Jeux

Dark Souls

Action/Aventure | Développé par FROM Software

10/10
360 : 07 octobre 2011
31.10.2011 à 18h17 par - Rédacteur

Test : Dark Souls sur Xbox 360

Il y a de cela environ deux ans, à l’insu des possesseurs de Xbox 360, une poignée de joueurs de Playstation 3 ont connu l’enfer et redécouvert la signification du mot difficulté. Rester bloquer des mois sur un même jeu, mourir encore et encore jusqu’à ce que l’écran du Game Over s’imprime sur votre rétine, pleurer à la simple vision d’un boss si grand que seule une partie de son corps est visible depuis votre écran, voilà l’expérience qu’ils ont vécu en jouant à Demon’s Soul. Voilà l’expérience que vous allez vivre avec sa suite, Dark Souls.

Alone in the Dark

A dire vrai, il serait plus juste de qualifier Dark Souls de suite spirituelle. Car le titre de From Software, s’il partage les mêmes mécanismes de jeu avec son ainé et la même difficulté sadique, ne reprend ni la trame scénaristique du premier épisode, ni même son univers. Aucun lien n’unit les deux jeux du studio japonais, si ce n’est leur gameplay. Mais avant de s’attarder sur le gameplay du titre, il convient de s’intéresser à sa difficulté. En effet, dès son annonce et durant tout son développement, celui-ci possédait déjà la réputation de jeu briseur de manettes et cette notoriété, Dark Souls la doit à son illustre ainé qui lui-même s’est forgé la réputation de jeu le plus difficile de cette génération de consoles. Dark Souls est-il donc difficile ? A en pleurer des larmes de sang. Pour mener à bien votre quête, Dark Souls exigera de votre part une implication totale. Les grabataires biberonnés aux TMNT, Battletoads, Mega Man et autre Ghosts’n Goblins, retrouveront des sensations connues qu’ils ne pensaient plus revoir de nos jours. C’est surtout la jeune génération, élevée aux QTE qui risque de souffrir le plus. Dans l’esprit, Dark Souls ne se révèle finalement pas si différent des jeux de notre enfance. Chaque ennemi rencontré, un seul faux pas, un moment d’inattention et la mort s’abattra sur vous. Refaire encore et encore un passage jusqu’à le connaitre par cœur n’enlève en rien sa dangerosité. Ne comptez pas sur la pitié des développeurs pour vous venir en aide, rien n’est fait pour vous aider. Au contraire.

Tout, dans Dark Souls, est fait pour vous compliquer la tâche. A commencer par vous. Vous ne savez pas qui vous êtes, ni même pourquoi vous vous battez. La trame scénaristique est réduite à son minimum. Une vague cinématique (superbe) d’introduction servant à poser les bases du monde dans lequel vous évoluerez et c’est tout. Pas de cartes pour vous retrouver, pas de boussoles ou de flèches géantes vous précisant l’endroit exact à atteindre, ni de PNJ venant vous chercher pour réclamer votre aide. Comme le personnage que vous incarnez, vous êtes seul dans un monde mort depuis longtemps et cette avarice en aides contextuelles ne fait que renforcer ce sentiment. Nul besoin d’une phrase dans le manuel du jeu ou d’une voix-off en début de partie pour vous l’expliquer. La solitude s’abattra sur vous de tout son poids dès les premières minutes de jeu, que vous le vouliez ou non. Il y a bien quelques PNJ ici et là (marchands, forgerons, chevaliers errants), mais ces derniers sont bien avares en informations. Un sentiment de solitude donc, incroyablement bien amené, qui renforce l’implication du joueur et le sentiment d’immersion. C’est donc bien ce qui fait le charme du jeu. L’exploration. La découverte d’un monde inconnu. Avancer sans jamais savoir ce que vous trouverez au détour d’un chemin, ni même si le chemin que vous empruntez est le bon. Vous pourrez ainsi, dès les premières minutes de jeu, accéder sans en avoir conscience aux zones les plus dangereuses et tomber nez à nez avec un immense dragon qui vous broiera entre ses pattes.

Plus que tout, c’est le véritable point fort de Dark Souls. Et le level-design exemplaire du titre y contribue fortement. Si nous pouvons y voir un atout, tout le monde ne sera pas de cet avis et beaucoup souffriront de cette austérité. Effectuer des allez-retours encore et encore, ou avaler les kilomètres sans but tout en vous demandant si le chemin choisi est le bon, ne risque pas de plaire à tous. A moins d’avoir l’âme d’un explorateur, vous ne risquez pas de trouver cela très amusant, au contraire. La zone de jeu est semi-ouverte. Comprenez par là un territoire sur lequel vous serez libre d’aller où bon vous semble, mais néanmoins balisé, cloisonné. Si elle est immense, ne vous attendez pas pour autant à une zone de jeu aussi importante qu’un GTA ou Elder Scrolls. Le dicton qui dit que ce n’est pas la taille qui compte n’a jamais été aussi vrai que pour ce jeu. Effectivement, si la zone de jeu est moins importante qu’un Elder Scrolls par exemple, parcourir une distance équivalente vous prendra le double du temps. Chaque pas compte dans Dark Souls, et tous vous rapproche de la mort.

Souls Calibur

Chaque zone de jeu possède sa propre identité bien marquée. Chacune étant plus belle – et terrifiante – les unes que les autres. Elles contiennent également leur lot de monstres et de boss propres. Vous aurez affaire à tout un bestiaire incroyablement vaste d’ennemis, des classiques squelettes, rats et dragons aux ennemis un peu plus originaux mais néanmoins monstrueux. Et aucun d’eux n’est à sous-estimer, car vous périrez plus souvent de l’épée d’un zombie de base à cause de votre fanfaronnade, que sous les assauts d’un boss. A ce titre, le système de combat s’avère simple au premier abord, mais cache quelques subtilités que vous apprendrez de vous-même au fur et à mesure. Comme dans tout bon RPG, Dark Souls possède également un système d’expérience. Mais celui-ci, comme le reste des éléments du jeu, s’avère très avare. Vous pourrez jouer des heures sans gagner un niveau. Même si par chance vous parvenez à en gagner ne serait-ce qu’un, ce niveau supplémentaire ne changera que peu de choses pour vous. Les boss et certains ennemis du jeu vous paraitront toujours aussi invincibles, pouvant vous tuer en un seul coup si le désir leur prend, c’est-à-dire la majorité du temps.

C’est là encore une autre particularité de Dark Souls, mais aussi l’un des éléments charnières de sa difficulté. Pour gagner en expérience, vous devrez tuer vos ennemis et ainsi récupérer des âmes. Vous pourrez alors échanger ces âmes contre des objets, des armes mais surtout des niveaux supplémentaires. Le problème est que vous perdez toutes les âmes acquises lorsque vous passez l’arme à gauche. Et comme dans Dark Souls vous mourrez plus que dans n’importe quel autre jeu, vous imaginez bien la difficulté que représente la montée en niveau. Heureusement, pas mesquins pour un sou, les développeurs vous accordent une seconde chance. En retournant à l’emplacement exact de votre mort, vous pourrez récupérer toutes ces âmes durement acquises. Inutile de préciser que si vous trépassez en cours de route, celle-ci seront définitivement perdues. Et comme dans Dark Souls vous mourrez plus que… bref, vous connaissez la chanson. Finalement, ce n’est pas tant votre avatar qui gagne en expérience que vous. Vous apprendre à être plus patient, plus vif. Vous étudierez les patterns de vos ennemis, mémoriserez les donjons, l’emplacement des monstres et tant d’autres choses encore. La mort, tant décrié par les joueurs, est pourtant au centre du gameplay. Vous devrez passer par elle pour évoluer et gagner en expérience. Car c’est en mourant encore et encore, traversant des zones remplies d’ennemis pour partir à la recherche de vos âmes perdues, accumulant aux passages d’autres âmes, que vous évoluerez. Nul besoin de vampiriser une zone du jeu pendant des heures, tout cela afin de gagner en niveau et faire manger son sabre les doigts dans le nez à ce satané boss. Non, tout cela se fera naturellement, sans que vous ne vous en rendiez compte.

Bien entendu, là encore cela risque – c’est même une certitude – de frustrer plus d’un joueur. Les premières heures de jeux, voire la totalité du jeu, risque de se montrer extrêmement frustrantes et vous ne devrez compter que sur votre persévérance pour continuer l’aventure. Que vous soyez niveau 10 ou 40, vous aurez toujours le sentiment de n’être qu’une fourmi. Contrairement à bien d’autres jeux du genre, jamais vous n’aurez cette impression d’être le guerrier suprême capable de terrasser n’importe quels ennemis en un coup d’épée. Votre niveau ne signifie rien et vous resterez toujours aussi faible en comparaison du bestiaire du jeu. Terrasser un boss de zone sera toujours éprouvant. Jamais l’écran du Game Over, la mort, n’aura été aussi contraignante pour le joueur. Mais c’est justement ce qui fait le charme de Dark Souls et son succès auprès des joueurs. A l’heure où la majorité des jeux du marché nous prennent de plus en plus par la main, cet abandon est salutaire. Venir à bout d’un boss dans Dark Souls est mille fois plus jouissif que chez la concurrence. Mais avant cela, vous aurez souffert, tant est si bien que relancer une partie après chaque mort tient plus du masochisme que du plaisir de jeu. Mais Dark Souls a ce petit côté addictif qui fait que, malgré les morts et la difficulté du titre, une fois lancé vous ne pourrez plus l’abandonner aussi facilement.

Game Over

RPG oblige, Dark Souls prend également en compte la gestion de l’inventaire, de vos armes et magies. Et ce serait une erreur de prendre à la légère cette possibilité offerte par le développeur. Vous équiper de l’arme et du bouclier le plus puissant du jeu ne sera pas sans conséquences. Le poids devra également être pris en compte, peut-être plus que n’importe quel élément. Si l’équipement de votre personnage est trop lourd pour lui, sa vitesse en sera fortement réduite et face à des monstres capables de vous tuer en un coup, la vitesse et l’esquive ne devront pas être prises à la légère. En plus de la barre de vie, vous devrez surveiller une barre d’endurance. Frapper, esquiver ou courir sont autant d’actions qui font diminuer cette barre. Lorsqu’elle tombe à zéro, vous vous retrouverez à la merci de votre adversaire, dans l’incapacité même de lever votre bouclier pour parer. Cet ajout, comme dit plus haut, apporte un brin de stratégie aux combats.

Nous l’avons dit, Dark Souls est magnifique. Vous alternerez entre les châteaux en ruines, les égouts, les jardins ténébreux, les plaines et bien d’autre environnement sans un seul temps de chargement. Pas même une seconde ne viendra nuire à votre aventure. Le jeu possède également une profondeur de champ incroyable. Malheureusement Dark Souls connait de nombreux et importants ralentissements. Ces derniers sont bien trop flagrants et réguliers pour en faire abstraction. Ils nuisent à un plaisir de jeu jusque là sans faute. Autres points noirs, le système de lock de vos adversaires. Impossible d’alterner entre vos ennemis. Une fois que l’un d’entre eux est verrouillé, vous ne pourrez pas passer au suivant sans déverrouiller le précédent. Sachant que les ennemis vous attaqueront généralement en groupe, cela peut s’avérer un brin énervant. Une fois verrouillé, ce n’est pas uniquement l’attention de votre personnage qui se fixe sur votre adversaire, mais également la caméra. Jusque là libre, celle-ci se fixe sur votre adversaire, vous empêchant de la déplacer à votre guise. Là encore, face à un groupe d’ennemis cela peut s’avérer très vite pénalisant. Quelques bugs de collisions gênants sont également à noter.

Ces quelques défauts, s’ils nuisent bien entendu au plaisir de jeu, n’arrivent pas à entacher le plaisir ressenti en jouant à Dark Souls. Un plaisir de jeu renforcé par sa bande-son, absolument remarquable. Bien qu’étant une expérience avant tout solitaire, Dark Souls possède son mode multijoueur. Mais celui-ci ne cède pas à la facilité et s’intègre parfaitement dans l’aventure, enrichissant l’expérience. Vous serez, la majorité du temps, seul durant votre aventure. Cependant, durant celle-ci il vous arrivera d’apercevoir une ombre, un fantôme, passer devant vos yeux et disparaitre. Ce fantôme n’est rien de moins qu’un autre joueur, à l’autre bout du monde, jouant également à Dark Souls. Vous apercevrez également des tâches de sang vous révélant la mort d’un autre joueur. Mais le multijoueur de Dark Souls ne s’arrête pas à ces apparitions furtives. Vous pourrez également laisser des messages aux autres joueurs qui, comme vous, souffrent. « Attention au boss », « essayer par derrière », « attention piège », « par là », « trésor plus loin », sont autant d’indications pouvant être laissées à l’intention de vos camarades d’infortunes. Vous-même, au cours de votre aventure, vous tomberez sur nombre de ces messages. Lire, au détour d’un couloir « je veux rentrer chez moi », ou « j’ai réussi » à l’endroit où se tenait précédemment un boss, renforce l’immersion et l’impression de vivre une véritable aventure. Loin de s’arrêter à ces quelques messages, l’interaction entre les joueurs est poussée plus loin encore.

Vous pourrez, à tout moment, vous rendre dans le monde d’un autre joueur. En laissant une marque d’invocation où bon vous semble, un joueur découvrant celle-ci pourra vous appeler à l’aide et c’est à deux que vous irez affronter ces saloperies de gargouilles qui vous humilient depuis une semaine. En revanche, vous pourrez envahir le monde d’un autre joueur sans y avoir été invité. Mais dans ce cas, c’est en tant qu’ennemis que vous vous présenterez. Le gagnant de ce duel remportera toutes les âmes ainsi que l’humanité que le perdant possédait au moment de sa mort. Si vous éprouvez des difficultés à avancer, inutile de dire que vous vous arracherez les cheveux lorsque un joueur viendra vous rendre visite, sans prévenir, au moment où votre santé est au plus bas. Quoi qu’il en soit, vous vous arracherez les cheveux toute les cinq minutes dans Dark Souls.


Avec Dark Souls, From Software lance un défi aux joueurs qui se plaignent de la facilité croissante des jeux actuels. Le titre du studio japonais est en effet aux antipodes de la production vidéoludique actuelle. Extrêmement difficile, long, exigeant et solitaire. Tels sont les qualificatifs de Dark Souls. Malgré ses nombreuses qualités, le titre ne conviendra pas à tous les joueurs. Car en lançant Dark Souls, votre persévérance sera mise à rude épreuve et cette obstination s’apparente aussi bien à du masochisme. Cependant, pour qui surmontera ses épreuves et saura s’impliquer, Dark Souls se révèlera comme l’une des meilleures expériences dans la vie d’un joueur. En sus, le titre se dote d’un multijoueur aussi original qu’efficace.

+

  • Son multijoueur original
  • Level-Design
  • Son bestiaire et ses boss variés
  • La bande-son
  • Une aventure solitaire
  • Enfin un jeu difficile

-

    • Beaucoup trop de ralentissements !
    • Une caméra parfois gênante
    • Quelques bugs de collisions