Jeux

Double Dragon Revive

beat'em up | Développé par Arc System Works

6/10
One : 23 October 2025 Series X/S : 23 October 2025
03.11.2025 à 10h16 par - Rédacteur

Test : Double Dragon Revive sur Xbox Series X|S

Chaussette sous Ken

Le duo iconique des années 80 ayant réussi l’amalgame de la puissance et d’un certain charme est de retour sur Xbox Series X|S. Avec Double Dragon Revive, l’éditeur Arc System Works entend redorer définitivement le blason de cette licence dont la véritable gloire est depuis longtemps cantonnée aux souvenirs nostalgiques des joueurs quarantenaires et plus. Double Dragon Gaiden avait entrepris un premier pas intéressant dans cette quête de résurrection ; il appartient désormais à Double Dragon Revive de porter fièrement son nom.

La franchise est aux mains d’Arc System Works depuis une bonne dizaine d’années et l’on attend depuis que ce studio, faiseur de jeux de baston de haute qualité s’il en est, use de son savoir-faire pour redonner à Double Dragon son éclat d’antan. Mais plutôt que de mettre les mains dans le cambouis, la société japonaise a choisi de confier le développement de Double Dragon Revive à son compatriote, Yuke’s. Si vous avez approché un jeu de catch au moins une fois dans votre vie, alors il y a de fortes chances que celui-ci ait été développé par le studio japonais puisque celui-ci en a produit des dizaines, depuis la première Playstation. Yuke’s modifie donc sa perspective avec Double Dragon Revive pour nous offrir un brawler comme on les aime : on avance, on frappe des punks à chien, on avance, on file quelques marrons à des cosplayers de Kiss, et ainsi de suite jusqu’à la fin des huit niveaux que compte le jeu.

L’aventure peut se vivre seule ou en duo, aussi bien en local qu’en ligne. Elle prend place dans un monde qui a connu la guerre nucléaire voilà quinze ans et qui peine à se reconstruire. La violence fait rage dans les rues, les puissants usent et abusent de leur pouvoir pour soumettre la population. Dans ce chaos ambiant, deux frères enquêtent sur d’étranges disparitions. Ils découvrent bientôt qu’un gang nommé Shadow Warriors est à l’origine de ces crimes ; ni une, ni deux, Billy et Jimmy Lee font parler la puissance de l’art martial Sosetsuken pour mettre un terme à cette infâmie. Double Dragon Revive nous livre ainsi sa petite histoire, sans prétention mais pas désagréable pour autant, au gré de cut-scenes ponctuant début et fin de chaque niveau. Des dessins figés qui mettent en avant principalement les personnages, alliés et ennemis, dont le design est dans l’ensemble plutôt réussi. L’hommage aux années 80-90 est sincère.

Double Dragon Revive 3

Du côté des personnages jouables, il y a donc Billy et Jimmy, le bleu et le rouge, frangins dans cette nouvelle histoire de Double Dragon. Un peu plus tard, on débloque Marian, fille du grand maître du Sosetsuken. Elle n’est plus une jeune femme en détresse mais bel et la bien la digne fille de son père, capable elle aussi d’enfiler les tatanes comme des perles. Un quatrième et dernier personnage devient jouable à partir de la moitié de l’aventure : il s’agit de Renzo, ninja certifié AOP. Si jouer avec Billy ou Jimmy offre une expérience assez similaire, notamment dans le rapport vitesse/puissance, Marian et Renzo apportent une grande vivacité aux combats. Jouer avec le ninja permet même de disposer d’attaques offrant une allonge plus importante, par l’usage des shuriken en fin de combo par exemple. Quel que soit le choix du combattant (modifiable simplement en cas de défaite), on découvre avec Double Dragon Revive un beat’em up qui progresse horizontalement, à l’ancienne, mais dans des environnements en 3D. On se retrouve ainsi à combattre dans toutes les directions, ce qui demande un petit temps d’adaptation avant de bien se repérer et d’apprécier les distances.

Chaque personnage dispose d’un combo rapide, d’une attaque puissante, d’une troisième qui balaye à 360° sur un faible périmètre et de variantes aériennes de tout cela. Il est possible d’esquiver, de bloquer, de courir et bien sûr d’agripper ses adversaires pour les rouer de coups ou les envoyer valser. Dans ces moments-là, il est intéressant de cibler les zones détourées en violet car si un adversaire atterrit dessus, cela déclenche un « gimmick » : le pauvre bougre finit dans une poubelle, électrocuté, traverse un pare-brise ou encore se retrouve écrasé par un tas de rondins de bois. Il y a des dizaines de variantes. Utiliser les gimmicks permet non seulement de faire de gros dégâts mais aussi de charger la jauge de « finishing blow », une attaque dévastatrice qui peut renverser une situation désespérée. D’autres actions comme l’esquive et les combos réussis chargent cette jauge. La palette de coups offerte par les personnages de Double Dragon Revive ne s’arrête pas là puisqu’il est possible de déclencher deux types d’attaques puissantes si l’ennemi est proche d’un mur, de prendre appui sur un même mur pour charger une puissante attaque depuis les airs ; enfin, placer un « critical hit » (moment d’ouverture chez un ennemi qui prépare une attaque spéciale) assure aussi des dégâts maximaux. Avec tout cela et la douzaine d’armes blanches à usage limité que l’on ramasse ici et là, Double Dragon Revive offre une palette de coups étonnamment riche pour un beat’em up.

Double Dragon Revive 2

Rien n’est cependant tout rouge ou tout bleu. Double Dragon Revive souffre de bien des défauts, à commencer par un certain manque de précision. On a parlé de la difficulté à apprécier parfois la perspective et il n’est donc pas rare de manquer sa direction, sans possibilité suffisamment réactive d’annuler son combo. L’ennemi ne rate donc pas l’occasion de nous punir. Il est par ailleurs parfois très difficile de comprendre comment placer un « critical hit » car ce qui marche avec les uns échoue avec les autres, sans que l’on ne sache vraiment pourquoi. Ces petits soucis de lecture et de précision éclatent au grand jour lors des quelques passages de plateforme imposés. Heureusement peu nombreux et pas trop punitifs, ils sont absolument imbuvables. Cela n’apporte rien, si ce n’est de nouvelles trouvailles en termes de jurons de la part du joueur. Plus généralement, il y a dans les commandes de Double Dragon Revive une drôle de sensation au regard du « poids » du personnage, à laquelle il faut s’habituer, mais qui ne devrait guère vous surprendre si vous avez joué à un jeu WWE signé Yuke’s : on retrouve exactement la même sensation que l’on avait en bougeant autour du ring.

C’est encore ailleurs que se situe le principal défaut de Double Dragon Revive. Sa difficulté est on ne peut plus inégale, quel que soit le degré sélectionné. Il faut rappeler que l’on évolue ici sans possibilité de récupérer des points de santé, en dehors de passages par les deux-trois points de contrôle qui ponctuent chaque niveau. Le reste du temps, il faut faire avec la barre d’énergie qui, bien que solide, souffre inévitablement de l’usure créée par les erreurs et les échecs. Aussi, lorsque l’on arrive face à un groupe d’ennemis bien gonflants ou un boss que l’on soupçonne aisément de dopage, il faut se préparer à lâcher quelques litres de sueur, d’autant que le plus difficile ne se situe pas forcément vers la fin du jeu. Double Dragon Revive jongle avec des combats de boss soit trop faciles, soit excessivement tendus. Mention spéciale au boss de fin qui est une horreur absolue et face à qui l’issue tient moins du talent que du malentendu. Cette difficulté trop inégale, on la retrouve d’ailleurs dans le mode défi proposé en marge du mode principal. Si vous trouvez toutefois la patience de les compléter, vous pourrez ainsi débloquer des petits bonus sur l’univers de Double Dragon.

Double Dragon Revive 1

Double Dragon Revive se traverse en un petit peu plus d’une heure, ce qui correspond à une durée traditionnelle pour ce genre de jeu. L’envie de le faire et de le refaire dépend des envies et attentes de chacun, car en dehors des quelques défis précédemment évoqués et de la possibilité de tenter la coopération en ligne, Double Dragon Revive n’offre rien de plus. À chacun donc de juger s’il a à cœur de passer beaucoup de temps à arpenter un jeu aux décors qui sont comme la difficulté, très inégaux. Il y a quelques zones plutôt sympathiques à regarder, comme certaines sections du Casino, des ruelles du premier niveau ou de la tour des Shadow Warriors. Puis il y a des choses beaucoup moins reluisantes, pour ne pas dire moches, dès lors que l’on tombe dans l’inévitable usine et le temple ancien. Le jeu reste cependant parfaitement fluide et peut compter sur une bonne bande-son et des doublages de qualité (en anglais ou japonais, textes en français) pour donner du corps à son univers.

6/10
Il y a le rouge et le bleu, le Yin et le Yang, puis le chaud et le froid que souffle Double Dragon Revive. Reprenant à son compte ce qui fait le charme kitsch du beat’em up des années 80-90, le jeu surprend dans le bon sens avec quatre personnages riches d’une belle palette de coups, pour des combats qui ne manquent pas de punch, nonobstant des soucis de précision. On prend un certain plaisir à disposer de pléthore de façons d’envoyer valser cette horde de vilaines trognes. Jeu parfois plaisant à regarder mais qui bien trop souvent nous laisse impassible, Double Dragon Revive souffre d’une difficulté terriblement mal calibrée, au point de créer de véritables moments de rage intérieure. En ajoutant à cela des phases de plateforme nullissimes et l’absence de carotte pour nous inciter à retourner y souffrir, on ressort de l’expérience Double Dragon Revive avec une impression mitigée. Il peut se tenter pour les férus de beat’em up, surtout s’ils ont de la compagnie. On espère surtout qu’il servira d’enseignement utile pour que l’éventuel prochain Double Dragon soit l’épisode que l’on appelle de nos vœux.

+

  • Palette de coups très riche
  • Quatre combattants plaisant à découvrir
  • Design des personnages globalement réussi
  • Jouable à deux en coopération
  • Bande-son plutôt agréable

-

    • Difficulté très mal calibrée
    • Un certain manque de précision et de souplesse
    • Phases de plateforme horrifiantes
    • Décors qui laissent apathique le plus souvent
    • Peu de contenu en addition du mode Histoire