Test : Beyond Good & Evil sur Xbox
Camarades, on vous ment !!
Faire un test de BGE sans parler de son univers relèverait de
la pure hérésie, tellement il s’agit de l’une de ses forces.
Dans un monde en
guerre contre les envahisseurs Domz, Jade, jeune reporter d’Hillys, est chargée
de la protection d’une partie de la ville dans son phare. Aidée de son oncle
Pey’J (un cochon), elle protège des orphelins dont les parents ont été enlevés
par les infâmes extra terrestres Domz. Le jeu commence alors qu’une attaque
manque d’enlever les enfants restants, et que Jade doit se débattre avec un
alien plutôt véhément. « Heureusement » pour elle, les super héros des Forces
Spéciales débarquent après la bataille. Cinq minutes plus tard, un reportage TV
passe en boucle dans toute la région, félicitant une nouvelle fois l’action des
Forces Spéciales et truquant le témoignage de Pey’J. Le décor est planté, BGE se
passe dans un univers de propagande, où pourtant les gens se sentent libres et
protégés. Seul le groupe Iris, qui vous proposera vite de démasquer les vrais
comploteurs en effectuant des reportages photos, semble se dresser contre cette
propagande. A la manière d’un Oddworld, BGE est un jeu militant, ça ne fait plus
aucun doute, et se permettra même d’afficher clairement ses pensées écolos au
long d’une aventure où le respect de la vie dans son ensemble ne cessera de nous
être sermonné. Mais à ce stade de l’aventure, le joueur ignore encore les enjeux
réels de la guerre, qui dépasseront vite la simple propagande.
Quel groin !
La première chose qui devrait vous émerveiller dans BGE tient
en un mot : “réalisation”. Si celle-ci n’atteint pas des sommets techniques (le
frame rate n’est pas top top et les textures pourraient être un peu plus
détaillées), la finition générale est tout bonnement superbe. L’univers possède
une esthétique juste sublime, avec des couleurs chatoyantes, un character design
excellentissime, et des décors parfois gigantesques. Pour vous dire, lorsque
vous débloquez le vaisseau spatial, la totalité de l’univers du jeu est visible.
Les grottes semblent magiques, la ville a des allures de Venise miniature, et la
Lune vous replongera dans une ambiance très « Stephen Kingienne ». Mais les
louanges ne sauraient s’arrêter là, car en plus de proposer un univers superbe,
BGE le rend à chaque instant vivant. Les piétons circulent, parlent entre eux,
les conducteurs sont partout sur les routes aériennes, les animations des
différents monstres sont peaufinées dans leurs moindres détails, chaque
personnage possède son caractère (mention spéciale aux Rhinos rastas de Mamago,
auxquels il ne manquait qu’un gros pétard pour parfaire le cliché), le ciel est
recouvert de constellations que vous pouvez découvrir la nuit, des dizaines
d’espèces animales peuplent la nature etc… Je serais presque tenté de parler de
jamais vu tellement tout est foisonnant.
L’autre aspect de la
réalisation qui force le respect, c’est la bande son. Le travail effectué sur
les doublages est vraiment du plus haut niveau. En français la belle Emma de
Caunes est évidemment parfaitement convaincante, mais les autres doubleurs sont
tout aussi excellents et le rendu est sans problème comparable à un dessin animé
d’envergure. Quand en plus ces dialogues sont très souvent hilarants et matures,
on frise le nirvana. D’autre part, les musiques sont là encore superbes, souvent
originales (les courses d’Hovercraft par exemple swinguent sur un rythme très
latino) et jamais en décalage avec l’image. Durant l’aventure on ne cesse d’être
surpris tellement la démarche s’oriente davantage vers un rendu plus artistique
que ce que nos oreilles de gamer sont habituées à écouter.
Vraiment, grâce à
un niveau de finition ahurissant, BGE est l’un des jeux les plus immersifs de
ces dernières années.
« On ne casse pas le binôme ‘moiselle Jade
»
Evidemment, un univers sublime ne suffit pas à faire un bon
jeu, et l’immersion ne peut être totale si le gameplay ne suit pas. Dans BGE,
l’équipe de Michel Ancel s’est vraiment inspirée de tous les genres (action,
beat’em all, infiltration, shoot, course, aventure, réflexion etc) pour nous
proposer un mix détonnant. Le panel offert au joueur est vraiment très large, et
surtout remarquablement programmé. Ainsi, toutes les phases de jeu sont
jouissives et accessibles, avec par exemple des combats vraiment très fluides et
sophistiqués durant lesquels Jade va dans tous les sens, à grands renforts de
mouvements tous plus classes les uns que les autres. Le maniement de
l’hovercraft / vaisseau reste très instinctif, et il vous arrivera certainement
de traîner dans les paysages de Hillys pour le simple plaisir d’y faire un tour.
Les phases d’infiltration dans les bases sont particulièrement éprouvantes avec
des défis de plus en plus corsés, les courses sont délirantes à souhait, les
phases à deux toujours bien pensées, bref, c’est le pied. Ajoutez à cela un
système de sauvegarde qui permet au joueur de ne jamais être frustré, et vous
obtenez un jeu quasi parfait, dans lequel l’histoire vous tient en haleine,
l’univers vous permet de vous immerger, et le gameplay de parfaire le tout en
rendant le jeu en lui-même vraiment trippant. Mais comme toujours, il faut aussi
remarquer que c’est bien « quasi parfait », et que donc il reste des choses un
peu décevantes.
« Les gonzesses, retournez à votre tricoooot !! »
Ainsi, si le jeu a de quoi émerveiller, on est en droit de lui
remarquer quelques défauts. Pour commencer, l’histoire en elle-même s’avère tout
de même un chouïa décevante, et la fin paraît bâclée par rapport aux débuts du
jeu (surtout que tout semble s’enchaîner à la vitesse de la lumière dans la
dernière heure, comme s’il fallait vite en finir). De plus, l’ensemble souffre
un peu du syndrome Kaena (film d’animation sorti cette année), avec une histoire
peut-être poétique mais quand même encore trop simpliste et prévisible. Par
ailleurs, avec un titre pareil (Par Delà le Bien et le Mal), j’avoue que je
m’attendais à un traitement un peu plus mature de la lutte entre le bien et le
mal, les méchants étant très clairement identifiables…
Autre petit défaut,
les phases d’infiltration sont un peu répétitives vers la fin, et on aimerait
que le gameplay approfondisse un peu plus des différentes références qui ont
inspiré les programmeurs. Ainsi, le choix de la variété a le défaut de ne jamais
vraiment proposer un gameplay très poussé, et BGE reste un jeu dans le fond
assez classique. Enfin, ceux qui suivent le jeu depuis ses débuts ne pourront
s’empêcher quelques regrets à l’égard de ce qu’il nous promettait.
Ceci
étant, ces défauts ne doivent pas nous faire oublier qu’on les remarque surtout
en raison d’un ensemble vraiment enchanteur, et si tous les jeux pouvaient ne
posséder que ces imperfections, je connais plus d’un gamer qui signerait de
suite en bas du contrat.
+
- Plein d'humanisme
- Ambiance soignée et originale
- Direction artistique exceptionnelle
-
- Même si la xbox peut clairement faire mieux techniquement, l'esthétique de BGE en fait l'un des plus beaux jeux de la console.
- Bien que le gameplay soit très varié, la jouabilité ne faillit jamais. De plus les interfaces sont très bien pensées.
- Malheureusement le jeu n'est pas très long (comptez un 8 à 10 heures). Mais à côté de cela, il est très prenant et on ne voit vraiment pas passer le temps.
- Doublages sublimes et musiques excellentes. Pas de doute, il s'agit d'une excellente bande son qui en plus est originale.
- Plus que l'histoire, un peu décevante car trop prévisible, c'est l'excellente mise en scène qui épate.
- BGE est un superbe jeu d'aventure/action. Prenant du début à la fin, il nous fait vivre une expérience qu'on n'oubliera pas de sitôt. Au prix où le jeu est proposé, ce serait un sacrilège de s'en priver.
- Si les anims sont toutes de très bonne facture, on regrette tout de même le fait que tout ne tourne pas en 60 images par seconde.
- Fin décevante, trop rapide et pas à la hauteur du reste de l'aventure
- Scénario décevant car trop manichéen et prévisible