Test : Divinity 2 The Dragon Knight Saga sur Xbox 360
Petit novice deviendra grand, très grand même
Un homme en armure s’avance sur le promontoire d’une cité volante, un guerrier aux yeux argentés tente de capturer un Dragon. Après une courte cinématique pour le moins énigmatique, vous devrez déterminer votre avatar humain via un menu et des options qui se limitent au strict minimum. C’est depuis un dirigeable que vous, jeune novice de l’Académie de l’Ordre des Chevaliers Draconis, débarquez à Brilleloin, un village fortifié où doit s’achever votre formation. Débute alors le prologue qui permet de se familiariser avec l’interface de l’inventaire, les rudiments du commerce et le système de dialogue. C’est aussi l’occasion de choisir entre trois voies principales : mage, guerrier ou ranger. Dans le jeu, cela n’aura pas vraiment d’interférence avec le développement de votre personnage puisque l’ensemble de l’arbre des compétences sera accessible sans restriction, quelque soit votre classe. Il vous sera ainsi possible de créer un guerrier spécialisé dans le maniement des armes, puis d’apprendre plus tard un sort de boule de feu, pour ensuite se spécialiser dans les invocations de démons et autres morts-vivants. L’armement lui-même ne sera jamais limité à une classe et vous n’aurez pas à posséder un score minimum de force pour porter les plus belles armures. Seul le niveau de votre personnage entrera en compte. Le ton est donc à la liberté de progression et de personnalisation, d’autant plus que vous pourrez même, au cours de l’aventure, réinitialiser à loisir vos points d’XP alloués pour totalement changer vos compétences et renouveler vos tactiques de combats.
Devenir un Draconis, c’est faire le vœu de dédier sa vie à la destruction des Chevaliers Dragons, eux-mêmes de très puissants guerriers capables de se transformer en Dragon (on s’en serait douté). C’est aussi acquérir de nombreux pouvoirs, dont la possibilité de voir les esprits des morts. Une capacité prometteuse, mais qui passe ensuite à la trappe pour n’avoir presque aucune utilité dans le jeu. Etrange ! Ce qui n’est pas le cas du don d’anticipation, un autre pouvoir acquis. Grâce à lui, vous aurez accès lors des dialogues à la possibilité de lire les pensées de votre interlocuteur. Si cela permet, par exemple, de faire réduire leurs tarifs aux marchands, ce pouvoir ouvre aussi de nouvelles options de dialogues et donnera souvent des indices pour la résolution des quêtes. Mais cet atout précieux à un coût en XP. Au début de l’aventure, vous pourrez cependant lire dans les pensées sans XP en votre possession, cela vous inflige alors une dette d’XP que les résolutions des quêtes, ou encore les combats, vont combler par la suite. Une logique d’évolution très particulière mais un investissement qui se révèle presque toujours payant. Précision importante, l’ensemble du jeu est en français et si l’on notera un certain manque de variété parmi les voix des doubleurs, ainsi qu’une certaine propension à sur-jouer, l’ensemble se révèle au niveau des grosses productions qui nous font la délicatesse d’être localisées.
Des donjons pour un Dragon
A peine le temps de se décider pour une classe plus qu’une autre que votre véritable aventure débute : un Dragon a été aperçu dans le Vallon Brisé. Arrivé au premier village, vous devez rester en retrait car votre formation de Draconis n’est pas encore terminée. Votre esprit, en particulier, est en cours de reconstruction. La moindre sortie en forêt se révélera dangereuse pour le jeune combattant que vous incarnez. En effet, il n’y a pas de level scaling dans Divinity 2. Les gobelins qui rôdent autour du village seront de rudes combattants pour le novice, qui devra donc se rabattre sur des quêtes pacifiques à l’intérieur de l’enceinte du village, comme résoudre les tracas anecdotiques des villageois. Vient ensuite le temps des premiers combats. Le titre dévoile alors une orientation très action, avec des affrontements dynamiques en temps réel, où l’on saute, donne des coups et esquive avec des roulades, mais où il est heureusement possible de faire pause à loisir. L’ergonomie de l’interface est bien pensée, la carte est accessible via le bouton back (on peut d’ailleurs naviguer entre des téléporteurs dès leur découverte) et surtout on peut désigner des raccourcis sur les boutons du pad ainsi que sur la croix directionnelle (compétences spéciales, potions etc.). Les premières heures dans Rivellon seront assez déconcertantes cependant puisque le joueur ne bénéficie d’aucune assistance à la résolution des quêtes. L’emplacement des trésors n’est jamais indiqué par une croix (Indiana Jones, si tu nous entends !) et si vous pouvez poser des balises sur la carte, le parcours n’est jamais fléché, bien au contraire. Tout juste un PNJ vous parlera-t-il d’une grotte qui se trouve près d’une cascade en continuant vers le Nord, sans plus de précisions. Un sentiment de liberté assez grisant mais aussi la possibilité de se perdre souvent. Ce qui est assez logique au final, puisque rappelons que vous n’êtes qu’un novice en cours de formation ! Au cours de ces premières quêtes, où l’on se familiarise avec le Vallon Brisé, on profite donc du paysage et de la qualité de la réalisation, de ses jeux de lumière, d’une palette de couleur bucolique et d’une animation enfin fluide.
L’aventure décolle brusquement après une rencontre inattendue avec la Seigneur Dragon, mortellement blessée, celle-là même pourchassée par vos collègues. Cette puissante guerrière décèle votre fragilité et transfère ses pouvoirs dans votre corps avant de mourir. Débute ainsi une cohabitation mentale et surtout la possibilité de se transformer en Dragon, pour une courte séquence de shoot aérien. Car il faudra encore résoudre de nombreuses quêtes pour enfin maîtriser la transformation « draconique » et ce n’est qu’alors que débutera une troisième partie du jeu pour le moins épique. Pour y parvenir, de nombreux donjons se dresseront sur votre route et mettront vos nerfs et vos neurones à rudes épreuves. Les énigmes seront parfois très corsées, en particulier parce qu’aucune aide ne sera disponible dans le jeu, mais aussi en de rares occasions à cause de séquences de plate-forme peu inspirées, voire carrément frustrantes. Un aspect intransigeant qui tranche avec l’accessibilité des combats (ou encore l’impossibilité de mourir en cas de chute) et qui risque d’en décourager certains. Restent les solutions disponibles sur le web, mais c’est assez dommage de se retrouver bloqué parce qu’une simple pierre foncée dans le mur se révèle être un bouton essentiel pour ouvrir une porte, un mécanisme à activer pour révéler une pièce cachée ! Une impression qui se renforce d’autant plus que les quêtes principales et secondaires sont habilement emmêlées, afin que le joueur ne puisse pas rusher vers la fin de l’histoire en moins de 40-50 heures (souvenez-vous, pas de level scalingici) ! Autre regret, alors qu’il est impossible de farmer puisque les créatures abattues ne reviennent pas, preuve que vos actions et leurs conséquences demeurent, vos choix n’affecteront presque jamais le scénario ou vos relations avec des PNJ (à part les commerçants). Pas de camp à choisir et, alors que les Draconis seront ensuite vos ennemis jurés, vous les rencontrerez et discuterez avec certains sans difficulté (à croire que personne n’est au courant de vos exploits !). Mais toute la saveur de Divinity 2 se déguste dans la durée, et parcourir ce monde persistant où se succèdent vallée verdoyante, ruines énigmatiques et temple ancestral majestueux, devient de plus en plus captivant.
Moi, Chevalier Dragon
Difficile d’évoquer tous les aspects de Divinity 2 sans trop gâcher le plaisir de la découverte du scénario. L’aventure se découpe en trois temps majeurs, l’arrivée dans le Vallon Brisé, la maîtrise de vos pouvoirs draconiques puis un troisième acte où, en pleine possession de vos moyens, vous allez parcourir une immense contrée pour affaiblir et même tenter de renvoyer ad patres votre grand adversaire, Damien le Damné (ça ne s’invente pas…). Depuis ses forteresses volantes (le type en armure de l’intro, c’est lui !), il compte envahir Rivellon et asservir sa population. Grâce à vos pouvoirs tout frais de Chevalier Dragon, vous représentez le plus grand espoir de votre contrée. D’autant plus que, pour partir en campagne, vous serez rejoint en cours de route par de nombreux serviteurs. Si les phases d’exploration et de combat vous laissent agir en loupsolitaire, l’acquisition d’une Tour de Guerre vous permettra ensuite d’être entouré de plusieurs serviteurs aux compétences précises et utiles. Pour en bénéficier, il vous suffira de vous téléporter jusqu’à votre tour et de solliciter les services de vos experts. L’enchanteur s’occupe des potions (concoctées via les ingrédients et formules découverts), l’entraîneur de vos compétences spéciales et le forgeron des enchantements d’armes. Vous pouvez, dans son atelier, ajouter des propriétés magiques à vos équipements moyennant des éléments naturels (or, rubis, etc.). Pour rassembler ces éléments, vous aurez à votre service trois hommes que vous pourrez dépêcher en mission avec un objectif précis, pendant que vous continuez de votre côté à pourfendre du gobelin, du squelette ou du soldat de l’Alliance ténébreuse. Précisons que si l’équipement peut être enchanté et désenchanté à foison, ou encore doté de Gemmes (inamovibles pour le coup), ici, il ne s’use pas ! Enfin, le nécromancien vous permet de diriger une créature, composée à partir des restes de vos ennemis. Cette création très puissante pourra, elle aussi, être spécialisée selon les bras, têtes et jambes assemblés.
Alors que les premières phases de Dragons sont des séquences de shoot un peu détachées du fil de votre exploration, une fois la Pierre Draconique en votre possession, elles seront implantées directement dans le jeu. Vous pourrez vous transformer quasiment partout, pour rejoindre en deux trois coups d’ailes un endroit, mais surtout survoler la vaste contrée des Fjords de Rivellon. Si les téléporteurs sont très pratiques pour éviter certains allers-retours fastidieux, le vol de Dragon est essentiel pour débusquer les lieux clés des différentes quêtes, ou encore trouver un PNJ perdu dans une caverne à flanc de montagne. Malgré de nombreux combats aériens, ne comptez pas sur cette forme pour « nettoyer » une zone avant atterrissage car, dès votre envol, les créatures terrestres disparaissent. A l’inverse, les machines de guerre vous harcèleront en tant que Dragon, mais ne vous visent pas si vous restez sous votre forme humaine. Une astuce qui permet de diriger une créature toute puissante sans dénaturer le jeu. Terminons ce tour d’horizon de Divinity 2 par son extension Flames of Vengeance qui est en fait une suite directe du scénario. Si vous n’aviez pas fait le premier Divinity 2 : ego draconis, vous poursuivrez le scénario en revenant à la citéd’Aleroth, alors que les vétérans pourront choisir de débuter leur aventure à partir de ce nouveau chapitre. Et si les précédents événements se sont déroulés dans de très vastes étendues, ce dernier acte se concentre sur la ville d’Aleroth, à peine visitée auparavant. L’aspect Dragon et exploration en prend un coup, mais c’est au profit d’une très bonne exploitation de l’anticipation et des dialogues. On se croirait presque dans un JDR policier, les enquêtes se succèdent et il va falloir être très organisé pour ne pas se perdre entre tous les témoignages. Cet épisode est en outre une concession à tous les amateurs de happy-end, car la « première » fin de Divinity 2 est particulièrement sombre et inspirée.Le genre dedénouement qui vous renvoie avec intelligence vers votre statut de joueur et de décisionnaire.
+
- Enfin une animation fluide !
- Les quêtes annexes des forteresses volantes
- Un monde ouvert totalement accessible (vol, nage etc.)
- Durée de vie mémorable
- Un excellent mix baston / exploration / anticipation
-
- Un bestiaire qui manque de spectaculaire
- Pas d’impact de vos décisions sur le scénario !
- On peut tourner en rond pendant longtemps
- Un character design trop fade