Test : Dance Central Spotlight sur Xbox One
Flashdance ?
Avec son « prêt à démarrer » accessible à 60% de son installation, Dance Central Spotlight ne laisse que peu de temps pour s’échauffer. Aidé par une navigation dans les menus efficace (via Kinect ou le pad s’il est connecté), le contenu qui s’expose d’emblée rappelle les fondamentaux du gameplay de la série d’Harmonix. Le but du jeu, pour ceux qui auraient passés ces quatre dernières années dans une grotte, est de faire le meilleur score possible sur les différentes musiques exposées. Le tout en se trémoussant de la façon dont l’avatar précédemment sélectionné move son body en face de nous, tel un reflet de miroir : s’il lève le bras droit, c’est donc notre bras gauche qu’il faut articuler. Lorsque le jeu aidé du nouveau Kinect pense que le joueur n’exécute pas un mouvement de la bonne façon, il entoure la partie du corps du personnage qu’il estime être non conforme à ce qui est attendu d’un rouge agressif afin de pousser le danseur à rectifier son mouvement.
Grâce à (ou malgré) toute la précision de Kinect, certains enchaînements ont parfois du mal à passer sans heurt, la faute à des pas quelques-fois très exigeants difficiles à assimiler au premier coup d’œil pour le non-averti. Heureusement, le joueur peut interpeller à tout moment le DJ en s’exclamant «Salut DJ, entraîne-moi sur ça» (ou en appuyant sur « Y ») afin de mettre le jeu dans une sorte de pause et ainsi avoir tout le temps de comprendre un pas, le soft donnant la possibilité de s’y exercer en vitesse réelle ou au ralenti. Une fois assimilé, le retour au jeu se fait sans temps mort ni chargement, ce qui enterre ce qui se faisait autrefois avec la section « on décompose » de la saga. Mieux nous dansons, plus nous augmentons le multiplicateur de points, afin d’espérer décrocher les cinq étoiles qui composent le score final. Bien sûr, tout cela est expliqué dans les deux premières chansons qui servent de tutoriel, avec la possibilité de calibrer plus précisément son Kinect pour parfaire la reconnaissance.
« Spotlight est définitivement pensé pour pousser les joueurs à s’améliorer encore et toujours, octroyant une courbe d’apprentissage intéressante »
Afin de taper chez les joueurs occasionnels à qui ce jeu de danse semble au premier abord s’adresser, Dance Central Spotlight propose plusieurs niveaux de difficulté, appelés « routines ». Au nombre de huit, classées par complexité (débutant, standard, deluxe, pro) ou style de mouvements (maboule, cardio, renforcement, stylé), ces routines contiennent des pas précis que le joueur devra réussir plusieurs fois de suite afin de gagner une médaille d’or sur ces enchaînements, matérialisés par un cadre doré si accompli dans la liste des mouvements à venir et un filtre doré sur l’avatar en cas de succès. Ces récompenses dorées permettent tout simplement de débloquer d’autres niveaux de difficulté, en plus de faire gagner un grand nombre du succès pour les chasseurs en herbe. Un principe astucieux qui force plus que jamais le danseur en herbe à étudier les mouvements grâce au DJ afin de tous les réussir, le score final ne faisant pas tout désormais. Spotlight est définitivement pensé pour pousser les joueurs à s’améliorer encore et toujours, octroyant une courbe d’apprentissage intéressante.
Seuls les habitués verront une limite au concept, puisqu’ils seront eux aussi obligé de commencer en débutant avant de s’attaquer à des routines plus sérieuses. Les petits pictogrammes qui informent sur les pas à venir (façon Tetris), inutiles en débutant, prennent cependant tout leur sens dans les modes de difficulté plus élevés. Outre le classique mode « morceaux » qui propose à n’importe quel danseur de choisir sa piste, comme d’aller faire ses emplettes sur le store intégré puis choisir sa routine et mettre le feu au dancefloor, Spotlight est livré avec un second mode baptisé « fitness ». Comme son nom l’indique, cette section promet au joueur de l’aider à brûler quelques calories monnayant des indications précises sur sa taille et son poids. Le temps y est paramétrable (de 10 à 90 minutes) de même que les routines accessibles (plusieurs sont sélectionnables en même temps), pour un enchaînement de musiques choisies au hasard par la machine. Puis c’est à peu près tout. Avec la possibilité d’affronter un ami si le salon est assez grand, ce nouveau volet de Dance Central ne comporte que deux modes de jeu, tout simplement. Adieu donc les sections story, défis, Xbox Live, battle, fête. Dance Central Spotlight se veut centré sur l’essentiel. Il faut dire qu’il a une bonne excuse…
« Dance Central se permet un changement de formule, ou plutôt de business model, semblable à ce que l’on a vu ces dernières années avec les jeux de karaoké chez la concurrence. Un pari plutôt intelligent, tant le genre se prête totalement aux courtes sessions de jeu seul ou en couple »
Avec ses deux modes de jeu seulement, son multijoueur en local, et ses dix musiques fournies, Dance Central Spotlight peut au premier abord paraître aberrant. À qui bon sortir une suite si c’est pour couper des fonctionnalités phares ? Avec son prix en dessous de la barre des 10€ et ses nombreuses musiques à télécharger à l’unité (à 1,99 euro pièce), Dance Central se permet un changement de formule, ou plutôt de business model, semblable à ce que l’on a vu ces dernières années avec les jeux de karaoké chez la concurrence. Un pari plutôt intelligent, tant le genre se prête totalement aux courtes sessions de jeu seul ou en couple. En se concentrant sur l’essentiel, Harmonix prend le risque de décevoir les fans qui auraient voulu encore et toujours plus et ainsi continuer la courbe vertueuse des avancées entamées jusque-là avec les trois premiers épisodes. Les développeurs peuvent cependant espérer toucher un plus grand nombre d’amateurs, ces néophytes en jeux musicaux qui n’auraient jamais mis une soixantaine d’euros dans un titre de ce genre.
Il faut également admettre que sur la quarantaine de musiques généralement présentes dans les titres de ce genre, rares sont celles qui conviennent forcément aux joueurs. Avec ce procédé largement inspiré du free-to-play, le danseur en herbe devant son Kinect va pouvoir acheter seulement les tracks qui l’intéressent. Les dix musiques fournies sont comme on pouvait s’y attendre totalement mainstream et de styles plutôt variés, où Happy de Pharrell Williams donne le ton aux côtés de Diamonds de Rihanna, Titanium de David Guetta, Wake Me Up d’Avicii ou encore Talk Dirty de Jason Derulo. Les DLC déjà présents flirtent également avec le pop rock (Ain’t it fun – Paramore), l’électro (I Need Your Love – Calvin Harris), quelques anciennes gloires intemporelles (de Sean Paul, James Brown, a-ha) et autres packs pop (Lady Gaga, Maroon 5 et bien d’autres). À noter que ceux qui ont acheté des musiques dans les épisodes précédents pourront les reprendre de nouveau, et ce gratuitement, pour peu que les musiques soient disponibles sur le store, encore relativement désertique à l’heure où nous écrivons ces lignes.
« on ne demande pas à un Dance Central d’être incroyable graphiquement, mais ce spotlight est bien trop fainéant sur ce point pour ne pas nous décevoir, même un minimum »
Dance Central Spotlight est donc véritablement « light ». Même s’il se concentre sur l’essentiel, à savoir la danse en solo ou à deux en local, son petit prix cache la disparition de modes de jeu auparavant très appréciés ainsi qu’une technique loin d’être au top niveau. Alors évidemment, on ne demande pas à un Dance Central d’être incroyable graphiquement, mais ce spotlight est bien trop fainéant sur ce point pour ne pas nous décevoir, même un minimum. Les modèles utilisés semblent venir des versions 360, alors que les éclairages, s’ils sont heureusement plus précis, laissent apparaître des ombres crénelées. De même, à l’heure où nous écrivons ces lignes, le titre d’Harmonix ne remplit pas tout l’écran de télévision, laissant des bandes noires disgracieuses sur les bords (sans option pour changer la taille du cadre).
Ces petits défauts baignent pour finir dans un 30 fps qui certains auront du mal à pardonner. L’absence totale d’une dimension « sociale » de ce Dance Central est peut-être finalement son plus gros défaut. À l’heure où tous les jeux, même ceux aux budgets plus que modestes, proposent une intégration totale du Xbox Live pour voir les scores de ses amis et même se battre contre leurs fantômes, Spotlight balaie toutes ces possibilités pourtant basiques d’un revers de main. Pas de jeu en ligne donc, ni même de scores consultables. Des choix pour le coup difficilement pardonnables, même pour un titre distribué au prix d’un Mc Do. Si l’essentiel de Dance Central est bien là avec un gameplay toujours aussi exigeant pour une reconnaissance de Kinect très précise et même si ce business model sied parfaitement à ce type de jeu, les habitués ne pourront que noter quelques lourdes absences là où les néophytes n’y verront que du feu. C’est désormais sur le dancefloor qu’il va falloir le mettre !
+
- Le petit prix (9,99 euros)
- Toujours aussi exigeant et précis
- Challenge adapté à tous
-
- Des modes de jeu ont disparu
- Pas incroyable visuellement pour du 30 fps
- Où sont les parties et les scores en ligne ?
- Multi local pas très fun