Test : Cris Tales sur Xbox One
Détour vers le Futur
Ce qui marque en premier chez Cris Tales c’est évidemment son style atypique. On y voit assez rapidement des inspirations tirées de mangas nippons des années 70 avec une troupe de personnages qu’on dirait tout droit sortis d’une oeuvre d’Osamu Tezuka ou de Ashita no Joe. Le joueur suit les aventures de Crisbell, une orpheline de Narim qui se révèle être en réalité une mage du temps. Après une vision de la destruction de son village, elle débute un voyage, prête à tout pour changer le destin qui l’attend. C’est ainsi que l’on se retrouve à parcourir cinq régions de façon très linéaire, dans le but d’acquérir tous les pouvoirs nécessaires à l’accomplissement de sa quête.
Pour cela, Cris Tales adoptent un gameplay fait de combats aléatoires au tour par tour dans la plus pure tradition des JRPG old-school. Barre de vie, de magie, attaques physique et magique, gain d’expérience, on retrouve évidemment toutes les bases du genre. Ce sont au total six personnages différents qui peuvent alterner leur présence au combat, avec des recrutements qui se font tout au long de l’aventure, et quelques passages qui obligent à utiliser certains héros plutôt que d’autres. Chacun de ces personnages possède ses propres capacités avec des attaques souvent uniques, accentuant la nécessité de bien choisir vos partenaires qui vous mèneront à la victoire sur le champ de bataille. Car Cris Tales n’est pas un titre réalisé pour initier les joueurs au genre, mais se tourne clairement vers ceux qui possèdent déjà une expérience en la matière, avec une difficulté qui demande une petite dose de stratégie pour se sortir de combats parfois compliqués. Les boss sont d’ailleurs très agréables à jouer, même si la dernière partie du jeu ressemble à une redite, avec une difficulté encore un peu plus relevée en prime.
Pour cela il faut compter sur Christopher, plutôt adepte de l’épée et de la magie élémentaire, mais aussi sur Wilhelm qui concentre ses efforts sur la magie de la nature. D’autres compagnons se spécialisent plutôt dans la puissance brute avec nécessité de perdre un tour pour redescendre en pression, ou dans les jeux de hasard à la manière d’un Cait Sith de Final Fantasy VII. De quoi varier le gameplay donc, d’autant que Crisbell est capable de son côté d’envoyer des ennemis dans le passé ou dans le futur pour changer leur apparence et les rendre ainsi moins dangereux, ou au contraire bien plus agressifs. Car la grande force de Cris Tales c’est sa capacité à jouer avec la temporalité, en combats donc, mais également dans les différentes villes traversées.
Alors que l’on regrette une progression trop linéaire avec une aventure découpée en régions et l’impossibilité de se déplacer d’une zone à l’autre librement avant la dernière partie du jeu, il faut bien avouer que le fait de voir les villages sous un prisme mêlant passé, présent et futur est très réussi. Les quêtes annexes et vos choix permettent de modifier l’apparence des lieux et l’avenir des habitants, tandis qu’un passage dans le passé offre la possibilité de découvrir des coffres, de récupérer des objets avant qu’ils ne soient détruits ou d’écouter des discussions de personnages disparus. Chaque village propose donc trois versions affichées simultanément, tout comme certains locaux que l’on peut voir jeune, adulte et âgé selon l’angle du prisme. Un gros travail réalisé par les développeurs, qui incite le joueur à prendre le temps de parcourir ces lieux. Les donjons ne disposent pas de ce prisme temporel, mais les quelques énigmes proposées reposent toutefois sur les capacités de Crisbell, comme sa possibilité à restaurer une plateforme détruite, ou à supprimer un bloc de pierre pour libérer un passage.
De bonnes idées qui se heurtent malheureusement un peu trop vite au manque de profondeur général du jeu. Avec une difficulté pourtant bien présente et assez bien dosée en dépit d’un boss final qui demande une bonne dose de leveling, les énigmes sont simplissimes et les zones à explorer sont très petites. On regrette aussi que l’arsenal de nos héros soit seulement évolutif avec des améliorations à acheter au marchand du coin, alors que l’on aurait sans doute préféré un gain de puissance un peu plus original.
Du côté de la technique, mis à part un aliasing source de scintillement assez gênant qui apparait à certains moments, Cris Tales s’appuie sur sa direction artistique pour proposer un ensemble vraiment très propre rappelant des jeux comme Forgotton Anne par exemple. Les animations sont volontairement saccadées pour offrir un résultat plus proche du dessin animé, même si cela parait parfois un peu exagéré. Pas de grands thèmes du côté de la bande-son réalisée par Tyson Wernli, mais des inspirations empruntées au travail de Uematsu, Mitsuda ou encore Koji Kondo
+
- Direction artistique réussie
- Histoire bien racontée
- Système de combat intéressant
- Six persos très différents
- Cinématiques bien réalisées
-
- Aventure trop linéaire
- Manque de profondeur
- Pas mal d'aliasing