Test : Blue Prince sur Xbox Series X|S
Faîtes entrer l'acuité

Blue Prince débute alors que vous venez de perdre votre oncle, dont les dernières volontés consistent à découvrir son secret le mieux gardé. Au sein de son vieux manoir se trouve en effet une mystérieuse chambre, la pièce 46, qu’il vous met au défi de trouver. Un concept simple sur le papier, qui prend toutefois une dimension inédite et originale lorsqu’on découvre que la configuration de la demeure change chaque jour, et est soumise aux choix du joueur. En incarnant Simon, il faut nécessairement multiplier les tentatives dans l’espoir d’atteindre la fameuse pièce, en se servant de chaque essai pour faire mieux la fois d’après. Un game-design qui emprunte au genre du roguelite, tout en s’apparentant à un walking-simulator plutôt tranquille à jouer, et qui repose essentiellement sur la capacité du joueur à établir une stratégie, mais aussi sur la chance.
Car en ouvrant une porte, le joueur doit obligatoirement choisir la pièce qui se trouvera derrière, parmi trois salles piochées au hasard. Un concept qui donne d’ailleurs son nom au jeu puisque Blue Prince fait en réalité référence aux «blueprints», autrement dit ces fameux plans industriels ou architecturaux réalisés sur de grandes feuilles de papier bleu. Pour résumé, seuls le hall d’entrée et l’antichambre menant à la pièce 46 conservent toujours la même position dans la villa. Pour le reste, c’est donc au joueur de disposer les diverses salles, au fur et à mesure, dans les limites de la demeure (une sorte d’échiquier de 5 cases de large sur 8 cases de longueur). Chaque pièce occupe une case, peu importe sa taille, le but étant bien évidemment d’atteindre l’antichambre en plaçant judicieusement vos pièces.
Parfois on préférera créer une salle qui offre plusieurs portes de sortie, ou plutôt un long couloir qui file tout droit, mais dans les faits ce n’est évidemment pas aussi simple. En effet, certaines pièces ne peuvent être choisies qu’en échange de quelques gemmes, tandis que des portes sont fermées à clé, et d’autant plus lorsqu’on approche de l’antichambre. Il faut donc veiller à créer des salles qui renferment ce genre d’éléments pour ne pas se retrouver bloquer plus loin, ce qui oblige à faire des choix déterminant pour la suite. Car si le cagibi est généreux en gemmes ou en clés par exemple, il possède aussi le désavantage de ne pas proposer d’autres sorties et donc de créer une impasse. Il faut ainsi trouver le bon équilibre, tout en croisant les doigts pour que le hasard fasse bien les choses dans les salles proposées à chaque porte. Les pièces sont d’ailleurs triées en différentes catégories, et si les salles rouges sont généralement intéressantes sur le papier, elles impliquent aussi des malus qui peuvent rapidement mettre fin à votre progression. Par exemple, placer la chambre noire oblige en effet à choisir le plan de la pièce d’après… à l’aveugle, ce qui peut être fatal. Et c’est sans doute le principal défaut de Blue Prince, avec un côté frustrant beaucoup trop présent, et dû à une place beaucoup trop importante laissée au hasard.
Au delà de son côté malin, Blue Prince oublie finalement un peu trop le joueur. Et c’est bien dommage car le peu d’énigmes disponibles sont plutôt agréables à jouer et il y avait sans doute moyen de pousser un peu plus cet aspect du game-design pour nous impliquer davantage. Il y a tout de même quelques objets à récupérer, comme une loupe pour dévoiler quelques informations importantes, ou encore une pelle pour déterrer des éléments plus ou moins utiles par endroit, mais là encore cela reste beaucoup trop limité, d’autant que vous les perdez entre chaque nouvelle journée. Il existe bien un système de consigne, où l’on peut déposer un objet que l’on aimerait récupérer dans une future run, à condition de pouvoir y recréer cette même consigne. Petite difficulté supplémentaire, Simon est limité dans son nombre de pas, et chaque entrée dans une nouvelle pièce lui en retire un, avec la possibilité d’en récupérer dans des chambres ou, au contraire, d’en perdre plus dans les salles de sport. Au nombre de cinquante en début de journée, les pas paraissent suffisant, mais une mauvaise configuration peut entrainer de nombreux allers/retours, et réduire à néant une run.
On ne peut pas nier que Blue Prince est un jeu malin, intelligent même. Il regorge de petits secrets qu’il faut apprendre à décrypter, mais le fait que le jeu de Dogubomb soit entièrement en anglais joue clairement en sa défaveur. Les non anglophones ne profiteront pas du tout de la même expérience de jeu que les autres, et même si le jeu n’est pas particulièrement bavard, cette absence de textes en français vient forcément ajouter encore un peu plus de frustration. Rien à redire en revanche du côté de la technique et de la direction artistique avec un titre qui dispose d’un vrai cachet, avec une patte graphique qui rappelle le cel shading d’un Borderlands, et qui s’adapte parfaitement au côté rustique du vieux manoir.
+
- Intelligent et malin
- Enigmes sympas
- Concept addictif
- Très sympa visuellement
-
- Tout en anglais
- On finit par tourner en rond
- Peu d'énigmes
- Trop tributaire du hasard