Jeux

Dead Rising

Survival Horror | Edité par Capcom | Développé par Capcom

8/10
One : 13 septembre 2016 360 : 07 septembre 2006
13.09.2006 à 22h19 par |Source : http://www.xbox-mag.net/

Test : Dead Rising sur Xbox 360

Il y a des genres, au cinéma comme pour les jeux vidéos, qui ne se démodent jamais : ceux mettant en scène un groupe de personnes aux prises avec des hordes de revenants. À l'image de leurs livides protagonistes principaux en effet, ils reviennent inlassablement, même lorsque que l'on nous les annonce morts et enterrés. Dans le domaine qui nous intéresse ici, après divers Zombie Revenge et Hunter the Reckoning, c'est au tour de Capcom, avec Dead Rising, de se lancer dans l'aventure du jeu d'action un rien bourrin avec macchabés récalcitrants sur Xbox 360. Annoncé depuis des lustres et finalement entre nos mains, il ne nous reste plus qu'à vérifier une bonne fois pour toutes si ce Dead Rising a assez d'arguments pour nous les réveiller ces maudits morts.

Will-come

C’est bien connu, les films d’horreur ne meurent jamais. Que ce soit avec les oeuvres de Romero (fraîchement réadaptées d’ailleurs), dont Dead Rising s’inspire officieusement, ou plus récemment avec l’excellent 28 Jours plus tard de Danny Boyle, les zombies passionnent et nourrissent un genre qui connaît encore aujourd’hui un grand succès. Qu’ils sortent de terre ou qu’ils soient contaminés par un mystérieux mal, leur apparence semi-humaine effraie, bafouant la sainte promesse de repos éternel. Ces monstres sacrés qui sont nés du cinéma et des romans horrifiques ont très vite trouvé une seconde jeunesse avec les loisirs numériques. Zombie Revenge, House of the Dead, Resident Evil ou encore Hunter the Reckoning, tous ont réussi à leur manière à surfer sur ce succès. Malgré tout ce que l’on a déjà pu tester, c’est Dead Rising qui peut s’affirmer désormais comme étant le fier représentant du beat’em all hybride, du survival aux hormones, bourré de clins d’oeil aux représentants du genre venus du septième art et d’ailleurs.

Frank West, reporter Freelance, a eu vent d’un scoop potentiellement intéressant, du genre à faire s’envoler une carrière ainsi que les dollars sur le compte en banque. Sujet de son futur article ? Une petite ville du nom de Willamette mystérieusement réduite au silence par l’armée. Qu’à cela ne tienne, Frank décide d’aller vérifier in situ ce qui se passe. C’est en hélicoptère que notre baroudeur se rend à sa destination fétiche, accompagné d’un pilote un rien grande gueule. Après une petite descente, appareil photo en main, le reporter s’aperçoit que les routes qui mènent à la ville sont contrôlées par l’armée. Plus loin, il est témoin d’un spectacle beaucoup plus effrayant : des personnes attaquent en groupe un pauvre homme prisonnier sur le toit de sa voiture. Et le plus marrant dans l’affaire c’est que c’est au joueur de prendre des clichés réussis de cette hystérie générale, dans une introduction grandement réussie qui met tout de suite dans l’ambiance. À la recherche d’une explication sur tout ce qui se passe dans cette bourgade, Frank se fait jeter sur le toit d’un centre commercial. À l’intérieur de la bâtisse, il découvre tout un tas de gens qui s’active à barricader les portes d’accès principales. Dehors, des zombies, des centaines de zombies. Puis un incident, et voilà notre pauvre Frank aux prises avec l’enfer des ruptures de stock de Playstation 2 en magasin, avec en guise d’acheteurs potentiels des monstres affamés, et dans le rôle de la console de jeu : lui.

Scoop-bidou

Qu’on ne s’y trompe pas, Dead Rising est avant tout un gros jeu d’action, avec tous les sous-entendus bourrins que le genre peut avoir. Le joueur, enfermé dans un mall gigantesque infesté de milliers de créatures belliqueuses, va devoir apprendre rapidement à utiliser tout ce qui lui passe sous la main pour se battre, se soigner, et aider ses camarades. Car le but principal du dernier né de chez Capcom est simple : survivre. Pour ce faire, des tas d’armes toutes plus hallucinantes les unes que les autres sont disséminés çà et là dans l’aire de jeu. En passant de la classique hache jusqu’à l’improbable guitare électrique, il y en a pour tous les goûts, et pour différents types de dégâts bien sûr. Les armes de pacotille (fusils à pompe, tronçonneuses) côtoient des monstres de puissance (balais et paquets de farine en tête) dans un capharnaüm général proche de l’incroyable : des centaines de zombies affichés à l’écran, et ce sans saccades notables. Un joli tour de force, d’autant plus que techniquement, c’est de la grande classe. Les personnages sont superbement modélisés, le centre commercial plus qu’agréable à regarder, et le tout bouge divinement bien. Il suffit de s’attarder sur la sinistre démarche des zombies, arme au poing, pour s’en convaincre.

Les magasins du mall servent donc de véritables armureries de fortune, regorgeant d’objets parfois originaux, souvent destructeurs mais toujours destructibles. Il va donc falloir en récupérer beaucoup pour ne pas se retrouver à court et se mettre en difficulté inutilement, même si le journaliste sait aussi se servir de ses bras et de ses jambes pour faire mal. Frank frappe, coupe, mutile, arrache, broie, déchiquette, annihile, décapite, brûle, explose, poignarde, bref, massacre de bien jolie façon, et sans que le joueur ne se foule trop. En effet, les commandes sont claires et volontairement simples : une touche pour frapper, une touche pour sauter, une pour faire défiler son inventaire, une gâchette pour viser plus précisément (pas toujours pratique d’ailleurs) et le reste se fait avec quelques combinaisons. Une maniabilité efficace pour matraquer du mort-vivant dans les règles, d’autant plus qu’ils sont hargneux, surtout en groupe, et qu’il est parfois compliqué d’avancer sans se faire mordre ou frapper par un de ces nuisibles. Pire, ils peuvent parfois s’agripper pour faire plus de dégâts. Il suffit d’appuyer sur la bonne combinaison de touches avant le temps imparti pour se dépêtrer de cette dangereuse situation. Car avec le nombre improbable de monstres dans les allées du centre commercial, il faut souvent plus jouer avec les esquives qu’avec la poudre, si on veut ne pas perdre trop de temps et rester en bonne santé. Une santé qu’il faudra gérer en mangeant des aliments dénichés dans les épiceries ou en les stockant, au risque d’être à court de place pour les futures armes à ramasser. Les bibliothèques du magasin sont également bourrées de livres améliorant telle ou telle capacité tant que ces derniers restent dans l’inventaire.

Comme dans tout bon jeu du genre désormais (hunter the reckoning en tête), casser du streum rapporte des points d’expérience. À l’instar des jeux de rôle, ces points lorsqu’ils sont en nombre suffisamment important apportent un niveau supplémentaire au personnage, synonyme de nouvelles aptitudes. Qu’il s’agisse d’un nouveau mouvement de combat, d’esquive ou plus simplement d’une nouvelle case de santé ou d’inventaire, ces upgrades sont obligatoires pour espérer arriver jusqu’à la fin du jeu sans trop souffrir. Au même titre, détruire tout ce qui bouge ou prendre des photos ajoute également de l’expérience. Il est en effet possible à tout moment de dégainer son appareil pour éterniser sur pellicule un événement intéressant, ou quoi que ce soit d’autre. Bien sûr, certains clichés rapportent plus de points. Divers critères sont pris en compte : l’aspect dramatique de l’image, mais aussi l’horreur, le comique de la situation et même l’érotisme (ce sont les journalistes d’Entrevue qui vont être contents). Une bonne idée, assez originale bien qu’anecdotique tant elle rapporte peu de points, excepté lors des événements clés, comparé au massacre en bonne et due forme de morts-vivants.

72 Heures plus tard

La première partie de Dead Rising ne révèle au début qu’un mode de jeu principal, les «72 heures». L’objectif n’est pas compliqué : survivre pendant trois jours et revenir à l’héliport pour s’échapper. Un temps fictif bien sûr, les minutes du jeu s’écoulant presque aussi rapidement que nos secondes à nous. Le gameplay de Dead Rising s’articule en fait autour d’un schéma plus complexe que la moyenne. Pour avancer dans l’aventure, le joueur doit être présent en temps et en heure à certains endroits du magasin. Ces rendez-vous (appelés «CAS» dans le jeu) sont obligatoires pour connaître la vérité sur cette sombre affaire de morts revenus à la vie. En plus de cela, des missions annexes (dits «scoops») viennent se greffer à la trame principale. Nullement obligatoires (il est théoriquement tout à fait possible d’aller à la fin du jeu sans en faire une seule), elles sont très importantes pour gagner des points d’expérience, et surtout des armes monstrueusement puissantes. Seulement voilà, ces scoops envoyés via transmetteur sont nombreux, tellement qu’il est impossible de tous les faire lors de la première partie. Il va donc falloir faire des choix, et les bons, éviter par exemple d’aller à l’autre bout du mall alors qu’il ne reste qu’une petite demi-heure avant qu’un cas ne se déclenche.

Pour faciliter un peu les choses, une carte est disponible à tout moment, ainsi qu’une option qui permet de choisir sa quête principale, ce qui a pour effet d’ajouter un marqueur sur la map ainsi qu’une flèche en haut de l’écran indiquant le chemin à suivre (et donc l’estimation du temps à perdre) pour accomplir l’objectif. Il s’agit souvent de sauver quelques civils, que ce soit d’un dangereux psychopathe ou de centaines de zombies. Des escortes qui ne se feront pas sans accrocs, tant l’intelligence artificielle des pauvres bougres peine à faire face aux hordes de macchabées. Ce n’est pas non plus la possibilité bienvenue de leur donner des armes et des provisions qui arrange quoi que ce soit. Les porter devient rapidement la plus sûre des solutions, encore faut-il pouvoir le faire pour tous… d’autant plus que le chemin qui mène à la salle de sécurité est long, très long, et que les zombies apparaissent toujours en surnombre dans l’unique ascenseur qui y mène. Le plus rageant c’est qu’il est très facile de blesser ses camarades en essayant de les défendre. L’hystérie générale et l’unique bouton d’action (qui sert à ramasser, activer, ouvrir) ne font pas bon ménage parfois, et il n’est pas rare de ramasser un pauvre bras amputé alors que l’on veut actionner tel interrupteur, pendant que les zombies se font un plaisir de nous encercler pour nous dévorer. Les divers boss du jeu, assez nombreux, sont de véritables plaies à abattre avec des armes conventionnelles. Ils se révèlent bizarrement extrêmement simplistes à descendre dès que l’on s’équipe de la magnifique tronçonneuse. Sans elle, le combat rimera souvent avec écran de fin de partie.

Lors d’un game over, le joueur a alors le choix de charger son ancienne sauvegarde ou de recommencer le jeu en gardant ses points d’expérience acquis. Dans l’optique de faire monter encore d’un cran la pression, les développeurs ont jugé bon de ne placer que très peu de points de sauvegarde. Matérialisés sous la forme d’espaces de repos ou de toilettes, ces checkpoints tant recherchés ont un effet à double, voire triple, tranchant. Bien sûr, cela permet de sauvegarder sa progression et donc de souffler un peu. Seulement, cela fait aussi perdre du temps. Et le temps, dans Dead Rising, c’est bien plus que de l’argent. Ensuite, il est important de savoir qu’il n’y a qu’un seul et unique fichier de sauvegarde. Mieux vaut donc être prudent et ne sauvegarder que lorsque l’on est persuadé que l’on n’a pas fait d’erreur avant l’arrivée du prochain CAS, sinon c’est le rendez-vous à la case départ assuré.

«This man, I mean, that meat…»

Car l’une des grandes forces de Dead Rising, en plus de la tension constante, réside dans le délicieux sentiment de liberté que l’on y ressent. Pourtant enfermé dans cette prison géante qu’est le centre commercial, on erre avec délectation en visitant les boutiques pour changer de vêtements, de coupe de cheveux ou encore d’armes. Difficile aussi d’expliquer le malin plaisir que l’on a à choisir méticuleusement ses objectifs, comme si l’on avait ce sentiment d’être l’unique espoir pour certains, de décider de qui doit vivre ou mourir (puis revivre). Surtout que Dead Rising, qui fait la part belle aux choix, ne ménage pas non plus les sentiments des joueurs. On passe du rire aux larmes dans ce génial fourre-tout décalé. Entre répliques délicieuses (mention spéciale au jeu d’acteur magistral) et climat oppressant, mises à mort tantôt drôlissimes, tantôt tonitruantes, le côté trash qui atteint ici son paroxysme flirte avec le spectaculaire. La mention «-18″ de la jaquette n’est clairement pas ici pour faire joli. Jamais jeu n’a été aussi violent, et ce n’est rien de le dire. Les corps découpés restent au sol dans des gerbes de sang affolantes et les innocents civils meurent parfois de façon véritablement ignoble. Mais la palme de la monstruosité vient des scènes accompagnant le décès des boss. Impressionnantes de cruauté, elles laissent le grand perdant rendre l’âme dans des souffrances abominables. Véritable catharsis à bien des égards, le gore dans Dead Rising fait sourire mais appuie un scénario pas si bêta que cela. Dans cet univers où la survie prime, où l’instinct bestial prend souvent le dessus, rien n’est trop manichéen. Les zombies, méchants par nature, paraissent souvent plus sympathiques que les malades mentaux humains, délibérément cruels, que l’on rencontre dans le centre. Le personnage principal lui-même n’est pas sans reproche. Là où un Ryu Hayabusa aurait foncé tête baissée dans le tas pour sauver un civil, Frank, lui, préfère sortir son appareil photo pour prendre le cliché le plus traumatisant.

Un jeu également réservé aux plus grands tant il peut être éprouvant pour les nerfs à cause de sa difficulté. Son rythme effréné oblige le joueur à ne pas s’attarder dans les rayons, quitte à ne pas se refaire une santé pour respecter les délais intransigeants des CAS. Rien d’insurmontable lorsque l’on sait gérer son temps, mais la pression est là. Côté défauts, on note quelques gros ralentissements inexplicables vers la fin de l’aventure, ainsi que quelques zombies pop-up qui font tache. On regrette également l’absence d’un mode multijoueurs, et le transmetteur lourdingue qui sonne toujours au mauvais moment, handicapant dès que l’on y répond. Heureux seront les possesseurs de TVHD, tant le jeu gagne en finesse mais aussi en lisibilité. En effet, les textes sur téléviseurs cathodiques bavent en plus d’être minuscules. Une belle tare qui fait monter la grogne. Reste que malgré toutes ces petites imperfections, Dead Rising assure et prouve même qu’une nouvelle licence, avec un gameplay original pour un jeu de ce genre, peut encore plaire et bien se vendre aujourd’hui.

8/10
Dead Rising est un jeu définitivement culte bourré de références et de scènes exceptionnelles qui resteront gravées dans les mémoires. Grâce à sa mise en scène ravageuse, alliée à un rythme survitaminé, le soft de Capcom joue avec nos nerfs et déjoue les attentes. Finalement plutôt long alors que nous le pensions trop court, exigeant dans son gameplay alors que nous le jurions bêtement bourrin, il impressionne sur bien des points. Ses rebondissements géniaux, ses multiples secrets et sa profondeur insoupçonnée ne donnent qu'une envie une fois l'aventure terminée : recommencer pour réussir d'autres objectifs ou flâner dans le centre commercial grâce aux modes débloqués pour continuer le massacre et remporter les succès. Un must-have, tout simplement.

+

  • Spectaculaire
  • Trash comme jamais
  • Excellent jeu d'acteur pour un scénario riche en rebondissements
  • Graphiquement réussi
  • Rythme effréné

-

    • Un jeu de cette trempe est toujours trop court
    • Soucis techniques minimes
    • Pas de mode multijoueurs
    • Trop dur pour certains ?
    • Problèmes d'intelligence artificielle