Test : Dragon Ball: Sparking! Zero sur Xbox Series X|S
Une recette qui ne manque pas de Cell
En cette année très particulière pour Dragon Ball, marquée par la disparition en mars dernier de son créateur Akira Toriyama, il était assurément plus que nécessaire de sortir sur nos consoles un jeu vidéo à la hauteur de la saga. Un titre capable de fédérer les joueurs et d’illustrer la grande richesse de Dragon Ball. Sur le papier Dragon Ball: Sparking! Zero correspond parfaitement à cette description puisque descendant direct de la saga des Budokai Tenkaichi qui ont fait les jours heureux de nombre de joueurs durant les années 2000. Avec ses trois épisodes, cette adaptation était parvenue à répondre habillement aux attentes des fans en proposant une expérience fidèle à l’anime, amusante à jouer et aussi particulièrement généreuse. Dragon Ball: Sparking! Zero reprend exactement ce trio gagnant et lui administre une bonne dose d’épaississant pour nous proposer un jeu de baston couvrant les aventures de Goku de Dragon Ball Z à Super en passant par GT et plusieurs OAV, regroupant dès son lancement un petit peu plus de 180 personnages jouables en comptant les transformations.
Difficile de ne pas trouver son bonheur dans le casting choisi pour remplir ce Dragon Ball: Sparking! Zero. Le jeu déroule sa partie histoire jusqu’au Tournoi du Pouvoir qui voit s’affronter les meilleurs combattants de différents univers de Dragon Ball Super. On a donc l’opportunité d’incarner Jiren, Toppo ou encore les Super Saiyans venus d’autres univers, et pourquoi pas les faire se battre contre Cell, Radditz ou même Chaozu. On aurait vraiment tort de bouder son plaisir face à une sélection de personnages titanesque, bien qu’il faille évidemment se rendre à l’évidence : 180 personnages ne veulent pas dire 180 personnes différentes. Il faut compter avec les multiples variantes des principaux personnages, à l’image de Goku et Vegeta qui apparaissent bel et bien sous dix formes de départ différentes. Cela étant, ce n’est pas un problème en soit et on imagine que vous avez-vous aussi vos petites préférences pour chacun des personnages selon l’arc dont il est issu, et donc la possibilité ici de le choisir directement. A noter toutefois que tous les personnages ne sont pas accessibles dès le départ, il faut progressivement les débloquer. Cela passe par la progression dans le mode histoire, par le fait de jouer aux autres modes de jeu (les tournois pas exemple) ou bien, pour ceux qui entendent peut-être zapper le solo pour se concentrer sur le versus, en passant par la boutique du jeu.
Dans Dragon Ball: Sparking! Zero chaque combat accompli permet de remporter des zénis à échanger dans la boutique contre des apparences, des musiques, des éléments de personnalisation de la carte de joueur, des objets pour booster les capacités du personnage et donc de nouveaux combattants. On apprécie vraiment la façon dont Dragon Ball: Sparking! Zero incite à jouer, à utiliser un maximum de personnages, à tester chaque mode de jeu car il y a toujours à la clé un petit gain qui permet de débloquer quelque chose de nouveau. En plus des zénis, on gagne après chaque combat de l’expérience et on relève régulièrement des défis « passifs » (utiliser X fois un personnage, réaliser X fois telle action, etc) qui ouvrent à de nouvelles récompenses. A l’heure ou l’expérience solitaire dans les jeux de combats est quelque chose qui tend à se perdre, retrouver ici cette mécanique de récompense permanente du joueur est véritablement quelque chose de plaisant. A l’image de ses ancêtres Budokai Tenkaichi, Dragon Ball: Sparking! Zero peut ainsi s’apprécier pleinement tout seul et cela pendant un bon moment. Pour s’en convaincre, il uffit de faire un tour du côté des modes de jeu. On a donc déjà bien que quoi faire avec les combats simples, en solo ou en équipe, et les tournois qui offrent différentes règles comme la récupération totale ou partielle entre chaque combat ou encore la prise en compte de la sortie de ring. Mais c’est bien évidemment du côté du mode histoire que l’on passe un certain temps.
On suit les aventures de plusieurs des principaux personnages (Goku, Vegeta, Gohan, Jiren ou encore Goku Black) et on revit ces moments d’histoire et ces affrontements que l’on connait forcément bien pour la plupart. Dragon Ball: Sparking! Zero a cependant deux particularités qui font autant la force de ce mode histoire que sa faiblesse. La première c’est que l’on progresse donc en suivant un personnage, ce qui veut dire que tout le temps où l’on incarne Goku, on ne participe qu’aux combats impliquant Goku. Cela donne lieu dans la progression de l’histoire à des sortes d’avances rapides assez déstabilisantes. Par exemple, on saute directement de la fin du combat contre Radditz à l’arrivée de Goku sur Namek devant le commando Ginyu. Pour expérimenter ce qu’il se passe entre-temps, il faudra donc passer à un autre personnage. Ce système épisodique vient ainsi hacher une narration déjà assez faible sur la forme. Il faut se contenter de quelques images fixes accompagnées de textes (sans narrateur) et d’une poignée de saynètes vite expédiées qui peinent souvent à rendre honneur au moment historique qu’elles sont en train d’illustrer. Aussi vrai que l’on apprécie le fait que Dragon Ball: Sparking! Zero couvre une immense partie de l’univers Dragon Ball, on aurait aimé un petit plus de soin sur la façon dont celui-ci est mis en scène. La seconde particularité de ce mode histoire vient d’une approche assez inédite et plutôt intéressante, basée sur des choix ou des accomplissements durant les combats qui ouvrent à des scénarios alternatifs. On joue ainsi avec l’histoire, un peu comme on aurait pu le faire dans la cour de récré en expliquant que « oui mais, imagine que ! » pour découvrir certaines approches qui ne manquent pas d’intérêt. Voilà de quoi renforcer la durée de vie déjà bien solide de Dragon Ball : Sparking! Zero, sachant que le jeu propose également un mode d’épisodes personnalisables. Une interface dédiée permet de choisir ses personnages, le lieu de l’affrontement, la musique et d’y ajouter du texte partiellement personnalisable pour créer des événements sur-mesure et les partager en ligne. Plusieurs épisodes créés avec cet outil par les développeurs sont disponibles au lancement et laissent augurer quelque chose d’intéressant si des esprits curieux viennent y mettre leur grain de sel.
En ajoutant à cette grosse frange solo les options multijoueur en ligne, on a avec Dragon Ball: Sparking! Zero ce qui se fait probablement de plus riche et complet dans les adaptations d’anime. On profite aussi et surtout de cela pour englober un système de combat particulièrement jouissif, probablement l’un des plus représentatifs de l’esprit Dragon Ball depuis que ses adaptations vidéoludiques existent. Si vous avez déjà joué à un Budokai Tenkaichi, vous êtes en terrain connu : de larges arènes destructibles, des affrontements qui alternent le combat au sol et l’aérien, un mélange bien équilibré entre combos au corps à corps et grosses attaques à distance. C’est vif, puissant, on prend facilement en mains les bases pour enchainer de superbes attaques tout en s’octroyant quelques petites mises à l’abri afin de recharger le Ki du personnage et préparer quelque chose de dantesque. Chaque personnage dispose de deux attaques spéciales consommant plus ou moins de Ki et deux compétences qui lui sont propres ; charger la barre de Ki au-delà de son maximum permet d’activer le mode Sparking qui vient augmenter temporairement les capacités de combat ou bien permet, contre l’usage de son intégralité, de lancer la plus grosse des attaques spéciales. Dragon Ball: Sparking! Zero est un jeu spectaculaire comme l’étaient les Budokai Tenkaichi et il nous permet d’en profiter au travers de graphismes soignés et d’un framerate qui ne bronche jamais. La seule véritable ombre au tableau vient de la caméra qui a parfois tendance à prendre des angles douteux, notamment lorsque l’un des combattants est beaucoup plus haut ou bas que l’autre. La partie sonore, entre effets spéciaux reconnaissables entre mille et voix de qualité, retranscrit à la perfection l’ambiance des combats. Pour ce qui est de la musique il y a tout et n’importe quoi, chacun appréciera ou non les multiples pistes qui ont de toute façon tendance à se montrer discrètes face au brouhaha de la baston.
Dragon Ball: Sparking! Zero est un jeu de combat assez bien pensé pour convenir à un large public, car il offre autant de facilités de prises en main avec ses multiples aides activables ou non (contre, récupération, déviation, etc) qu’il ne propose de subtilités qui nécessitent un certain entrainement. L’art du contre et de l’esquive est véritablement quelque chose qui demande du travail, comme on s’en rend compte parfois face à l’IA. C’est d’ailleurs l’un des principaux défauts du jeu en solo. D’un épisode à l’autre on fait face à une IA apathique ou bien survoltée, obligeant parfois à un peu de filouterie pour espérer gagner en difficulté par défaut. On note bien sûr que la difficulté peut-être abaissée dans le mode histoire, mais ce faisant il est alors impossible de débloquer éventuellement les épisodes alternatifs. Il faut aussi prendre en compte, tous modes confondus, que la présence d’autant de personnages jouables implique un grand déséquilibre dans les forces. Logique d’un certain point de vue mais aussi peu engageant. Ainsi, si l’on veut arriver à quelque chose lorsque l’on incarne Zarbon et que l’on s’apprête à affronter Zamasu, un petit passage par la case personnalisation s’impose pour ajouter à notre personnage quelques-uns des bonus de statistiques à débloquer ou à acheter dans la boutique.
Pour progresser il faut s’entrainer pourrait-on aussi dire. Dragon Ball: Sparking! Zero possède bien sûr son mode entrainement mais celui-ci est l’illustration de l’ultime gros défaut du jeu, à savoir son manque d’ergonomie. Si les principaux menus ne s’en sortent pas trop mal, on regrette la sélection des personnages bordélique (imaginez le mode de sélection d’un DBZ sur Super NES avec 180 personnages…) et donc un mode entrainement raté. Chaque chose est expliquée, certes, mais les développeurs ont étrangement dissocié l’explication textuelle de la démonstration. Par ailleurs, réussir une action ne permet pas de passer directement à l’entrainement suivant. Il faut mettre en pause, retourner dans le menu de l’entrainement et choisir une nouvelle épreuve. Bref, on n’avait pas vu cela depuis belle lurette et c’est particulièrement gênant dans un jeu comme celui-ci qui ne manque pas de subtilité et pour lequel l’entrainement est véritablement essentiel. Souhaitons qu’un correctif puisse prochainement apporter un peu plus de souplesse.
+
- Sélection de personnages énorme
- Combats spectaculaires et jouissif
- Expérience riche pour une belle courbe de progression
- Bien pensé pour inciter le joueur à explorer et à progresser
- Techniquement très au point
- Couvre un large pan de l’univers Dragon Ball…
-
- … Au prix d’une narration bancale
- Ergonomie de certains menus d’un autre âge
- Difficulté solo très (trop ?) variable
- Quelques petits soucis de caméra