Jeux

Brothers in Arms Road to Hill 30

FPS | Edité par Ubisoft | Développé par GearBox

8/10
360 : 16 mars 2005
24.03.2005 à 19h59 par |Source : http://www.xbox-mag.net/

Test : Brothers in Arms Road to Hill 30 sur Xbox

La première fois que j’ai entendu parler de Brothers in Arms, je me suis dit « Encore un jeu sur la seconde guerre mondiale, supeeeer », et puis j’ai systématiquement occulté toute information supplémentaire. Ce n’est qu’il y a quelques semaines, après la longue pénurie de bons jeux que nous venons de connaître ces derniers mois, que je suis tombé par hasard sur un article parlant de ce titre. Hum, un FPS réaliste reprenant certains des éléments de gameplay de Full Spectrum Warrior, voilà qui a de quoi rendre beaucoup plus attractif un énième débarquement sur les côtes de Normandie.

Band of Brothers in Arms Saving Private Ryan

Ce qui frappe le plus lorsque l’on lance le jeu, c’est la ressemblance, à la limite du plagiat, de la série Band of Brothers. Aussi bien au niveau de la présentation (les interview des vétérans en moins) qu’au niveau de l’ambiance qui se dégage. Ainsi, plusieurs fois au cours de l’aventure, on aura l’impression de jouer certaines scènes de la mini-série à succès produite par Tom Hanks et Steven Spielberg. Et c’est tout simplement parce que Gearbox a effectué énormément de recherches pour maximiser le niveau de détail et de réalisme, que l’accent a été mis sur les relations de fraternité entre soldats, et aussi parce que vous incarnez Matt Baker, un chef d’escouade (malgré-lui) de la Fox Company du 101ème régiment aéroporté (ndlr : la série se concentrait sur la Easy Company). Le jeu commence une semaine après le débarquement alors que Matt se relève sur la colline 30, sonné par la déflagration d’un obus tombé un peu trop près. Seulement, pas le temps de se reposer car les Allemands sont en train de prendre vos positions d’assaut, et là, le ton est donné. Après ce prologue, vous effectuerez un bond en arrière dans le temps pour vous retrouver dans l’avion, prêt à sauter pour revivre tous les évènements qui vous ont permis d’arriver jusque là, et de ce qu’il vous en a coûté.

Un gameplay mi bourrin mi tactique

Les premiers niveaux vous permettront de vous familiariser avec les commandes et les « 4F » de l’armée américaine : Find, Fire, Flank, Finish ; à savoir Trouver l’ennemi, lui envoyer une tempête de plomb histoire de le clouer derrière son abri, afin de pouvoir le contourner et de trouver un angle de tir pour l’éliminer. Car il est ici illusoire de croire que vous pourrez foncer dans le tas en zigzagant dans tous les sens et éliminer à vous seul l’armée allemande de vos tirs experts. Non, pour cela, vous serez assez rapidement au commandes de deux équipes : l’une spécialisée dans le tir de couverture (appui-feu) et l’autre dans l’assaut (assaut, bizarrement). Une pression sur la touche blanche permet de passer de l’une à l’autre pour leur donner des ordres distincts. Pour ce qui est de trouver le Boche, le jeu fait une énorme concession au réalisme sous la forme d’un gros rond rouge au dessus de chaque groupe d’ennemi représentant leur moral. Certains pourront crier au scandale, mais pas la peine de s’emporter car il est possible de les désactiver, mais bon, reprenons… Plus l’Allemand prend du plomb, plus le rond vire au blanc, et plus il reste à couvert, ce qui vous permet de vous déplacer un peu plus facilement. Mais attention, car au bout d’un certain temps, l’ennemi reprend son courage à deux mains et se remet à vous tirer dessus ; il ne faut donc pas perdre trop de temps pour repositionner vos troupes.

Heureusement, la gestion des déplacements est simple d’utilisation. Une pression sur la gâchette gauche fait apparaître le curseur de mouvement que vous pouvez faire bouger grâce au stick droit. Dès que la gâchette est relâchée, votre équipe bouge à l’endroit indiqué. Faîtes passer ce curseur sur une unité ennemie, et il se transforme en viseur rouge, et là vous pouvez donner l’ordre à votre équipe de concentrer son tir dessus. A ce moment, vous pouvez également donner l’ordre de prendre cette position d’assaut en ajoutant une pression sur la gâchette droite ; cependant cette action est à proscrire si l’ennemi n’est pas en train de se chier dessus, sinon c’est la mort assurée (et quand bien même, votre unité ressort rarement indemne d’un bon gros rush). Globalement l’interface d’ordre est très intuitive et réactive, même si quelques cafouillages seront inévitables, surtout dans le feu de l’action. D’ailleurs on peut regretter qu’il n’y ait pas moyen de faire disparaître le curseur une fois la gâchette gauche enfoncée (en tout cas, je n’en ai pas trouvé).

Viennent ensuite les manœuvres de contournement. Si Full Spectrum Warrior était plus une suite de puzzles à résoudre pour avancer, BiA est un peu plus indulgent quant au chemin à suivre étant donné qu’il sera toujours possible d’éliminer certains ennemis embusqués avec suffisamment de patience et de dextérité. Cependant, il faudra quand même trouver le bon itinéraire (couplé avec les ordres adéquats de suppression) afin de progresser et de trouver le bon angle de tir. Certes, il y aurait moyen de râler sur le dirigisme du soft : en gros, si on ne passe pas par tel chemin alors que d’autres semblent accessibles, pas moyen d’avancer. Cependant, c’est le lot de 99% des FPS et de ce côté BiA ne fait pas exception à la règle. Pour vous aider dans le choix de cet itinéraire, les développeurs ont inclus la possibilité à tout moment de passer à une vue externe de l’environnement où sont représentés tous les protagonistes (grâce à la touche Back). Malheureusement, cette vue est brouillonne, pas très lisible et en gros ne vous servira jamais. C’est à se demander pourquoi une simple carte n’a pas été fournie. C’eût été plus réaliste et autrement plus pratique. Pour ce qui est de finir l’ennemi, vous remarquerez très rapidement qu’il n’y a aucun réticule de visée (et ainsi décourager le joueur de rusher comme un porc). Le seul moyen d’aligner proprement du soldat est de cliquer sur le stick droit pour utiliser le vrai viseur de l’arme. Concernant l’arsenal, rien de bien original, normal car ici on table sur l’authentique ; on retrouvera ainsi les joujous classique de l’infanterie américaine du pistolet au sniper, en passant par la carabine automatique et le fusil mitrailleur. A noter qu’il n’est possible de ne transporter que deux armes sur soi, mais que l’on peut décider d’en ramasser une sur le champ de bataille à tout moment, surtout si les munitions viennent à manquer. Et là du coup, ça permet de tester l’ingénierie allemande. Il est également possible de lancer des grenades avec la touche noire, mais leur utilisation n’est vraiment pas un modèle de simplicité (pas de gestion de la force du lancer, rebonds improbables), alors autant les garder pour les unités ennemies les plus coriaces, à savoir les panzers de la Wehrmacht.

Une immersion convaincante

Bref, le gros du jeu consiste dans la bonne exécution des 4F. Certains pourraient se plaindre d’une certaine répétitivité dans la tâche à accomplir. Heureusement, les situations sont suffisamment variées pour garder le joueur en haleine tout au long de l’aventure. Que ce soit le déblayage d’un champ sous le feu ennemi pour permettre à des planeurs d’atterrir, la traversée d’un pont balayé par des snipers, que l’on essuie des tirs de mortiers, ou que l’on défende Carentan du clocher de l’église, on n’a jamais l’impression de faire exactement la même chose, d’autant plus si l’on se laisse immerger dans l’extraordinaire ambiance qui se dégage. Mais tout ceci ne serait qu’illusion si l’IA n’était pas à la hauteur. Et là, globalement, on peut dire qu’elle tient la route. Certes parfois vos soldats se comportent de façon étrange et refusent de se mettre à couvert, mais vous pouvez généralement compter sur eux pour faire le boulot. Il en est de même pour l’IA ennemie, qui saura bien réagir à vos assauts, se repositionner quand il faut, battre en retraire si elle est submergée, et en de trop rares occasions essayer de reprendre du terrain. Avant de clôturer cette partie du test ciblée sur le gameplay, il faut bien évoquer les concessions du jeu en terme de réalisme. Outre le rond rouge de moral, nous avons bien sûr les éternels points de sauvegarde. Et là si jamais vous bloquez trop, le jeu vous proposera de soigner toute votre escouade et de repartir comme neuf. Il s’agit là bien sûr de ne pas effrayer le joueur occasionnel et étant donné qu’il vous est possible de refuser, il n’y a rien de scandaleux. Par contre il est vraiment dommage que les morts reviennent à la fin de chaque mission. En effet, hormis le fait qu’il sera plus dur de terminer une mission avec des hommes en moins, rien n’est vraiment fait pour encourager le joueur à garder ses soldats en vie, ceux-ci disparaissant de l’histoire quand le scénario l’a décidé et pas autrement. On aurait préféré un système de renfort qui aurait plus collé à la réalité, mais les développeurs ont pris le parti de l’attachement en donnant à vos coéquipiers une personnalité propre et distincte. Mais que les puristes se rassurent, la plupart de ces défauts sont gommés dans mode authentique (déblocable après avoir fini le jeu en difficile). En parlant de bonus, les gars de Gearbox ont fait des tonnes de recherches et ont souhaité les partager avec nous. Ainsi à chaque mission terminée, vous aurez le droit à des images d’archives, des photos prises sur le terrain, de véritables rapports de mission (au fait, toutes celles du jeu ont réellement eu lieu), etc…on peut juste regretter que leur visionnage ne soit pas un exemple de praticité.

Sans panache, mais avec brio.

Côté réalisation, le bilan est correct. En effet, si BiA est loin d’être le jeu le plus impressionnant de la Xbox graphiquement, le tout reste correct. Un soin particulier a été apporté aux animations qui sont criantes de vérité. Mais le gros du boulot vient du level design. Certes il y a l’effet couloir faussement masqué, mais les villages de Normandie des années 40 ont été reproduits avec une fidélité qu’il tient de saluer. Lorsque l’on prend une balle ou qu’une grenade pète d’un peu trop près, l’écran est tâché de sang ou de boue, et lorsque l’on prend un sérieux coup, Matt est projeté au sol avec un joli effet de flou accompagné d’un bon acouphène le temps de reprendre ses esprits. En bref, on s’y croirait, et ce ne sont pas les hautes herbes mal modélisées, les cadavres de vaches pas franchement convaincants ou encore la physique du décor complètement absente qui viendra gâcher l’ambiance. D’autant plus que côté son, là on est dans le haut de gamme. Les développeurs ont enregistré toutes les armes dans un musée militaire américain. S’en ressort là aussi un sentiment de réalisme au cours de la bataille. Les musiques sont dans le ton et le jeu d’acteur est de bonne facture même si l’on notera un manque de variété dans les dialogues in-game. Le jeu ne propose aucune cinématique à proprement-dit. Par contre vous aurez systématiquement droit à une séquence utilisant le moteur du jeu au début et à la fin de chaque mission afin de planter le décor et de renforcer les liens avec vos hommes.

La guerre online, pas encore parfaite mais trippante

En plus de proposer un mode solo de qualité, Bia offre également un mode multijoueurs via le Live. Et là, il se paye le luxe d’innover un peu. Au lieu de proposer les classiques DM et autres CTF, on a ici droit à des sessions intimistes en 1 Vs 1, 2 Vs 1 ou 2 Vs 2. Il y a 10 maps, avec chacune un objectif qui lui est propre. Bien sûr une équipe attaque, l’autre défend, il y a un temps limite, et au bout du compte, ça reste de la défense de zone, de la récupération de document, du plantage de bombe, etc…mais l’innovation vient du fait que le principe du jeu reste le même qu’en solo : chaque joueur dirige une équipe de bot. Mais autant dire que là, avec la possibilité d’avoir 8 groupes distincts sur le champs de bataille (vous + votre équipe X 4), ça en fait des schémas tactiques de contournement. D’autant plus que les maps multi sont bien plus ouvertes que celles du solo et qu’elles sont globalement assez bien conçues. Lorsque vous êtes abattu, vous prenez la place d’un de vos bots. Il est également possible d’appeler des renforts, tout en sachant qu’ils sont en nombre limité et que l’épuisement de ceux-ci est synonyme de partie perdue (ça ou être à court de temps). Bref, le mode multi est assez sympathique dans son ensemble et a au moins le mérite d’essayer d’innover. Malheureusement il ne rentrera probablement pas dans le panthéon des jeux les plus joués sur le Live, la faute à une interface relativement catastrophique : pas de filtre de langue, impossibilité de kicker un joueur indésirable, impossibilité de changer de map à partir du lobby (ça ne peut se faire qu’en fin de partie ou ça ne se fait pas), pas de téléchargement de contenu. En fait, à moins de vraiment devenir accro, BiA est le genre de jeu auquel il est préférable de jouer entre amis, à petites doses, mais sur lequel on revient avec plaisir de temps en temps lors de soirées galères.

En jouant la carte du réalisme et de la tactique, Gearbox a réussi à renouveler un genre que l’on croyait surexploité. Brothers in Arms s’impose donc comme le meilleur jeu sur la seconde guerre mondiale sur Xbox. Grâce à son ambiance formidable et à son gameplay solide à défaut d’être vraiment novateur (ou exempt de défauts), il devrait plaire à la plupart des joueurs, occasionnels ou invétérés, à la condition de ne pas être allergique aux FPS, ou à contrario fana de jeux de shoots où il faut tout dézinguer sur son passage. Que dire de plus à part que nous attendons le 2 avec impatience…

+

    -

      • Ca suinte le réalisme, mais il manque encore de la finesse dans les textures et un brin de fluidité dans l’ensemble pour vraiment atteindre les ténors visuels de la Xbox
      • Simple et intuitive malgré la relative complexité des actions à accomplir par rapport aux autres FPS. Quelques cafouillages seront cependant inévitables
      • Un mode solo d’une quinzaine d’heures, un mode live sympathique, de quoi vous occuper un moment. La difficulté authentique offre une replay value quasi obligatoire.
      • Avec un jeu qui repose autant sur l’ambiance, on n’en attendait pas moins.
      • Pas original pour un sou, mais authentique et bien mené.
      • Brothers in Arms est une bonne surprise à défaut de devenir l'un des titres référence en matière de FPS. Il s'impose néanmoins comme le meilleur jeu sur la seconde guerre mondiale. Quel dommage qu'il ne sorte que maintenant, dans un mois de mars surchargé
      • Criante de vérité, elle contribue au sentiment de réalisme
      • Sympatoche et original, mais va falloir revoir l’interface la prochaine fois.