Jeux

Def Jam : Icon

Combat | Edité par Electronic Arts | Développé par EA Chicago

8/10
360 : 22 mars 2007
21.03.2007 à 00h26 par |Source : www.xbox-mag.net

Test : Def Jam : Icon sur Xbox 360

“… When shit get thick, niggaz start dyin / Bodies pop up in dumpsters, mothers start cryin / Payback come through violent, nigga / We hit blocks, bust shots, leave ya whole block silent …” Dans la famille des jeux de combat, je demande le bad boy, celui qui ne plait pas, celui qu’on évite pour un routinier Virtua Fighter ou un insipide DOA. Def Jam Icon est dehors pour sa première sortie Next Gen et pour des raisons parfois abracadabrantes, il se retrouve sous le feu des critiques. Sauf que le feu, c’est Def Jam Icon qui le met mec, et plus on l’attise, plus il se répand.

Label des chants

Au menu du jeu (visuellement fort sympathique d’ailleurs), plusieurs modes pointent le bout de leurs dents dorées (combattre, mixtape, entraînement, création de perso, etc.) mais le gros morceau, c’est la possibilité de monter son label et de le gérer. Signer des rappeurs, faire du pognon, se battre et gérer sa petite affaire, voilà ce qui vous attend. Un petit plus sympathique cet aspect management, mais attention c’est de la gestion ultra soft, qui ajoute du piment au scénario de base, plutôt cliché, prévisible et par trop dégoulinant de valeurs que l’on aime pas forcément dans ce milieu (machisme, argent, argent, argent). Vous ferez tout ça à partir de votre crib, votre petit chez vous, en vérifiant vos emails et vos messages téléphoniques incluant d’ailleurs pas mal de voix originales. Les cinématiques sont pas mal faites, et c’est toujours fun de voir son personnage jouer un rôle dedans. La personnalisation est riche (avec un puissant facemaker à la Tiger Woods) et vous allez passer du temps à choisir vos fringues, tatoos et accessoires, sublimés par la réalisation graphique du personnage. Pas d’attributions de points par contre sur le perso créé mais plutôt un choix de style de combat que vous pourrez faire évoluer par la suite. Retenez bien le visage de votre combattant car, comme un Fight Night 3, le HUD est désactivé et il faudra observer l’attitude et les dégradations visuelles sur votre joueur pour deviner si ça sent le sapin ou pas.

Un jeu dans un concept ou inversement

Le gameplay a changé, ce n’est plus le même jeu et ceux qui adoraient les soumissions et les états de frénésie du volet précédent seront déçus. Pourtant objectivement, et malgré les commentaires d’autres testeurs pro ou assimilés, le gameplay est bien neuf et présage du meilleur pour la suite de la série. Je m’explique : Def Jam Icon s’assume enfin. C’est un jeu pour les fans de street fight, de fringues, de groove, d’attitude et de son. Car Icon est un soft qui a du style point barre. C’est un concept plus qu’un jeu,qui va séduire les connaisseurs et clairement rebuter les autres. Def Jam FFNY était un excellent jeu, acclamé, mettant en scène plus de stars avec plus de contenu et plus de plus, mais un jeu consensuel un peu monotone passé la moitié. C’était facile de bien noter ce titre qui rassemblait des joueurs aux profils différents. Mais ça restait un jeu de baston dans lequel des rappeurs faisaient du kung-fu, de la lutte, de la boxe thaï, du catch …et pourquoi pas du yoga aussi ? Icon pousse le trip plus loin, il recentre bien le jeu sur son univers de référence et je vous parie une nuit avec Marthe Villalonga queIcon va voir les vrais amateurs resserrer les rangs autour de lui et les curieux fuir cette recette hip hop/rap/gangsta/fight, alors qu’ils y avaient goûté avant.

Pourquoi ? Parce que Icon ne fait pas de compromis dans son aspect, sa vision, et il faut aimer l’univers pour aimer le jeu alors qu’auparavant il suffisait d’aimer les jeux de fight pour se taper Def Jam FFNY. Le combat est plus urbain, moins figé, moins automatique, moins cliché. Tourne autour de The Game, balance lui une mandale, contre son kick, agrippe-le et envoie-le sur le SUV en arrière-plan tout en balançant le son. Franchement cool, ça pulse, c’est rafraîchissant et ça se fait avec beaucoup de groove. Les concepteurs ont procédé à une mutation du gameplay, combinant touches et sticks, plus organique, plus fun, plus stylée. Il suffit juste de comprendre le concept des attaques hautes et basses, qui varient selon le style choisi. Le stick droit est l’arme fatale qui vous servira pour bon nombre de tricks à la platine et au combat, c’est la même équipe qui avait produit Fight Night 3, et ça se sent. Mais la vraie prise de risque d’EA Chicago a été de faire de la musique un élément de gameplay. Le défaut ? Il vous faut connaître (et donc aimer) les morceaux. L’avantage ? Trop puissant car au-delà du combat rudimentaire, plomber votre adversaire sur un temps fort du morceau donne toute sa saveur au jeu, gérer le rythme du combat sur celui de la musique est une option reservée aux fans, car vous pouvez faire vos combats sans tenir compte du son,mais claquer un scratch en faisant sauter les enceintes sur un temps fort c’est la classe, et c’est ce qui fera la différence entre le combattant lambda et le fighter stylé. Vous déclenchez tout ça via la gâchette gauche et en passant une séquence aux sticks, vraiment ergonomique et intuitif. Passez un Song Switching et vous récupérez le morceau de l’adversaire, vous procurant un boost d’énergie. Réussissez un Scratching et vous dévasterez une partie de la scène. Le son est à la base de ce jeu et envahi même les décors qui réagissent aux vibes, encore une fois, un choix artistique excellent qui ravira graphistes et joueurs ouverts au style, mais qui provoquera une allergie génitale chez les autres.

The Game en chaîne et en or

Le jeu envoie du son et des graphismes, c’est une grande gueule bien fringuée. C’est très beau, et les modèles des rappeurs sont superbes, bougent bien et les animations des coups et autres saisies sont au poil pour la plupart. Un bémol sur la vitesse de jeu, assez lente et potentiellement frustrante pour les habitués de Tekken ou DOA. Le jeu ne propose pas autant de grosses figures médiatiques du rap comme le faisait Def Jam FFNY, mais le line-up est plus que correct, plus hardcore, ça fait moins MTV débarque dans un jeu vidéo et ce n’est pas plus mal. Les décors sont de petits chefs d’œuvre malheureusement en nombre restreint. Mais les niveaux existants sont vraiment classes, et mis à part une saturation globale de couleurs qui pourraient parfois agacer certains, c’est du très très bon boulot. Détaillés, avec plein de petites interactions à découvrir pour humilier son adversaire, colorés, variés, c’est un plaisir de se mettre dessus dans des endroits pareils. LA B.O dépote, avec de gros morceaux, non censurés en plus, et est évidemment dans le style Hip Hop/Rap. Exclusivité de la 360, vous pouvez remplacer le morceau de votre fighter par un mp3 de vote HDD. C’est assez étonnant de se taper sur un son différent et le décalage peut-être brillant. Passer un scratch sur du Meshuggah ou du Wagner est carrément excitant. Je me suis fait un trip avec Assassin … divin.

Quelques erreurs sont au programme cela dit. Le rythme assez lent du jeu qui peut gaver. Les imperfections du gameplay aussi, qui peut se résumer à attraper l’adversaire et le projeter dans les décors pour l’assommer d’un trick à la platine. Les séquence des coups fatals du volet précédent avaient leurs charmes et sont ici remplacées en quelques sorte par les contrôles DJ. Certains aimeront d’autres regretteront, mais c’est un point discutable et on aurait aimé avoir un mouvement finisher en plus dans Icon. Un tutorial aurait aussi vraiment été le bienvenu, car entre les interactions entre joueurs, à la platine et contre l’environnement, certains gamers vont être perdu et passer à côté du jeu. Ce n’est pas très long non plus, mais l’expérience vaut le coup. Le online aurait pu proposer plus que des one-on-one classés en gros, c’est sympa de se foutre dessus avec un inconnu, mais trop vite expédié. Avoir un Build your Label en ligne avec des combats et un calendrier à partager avec un ami aurait été sympa.

La facilité avec Def Jam Icon serait de lui mettre une note pour le sanctionner de ne pas être la suite qu’il aurait du être. Or Icon n’est pas une suite, mais un nouveau jeu et je préfère lui attribuer une note pour ce qu’il est. Car ce titre ne manque pas le virage Next Gen. Il a beaucoup de style, est graphiquement léché, construit les bases d’un nouveau gameplay et le résultat est sans appel : si ça te plait, tu fais partie du club, si t’aimes pas, prends la porte. Def Jam Icon fait son truc envers et contre tous, à bon entendeur.

+

  • Réalisation au poil
  • Un style sans compromis ...
  • Les contrôles au stick
  • L'audio bien puissant

-

    • ... qui pourrait en rebuter
    • Durée de vie assez courte
    • Manque quelques trucs
    • Combats parfois lents