Test : Binary Domain sur Xbox 360
Je t’ai rencontré du côté de Narbonne
De son annonce à sa sortie, Binary Domain a suscité toutes sortes de réactions. Avec Toshihiro Nagoshi et ses hommes, communément appelés Team Yakuza, aux commandes de ce third person shooter, on avait envie de laisser le bénéfice du doute à Binary Domain. D’un autre côté, ce qui nous était montré n’avait rien de bien engageant, semblait manquer de piquant. Il faut dire que la thématique "humain en proie au développement débridé de la robotique menant à une rébellion de celle-ci" a quelque chose de déjà bien connu. Pourtant, durant les huit à dix heures qu’il faut au joueur pour boucler une première fois l’aventure, la sauce prend, l’histoire se laisse suivre avec un certain plaisir. En utilisant des faits d’actualité – ici le réchauffement climatique – comme point de départ des dérives qui justifient l’envoi de forces spéciales par la communauté internationale à Tokyo, Binary Domain évite assez intelligemment de sombrer dans les clichés habituels. Les personnages, eux, peinent un peu plus à convaincre. Est-ce dû au côté très conventionnel de Dan, le héros, ou à la caricature exagérée de l’afro-américain incarnée par son acolyte, Roy Boateng ? D’autres personnages intègrent l’équipe au fur et à mesure et il est possible d’en choisir jusqu’à deux pour nous accompagner. Il parlent beaucoup, se laissent parfois aller à quelques drôles de répliques et dévoilent au passage un gros point faible du jeu dans sa version française : les doublages. Si des personnages comme Charlie ou Cain s’en sortent plutôt bien, Dan est limite et Boateng pas loin du ridicule ; plus gênant au point d’en devenir amusant, certaines interventions de personnages secondaires pendant les cut-scenes sont totalement hors propos (en particulier le conseiller du président qui, s’il ne s’exprime que très peu, plombe littéralement la crédibilité du passage en question). Sans vraiment gâcher l’ambiance ce manque de qualité des doublages est regrettable et l’on peut envisager pour améliorer les choses de configurer sa console en anglais.
C’est à Tokyo que se déroule l’intégralité de l’aventure de Binary Domain. En 2080, la capitale nippone s’élève vers le ciel pour contrer la montée du niveau de la mer ; des bas-fonds laissés à l’abandon à la ville nouvelle complètement déconnectée de la triste réalité qui sévit quelques mètres plus bas, l’univers de Binary Domain fait mouche. Pour l’apprécier, il faudra composer avec une première heure de jeu quelque peu laborieuse, pas franchement inspirée. Passée cette période de rodage, l’avancée dans les ruines de la vieille ville, les premiers pas dans les hauts quartiers, l’assaut dans la gare, l’interminable ascension d’un immeuble se vivent avec un certain plaisir. En dépit d’une très grande linéarité, Binary Domain parvient à se renouveler continuellement et évite de nous faire sombrer dans la redondance des situations et des environnements . A quelques moments de l’aventure le soft offre même des passages calmes, sans armes, propices à quelques discussions avec ses acolytes ou les personnages non jouables présents, appuyant ainsi cette ambiance particulière. Pouvoir discuter est d’ailleurs l’un des arguments mis en avant par les développeurs de Binary Domain. A l’aide du micro-casque de la Xbox 360, il est possible de donner des ordres à ses coéquipiers, les féliciter voire même les insulter violemment via une liste de mots prédéfinie. L’outil marche plutôt bien en dépit de quelques couacs pouvant donner lieu à des réponses cocasses mais manque finalement d’intérêt et peut être abandonné pour un choix de réponses classiques exécutable avec la manette. C’est qu’il vaut mieux éviter de multiplier les mauvaises réponses, celles-ci influant directement sur le niveau de confiance des coéquipiers, autre particularité de Binary Domain.
Sarah Connor ?
Pour avancer avec un peu plus de facilité, il faut soigner ses relations avec ses acolytes. Cela passe en premier lieu par le choix des mots. Régulièrement, les coéquipiers viennent faire la discussion, demandent un avis sur la situation et font part de leurs états d’âme. Avec un niveau de confiance élevé, on peut espérer une assistance en cas de problème ; au contraire, si le niveau est faible, il faudra se débrouiller par ses propres moyens. Le système est intéressant et ouvre surtout l’histoire à quelques embranchements ; malheureusement ceux-ci sont probablement un peu trop minimes pour justifier d’une nouvelle partie. Ce qui pourra la motiver finalement, c’est le plaisir de démembrer du robot à la chaine. Binary Domain joue la carte Gears of War en favorisant la stratégie consistant à avancer de planque en planque. L’armement est très conventionnel mais les gunfights ont la pêche, les ennemis partent en miettes au contact des balles et en en logeant une entre les deux yeux, le bougre se retournera contre ses semblables. Le bestiaire est donc intégralement robotique mais bien diversifié et ne lésine pas sur les rencontres face à des boss énormes, pour des combats assez longs mais néanmoins intéressants. Les morts rapportent des crédits (plus ou moins en fonction de la qualité de l’exécution) qui permettent de faire des emplettes aux bornes disséminés aux quatre coins de Tokyo : amélioration de ses armes et de celles des coéquipiers, munitions, amélioration du personnage avec des nanomachines (résistance, vitesse de récupération, etc). Binary Domain est un soft très plaisant, en dépit de passages de rail shooting assez plats et d’une réalisation manquant de relief, affichant parfois des décors assez pauvres en textures. Mais quoi qu’il en soit l’univers s’impose, l’action est frénétique et les graphismes moyens passent au second plan.
Du coup, on se dit qu’on se la ferait bien en coopération sur le Xbox Live cette sympathique campagne. Cela restera au stade du fantasme puisque s’il propose des modes en ligne, Binary Domain laisse son histoire aux soins exclusifs du joueur solo. Alors à quoi on joue ? On retrouve d’un côté un certain nombre de modes de jeu compétitifs : match à mort en équipe ou chacun pour soi, attaque – défense, capture d’objectifs ou encore survie en équipe. C’est assez classique et on préfèrera probablement jouer à ce genre de modes sur d’autres softs mieux calibrés, d’autant que les serveurs peinent déjà à se remplir. En parallèle du multijoueur compétitif, on retrouve un mode baptisé Invasion. Les amateurs du mode Horde de Gears of War y trouveront une alternative sympathique mais assez vite expédiée, la faute au nombre restreint de cartes pour ce mode (trois et pas une plus). Le choix des classes de soldats fait également dans le classicisme : assaut, sniper, soutien, etc. Finalement, ces quelques parties en ligne nous rappellent que Binary Domain est un titre solo pur et dur, qui n’a pas grand chose à envier à ses concurrents, et qui mérite qu’on s’y intéresse.
+
- Action frénétique
- L'univers prenant
- Rythme bien maitrisé
-
- Doublages français en dent de scie
- Graphiquement moyen
- Pas de campagne en coopération