Test : Castlevania Dominus Collection sur Xbox Series X|S
Louée soit la DS
En toute logique, cette nouvelle compilation nous propose une interface commune aux trois jeux disponibles dans cette collection. Un écran d’accueil plutôt agréable qui permet déjà de contempler les artworks d’origine des trois titres, tout en invitant le joueur à naviguer dans les bonus. Artworks confectionnés au moment du développement des jeux, musiques, souvent entêtantes, à parcourir librement, tout y est pour satisfaire l’appétit des plus nostalgiques. On y trouve également quelques paramètres, dont la possibilité de switcher entre les différentes versions régionales des jeux (Japon, USA, Europe… et même Corée du Sud pour Dawn of Sorrow), en sachant que les trois jeux sont traduits en français sur la version européenne. Dernier point important, les bonus permettent également de jouer à Haunted Castle, mais aussi à Haunted Castle Revisited, une version inédite du jeu d’arcade sorti en 1988.
En plus de présenter le tout dans un bel écrin, Konami n’a pas non plus oublié d’apporter quelques petites modifications essentielles. A commencer par la nécessité d’apporter des modifications à un gameplay qui utilisait parfois les fonctionnalités de la Nintendo DS, à commencer par son écran tactile et son stylet. Même si Order of Ecclesia n’est pas concerné, Portrait of Ruin et surtout Dawn of Sorrow utilisaient cette particularité de la console portable mais l’éditeur japonais a su contourner le problème avec des solutions pertinentes, comme les sceaux magiques drastiquement simplifiés (et même supprimés dans certains cas). Même chose avec les interactions en direct avec l’environnement qui font partie intégrante du gameplay de Dawn of Sorrow, remplacées par un curseur à diriger avec le stick droit, ce qui est déjà moins pratique. Ce qui l’est en revanche, c’est d’avoir la présence de deux petits écrans en plus de l’écran de jeu (qui a gardé son format d’origine en 4/3), avec la carte d’un côté, qui se dévoile au fur et à mesure des salles explorées, et diverses statistiques de l’autre, dont l’expérience qu’il faut encore accumuler pour passer au niveau suivant, ou des informations sur le dernier ennemi combattu. De bonnes petites idées, qui viennent typiquement améliorer l’expérience de jeu et compenser le poids des années.
L’indispensable mode «rewind», qui permet de rembobiner les dernières secondes de jeu pour corriger une erreur fatale est de la partie, mais manque d’ergonomie à l’utilisation. Même si les châteaux sont parsemés de téléporteurs et de points de sauvegarde, les trois titres disposent aussi d’une fonction de sauvegarde rapide. De quoi les rendre plus accessibles. Pour le reste, chaque jeu dispose de ses propres caractéristiques, et d’un intérêt variable en fonction des attentes du joueur, c’est pourquoi il paraît important de les détailler un à un.
Castlevania: Dawn of Sorrow
Dawn of Sorrow a beau être la suite d’Aria of Sorrow, un épisode sorti deux ans plus tôt sur Game Boy Advance, celui-ci fait le pari d’abandonner son chara-design original pour adopter un nouveau Soma Cruz, dont les traits rappelle les mangas et les animes. Une volonté de Koji Igarashi qui souhaitait ouvrir la franchise Castlevania à un nouveau public, et qui retire finalement une partie du côté lugubre de la série. Mais cela ne change absolument rien au fond puisque Dawn of Sorrow conserve toujours sa mécanique principale, à savoir la capture d’âmes, qui offre à Soma divers pouvoirs. Suite oblige, on se retrouve une fois de plus dans un futur proche, avec la nécessité cette fois-ci de retourner dans le château de Dracula pour mettre fin aux agissements d’une secte.
Et comme son prédécesseur, Dawn of Sorrow est un Metroidvania à la fois classique et efficace. Les boss sont impressionnants et les couloirs du château forment un dédale où il devient presque agréable de s’y perdre. Comme on le disait, les fonctionnalités tactiles, assez présentes dans cet épisode, ont été adaptées à la manette, avec un confort de jeu variable. Mais globalement, on en retire tout de même un plaisir certain, et assez proche de l’expérience de jeu d’origine.
Castlevania: Portrait of Ruin
Sorti un an après Dawn of Sorrow, Portrait of Ruin adopte une nouvelle recette, tout en reprenant tous les ingrédients qui font le sel de la saga. D’ailleurs le chara-design du précédent épisode reste, tout comme le principe de découvrir un lieu qui dévoile ses pièces au fur et à mesure des pouvoirs acquis. Soma Cruz cède sa place à Jonathan Morris et Charlotte Aulin, deux chasseurs de démons qui ont constaté l’éclosion de nouveaux démons suite à la Seconde Guerre Mondiale. Le jeu prend ainsi place en 1944, et nous entraine dans le château de Dracula… dont la place a été usurpée par le vampire Braumer. Petite particularité de cet ennemi inédit, celui-ci tire sa puissance de tableaux répartis un peu partout dans la demeure. Il devient alors nécessaire pour notre duo de se plonger dans ces peintures pour annihiler le mal qui y règne, en général un boss gigantesque.
Une nouveauté qui permet d’introduire plusieurs cartes, alors que la franchise nous avait habitué à n’en avoir qu’une seule, voire deux, depuis un moment. Une idée intéressante qui a le mérite d’offrir des lieux plus restreints où il est donc moins facile de se perdre. Mais la particularité vraiment unique de cet épisode est d’avoir deux personnages jouables, avec la possibilité de switcher de l’un à l’autre. Même si le titre n’est pas jouable en coopération, le fait d’incarner un duo multiplient les possibilités de gameplay. Ainsi, on peut demander à l’un ou l’autre de se positionner à un endroit précis pour activer certains mécanismes. De même, le double saut s’effectue en sautant… sur la tête de son partenaire. Chaque personnage dispose de ses propres armes, avec un Jonathan plus puissant et moins vif que Charlotte, en sachant que l’IA se charge de contrôler le second héros pour aider à éliminer les ennemis, sans jamais mourir. Des idées qui apportent un peu de fraîcheur à la série.
Castlevania: Order of Ecclesia
Avec Order of Ecclesia, la franchise Castlevania marque la fin d’un format qui a pourtant si bien marché durant plusieurs années, avec une aventure un peu plus linéaire. Cela n’empêche pas cet ultime Igavania de possèder d’excellents atouts, en dépit d’une formule retravaillée. Côté scénario, le duo éphémère laisse sa place à Shanoa, une membre d’Ecclesia, l’Ordre chargé combattre Dracula après la disparition du clan Belmont. Alors qu’elle s’apprêtait à recevoir le Dominus, une arme capable de venir à bout du compte transylvanien, elle est trahie et perd alors la mémoire. S’ensuit une course poursuite pour récupérer ses pouvoirs, et ainsi rétablir la paix sur le monde.
Concrètement, Order of Ecclesia s’inspire à la fois de Dawn of Sorrow pour la récupération de capacités auprès des ennemis, et de Portrait of Ruin pour le découpage de son level-design. On passe ainsi d’une petite zone à une autre, le tout concentré autour d’un village qui fait office de hub, avec la possibilité d’y crafter des pièces d’équipements par exemple. Pour la récupération des armes et des compétences, Shanoa utilise son pouvoir d’absorption de glyphes, pour ensuite équiper jusqu’à deux glyphes à la fois, avec la possibilité de combiner une arme blanche avec une magie ou un bouclier pour assurer sa défense. Un système qui passe obligatoirement par la consommation de MP, ce qui contraint parfois le joueur à faire des pauses dans ses enchainements d’attaques. C’est ingénieux, et cela offre un peu de profondeur au gameplay. On termine en soulignant la qualité des animations de Shanoa, et notamment les mouvements de sa chevelure, très détaillés pour l’époque.
+
- Trois titres très différents
- De bonnes idées de gameplay
- Fonctions rewind et sauvegarde rapide présentes
- Qualité des animations de Shanoa
- Beaucoup de bonus, dont Haunted Castle
-
- Rewind peu ergonomique
- Quelques résidus des fonctions tactiles
- Level-design d'Order of Ecclesia plus linéaire