses extensions disponibles. Le chapitre Tales of the Sword Coast est directement intégré au jeu et vous permettra de visiter de nouveaux lieux pour rencontrer de nouveaux ennemis. Siege of Dragonsphear quant à lui est totalement inédit à cette version enhanced et vous permet de continuer l’histoire après l’aventure principale. Enfin, The Black Pits fera le bonheur des amateurs de combat, en vous permettant d’affronter de dangereux ennemis dans des arènes fermées. Les joueurs plus attachés au scénario en seront pour leurs frais. Même traitement pour le deuxième épisode qui vous permettra d’importer votre personnage du premier épisode. Evidemment, vous pourrez débuter par le jeu d’origine ou bien par l’extension Throne of Baal, dernier chapitre de la série en date, en attendant le troisième épisode en cours de développement chez nos voisins Belges de Larian Studios. Les plus téméraires et motivés, pourront également se lancer dans la deuxième partie de l’extension The Black Pits, avec Gladiators of Thay, une fois encore composé uniquement de combat en arènes.

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Les options, très nombreuses vous permettent de configurer le jeu selon vos préférences. De la possibilité de désactiver les effets climatiques, afin d’améliorer la visibilité, d’activer l’infravision de groupe -sachant que de base elle ne s’active uniquement que lorsque vous contrôlez un personnage ayant la capacité en solo- en passant par la taille des sous-titres, jusqu’au choix de certaines règles de jeu, tout est agréablement adaptable et customisable à souhait.

Concernant les contrôles à la manette, s’ils sont nettement moins adaptés que la souris pour laquelle ils ont été pensés à l’origine, se révèlent bien fichus et convaincants sur la durée, après une nécessaire phase d’apprentissage. La pause stratégique, absolument essentielle en combat, est activable à tout moment d’une simple pression sur le bouton menu. En mode exploration, aucun curseur n’apparait à l’écran et vous déplacez directement le groupe ou le personnage avec le stick gauche et la caméra avec le droit. Vous pouvez interagir avec les éléments du décor ou les personnages en validant directement l’élément le plus proche mis en surbrillance avec A. Le tout se retrouve finalement très proche des contrôles console de Dragons Age Origins, héritier spirituel de la licence Baldur’s Gate. Les menus sont accessibles via une simple pression sur la gâchette droite et vous pourrez naviguer de façon simple et pratique entre votre fiche de personnage, votre inventaire et votre journal de quêtes. Bourré de sous-sections et forcément pensé pour une manipulation au mulet, les menus s’ils ne sont pas un modèle d’ergonomie, sont toutefois tout à fait praticables et le coup se prend rapidement. Un zoom vous permettra de choisir entre 5 niveaux différents, vous permettant d’avoir une vision d’ensemble assez large de l’environnement ou de pouvoir resserrer l’action au maximum, au risque de voir tous les défauts visuels du portage vous exploser au visage. La carte est accessible à tout moment via la touche Y. La touche X quant à elle vous permettra de vous rendre directement dans la barre d’action dans laquelle vous pourrez préréglez vos raccourcis de talent ou de sorts magiques pour pouvoir les utiliser rapidement en exploration ou combat, un curseur apparaissant alors pour vous permettre de valider l’action. Les gâchette Rb et Lb vous permettent de passer rapidement d’un personnage de votre équipe à un autre et un appui sur les deux touches en même temps, vous permettra de sélectionner le groupe au complet.

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Dommage toutefois que le jeu se soit contenté de garder les mécaniques de l’époque, lesquelles ne permettent pas de faciliter les actions de groupes. Un exemple tout simple : lorsque vous vous retrouvez devant un coffre fermé, vous devrez sélectionner le voleur du groupe, puis appuyez sur X pour choisir la commande de larcin avec laquelle vous pourrez ouvrir le coffre. Il vous faudra ensuite aller dans son inventaire, sélectionner l’objet pour le déplacer dans l’inventaire de votre sorcier, dans lequel vous pourrez ensuite utiliser un sort d’identification, pour finalement le déplacer dans l’inventaire du personnage de votre choix. Avoir la possibilité d’utiliser les compétences individuelles depuis n’importe quelle fiche d’inventaire ou via le groupe en exploration aurait été une bonne idée d’optimisation. On regrette également le fort problème de pathfinding, avec des personnages qui bloquent sur la moindre chaise et prennent des chemins improbables pour vous rejoindre. Le problème est réglé sur les PNJ, mais d’une façon visuelle fort peu agréable, avec des personnages poussés sans animations sur la case la plus proche.

De nouvelles cinématiques, grossièrement animés ont été ajoutés pour renforcer le côté cinématique du jeu. Elles côtoient les quelques cinématiques d’époques, très pixélisées et au format 4/3 qui aurait mérité une refonte complète. Les doublages français ont totalement disparu, probablement pour des raisons de droit, et il faudra se contenter du doublage intégralement en anglais. Dommage lorsque l’on se rappelle de l’humour dont avaient fait preuve les doubleurs francophones de l’époque. Le jeu est toutefois intégralement sous-titré en français avec un niveau très soigné. Détail qui a forcément sont importance, sachant que la saga est très bavarde et que vous aurez le droit à des pages et des pages de dialogues, souvent passionnants avec la centaine de PNJ que compte la saga.

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Graphiquement parlant, les jeux accusent forcément le poids des âges et même si le premier épisode a profité d’une mise à jour de son moteur -calqué sur celle du deuxième épisode- difficile de ne pas être déçu par cette mise à l’échelle uniquement qui aurait mérité un véritable remake graphique. La patte graphique d’époque et les décors variés et détaillés ont bien surmonté les affres du temps -20 ans tout de même- mais la faible résolution et la palette de couleurs limitée rendent le tout assez flou, surtout dans les niveaux de zoom les plus rapprochés. Les personnages souffrent quant à eux d’un manque de détail flagrant, atténué par une option permettant d’ajouter un contour noir autour d’eux et limitant leur pixellisation. Le deuxième épisode s’en sort nettement mieux au niveau des détails et des environnements, mais les problèmes de résolution persistent. Les animations étant d’époque, malgré la fluidité du jeu les déplacements donnent une impression saccadée, particulièrement dérangeante les premières minutes en jeu, mais qui se font rapidement oublier sur la durée. Sur Xbox One X, rien à dire sur la netteté, le jeu ne souffre pas de ralentissements, ne connait pas l’aliasing et profite d’une absence totale d’écrans de chargements. Les menus sont clairs et d’une taille parfaitement pensée, même pour les joueurs les plus éloignés de leurs écrans.

8/10
Difficile de juger avec raison cette compilation de la saga Baldur’s Gate. Si les mécaniques de jeu n’ont pas vieilli et continuent de fasciner autant les joueurs d’hier que ceux d’aujourd’hui. Impossible cependant de ne pas être dérangé par des visuels qui accusent le poids du temps et se révèlent inadaptés aux formats actuels. L’effort et la volonté d’offrir des versions enfin jouables sur consoles de salon l’emporte toutefois sur le manque d’ambitions techniques. Fermez les yeux quelques minutes, oubliez la déception visuelle et laissez-vous emporter pour un long voyage inoubliable dans l’une des plus grandes aventures de l’histoire du jeu vidéo.

+

  • Deux classiques indémodables de l’histoire du RPG
  • Toutes les extensions disponibles
  • Parfaitement jouable à la manette
  • Intégralement sous-titré en français
  • Une histoire et des personnages inoubliables
  • Menus clairs et riches en options

-

    • Les graphismes ont 20 ans et ça se voit
    • Certains enchaînements d’actions d’un autre temps
    • On bloque trop souvent dans les décors