Jeux

Chrono Cross: The Radical Dreamers

JRPG | Edité par Square Enix

6/10
One : 07 avril 2022
14.04.2022 à 11h18 par

Test : Chrono Cross: The Radical Dreamers sur Xbox One

Le chemin de croix remasterisé

Quelle épreuve difficile de se relancer dans un titre comme Chrono Cross. Attendu depuis si longtemps dans une version officielle en Europe, et en français de surcroît, voici que le mythe arrive aujourd’hui sur nos consoles, plus de 23 ans après sa sortie initiale. Cette version remasterisée, intitulée Chrono Cross : The Radical Dreamers Edition, récompensera-t-elle l’attente de plus de deux décennies, ou le doux rêve s’est-il étiolé à travers le temps ? C’est ce que nous allons tenter d’aborder.

C’est en l’absence totale d’impartialité que je me plonge dans Chrono Cross. Ayant eu le plaisir de découvrir et explorer le titre à sa sortie, j’ai en moi moults réminiscences propres à ce que l’expérience avait pu déclencher à l’époque, le poids de l’âge en plus, espérant pouvoir (re)découvrir le titre avec une approche, une lecture différente.  Et la première surprise de cette version est l’introduction du jeu Radical Dreamers, sorti en 1996 sur Satellaview. Le titre était alors annoncé comme un spin-off de Chrono Trigger, titre emblématique de la Super Famicom sorti quelques années plus tôt, se déroulant dans un univers parallèle à celui-ci.

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Ce Radical Dreamers est une expérience narrative qui conte l’histoire de trois personnages, Serge, Kig et Magil, qui s’infiltrent dans le Manoir Viper (renommé Ophide dans cette version ?) afin de dérober la Flamme Gelée, et de se venger de Lynx si celui-ci daigne se présenter. Il convient ainsi d’explorer le manoir et ses environs à la manière des livres dont vous êtes le héros, en choisissant entre différents embranchements. L’avancée se fait au fil de la résolution d’énigmes, mais attention tout n’est pas tranquille et paisible pour autant : des pièges mortels se déclenchent si les choix ne sont pas corrects, ou réalisés assez rapidement. Des combats aléatoires parsèment l’aventure : il convient ici de choisir les actions à réaliser (esquiver, pousser, attaquer…etc) suivant la description de la scène faite par le narrateur. Plutôt efficace ! N’oubliez donc pas de sauvegarder votre progression sous peine de recommencer de longues minutes de jeu suite à de mauvais choix…

Arrivé au final de l’histoire après quelques heures, un premier bilan s’impose. Graphiquement, le titre est dans son jus et plutôt que d’affirmer son côté retro, Square-Enix a choisi d’appliquer un effet lissé, assez baveux. L’histoire se parcours aisément, sans frustration et la logique l’emporte dans les diverses situations. Le manoir livre ses secrets et, bien qu’annonçant 7 fins différentes, je ne jette pas davantage mon dévolu sur ce titre, satisfait de l’expérience qui restera, peut-être un moment, dans ma mémoire. Chrono Cross, à ton tour !

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Dès les premières notes jouées, la nostalgie fait son effet. La partition composée à l’époque par Yasunori Mitsuda fait encore un travail incroyable à ce jour. La cinématique d’introduction fait partie des plus envoutante et des plus incroyable pour un JRPG jamais réalisée et les mystères qui l’entourent sont autant d’arguments à cela. Force est néanmoins de constater que visuellement, les cinématiques n’ont pas été retouchées et on en revient à regretter le travail réalisé en collaboration avec Another Eden, qui avait alors repris moults passages pour un résultat efficace, il y a quelques mois à peine. La musique apparait comme retravaillée mais pas au point d’avoir utilisé les réorchestrations pourtant jouées lors de concerts comme à Boston en 2014, dommage. Mais qu’importe, place au jeu !

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Passée cette introduction, l’écran titre s’ouvre à nous et on sent là aussi le poids du temps. Le fond animé, s‘il était magnifique pour l’époque, apparait aujourd’hui comme réellement daté. Mais le titre jouit d’une direction artistique qui fait bien souvent oublier cet aspect. Preuve en est avec le village de départ, teinté de milles couleurs et animé comme jamais à l’époque. Les détails et la vie qui y foisonnent sont formidables et cela se ressent tout au long du titre. Le jeu est parfaitement maitrisé dans sa direction artistique, et les inspirations des iles des philippines et leur beauté paradisiaque se dégage des différents décors, que ce soit pour les villes ou les donjons. Chaque nouvel environnement est synonyme de plaisir visuel et le tout est extrêmement vivant et cohérent. Sur ce point, le monde reste plaisant à explorer aujourd’hui encore et si l’ensemble a vieilli visuellement la direction artistique reste une référence en la matière.

Nous ne parlerons pas de l’histoire, celle-ci étant bien trop complexe à résumer. Sachez simplement que le titre, n’en déplaise, n’est pas une suite à Chrono Trigger même si l’histoire se déroule dans le même monde. Enfin les mêmes mondes, puisqu’il est ici question d‘univers parallèles que nous pourrons explorer en passant de l’un à l’autre grâce à un portail. Si sur le papier cela fait mouche, la réalité reste plus sommaire et les changements, bien qu’existants, ne modifient pas l’univers du tout au tout, donnant plus lieu à des aller retours, souvent sans intérêt, qu’à de vraies exploitations de gameplay.

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Côté combat, on a droit à un tour par tour classique mais efficace. Mais quelques singularités sont bien présentes : les magies se chargent à force d’attaques physiques, et disparaissent jusqu’à la fin du combat une fois consommées. Avec un système de force/faiblesse entre les huit éléments représentés par huit couleurs, on peut également contaminer la zone de jeu d’une certaine couleur, rendant la prochaine attaque du même type plus dévastatrice. Dans les combats, les apports de ce remaster se font sentir au plus haut point : vitesse de jeu doublée, possibilité de stopper les combats aléatoires, invincibilité et combat auto. Le quarté gagnant pour éviter des phases de level up fastidieuses ou des rencontres aléatoires interminables car oui, même si les ennemis sont visibles sur la carte, les rencontres sont nombreuses et chaque combat reste très long pour le genre. La durée de vie de jeu peut être doublée rien que par cet aspect. Justement concernant la remasterisation, comment expliquer les ralentissements omniprésents en combat sur nos supports actuels d’un titre vieux de plus de 20 ans ? Inacceptable sur ce point.

6/10
Alors une fois le générique de fin déroulé, et la magnifique chanson accompagnant les crédits terminée, que reste-t-il de ce voyage ? La quête d’identité parcourue sous couvert de fable pseudo écologique reste un temps privilégiée. Le poids des années, de la technique, la lourdeur des menus et le peu d’effort de cette remasterisation sont autant d’éléments qui poussent à dédaigner le travail réalisé, et même si nous ne pouvons que louer l’arrivée du jeu dans notre langue, le résultat n’aurait-il pas pu être différent ? Assurément oui. Quand au titre en lui-même, il reste ce qu’il a toujours été, une bulle temporelle incroyablement qualitative qui aura su marquer son époque, sans forcément marquer la notre 20 ans plus tard.

+

  • Chrono Cross enfin disponible en français
  • Radical Dreamers, c'est cadeau
  • Le plaisir de (re)découvrir le monde d'El Nido
  • La profondeur de l'histoire
  • Plus de confort de combat apporté
  • Musiques incroyables

-

    • Des ralentissements, tout le temps!
    • Décors baveux dignes d'un émulateur
    • Remaster paresseux dans l'ensemble
    • Des cinématiques qui ne rendent plus hommage au titre
    • Le tout accuse quand même le poids des années