Test : Deus Ex : Human Revolution sur Xbox 360
Deus Ex in the Machina
En bon univers cyberpunk, le monde de Deus Ex se situe dans un futur pas si lointain où la technologie permet aux humains de se transcender. Pour Adam Jensen et ses contemporains, il s’agit d’augmentations. Evidemment, tout ne se passe jamais comme prévu, et des groupuscules anti-augmentation se forment aux quatre coins du globe. Forcement, lorsque ces augmentations obligent les utilisateurs à ingurgiter une drogue pour éviter tout rejet, on se fait des ennemis. Vous incarnez donc Adam Jensen, chef de la sécurité d’une des plus grosses sociétés d’augmentation au monde : Sarif Industries. Les événements commencent lorsque votre petite amie s’apprête à dévoiler au monde une découverte qui va révolutionner cette industrie… A partir de là, s’en suit une aventure pleine de rebondissements. Fidèle à ses origines, Deus Ex : Human Revolution base son synopsis sur de grosses conspirations, et des situations plus complexes qu’il n’y parait. D’ailleurs, en marge de l’histoire principale et des dialogues que vous serez amené à effectuer, l’univers sera développé dans bon nombre de documents et d’emails à lire durant votre périple. Il faut dire que pour immerger le joueur dans leur monde, l’équipe d’Eidos Montreal n’a pas chaumé.
Grosse production oblige (rappelons que le jeu est en développement depuis plusieurs années), le studio a effectué un travail titanesque sur le background. Les développeurs ont effectué nombre de recherche sur le domaine du trans-humanisme, de manière à ce que le tout reste cohérent. Ils ont aussi effectué une belle revue de ce que proposaient les précédents titres de la série, et ont su s’en imprégner avec brio. Enfin, le travail de direction artistique du jeu est tout simplement bluffant. Mais voilà, concevoir un monde crédible est une chose, le faire vivre en est une autre. Heureusement, ils ont su assembler les pièces du puzzle et insuffler de la vie à tout ça. La mise en scène est ainsi relativement soignée, même si on regrettera un aspect « pantins » des personnages durant les conversations, phénomène amplifié par une synchronisation labiale aux fraises. Le doublage français en rajoute évidemment une couche, même s’il à le mérite d’exister et d’être relativement correct. Dommage pour les fans de VO, Le jeu ne propose aucune option pour avoir les dialogues originaux avec les sous-titres en français. Enfin, il serait criminel de ne pas mentionner la bande musicale du titre qui est un petit régal pour les oreilles.
Je ne sais que choisir
Manette en main, Deus Ex, sous couvert d’un simple FPS mise tout de même sur la possibilité d’opter pour différentes approches. Ainsi, dans bon nombre de situations, il sera possible de tuer tout le monde, de contourner le danger ou encore de dialoguer. Toutefois ces différentes approches sont avant tout guidées par vos choix d’augmentation qui ouvrent souvent de nouvelles possibilités. De plus, selon le contexte, certaines options s’imposent clairement. Au final, si le marketing du jeu nous promet un choix conséquent, le jeu reste plutôt linéaire. Par exemple, si une mission nous impose d’entrer dans un bâtiment pour effectuer une tache, vous aurez plusieurs entrées possibles dans ce lieu, mais une fois sur place l’objectif restera le même avec peu de possibilités. Gros symptômes de cette fausse liberté, la rencontre obligatoire avec des boss de fins de chapitre qui ont tendance à nous rappeler que nous sommes dans un jeu vidéo, de quoi briser quelque peu l’immersion. Ces derniers passages nous obligent ainsi à les tuer en utilisant la manière forte, ce qui – pour un joueur voulant tenter l’infiltration à tout prix – est plutôt frustrant. Cela serait anecdotique si les armes à feu étaient un facteur important du jeu ; or dans Deus Ex, tout est fait pour inciter à rester discret.
Manifestement, l’infiltration récompense le joueur. Si en soit, on peut s’en réjouir, cela implique que tous les autres aspects du jeu sont dévalorisés, et donc n’incitent pas le joueur à les utiliser. Infiltrer sert ainsi (outre la possibilité de déverrouiller des succès spécifiques), à glaner plus d’expérience, mais en plus à découvrir des chemins alternatifs, souvent emplis d’objets intéressants à ramasser. Bien sur, il reste possible de tenter l’approche à la Rambo, mais à quoi bon quand on sait que cela pénalise la progression du joueur ? A se défouler un brin ? Peut-être, si ce n’est que le moteur de jeu n’est pas vraiment conçu pour cela. De toute manière, cette approche aura vite fait de se terminer par un Game Over, vu la médiocre capacité d’Adam à encaisser les balles. Même dans l’action, il conviendra de rester sans cesse à couvert (on notera d’ailleurs que le passage de la vue subjective à la vue à la troisième personne lors des couvertures n’est pas toujours bien pratique). Vu que l’infiltration est décidément au cœur du jeu, il serait donc normal qu’elle soit jouissive. Or, le résultat final est plutôt mitigé. Globalement, le jeu s’inspire énormément de Batman Arkam Asylum dans l’approche, mais en beaucoup moins maitrisé et réussi. Déjà, les niveaux manquent souvent de verticalité, mais surtout une composante du jeu est particulièrement frustrante : les batteries. Ainsi, lorsque Adam utilise ses augmentations, ses batteries se vident, et il doit ensuite attendre qu’elles se rechargent. Or, assommer un simple garde par derrière consomme de cette énergie. Il en résulte de longs temps d’attente frustrants entre chaque garde assommé.
N’est pas RPG qui veux
Un peu fourre-tout, Deus Ex ne compte heureusement pas uniquement sur le jeu de cache-cache comme expérience de jeu. Fidèle à ses origines, le jeu dispose ainsi d’une approche « jeu de rôle » pas désagréable, bien que trop survolée. Si Adam ne s’encombrera pas de caractéristiques propres à ce genre, il garde tout de même la possibilité de gagner de l’expérience, ce qui se traduira en jeu par des améliorations flambant neuves, que le joueur devra choisir dans une mini arborescence. Deus Ex joue la carte de l’accessibilité, et ne peut véritablement pas se faire taxer d’ambitieux. Cette simplicité se retrouve dans d’autres aspects du jeu comme les dialogues, la structure du jeu, l’exploration, et même la gestion de l’inventaire. Coté inventaire le jeu ne s’en sort pas si mal, avec de faux airs de hack’and’slash, mais reste sous exploité. On aurait aimé que l’option de combiner des objets serve un peu plus que pour ajouter une amélioration à une arme. Le constat est déjà plus gênant concernant la structure du jeu, qui reste ultra linéaire. Outre l’impossibilité de naviguer entre les différentes villes à volonté et le chapitrage de la progression, on retiendra surtout le faible nombre de missions et que la réussite ou l’échec de ces dernières n’entrainent aucune conséquence sur le reste de l’aventure. Il faut dire qu’après des jeux comme Alpha Protocol ou Fallout New Vegas, les joueurs sont en droit de demander un peu plus que ce que propose Deus Ex. Autre point noir : les dialogues sont eux aussi réduits au strict minimum. Au mieux ils provoqueront de petites variantes sur la quête en cours, mais aucune modification en profondeur de l’expérience de jeu. Dommage, vu la qualité de l’écriture des dialogues, surtout qu’un effort a été fait avec l’incorporation d’une fonction permettant de jouer avec les phéromones des interlocuteurs pour mieux contrôler le débat.
Il est clair que l’amateur de RPG risque fort d’être déçu s’il attend Deus Ex sur ce plan là. Mais après tout, pour une bonne frange des joueurs, ce ne seront que des détails. Il sera par contre plus difficile de passer outre certains détails plus techniques. En première ligne : les temps de chargement qui pourraient faire pâlir de jalousie ceux de Duke Nukem Forever. Si les chargements ne se ressentent qu’aux changements de zones et lors des décès, ils deviennent rapidement frustrants lors des quêtes Fedex de Shanghai qui imposent de naviguer entre deux zones. Autre point délicat dans ce jeu : l’IA des ennemis assez aléatoire. Par exemple, il leur arrivera de vous repérer à cinq cent mètres parce qu’un bout de tête dépasse d’une vitre, alors qu’ils ne réagiront pas lorsque vous ouvrirez une lourde grille d’aération bien bruyante sous leur nez. D’ailleurs ces gaines d’aérations seront vos meilleurs alliés dans ce jeu, car, il suffira de s’y retrancher pour être à l’abri des ennemis, et pour attendre que ces derniers vous oublient purement et simplement. En outre, le jeu manque clairement d’équilibrage. Il suffit de voir la puissance de l’amélioration typhoon lors d’un combat de boss pour s’en rendre compte. Heureusement, tout n’est pas mal fichu dans ce Deus Ex, et le jeu reste très propre graphiquement (merci la direction artistique) tout en restant jouable si on excepte les quelques ratés lors de la couverture. Au final on retiendra quelques moments de bravoure – comme les séquences de piratages originales et bien pensées – et tout simplement la capacité du titre à nous captiver malgré ses défauts durant la vingtaine d’heure nécéssaire pour vivre les aventures d’Adam. .
+
- Univers recherché et cohérent
- Séquences de piratage originales
- Durée de vie respectable
- Ecriture de qualité
- Direction artistique excellente
-
- Temps de chargement abominables
- Finalement très linéaire
- Combats de boss qui n’ont rien à faire là
- Gros déséquilibre des améliorations
- Villes rikiki
- Synchronisation labiale inexistante