Jeux

Call of Duty 2

FPS | Edité par Activision | Développé par Infinity Ward

8/10
360 : 24 novembre 2005
18.12.2005 à 17h09 par |Source : http://www.xbox-mag.net/

Test : Call of Duty 2 sur Xbox 360

De la cohorte de FPS déjà bien garnie que compte le catalogue Xbox 360, Call of Duty 2 est le seul titre se basant sur le thème éculé de la Seconde Guerre mondiale. Pour Infinity Ward, le challenge était de produire un jeu qui irait plus loin que la concurrence en s'appuyant sur les capacités de la nouvelle console de Microsoft. Vu la réussite du précédent épisode sur PC, on était en droit d'attendre un vrai bon titre, bien solide avec de l'émotion, du courage et des exploits tout plein. Et là vous vous demandez si c'est le cas ou pas. Et là on vous répond qu'il suffit de lire le torchon ci-dessous. Bon voyage dans l'enfer du conflit le plus vivant jamais vu sur consoles.

Récrire l’histoire

A l’instar de tous les titres nous mettant dans la peau des combattants de 39-45, Call of Duty 2 permet de revivre la guerre de l’intérieur au travers de batailles plus ou moins connues. En incarnant tour à tour Vassili le soviétique, John et David les britanniques et Bill l’américain, on prend part aux escarmouches sanglantes de l’hiver russe, aux chauds affrontements des déserts Nord-Africains ainsi qu’aux combats acharnés de Normandie pour terminer au delà du Rhin dans les vertes contrées germaniques. Le tout s’articule en missions divisées en plusieurs grandes étapes et parsemées de nombreux points de contrôle dont la fréquence ne se justifie vraiment que dans les deux modes les plus difficiles, Commando et Vétéran. CoD 2 propose en effet une difficulté progressive, qui va de très facile à franchement ardue et qui permet de bien adapter le challenge à ses propres capacités de joueur.

Si on lorgne du côté de l’interface et des commandes, il n’y a pas grand chose à dire, sinon que c’est efficace. Classique, certes, mais efficace. Des menus clairs et fonctionnels permettent de vite accéder aux parties. En sus, maîtriser les différents aspects du gameplay ne demande vraiment pas trois plombes, alors que le nombre d’actions est fort respectable. Les gâchettes servent au tir et à la visée de précision – système franchement bien fichu au demeurant – tandis que les boutons de tranche ont la charge des grenades, fumigènes et explosives, très utiles, respectivement pour les couvertures (rien de plus efficace qu’un écran de fumée pour approcher d’un tank ou d’un nid de mitrailleuse) et pour les nettoyages de bunkers et autres tranchées. On peut ramper, s’accroupir, observer aux jumelles, bref, toute la gestuelle du soldat de base est là, jusqu’à la retenue du souffle au sniper qui permet de ne plus bouger durant un court laps de temps (merci Sam Fisher). On retiendra, en outre, qu’une mission permet de prendre les commandes d’un char d’assaut, sympathique reproduction des duels blindés en Libye entre Crusaders britanniques et Panzers allemands.

Une bonne maniabilité donc, mais indubitablement classique, tout comme l’armement. Certes très fidèle aux flingues des années 40, jusque dans les bruitages, ce dernier n’offre aucune réelle surprise. Mais après tout, comment aurait-il pu en être autrement puisque, comme nous l’avons dit, on est avec CoD 2 dans un univers déjà maintes fois visité par le jeu vidéo. Il fallait quelque chose de plus novateur pour mettre les joueurs dans le bain, et Infinity Ward l’a bien compris.

Achtuuuuung ! Amerikaner ! Schnell !

Dès que le soft se met en route, on constate qu’il transpire l’Histoire, depuis les environnements (lieux reproduits à l’identique comme la Pointe du Hoc en Normandie, affiches d’époque, équipement) jusqu’aux armes, en passant par quelques anecdotes qui le font bien, comme les messages allemands diffusés durant la bataille de Stalingrad dans le but de saper le moral des troupes soviétiques et de les pousser à la reddition. Conseillés par des spécialistes de cette période historique majeure qu’est la Seconde Guerre, les développeurs ont bâti là ce qui se révèle être une rampe de lancement idéale pour l’atout principal de leur jeu : l’ambiance.

Ceux qui suivaient depuis un moment la réalisation de la bête le savaient : l’objectif premier d’Infinity Ward était de créer une atmosphère unique encore jamais vue dans un FPS de guerre, qui scotcherait tout le monde à l’écran. Et en effet, force est de reconnaître que le pari est, sur ce plan là, remporté. Jamais bataille n’a semblé plus réaliste que dans Call of Duty 2. Cela tient à plusieurs aspects. D’abord, une bande sonore remarquable, combinant cris, impacts, tirs, explosions, conditions naturelles et courtes mesures musicales dignes d’Il faut sauver le Soldat Ryan. On sursaute en entendant une balle pénétrer la chair d’un compagnon, on frissonne durant les bombardements qui n’en finissent plus, on frémit lorsqu’on entend, à deux pas, les aboiements des soldats de la Wehrmacht (enregistrés dans la langue de Goethe, s’il vous plaît), tous magnifiquement réalisés. Ensuite, il faut compter avec de nombreux scripts, pas toujours très subtils (les ennemis apparaissent parfois à l’infini dans un bâtiment avant qu’on soit rentré dedans) mais remarquablement efficaces, au diapason avec la mise en scène, digne des plus grands films hollywoodiens. Un mot d’ordre : l’action non-stop, quitte à mettre le réalisme légèrement de côté. On enchaîne les actes de bravoure, entre assaut, défense d’un point précis ou destruction de tank, et ce presque toujours accompagné. La majeure partie du jeu se déroule en effet au sein de son escouade, ce qui donne vraiment l’impression d’être au coeur d’une véritable armée et met un terme aux éternels simulations de Rambos solitaires. Enfin, pour en finir avec les points renforçant l’immersion, on peut citer l’aspect plus visuel du soft, qui n’a rien d’exceptionnel mais qui assure l’essentiel en proposant des environnements très propres, soignés et agréables à l’oeil, supérieurs à ce qu’on pouvait voir de mieux sur Xbox sans pour autant que ne soit déployé tout l’éventail de bumpnormalmapping+ Next-Gen. Le jeu est parfaitement fluide, et bénéficie pourtant d’un nombre très respectable de personnages et d’effets affichés simultanément. On regrettera juste un léger manque de naturel dans certaines animations et un ragdoll peu performant.

Ce qui atténue un peu cette sensation de participer à un combat plus vrai que nature, c’est d’abord la physique des objets. Pour faire simple, il n’y en a quasiment pas. Certains sont destructibles, comme les assiettes ou les bouteilles, mais en général, tout est figé et incassable. Une grenade ne viendra pas à bout d’une caisse de bois, qui devient du même coup un abri aussi efficace qu’un mur. On est loin d’un Half-Life² par exemple, qui tourne pourtant sur Xbox. En terme général, les niveaux sont très peu interactifs, en dépit d’un level design de bon aloi, autorisant parfois plusieurs chemins pour arriver à l’objectif de mission. On peut aussi faire grief au jeu de ne pas proposer une intelligence artificielle irréprochable. Certes, on note certains bons réflexes chez les ennemis (ils renvoient les grenades – ce que d’ailleurs, étonnamment, le joueur ne peut pas faire – et s’embusquent plutôt bien) mais il y en a autant de mauvais (attitude un tantinet kamikaze, manque de réactivité parfois, ils passent devant le joueur en train de tirer), d’où un bilan relativement mitigé de ce côté-là.

La guerre en Live

Après la grosse quinzaine d’heures (plus si mode Vétéran choisi)nécessaire pour en finir avec le mode solo, le joueur avisé ne jettera pas son jeu à la poubelle puisque de nombreuses options multi sont, oh joie, accessibles. Ecran scindé sur une même console bien sûr, jeu en LAN mais surtout en réseau sur le Live. Et là, c’est un sentiment partagé qu’on éprouve. Les différentes maps jouissent d’une très bonne réalisation et dans le principe, le gameplay est idéal. Une fois une partie lancée, on peut énormément s’amuser, d’autant que des modes assez sympas sont proposés. Manque de pot, tout n’est pas aussi rose. Le plus gênant se révèle être l’organisation des parties. Basique et incomplète, elle ne permet pas de faire tout ce dont on aurait envie, à commencer par trouver facilement ses amis, rester avec les mêmes joueurs après un match ou déterminer précisément les paramètres des parties auxquelles on participe. Le fait de ne pas pouvoir dépasser 8 joueurs simultanément est aussi dommageable, pour l’intérêt général comme pour l’intensité des parties (il suffit que quelques personnes quittent pour transformer une partie en cache-cache ennuyeux). On peut rajouter à l’addition un lag handicapant se faisant occasionnellement ressentir.En définitive, on se retrouve avec un jeu en ligne foncièrement bon, mais dont l’agencement réduit grandement l’intérêt. Grrr !

Très classique dans le fond, Call of Duty 2 n'est cependant pas un simple jeu de guerre. Les moyens déployés pour que le joueur soit assuré de vivre une expérience exceptionnelle sont étonnants et marquent une réelle avancée dans le genre du FPS 39-45. Le titre d'Infinity Ward établit une nouvelle norme en terme d'immersion et d'atmosphère à l'aube de la nouvelle génération, norme que les futurs gros titres se devront au moins d'égaler. Toutefois, sous cet habillage doré et en dépit d'une intensité rare qui retranscrit mieux que jamais l'horreur de la guerre, le soft n'innove pas vraiment et souffre d'un petit manque de diversité dans l'action qu'il propose. Des carences qui ne sont voilées qu'en partie par l'ambiance exceptionnelle se dégageant de l'aventure solo. Ces sensations fortes peinent à se prolonger en multijoueur, mode très jouable mais mal organisé, auxquelles des modifications seront, on l'espère, apportées. Quoi qu'il en soit, Call of Duty 2 est un des titres forts du lancement Xbox 360 avec lequel les amateurs trouveront sans doute leur compte, en étant obligés, malheureusement, de débourser 70 euros en neuf.

+

  • Un spectacle interactif jamais vu
  • Solide dans sa conception
  • Historiquement fidèle
  • Très intense

-

    • C’est super classique
    • Peu de diversité dans l’action
    • Mauvaise organisation du mode Xbox Live