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The Callisto Protocol

| Edité par Krafton | Développé par Striking Distance

7/10
One : 02 décembre 2022 Series X/S : 02 décembre 2022
12.12.2022 à 09h17 par

Test : The Callisto Protocol sur Xbox Series X|S

Dead Space peut-il trembler ?

Quand on s’appelle Glen Schofield, que l’on est à la tête d’un jeune studio répondant au nom de Striking Distance et que l’on se retrouve à développer un jeu d’horreur nommé The Callisto Protocol, on est forcément attendu au tournant. Un tournant qu’il s’agit d’aborder prudemment et avec mesure car il ne s’agit pas de décevoir des joueurs qui auront, d’ici près de deux mois, l’occasion de remettre les mains sur le maitre de l’horreur de la génération dorée qu’était celle de la Xbox 360, le bien nommé Dead Space. The Callisto Protocol a-t-il les armes et les épaules suffisamment solides que pour faire de l’ombre à son illustre prédécesseur ? Réponse mesurée dans notre test.

Commençons par le commencement : l’histoire. Vous incarnez un pilote de vaisseau dont l’objectif est de déposer une cargaison au contenu mystérieux à la prison d’Iron Forge. Malheureusement, une anomalie s’affiche rapidement sur le panneau de contrôle de votre vaisseau et vous voilà parti dans les soutes afin de clarifier les choses. C’est à ce moment-là que vous vous rendez compte que votre vaisseau a été abordé. L’occasion pour The Callisto Protocol de vous initier aux commandes du jeu et de vous faire comprendre une chose : votre voyage ne sera pas un long fleuve tranquille. D’ailleurs, quelques minutes de jeu plus tard, vous vous retrouvez au sein de la prison précédemment citée. Le bâtiment est en feu et en proie au chaos. Un seul objectif s’impose à vous : il vous faut fuir.

The Callisto Protocol 1

Si le scénario de The Callisto Protocol n’est pas mémorable en soi, il suffit à nous entrainer toujours en avant, en quête de solution et de fuite. Peu d’évènements vous surprendront durant la courte durée de la campagne, l’ensemble étant assez classique, et ce du début à la fin de l’histoire. On apprécie cependant le jeu d’acteurs ainsi que la justesse du doublage français qui offrent une expérience plutôt convaincante. Ce que l’on regrette par contre, c’est parfois le sentiment de savoir à l’avance comment les choses vont se dérouler. Il suffit par exemple d’entrer dans une pièce vaste remplie d’objets en tout genre (notamment des munitions et des objets de soin) pour savoir qu’à un moment donné quelque chose d’anormalement menaçant pointera le bout de son nez. De ce côté-là, c’est assez convenu. Dommage.

C’est d’ailleurs peu ou prou le même constat pour le bestiaire du jeu qui s’avère fort peu varié. Les créatures que l’on affronte proposent plus ou moins le même pattern durant tout le jeu. On esquive les quelques attaques qui sont lancées vers nous, puis on frappe l’adversaire jusqu’à ce qu’il nous repousse. On répète l’action plusieurs fois (selon le mode de difficulté) et puis c’est tout. D’ailleurs, hormis un grand nombre de monstres prompts à vous sauter dessus, on note également la présence de quelques petites créatures à l’utilité discutable ainsi que des robots dont la présence ne se justifie que par le fait de vous amener à être discret. Le même constat s’impose également en ce qui concerne les boss, et ça, c’est vraiment décevant. Enfin, on note également la présence d’ennemis capables d’attaquer de loin. Un véritable fléau dans ce jeu où il est difficile d’esquiver les attaques d’une simple touche.

The Callisto Protocol 2

Là où The Callisto Protocol se montre particulièrement différent de Dead Space, c’est dans son gameplay et dans la manière d’appréhender les combats. Si dans ce dernier, Isaac disposait d’une arme à distance capable de découper les membres de ses ennemis, Jacob possède quant à lui une matraque électrique qui lui permettra de pulvériser ses adversaires en morceau. De ce fait, même si on dispose de l’une ou l’autre arme à distance, le gameplay du jeu est résolument tourné vers le corps à corps. Une initiative qui a du bon, notamment grâce au fait que l’on ressent particulièrement bien la violence des coups donnés, mais qui montre aussi ses limites très rapidement.

En effet, les développeurs ont choisi d’utiliser une méthode d’esquive plutôt inattendue. Quand un ennemi vous attaque, vous devez incliner le stick gauche dans une direction (gauche, par exemple), puis pour éviter la seconde attaque, il vous faut faire l’inverse. Sur papier, c’est extrêmement simple. Dans le jeu, face à un seul et unique adversaire, c’est plutôt fonctionnel. Mais par contre quand ils arrivent à deux ou à trois, c’est purement et simplement chaotique. Votre personnage semble ne pas être apte à gérer deux attaques en même temps, ce qui fait que l’on subit très vite des dégâts, tout en créant de la frustration chez le joueur que nous sommes. Pire, en cas d’attaque de loin, l’esquive n’est pas fonctionnelle. Il vous faut alors soit exploser la tête de la créature avec votre pistolet (pour peu que vous ayez des munitions), soit foncer sur elle afin de lui régler son compter et d’assister à un combat plus classique. Ajoutez à cela l’impossibilité de se retourner rapidement, une lourdeur de déplacement assez gênante dans les situations stressantes ou encore l’incapacité de notre personnage de courir par moment, et vous comprendrez que le gameplay de The Callisto Protocol manque cruellement de finition.

The Callisto Protocol 3

Pour revenir au jeu et à son fonctionnement, il est possible, durant votre périple, de récupérer pas mal de petites choses sur le chemin. Certaines zones (que vous n’êtes pas obligés de fouiller) permettent d’obtenir des matériaux, des objets de soin ou de recharge d’énergie, des plans d’armes, ou encore quelques documents audios qui viennent étoffer le lore du jeu. Le seul ennui concernant ces derniers est qu’il est impossible de les lire tout en jouant. Si vous souhaitez donc tous les écouter (ce qui est quand même nettement plus agréable), il est nécessaire de s’arrêter. Cela a tendance à hacher le rythme et nous sortir de l’angoisse que le jeu parvient à créer par moment.

En ce qui concerne les matériaux, ils peuvent être utilisés dans un appareil qui offre la possibilité de modifier et d’améliorer votre équipement. Enfin, il est important et intéressant de noter que Jacob dispose d’un gant lui permettant d’utiliser certains pouvoirs. Ces derniers peuvent notamment régler le problème qui concerne les adversaires à distance. Sans être révolutionnaires, ces « capacités » offrent une alternative et de nouvelles possibilités à un gameplay très classique.

The Callisto Protocol 4

Bref, si vous nous suivez depuis le début, vous vous serez rendu compte que The Callisto Protocol n’est pas le jeu d’horreur parfait. Heureusement pour lui, il bénéficie de certaines qualités qu’il est bon de mettre en avant, la première étant celle de créer une ambiance anxiogène. Très vite, dès les premières minutes de jeu, vous êtes plongés dans un univers particulièrement sombre et glauque. La menace constante des créatures est pesante et on a tendance à avancer avec prudence, de peur de se faire surprendre.

Les environnements du jeu sont très souvent fermés, ce qui n’est pas un reproche pour un jeu de cet acabit, et ils contribuent à ce malaise que l’on peut ressentir par moment. La seule chose que l’on peut regretter concerne le jeu en tant que tel, puisqu’il s’agit des nombreux passages étroits qui vous forcent à longer les murs. Cela prend du temps (sans doute pour les chargements ?) mais cela casse considérablement le rythme, une nouvelle fois. Dommage.

The Callisto Protocol 5

Reste l’aspect technique du jeu qui a tant fait parler de lui (notamment à cause de l’absence de Ray Tracing sur Xbox Series X). Durant le test, aucun crash ou bug majeur n’est apparu. Le titre semble doter d’une finition exemplaire qui nous permet d’en profiter sans aucun souci. C’est d’autant plus vrai que sur le plan purement technique, le jeu est franchement beau ! Les environnements sont réalistes, les créatures aussi ignobles que répugnantes (et là aussi, c’est un point positif) tandis que les effets de lumière, de feu ou encore de fumée s’avèrent vraiment convaincants. The Callisto Protocol a fait l’impasse sur la génération précédente, à raison quand on voit le résultat que l’on a entre les mains. Enfin, dernier point (et pas des moindres) à aborder : l’ambiance sonore. Pour faire simple, elle est tout simplement excellente ! Pour peu que vous jouiez avec un casque qui spatialise le son correctement ou avec une installation sonore (home cinema, par exemple) qui vous restitue un son globalisant, vous pourrez profiter de la myriade de bruits stressants et angoissants qui accompagneront chacune de vos avancées.

7/10
The Callisto Protocol souffle indéniablement le chaud et le froid. Au-delà d’une technique au top, d’un sound design exceptionnel et d’une ambiance au petit oignon, le jeu souffre d’un gameplay imprécis qui n’est pas à la hauteur des ambitions affichées par un titre de cette envergure. Finalement, bien que ce ne soit pas rédhibitoire, on peut légitimement mettre tout cela sur le compte de la jeunesse du studio qui nous livre ici son premier jeu. Un jeu qui offre en tout cas une expérience plutôt positive une fois le générique de fin sur notre écran et qui pourra, on l’espère en tout cas, amener Glen Schofield à nous proposer un nouveau chef d’œuvre par la suite.

+

  • Techniquement solide ;
  • Sound design excellent ;
  • Pouvoirs sympathiques ;
  • Doublage convaincant ;
  • Mise en scène plaisante.

-

    • Gameplay lourd ;
    • Histoire convenue et parfois prévisible ;
    • Absence de scènes marquantes ;
    • Affrontements chaotiques avec plusieurs ennemis ;
    • Rythme haché.