Jeux

Beyond Good & Evil

Action/Aventure | Edité par Ubisoft

8/10
360 : 26 February 2004
20.02.2004 à 04h07 par

Test : Beyond Good & Evil sur Xbox

A la base présenté sous le nom de code Project BGE, Beyond Good & Evil nous annonçait un gameplay d’une liberté hallucinante, dans un univers complet où l’on pourrait voyager où bon nous semblerait. Il devait donc être envisageable de prendre un vaisseau, aller nous balader sur une lune, et revenir où l’on voulait sur notre planète. Avec Michel Ancel aux commandes, et après Rayman, on l’aurait cru sur parole. Mais visiblement, les ambitions ont dû être revues à la baisse de ce point de vue, et BGE s’avère au final un jeu d’aventure/action plutôt classique… Mais quel jeu !!

Camarades, on vous ment !!

Faire un test de BGE sans parler de son univers relèverait de

la pure hérésie, tellement il s’agit de l’une de ses forces.
Dans un monde en

guerre contre les envahisseurs Domz, Jade, jeune reporter d’Hillys, est chargée

de la protection d’une partie de la ville dans son phare. Aidée de son oncle

Pey’J (un cochon), elle protège des orphelins dont les parents ont été enlevés

par les infâmes extra terrestres Domz. Le jeu commence alors qu’une attaque

manque d’enlever les enfants restants, et que Jade doit se débattre avec un

alien plutôt véhément. « Heureusement » pour elle, les super héros des Forces

Spéciales débarquent après la bataille. Cinq minutes plus tard, un reportage TV

passe en boucle dans toute la région, félicitant une nouvelle fois l’action des

Forces Spéciales et truquant le témoignage de Pey’J. Le décor est planté, BGE se

passe dans un univers de propagande, où pourtant les gens se sentent libres et

protégés. Seul le groupe Iris, qui vous proposera vite de démasquer les vrais

comploteurs en effectuant des reportages photos, semble se dresser contre cette

propagande. A la manière d’un Oddworld, BGE est un jeu militant, ça ne fait plus

aucun doute, et se permettra même d’afficher clairement ses pensées écolos au

long d’une aventure où le respect de la vie dans son ensemble ne cessera de nous

être sermonné. Mais à ce stade de l’aventure, le joueur ignore encore les enjeux

réels de la guerre, qui dépasseront vite la simple propagande.




Quel groin !

La première chose qui devrait vous émerveiller dans BGE tient

en un mot : “réalisation”. Si celle-ci n’atteint pas des sommets techniques (le

frame rate n’est pas top top et les textures pourraient être un peu plus

détaillées), la finition générale est tout bonnement superbe. L’univers possède

une esthétique juste sublime, avec des couleurs chatoyantes, un character design

excellentissime, et des décors parfois gigantesques. Pour vous dire, lorsque

vous débloquez le vaisseau spatial, la totalité de l’univers du jeu est visible.

Les grottes semblent magiques, la ville a des allures de Venise miniature, et la

Lune vous replongera dans une ambiance très « Stephen Kingienne ». Mais les

louanges ne sauraient s’arrêter là, car en plus de proposer un univers superbe,

BGE le rend à chaque instant vivant. Les piétons circulent, parlent entre eux,

les conducteurs sont partout sur les routes aériennes, les animations des

différents monstres sont peaufinées dans leurs moindres détails, chaque

personnage possède son caractère (mention spéciale aux Rhinos rastas de Mamago,

auxquels il ne manquait qu’un gros pétard pour parfaire le cliché), le ciel est

recouvert de constellations que vous pouvez découvrir la nuit, des dizaines

d’espèces animales peuplent la nature etc… Je serais presque tenté de parler de

jamais vu tellement tout est foisonnant.
L’autre aspect de la

réalisation qui force le respect, c’est la bande son. Le travail effectué sur

les doublages est vraiment du plus haut niveau. En français la belle Emma de

Caunes est évidemment parfaitement convaincante, mais les autres doubleurs sont

tout aussi excellents et le rendu est sans problème comparable à un dessin animé

d’envergure. Quand en plus ces dialogues sont très souvent hilarants et matures,

on frise le nirvana. D’autre part, les musiques sont là encore superbes, souvent

originales (les courses d’Hovercraft par exemple swinguent sur un rythme très

latino) et jamais en décalage avec l’image. Durant l’aventure on ne cesse d’être

surpris tellement la démarche s’oriente davantage vers un rendu plus artistique

que ce que nos oreilles de gamer sont habituées à écouter.
Vraiment, grâce à

un niveau de finition ahurissant, BGE est l’un des jeux les plus immersifs de

ces dernières années.




« On ne casse pas le binôme ‘moiselle Jade

»

Evidemment, un univers sublime ne suffit pas à faire un bon

jeu, et l’immersion ne peut être totale si le gameplay ne suit pas. Dans BGE,

l’équipe de Michel Ancel s’est vraiment inspirée de tous les genres (action,

beat’em all, infiltration, shoot, course, aventure, réflexion etc) pour nous

proposer un mix détonnant. Le panel offert au joueur est vraiment très large, et

surtout remarquablement programmé. Ainsi, toutes les phases de jeu sont

jouissives et accessibles, avec par exemple des combats vraiment très fluides et

sophistiqués durant lesquels Jade va dans tous les sens, à grands renforts de

mouvements tous plus classes les uns que les autres. Le maniement de

l’hovercraft / vaisseau reste très instinctif, et il vous arrivera certainement

de traîner dans les paysages de Hillys pour le simple plaisir d’y faire un tour.

Les phases d’infiltration dans les bases sont particulièrement éprouvantes avec

des défis de plus en plus corsés, les courses sont délirantes à souhait, les

phases à deux toujours bien pensées, bref, c’est le pied. Ajoutez à cela un

système de sauvegarde qui permet au joueur de ne jamais être frustré, et vous

obtenez un jeu quasi parfait, dans lequel l’histoire vous tient en haleine,

l’univers vous permet de vous immerger, et le gameplay de parfaire le tout en

rendant le jeu en lui-même vraiment trippant. Mais comme toujours, il faut aussi

remarquer que c’est bien « quasi parfait », et que donc il reste des choses un

peu décevantes.




« Les gonzesses, retournez à votre tricoooot !! »

Ainsi, si le jeu a de quoi émerveiller, on est en droit de lui

remarquer quelques défauts. Pour commencer, l’histoire en elle-même s’avère tout

de même un chouïa décevante, et la fin paraît bâclée par rapport aux débuts du

jeu (surtout que tout semble s’enchaîner à la vitesse de la lumière dans la

dernière heure, comme s’il fallait vite en finir). De plus, l’ensemble souffre

un peu du syndrome Kaena (film d’animation sorti cette année), avec une histoire

peut-être poétique mais quand même encore trop simpliste et prévisible. Par

ailleurs, avec un titre pareil (Par Delà le Bien et le Mal), j’avoue que je

m’attendais à un traitement un peu plus mature de la lutte entre le bien et le

mal, les méchants étant très clairement identifiables…
Autre petit défaut,

les phases d’infiltration sont un peu répétitives vers la fin, et on aimerait

que le gameplay approfondisse un peu plus des différentes références qui ont

inspiré les programmeurs. Ainsi, le choix de la variété a le défaut de ne jamais

vraiment proposer un gameplay très poussé, et BGE reste un jeu dans le fond

assez classique. Enfin, ceux qui suivent le jeu depuis ses débuts ne pourront

s’empêcher quelques regrets à l’égard de ce qu’il nous promettait.
Ceci

étant, ces défauts ne doivent pas nous faire oublier qu’on les remarque surtout

en raison d’un ensemble vraiment enchanteur, et si tous les jeux pouvaient ne

posséder que ces imperfections, je connais plus d’un gamer qui signerait de

suite en bas du contrat.

Alliant gameplay accessible et jouissif à un univers sans pareil, BGE reste une expérience unique, un joyau qui marquera certainement pas mal de gamers. Mature, intelligent, drôle et prenant, il s’agit d’un must have pour tout passionné de jeux d’aventure, voire de jeux vidéo tout court. Ainsi, même s’il n’est pas exempt de défauts, il mérite vraiment votre considération. En espérant que sa suite osera aller encore plus loin et que Jade n’en finira pas de nous émerveiller. M. Ancel, bravo.

+

  • Plein d'humanisme
  • Ambiance soignée et originale
  • Direction artistique exceptionnelle

-

    • Même si la xbox peut clairement faire mieux techniquement, l'esthétique de BGE en fait l'un des plus beaux jeux de la console.
    • Bien que le gameplay soit très varié, la jouabilité ne faillit jamais. De plus les interfaces sont très bien pensées.
    • Malheureusement le jeu n'est pas très long (comptez un 8 à 10 heures). Mais à côté de cela, il est très prenant et on ne voit vraiment pas passer le temps.
    • Doublages sublimes et musiques excellentes. Pas de doute, il s'agit d'une excellente bande son qui en plus est originale.
    • Plus que l'histoire, un peu décevante car trop prévisible, c'est l'excellente mise en scène qui épate.
    • BGE est un superbe jeu d'aventure/action. Prenant du début à la fin, il nous fait vivre une expérience qu'on n'oubliera pas de sitôt. Au prix où le jeu est proposé, ce serait un sacrilège de s'en priver.
    • Si les anims sont toutes de très bonne facture, on regrette tout de même le fait que tout ne tourne pas en 60 images par seconde.
    • Fin décevante, trop rapide et pas à la hauteur du reste de l'aventure
    • Scénario décevant car trop manichéen et prévisible