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Deadliest Catch: The Game

Simulation | Edité par Ultimate Games | Développé par 4Fishing

3/10
One : 28 juin 2023 Series X/S : 28 juin 2023
10.07.2023 à 18h42 par - Rédacteur

Test : Deadliest Catch: The Game sur Xbox Series X|S

Le cousin du homard m’a tuer

Les programmes télévisés mettant à l’honneur les travailleurs de l’extrême jouissent encore aujourd’hui d’une belle popularité. Les pêcheurs de crabe du terrifiant détroit de Béring ont d’ailleurs leur émission, Deadliest Catch. De quoi motiver sans détour l’éditeur Ultimate Games, spécialisé dans le simulator, à nous en proposer l’adaptation vidéoludique. Tin-tin-tin !

Dans le détroit de Béring qui sépare l’Alaska de la Sibérie extrême-orientale, l’automne est synonyme de pêche aux crabes. Les navires défient une mer parfois déchaînée, une nature aussi hostile que sublime, avec l’espoir de ramener à Dutch Harbor les plus beaux spécimens de crabes. Cette âpre bataille fait l’objet depuis longtemps déjà d’un show télévisé proposé par Discovery Channel. Vous connaissez la musique : on suit des hommes, des vrais, qui n’hésitent pas à poser le paquet sur la table pourvu qu’ils obtiennent une pêche plus importante que celle de leur voisin. On a tous en tête le timbre de voix particulier du doubleur français qui nous explique, gros plans multipliés à l’envie, que « la corde du treuil de Bob pourrait lâcher à tout moment, réduisant à néant des mois de préparation ». 45 minutes de tension plus tard, Bob rentre au port tranquillement avec de quoi se foutre de la gueule des concurrents. Avant que l’épisode suivant n’inverse les rôles. Bref, c’est une ambiance particulière que l’on retrouve dans à peu près tout ce qui est nommé en français « machins de l’extrême ». Une ambiance absolument absente du jeu.

Deadliest Catch: The Game reprend certes l’idée d’une compétition entre pêcheurs de crabes mais exclue totalement quelconque mise en scène. On est dans un simulator pur et dur. Chaque saison a une durée limitée (paramétrable dans les options) à l’issue de laquelle celui du joueur ou de l’IA qui a obtenu la meilleure pêche est proclamé vainqueur. Pour le reste, rien ne suggère vraiment que l’on est dans l’adaptation d’un programme TV à sensation. Le mode carrière nous invite à nommer notre capitaine et notre navire, avec quelques options de police pour personnaliser l’affichage sur la coque. Deadliest Catch: The Game propose -seulement- deux types de navires aux caractéristiques identiques, le choix entre un ou l’autre ne repose que sur des critères esthétiques. Un tutoriel assez bien fourni nous permet de nous familiariser avec les mécaniques de jeu, séparables en deux braches : la gestion du navire et des finances d’un côté, les opérations de pêche de l’autre.

deadliest catch test 1

Les bases de la gestion sont très simples. On débute avec un fonds de roulement plutôt confortable qui nous permet d’acquérir les objets indispensables à l’activité : cages, crochets, bouées, appâts et outils de réparation. On reconnait sous un nom d’emprunt le légendaire WD40, solution à tous les problèmes qui permet ici de contrer l’usure du matériel de pêche directement en mer. Le pécule, renouvelé tout simplement en revendant le fruit des nombreuses pêches à venir, est utilisé également pour acheter des améliorations du bateau (vitesse de déplacement accrue, meilleure résistance aux dégâts causés par les tempêtes par exemple) et des bonus pour le personnage. On peut ainsi réduire le coût d’achat des objets, faciliter certaines opérations à bord comme le tri ou encore débloquer de quoi employer un à quatre moussaillons (gérés par l’IA) pour nous épauler.

Les préparatifs complétés et le plein de carburant fait, on se jette à l’eau. La première étape consiste à choisir la zone où pêcher. Comme nous l’explique assez bien le tutoriel, les crabes se trouvent essentiellement dans les zones cumulant température, profondeur et type de sol précis. On balaye donc la carte à la recherche de la zone cumulant au mieux les bonnes conditions, et on lance un voyage rapide. C’est l’occasion d’apprécier la grande rapidité des temps de chargement, du reste sur Xbox Series où nous avons testé le jeu. Une fois sur les lieux, la mécanique à suivre est toujours la même : charger la cage à l’aide de la grue, placer la bouée et l’appât, refermer le tout et envoyer à l’eau. Au bout de quelques temps, on peut remonter la cage à l’aide du crochet et du treuil. L’opération est à répéter pour autant de cages dont on dispose. L’idéal est d’en placer à divers endroits de la carte pour maximiser les rendements et dans le même temps, permettre au temps de passer rapidement (les voyages rapides demandent du temps et consomment du carburant). Notons qu’il est également possible de simplement faire avancer le temps, sans bouger de là où l’on se trouve.

deadliest catch test 2

Le contenu de la pêche remonté, on déballe tout sur la table de tri. On met de côté les petits poissons qui peuvent être broyés et transformés en appât, tandis que l’on s’attelle à trier les crabes. En les prenant en main et en les faisant pivoter, le jeu nous indique si le crabe est de bonne taille et s’il est mâle ou femelle (on ne peut pêcher les femelles). Les bons spécimens sont ensuite stockés dans la cale, tandis que les non-conformes peuvent être renvoyés à la mer. Gare à celui qui voudrait gruger les règles car l’amende n’est jamais très loin ! Dès lors que l’on juge avoir pêché ce qu’il faut, retour au port via un nouveau voyage rapide pour vendre le tout, renouveler une partie du matériel, éventuellement acheter des améliorations. Et c’est reparti pour une nouvelle séance de pêche. Ainsi va Deadliest Catch: The Game. On rencontre de temps en temps une tempête qui vient contrarier les opérations mais à part ça, tout se déroule comme une traversé dans la Méditerranée en août. Calmement. Et si vous vous demandez si l’on peut prendre concrètement la barre du navire, la réponse est oui et non. On a certes la possibilité d’accéder au poste de commandement pour faire avancer ou reculer le navire (principalement pour le placer comme il faut lors des tempêtes), et c’est à peu près tout. On ne peut pas quitter le port manuellement, par exemple. Libre au joueur de se déplacer d’un point à un autre en contrôlant le navire une fois en haute mer ; mais il y a fort à parier qu’il laisser tomber en moins de deux minutes.

Une chose est sûre, Deadliest Catch: The Game n’invite clairement pas à la navigation. Non seulement parce qu’il n’est pas pensé pour, mais surtout parce qu’il ne brille clairement pas pour son esthétisme. C’est un simulator qui se contente du strict minimum côté graphismes, au point de n’offrir aucun plaisir lié à la découverte. Tout est plat, terne. La palme de la tristesse revient d’ailleurs au port d’attache, laid, mort (il n’y a même pas deux PNJ pour meubler), dans lequel on marche lentement pour rejoindre les divers hangars : revente, boutique, améliorations, paiement des amendes et recrutement du personnel. Bref, un simple menu aurait largement pu remplacer cette morne zone sans intérêt. Quand s’ajoute à la laideur la lourdeur extrême de certaines opérations comme le contrôle de la grue ou l’assignation des tâches aux employés (ça marche rarement du premier coup), puis quelques petits bugs comme le personnage qui bouge en même temps que l’on utilise le menu, le mal de mer s’installe. Rien n’empêche dans l’absolu Deadliest Catch: The Game d’être jouable, mais il faut avouer que l’on a du mal à résister longtemps à des mécaniques à la fois limitées et mal foutues. Tout est trop limité, lourd, fatalement répétitif. Et vraiment pas très joli. On se console tout de même avec des environnements sonores soignés (notamment durant les tempêtes) et des textes intégralement traduits en français.

3/10
Être un jeu qui propose de pêcher le crabe dans le détroit de Béring est déjà en soi une proposition très particulière. Mais pourquoi pas. Certains des meilleurs simulators sont ceux qui ont choisi l’hyperspécialisation pour en tirer le maximum de bonnes choses. Ce n’est malheureusement pas le cas de Deadliest Catch: The Game qui souffre de mécaniques trop limitées et d’une réalisation bien peu inspirée. Une fois la curiosité assouvie il ne reste pas grand-chose pour motiver le joueur, à moins qu’il ne soit éperdument passionné par le tri des crabes. Et encore, il n’est pas dit que cela suffise à l’occuper plus d’une poignée d’heures. Tabarly, Pajeot, Kersauzon et Riguidel naviguent pas sur des cageots, ni sur des poubelles.

+

  • Environnement sonore bon
  • Les amateurs de crabes ont leur jeu
  • Un point pour l’originalité

-

    • Réalisation low cost
    • Mécaniques de jeu très vite limitées…
    • … Et donc répétitives
    • Lourdeur générale des commandes
    • Des petits bugs un peu partout
    • On cherche le vrai rapport avec l’émission TV

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