Test : Cronos: The New Dawn sur Xbox Series X|S
La mort ne pardonne pas

L’introduction du jeu est à l’image de l’expérience proposée par Cronos: The New Dawn. Vous êtes plongés, en l’espace de quelques secondes à peine, dans un univers des plus intrigants. Votre personnage – le Voyageur – est attaché dans sa capsule, son vaisseau, et un ordinateur vous pose quelques questions déconcertantes. Vous y répondez en choisissant une réponse parmi celles proposées et ensuite vous recevez votre mission : retrouver un autre voyageur. Vous quittez ensuite votre capsule, arme à la main et six munitions à l’intérieur, et vous vous aventurez dans un monde sombre, visuellement terne et où l’ambiance, glaçante, vous freine dans la moindre de vos ardeurs.
L’histoire se poursuit, tambour battant, rythmée par les missions données par le Collectif, ceux à qui l’on emploie et dont on ne sait pas grand-chose (tout du moins au départ). La mise en scène du jeu est soignée et les personnages que l’on retrouve sont franchement crédibles. Le tout est porté par des images fortes et une intrigue qui se dévoile au compte-gouttes, oscillant tantôt entre des réponses attendues, tantôt avec des questions supplémentaires qui densifient encore un peu plus le mystère. Cronos : The New Dawn nous invite dans un univers de science-fiction d’une rare densité où l’angoisse et la tension prédominent. Un savoureux mélange qui nous tient en haleine et qui se montre vraiment réussi, surtout si la mort ne vous fait pas peur…
Car mourir est au cœur de l’expérience de jeu proposée par la Bloober Team. Vous allez mourir et vous devez mourir pour cerner les épreuves que le jeu vous réserve. De l’échec nait l’apprentissage et cet adage est vraiment d’application dans le titre qui ne dispose pas du tout de difficulté. Il n’y a pas de mode « facile » ou « difficile » dans Cronos: The New Dawn. Le titre est complexe, compliqué, et cela fait partie de l’expérience imaginée par les développeurs. Une expérience équilibrée qui passe par des choix forts, comme le nombre de munitions ou de ressources limités. Les ennemis – parfois en nombre – sont extrêmement menaçants et la moindre erreur se paie cash.
Vous devez donc mesurer vos actions et faire preuve d’une prudence de tous les instants au risque, soit de perdre la vie, soit de vous retrouver dans une situation compliquée par la suite. Ajoutez à cela la gestion de l’inventaire qui est limité en places, comme dans Resident Evil. Cela vous oblige à faire des choix, d’autant plus que les armes prennent forcément une place. C’est également le cas pour les munitions, les objets de soin ainsi que les clés ou pinces que vous devrez employer pour avancer. Heureusement pour vous, un coffre est mis à votre disposition (et rassurez-vous, les objets se transfèrent automatiquement) et il est souvent possible de faire quelques allers-retours afin de s’en sortir facilement. À vous de voir ce que vous souhaitez faire et si vous êtes prêts à perdre quelques minutes de jeu afin de maximiser votre gestion des objets.
Les objets, justement, parlons-en un petit peu. Outre ceux que vous pouvez récupérer durant votre parcours, il est possible d’en créer à l’aide de matériaux disséminés à gauche et à droite. Ces derniers sont limités, tant en nombre qu’en place dans votre inventaire. Ils servent à créer des munitions, des objets de soin ou certaines armes qui peuvent s’avérer indispensables. Encore une fois, tout est question de choix. C’est à vous de voir ce dont vous avez besoin à un temps « T ». Si deux énormes monstres se trouvent sur votre chemin, peut-être qu’une mine sera appropriée. Si par contre vous avez perdu de la vie, des soins devront être prodigués en urgence. Autre aspect important dans Cronos: The New Dawn: la monnaie. Récupérable sur votre parcours ou en vendant certains objets « précieux », elle permet d’acheter différents objets et, surtout, d’améliorer vos armes (dégâts, chargeur, stabilité…). L’armure du Voyageur est également modifiable et c’est ici qu’il est possible d’agrandir votre équipement ou encore votre barre de vie. Des incontournables qui viennent compléter cette gestion des matériaux qui, couplée à votre inventaire et des munitions / soins limités, offrent une expérience sous tension qui ne vous quitte pas du tout du jeu.
Cronos: The New Dawn est donc un jeu de gestion, mais aussi d’exploration. Si vous souhaitez récupérer tous les objets, vous devez prendre le temps de fouiller tous les endroits qui sont mis à votre disposition. Des endroits qui grouillent également de documents en tous genres que l’on vous conseille vivement de lire. En effet, ces derniers viennent alimenter le lore du titre en vous apportant des précisions sur les conditions de vie des travailleurs ou des habitants de cette Pologne ravagée par une maladie inconnue qui est à la base de toute l’histoire de Cronos: The New Dawn. Ils donnent également de nombreuses informations sur les personnages que vous recherchez, ce qui n’est pas inintéressant, que du contraire. Évidemment, tout cela passe par de l’écoute ou de la lecture, comme dans Silent Hill, par exemple.
Pour le reste, au niveau du gameplay, Cronos: The New Dawn prend la forme d’un TPS plutôt classique. On se déplace dans ce monde menaçant, visant avec la gâchette gauche et tirant avec la droite. Vous pouvez également frapper au corps-à-corps (avec prudence et modération car les dégâts sont limités) ainsi qu’employer les accessoires indispensables que sont les mines (par exemple) ou le feu qui fait disparaitre les corps de vos ennemis. Le stick gauche vous permet de vous déplacer, tandis que le droit est utilisé pour la visée. Une course – sans limite – est également de la partie et elle se montre indispensable car vous ne disposez pas d’un bouton d’esquive. Concrètement, cela signifie que si vos ennemis sont à proximité, vous devez faire demi-tour ou faire un pas de côté pour éviter toutes attaques. C’est parfois lent, parfois lourd, et il s’agit indéniablement d’un choix du studio. Mais au vu de la difficulté déjà bien présente, on aurait apprécié cette petite touche d’esquive qui aurait pu dynamiser les affrontements, sans pour autant nuire à l’expérience proposée.
Du côté des menaces, Cronos: The New Dawn vous mettra aux prises avec des créatures humanoïdesqui disposent de plusieurs mouvements d’attaques. Elles peuvent également prendre de nombreuses formes, plus ou moins grandes, plus ou moins imposantes, et surtout… elles peuvent fusionner entre elles. Cela signifie donc qu’un monstre des plus simples peut aller absorber le corps de l’une de vos victimes et se renforcer. Vous avez alors plusieurs possibilités pour éviter de vous confronter à un monstre plus dangereux et résistant : faire disparaitre les corps au sol en les brulant (mais encore faut-il avoir les objets à votre disposition) ou interrompre la fusion en tirant sur votre adversaire. Cette dernière possibilité est, à priori, la plus pertinente mais dans la pratique ce n’est pas forcément simple.
D’une part, on n’a pas toujours l’œil sur tout ce qui nous entoure (surtout quand les lieux que vous fréquentez prennent la forme de petites pièces exiguës qui se suivent), d’autre part certaines situations vous contraignent à affronter plusieurs ennemis en même temps, ce qui complexifie considérablement la situation. Cette fusion est l’un des éléments clés dans le jeu et il est nécessaire, pour survivre, de le gérer de la meilleure des manières. Cet aspect, franchement original, s’avère être l’une des bonnes surprises de Cronos: The New Dawn. On ajoute également que d’autres menaces sont à prévoir (sous d’autres formes, évidemment) et que des boss sont bel et bien présents au cours de votre aventure. Malheureusement aurait-on envie d’ajouter… Malheureusement car le challenge prend ici une autre dimension. Les boss sont souvent résistants, toujours dangereux. Vous devez ici prendre en compte votre environnement, observer et anticiper les différentes attaques de vos ennemis et ensuite tenter de survivre et d’éliminer votre adversaire. De ce côté-là, Cronos: The New Dawn ne laisse pas (ou peu) de place à l’hésitation. Vous allez devoir peut-être vous y reprendre à plusieurs fois afin de les vaincre, mais y parvenir se montre extrêmement gratifiant. La rançon de la gloire donc…
Venons-en maintenant à la partie technique du jeu. Développé sous Unreal Engine, Cronos: The New Dawn est une véritable réussite. La fluidité est au rendez-vous dans le mode qualité (que nous avons sélectionné et qui tourne en 30 ips). Le titre est fin et regorge de détails dans toutes les pièces que l’on peut traverser. L’ambiance est soignée et angoissante. Cette dernière est portée par une représentation postapocalyptique de la Pologne de haute volée. Ajoutez à cela les différents éléments tels que le feu, le brouillard ou encore les anomalies temporelles qui sont extrêmement bien finis et vous comprenez que le jeu est franchement joli à voir. Tout cela est également porté par une direction artistique qui nous offre des panoramas à couper le souffle, mais aussi des images marquantes que l’on n’oublie pas une fois le jeu terminé.
Finalement, ne tournons pas davantage autour du pot : La Bloober Team est parvenue à donner naissance à un jeu qui a du caractère, qui possède un univers viscéral inquiétant et intrigant qui est porté par une dimension technique et une direction artistique au top. C’est aussi simple que ça. Terminons ce test par un petit mot sur la partie sonore. D’une part, les doublages sont d’excellente facture et la prestation des personnages est vraiment crédible, d’autre part les musiques se montrent d’excellente qualité. La sonorité nous renvoie d’ailleurs dans le temps et le thème principal est de très bonne facture. Bref, une réussite à tous les niveaux, indéniablement.

+
- Visuellement réussi ;
- Direction artistique soignée ;
- Musique et doublage réussis ;
- Histoire et univers intrigants ;
- Fusion des créatures ;
- Gestion poussée ;
- Exploration gratifiante.
-
- Bases de jeu classiques ;
- Difficulté imposée ;
- Gestion qui peut frustrer.