Test : Capcom Fighting Collection 2 sur Xbox Series X|S
Je n’ai jamais vu quelqu’un distribuer autant de madeleines à la fois

On a beau se retrouver régulièrement face à des nouvelles éditions et autres portages des vieilles gloires de la baston, rien n’y fait, on y revient sans sourciller et avec une envie nullement entamée. Même quand les consoles d’aujourd’hui posent entre nos mains d’excellentes nouvelles expériences (on pense forcément à Fatal Fury: City of the Wolves en ce moment), on demeure comme envoûté devant la possibilité de faire renaitre l’excitation procurée voilà vingt ou trente ans par ces jeux légendaires souvent signés de la main de Capcom. On en veut pour preuve la sortie voilà quelques semaines de Marvel vs Capcom Fighting Collection qui a ravivé la flamme de fort belle manière.
C’est d’ailleurs l’exact même modèle de compilation que l’on a retrouvé avec Capcom Fighting Collection 2. La sélection de jeux, jouable en solo comme en ligne, est accompagnée de la possibilité de choisir la version (Asie ou Europe/Amérique du Nord), de régler la difficulté et la durée des manches ou bien d’appliquer des filtres visuels pour un effet vintage ; on retrouve également une section « Musée » où sont disponibles de nombreuses illustrations et un jukebox regroupant l’ensemble des musiques de chaque jeu. On est en terrain connu si l’on a déjà approché l’une des précédentes compilations de Capcom sur Xbox Series/One, jusqu’à en retrouver le principal défaut : la sauvegarde à la volée reste encore et toujours unique pour l’ensemble des jeux. A l’inverse, Capcom a entendu les joueurs pour ce qui concerne le versus solo et on dispose (enfin) du choix entre le mode Arcade solo et le mode Versus 2 joueurs (notons que cette modification a également été appliquée par mise à jour à la compilation Marvel vs Capcom). Côté multijoueur en ligne, on a le choix entre matchs classés ou non, des combats selon des règles que l’on spécifie soi-même ; on peut aussi concourir pour le meilleur score avec des classements mondiaux. Le tout bénéficie du netcode rollback, pour assurer la meilleure expérience possible, mais ne propose toutefois pas de crossplay.
Avec Capcom Fighting Collection 2, le développeur japonais a voulu revenir sur un pan de son histoire qui couvre la fin des années 90 et la première moitié des années 2000. Une période charnière qui a vu évoluer en parallèle la baston en 2D et celle en 3D, et qui a nourri certaines des idées les plus folles. On retrouve ainsi 8 jeux dans cette compilation qui a un fort parfum de Naomi, système d’arcade développé par SEGA et qui a vu naitre pléthore de grands jeux entre 1998 et 2006. Qui dit Naomi dit par extension Dreamcast, avec de quoi donner aux ex-joueurs de cette magnifique console la sensation de rentrer enfin à la maison. On joue ici à Capcom vs SNK Millenium Fight 2000 Pro (2000), Capcom vs SNK 2 : Mark of the Millenium 2001 (2001), Project Justice (connu aussi sous le nom de Rival School 2, 2000) ainsi qu’aux deux épisodes de Power Stone (1999 et 2000). A ces titres développés sur Naomi s’ajoutent Street Fighter Alpha 3 Upper (2001) et Capcom Fighting Jam (ou Capcom Fighting Evolution, 2004), tous deux développés sur CPS II. Le huitième et dernier titre est Plasma Sword (connu également sous le nom de Star Gladiator 2), sorti sur le système ZN-2 en 1998.
N’y allons pas par quatre chemins : Capcom Fighting Collection 2 aligne une sélection de jeux presque parfaite. « Presque », car on sait que Street Fighter Alpha 3 Upper, ultime version de ce jeu à être sortie sur les bornes d’arcade, a parfois divisé la communauté. Certains en sont fanas, d’autres préfèrent rester sur les approches qui ont précédé. Cela étant, pour le commun des mortels, Street Fighter Alpha 3 Upper est et restera un formidable jeu de baston à l’esthétique léchée (le style SF Alpha, on adore !) et au casting excellent. Mais c’est aussi et surtout Capcom Fighting Jam qui peut sembler ici faire office de vilain petit canard parmi les quatre jeux de baston 2D présents sur les huit titres au total. Nonobstant un certain attrait très personnel pour le jeu en raison particulièrement de son roster totalement improbable et sa réalisation, un avis objectif se doit de reconnaitre que Capcom Fighting Jam manque de profondeur au regard des titres qui l’accompagnent dans cette compilation.
Il faut dire qu’à gauche comme à droite, on a du lourd ! Capcom vs SNK et surtout Capcom vs SNK 2 constituent probablement à eux-seuls une excellente raison de craquer pour Capcom Fighting Collection 2. Le premier en a encore sous le capot et le retrouver a été un immense plaisir, mais c’est bel et bien sa suite qui , près de 25 ans plus tard, se pose encore et toujours comme l’un des meilleurs jeux de baston 2D jamais créés. Il faut dire que depuis sa sortie, si l’on excepte le très clivant SVC Chaos et les quelques collaborations croisées entre Capcom et SNK sur leurs jeux respectifs, Capcom vs SNK 2 reste la dernière véritable représentation de la magnificence combinée de ces deux grandes maisons du jeu de combat. Capcom vs SNK 2 demeure une référence pour la qualité de ses combats, son dynamisme et bien entendu son roster complètement fou, que l’on penche plutôt côté Street Fighter ou bien The King of Fighters.
La sélection de jeux en 2D pure et dure satisfait grandement dans Capcom Fighting Collection 2, mais le reste des jeux n’a franchement pas à rougir car on a droit ici aussi à une sélection de titres globalement solides côté baston 3D. Présent car réclamé surtout par le publique japonais qui lui accorde une certaine sympathie, Plasma Sword: Nightmare of Bilstein est assurément le maillon faible ici. Il n’était déjà pas un étalon graphique lors de sa sortie et force est de reconnaitre qu’il a assez mal vieilli. S’il a gardé un certain dynamisme (grâce entre autres à l’approche du combat 2D dans des environnements 3D) et peut toujours s’appuyer sur son roster qui ne ressemble en rien à que l’on a l’habitude de croiser chez Capcom, il est un jeu de combat tout de même en dessous de la moyenne atteinte par cette compilation. On lui préfère en tous cas, dans un style tout autre, Project Justice. Il a certes beaucoup vieilli lui aussi, mais son univers, sa touche artistique singulière et la variété apportée par ses personnages continuent d’en faire un jeu qui n’a pas beaucoup d’équivalents. C’est en tous les cas un jeu qui mérite d’être joué encore aujourd’hui, à l’image des deux Power Stone que l’on retrouve donc dans cette compilation.
Rarement a-t-il été aussi intéressant d’avoir un jeu et sa suite dans un même menu. Ils sont tous deux des jeux de combat 3D en arène, mais leur approche est différente. Power Stone propose des combats en 1 vs 1, où il faut user avec intelligence à la fois des coups de base, des éléments du décors à envoyer valser et aussi récupérer des power up pour activer la transformation du personnage et devenir quelques instants une véritable machine à faire mal. S’il garde la forme du combat en arène, Power Stone 2 est autrement plus orienté action en multijoueur. On est désormais quatre dans une arène qui évolue au fil du combat, les objets sont autrement plus nombreux (les armes notamment) et le versus laisse plutôt place à l’action frénétique. C’est aussi bordélique que fun et malgré toutes ces années qui ont passé, on prend beaucoup de plaisir à y revenir, si possible à plusieurs.
Une belle expérience qui ajoute de la variété à cette très belle compilation qui a l’image de la plupart des jeux de combat désormais intègre des raccourcis manette pour les coups spéciaux et ultimes (une simple pression sur une gâchette gauche suffit à lancer l’attaque). De quoi permettre à tous de profiter des jeux et peut-être se découvrir une nouvelle passion, et c’est tout le mal que l’on souhaite.
+
- Capcom vs SNK 2, le totem d’immunité
- Power Stone indémodable, Project Justice incomparable
- Mode deux joueurs local (enfin) dédié
- Belle sélection de jeux dans l’ensemble…
-
- … Même si deux d’entre eux souffrent de la comparaison
- Sauvegarde unique pour tous les jeux