Jeux

CityDriver

Simulation | Edité par Aerosoft | Développé par ViewApp

4/10
One : 11 June 2024 Series X/S : 11 June 2024
19.06.2024 à 14h09 par - Rédacteur

Test : CityDriver sur Xbox Series X|S

J’interviens pas pendant le braquage, je porte pas d’arme… Je conduis

Que ce soit pour le transport de marchandises, de personnes ou bien pour faire respecter l’ordre sur les routes, il existe un simulator qui met en avant la conduite. Aurait-on pour autant imaginé l’apparition d’un jeu dont l’essence même est la conduite d’une voiture dans un contexte urbain et quotidien ? Le développeur Viewapp s’en est chargé pour nous et propose désormais CityDriver sur les consoles Xbox, un simulator qui creuse jusqu’aux racines du genre.

On retrouve à l’édition le roi du Simulator, Aerosoft, et l’équipe de Viewapp au développement pour ce CityDriver qui après une bonne année d’existence sur PC nous arrive sur Xbox Series X|S et Xbox One. Les joueurs de simulateur germaniques connaissent probablement ce développeur, car c’est à lui que l’on doit le sympathique TramSim. Un jeu dont on se souvient pour sa complexité d’une part mais aussi pour la façon dont il nous immergeait formidablement dans la belle ville de Vienne, reproduisant avec une certaine réussite les plus beaux endroits de la ville. Viewapp reprend un peu de cette idée de l’immersion dans un lieu avec CityDriver, un simulateur de conduite de voitures qui nous invite cette fois du côté de Munich. On y découvre des rues et des axes périurbains réels, retranscrits ici à l’échelle 1:1. De quoi faire rêver les fanas de simulator, d’autant que le concept ici est clair : CityDriver est un jeu de conduite de voitures qui entend reproduire avec fidélité l’expérience que vous et moi titulaires d’un permis pourrions avoir dans la vraie vie.

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Tout cela est bien tentant sur le papier mais on déchante assez vite. La carte est donc inspirée de lieux réels mais elle n’est pas bien grande. On fait vite le tour complet des axes routiers qui proposent néanmoins un certain éclectisme, avec aussi bien des petites rues que des avenues, des routes de campagnes et l’inévitable portion d’Autobahn. Il est fort probable que chaque centimètre de bitume ait été découvert après deux heures de jeu tout au plus. On est à des années-lumière des grands axes des simulateurs de camion/bus, et également très loin côté zones urbaines de ce que peut proposer par exemple un Taxi Life, déjà pas nécessairement énorme. Bien que cette partie urbaine soit globalement correctement modélisée avec des lieux et une ambiance assez fidèles au modèle munichois, tout ce qui se situe en dehors est tout de suite moins reluisant. On fait un bond de plusieurs années en arrière, avec des décors aussi pauvres que redondants. Ajouter à cela une distance d’affichage plancher, du clipping à tout-va et l’absence de météo changeante ou de cycle jour-nuit, et vous avez ici une expérience de conduite qui ne régale pas les pupilles.

La faiblesse du terrain de jeu est d’autant plus problématique dans cette expérience qui mise tout sur la conduite. CityDriver ne propose aucune progression, pas d’objectif véritable, pas un seul vrai élément qui pousse le joueur à s’investir. 99% de l’expérience dépend de l’envie de conduire en respectant le code de la route, qui se limite à la vitesse, l’utilisation des clignotants et le respect des feux de circulation. Mais est-ce bien valable quand il n’y a rien à gagner à cela si ce n’est un peu d’auto-estime ? Ne pas respecter le code de la route débouche sur un message d’avertissement et c’est tout, puisque le jeu n’a de toute façon aucune finalité particulière. Le 1% de l’expérience restant concerne la quinzaine de missions éparpillées sur la carte et qui tentent d’apporter un brin de sens au jeu : transporter quelqu’un ou quelque chose d’un point A vers un point B, rejoindre la station essence en partant quasiment à sec ; parfois CityDriver nous invite à briser les règles en nous mettant au volant d’un super car, démontrant alors d’autant plus la vacuité de l’expérience recherchée. Parce qu’il faut savoir qu’il importe peu que l’on respecte quoi que ce soit en réalisant les missions. Au pire on perd une étoile à la notation finale, mais où est l’importance de la note quand elle ne débouche sur rien ?

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S’appuyer sur l’envie du joueur de rouler proprement et de participer à une expérience vraiment sérieuse fonctionne donc difficilement sur une carte trop petite, pas très jolie, et peu animée. Lorsque l’on ajoute que la conduite en elle-même n’est pas folichonne, il ne reste plus grand-chose. CityDriver par pourtant avec des bonnes intentions en proposant une demi-douzaine de véhicules très divers : une berline standard, un SUV, un super car, un coupé sport ou bien un bon vieil utilitaire sont de la partie. Cette sélection petite mais diversifiée l’est d’autant plus car elle propose des motorisations thermiques et électriques et la possibilité de jouer en automatique, semi-manuel, manuel avec ou sans embrayage. Le choix des caméras est correct avec la vue poursuite, capot, habitacle ou bien aérienne pour faciliter les manœuvres de parking.

S’ils ne sont pas sous licence officielle, les véhicules sont très reconnaissables et s’inspirent de la Golf, de deux modèles Tesla, de la Porsche Macan ou du nom moins mythique Sprinter de Mercedes. On apprécie la modélisation propre des véhicules, notamment en vue intérieure. L’ennui c’est que la conduite manque de précision, les sensations ne sont pas folles. On a d’ailleurs eu rapidement fait de privilégier les véhicules les plus lents et lourds, plus faciles à manier à défaut d’être amusants. Au-delà de la conduite sans saveur, CityDriver souffre d’une gestion de la physique absolument horrifiante et d’un framerate à la ramasse. Selon le choc le véhicule peut s’arrêter net ou bien voltiger dans les airs comme une feuille morte, chose qui arrive souvent quand les saccades à répétition poussent à un coup de volant mal géré et un choc inévitable. L’IA n’est pas si mauvaise que cela pourtant, mais à ce stade, ça n’a plus vraiment d’importance. CityDriver est un jeu trop limité et trop peu polis pour engager le joueur plus loin qu’une vague session de découverte de la carte, au son de moteurs quelconques et de musiques d’ascenseur que l’on peut toutefois couper.

4/10
Proposer un simulateur axé principalement sur la conduite de voiture est un exercice que l’on n’imaginait pas forcément si difficile. CityDriver l’apprend à ses dépends et nous autres joueurs en sommes les victimes collatérales. En dépit de quelques bonnes intentions, notamment la reproduction de lieux réels pour habiller son terrain de jeu, City Driver manque cruellement de fond pour engager sur la durée et de finition pour rendre ces quelques heures de découverte vraiment agréables. Soit on s’ennuie, soit on peste contre quelque chose. N’aurait-on pas touché de trop près la réalité de la vie d’usager des routes ?

+

  • Partie urbaine petite mais bien pensée
  • Sélection de véhicules intéressante

-

    • Carte beaucoup trop petite
    • Conduite sans saveur
    • Physique aux fraises, framerate dans le sillon d’à côté
    • Graphiquement ce n’est pas fou du tout
    • Absence de finalité qui mérite un sujet de philo au Bac
    • On s’ennuie très vite

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