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Dance of Death: Du Lac and Fey

Aventure narrative | Edité par Dolores Entertainment | Développé par Salix Games

5/10
One : 27 janvier 2023 Series X/S : 27 janvier 2023
05.02.2023 à 10h31 par

Test : Dance of Death: Du Lac and Fey sur Xbox One

Jack et sa dague magique

De quel esprit peut donc germer l'idée de croiser la légende Arthurienne et Jack L'Eventreur ? Sans aucun doute de celui des britanniques de Salix Games ! Baignés depuis leur plus tendre enfance par ces deux images populaires de l'imaginaire d'Outremanche, les créatrices et créateurs de Du Lac & Fey nous emmènent aux bases de leur culture dans un titre qui malheureusement pèche par ses aspects techniques et son absence de gameplay, ce qui est bien dommage.

Les premiers instants de l’aventure proposée par Dance of Death: Du Lac & Fey nous plongent dans une Norvège fraîche et neigeuse, avec un blondinet à la mâchoire carrée et un chien qui parle (?!?) ayant maille à partir face à une espèce de démon-augure mochissime. Parvenant à occire ce dernier et à l’enfermer dans un miroir nous apprenons rapidement que les deux personnages en question sont en réalité Lancelot du Lac et La Fée Morgane changée en lévrier poilu à la recherche du méchant Merlin qui aurait rejoint Londres en 1888. Pas la meilleure période pour y mettre les pieds toutefois, puisque un certain  Jack L’Eventreur fait les gros titres ! Partant à l’exploration de Whitechapel, nous rencontrons Mary Jane Kelly (connue pour être la dernière victime de celui-ci) avec laquelle nous coopérons, autant que faire se peut, pour découvrir le fin mot de l’histoire.

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Voilà le pitch de départ de ce Dance of Death: Du Lac & Fey. C’est donc sous le prisme du regard de chevalier de Camelot, accompagné de son fidèle compagnon canin, que nous découvrons les bas fonds de la capitale anglaise du XIXè siècle, avec ses fouilleurs de vase, ses quais boueux, ses vendeuses et vendeurs de rues ou ses prostitué.e.s de Whitechapel. S’il y a un aspect que nous ne pouvons indéniablement renier à ce titre, c’est son immersion.  Nous prenons effectivement un très relatif plaisir à la lecture et à la découverte de la proposition de Salix Games. Les actrices et acteurs nous offrent ici un doublage franchement qualitatif. Nous aimons et prenons plaisir à écouter les accents cockney, gallois voire irlandais des personnages croisés au fil de l’aventure. Nous retrouvons ici toute la rhétorique ou l’esthétique d’un «From Hell» ou d’un «Sweeney Todd». Mais alléchant initialement, un dilemme majeur s’offre alors : s’agit-il d’un jeu d’aventure à type de point & click ou d’une aventure narrative ?

Car d’un point de vue du gameplay, c’est là où le bât blesse (entre autres). En effet, en mettant de côté les graphismes que nous développerons ultérieurement, s’il y’a un aspect prépondérant à évoquer, c’est celui du gameplay. Entre démarche à base d’aspirateur dans le séant ou d’allers retours sans véritable but, nous nous retrouvons à incarner l’un des trois protagonistes introduits, pouvant interchanger (quand le jeu le permet) entre eux grâce à un camée tricolore. Nous explorons ainsi, en tout et pour tout quatre plans fixes avec les yeux de Lancelot, Morgane ou Mary Jane. Cela semble peu, et pourtant…heureusement qu’il n’y en a pas plus ! En effet, les difficultés à déplacer chaque personnage suffisent à remplir de très très très longues minutes de jeu. Pour peu que vous ne sachiez pas où vous rendre, vous vous retrouvez à arpenter ces quatre plans faméliques, malheureusement plusieurs fois, à la recherche de votre but.

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Pour pimenter ce gameplay ô combien complexe à base de «pianoter sur le bouton A ou sur la croix directionnelle», le titre nous propose deux phases de jeu différentes, que nous rencontrons  – bien heureusement – peu de fois. Tout d’abord des phases de combats épiques (c’est ironique) dans lesquelles il est nécessaire d’avoir le bon timing sous peine de répétition de plans insoutenables, et des phases de concoctions de poisons et potions qui feraient pâlir un Severus Rogue.  La consternation est totale. Espérant faire tourner nos méninges pour résoudre quelques énigmes ou appréhender quelques suspects à la lueur d’indices à corréler les uns aux autres, nous voilà fort frustrés. Aucune réflexion, aucun choix n’a de conséquences sur l’histoire. Les dialogues peuvent uniquement modifier le devenir de personnages secondaires (ce qui nous vaudra des succès) mais en aucun cas ceux-ci n’ont d’impact sur le déroulé du scénario. Seule et unique originalité : Dame Fey, transformée en chien par Merlin est à même de converser avec les animaux qu’il ne faut pas oublier dans nos échanges.

Un scénario qui, il faut l’avouer, est vraiment intéressant. Car c’est là où nous regrettons tous les défauts du titre, qui nous ont fait passer les dialogues tant les phases de pseudo gameplay nous ont fait perdre du temps et de l’intérêt. Toute envie d’exploration est à oublier tant les difficultés à diriger les personnages entament la patience du joueur. Malgré tout, il est agréable de glaner çà et là les Penny Dreadfuls (les fanzines d’horreur du XIXè), ou des partitions de piano clairsemées au fil des tableaux avec une affection particulière pour le codex (intéressant bien que difficilement parcourable, tant la navigation à la manette est intenable) qui permet d’en savoir plus sur l’époque Victorienne ou les légendes Arthuriennes. Nous saluons ici le travail historique de recherche réalisé par Salix Games avec le regret de constater que celui-ci n’est pas servi par un gameplay digne de ce nom.

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Les graphismes et la technique sont eux finalement plutôt surprenants. Ils sont tout à fait corrects pour une production indépendante telle que celle-ci. Bien évidemment pas parfaits, avec un peu d’aliasing ou des ombres taillées à la serpe. Malgré tout, les personnages sont expressifs et bien représentés. La direction artistique n’est pas inintéressante, mais la vision des quatre plans fixes, la raideur majeure des protagonistes et leurs difficultés de déplacements auront eu raison de notre bienveillance et de notre affabilité lors des huit heures nécessaires pour terminer le jeu. La qualité de la localisation et la traduction des dialogues sont à souligner tant ils participent activement à l’immersion dans l’histoire.

Pour tout dire, clairement clients des univers proposés, nous aurions préféré nous plonger dans un bon bouquin ou une bonne série, en toute passivité, plutôt que de découvrir cette histoire au travers d’un jeu dont les difficultés de maniabilité et l’absence de réelles interactions nous ont arraché quelque soupir voire pire, et c’est bien dommage.

5/10
L'expérience de jeu offerte par Dance of Death: Du Lac & Fey qui veut nous faire (re)découvrir les légendes Arthuriennes et le Londres Victorien est finalement décevante et ne parvient pas à nous entrainer aux confins de l'univers britannique. Les défauts techniques, en partie visuels, couplés à de grosses errances dans le gameplay nous sortent complètement de l'histoire et de la proposition de Salix Games. C'est regrettable car nous ne demandions qu'à adhérer et explorer le Londres victorien à travers les yeux d'un Chevalier de la Table Ronde et de son acolyte.

+

  • Doublages et acting qualitatifs
  • Exploration historique
  • Une localisation de grande qualité

-

    • Contrôles et jouabilité insupportables
    • Absence de toute réflexion
    • Gameplay famélique
    • De nombreux bugs graphiques

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