Jeux

Dragon Quest I-II HD-2D

| Edité par Square Enix

9/10
One : 30 October 2025 Series X/S : 30 October 2025
29.10.2025 à 16h01 par - Rédacteur en Chef

Test : Dragon Quest I-II HD-2D sur Xbox Series X|S

Légendaires

Tout juste un an après la sortie de Dragon Quest III HD-2D, le premier épisode dans l'ordre chronologique de la trilogie d'Elric, Square Enix nous propose de terminer l'épopée originelle grâce à une collection regroupant Dragon Quest I & II. Sortis respectivement en 1986 et 1987, ces deux titres avaient néanmoins déjà été compilés dès 1993, à l'occasion d'un "remaster" paru sur Super Famicom. Il faut dire que les deux jeux sont plutôt complémentaires, en plus de s'inscrire dans la même chronologie, et que leur durée de vie cumulée revient à l'équivalent de celle d'un seul jeu complet. Un choix judicieux donc, et qui permet aujourd'hui à l'ensemble des joueurs de découvrir la naissance du mythe.

Dragon Quest c’est avant tout la réunion de trois créateurs de génie. Un scénario écrit par Yuji Horii, des musiques composées par Koichi Sugiyama, et un chara-design imaginé par Akira Toriyama, voilà ce qui aura principalement mené en grande partie au succès de la franchise, à tel point que chaque nouvel épisode était capable de créer un absentéisme massif au Japon, et des queues interminables devant les magasins de jeux vidéo. Si Sugiyama-san et Toriyama-san sont malheureusement décédés, Yuji Horii continue de perpétrer la légende en nous proposant des refontes de certains épisodes de la franchise, le tout avec l’aide du producteur Masaaki Hayasaka, qui semble bien parti pour incarner la relève.

Pile poil un an après Dragon Quest III HD-2D, Square Enix enchaîne avec Dragon Quest I&II HD-2D, avec l’idée de poursuivre sur leur lancée en conservant le même principe. Deux scénarii légèrement retravaillés, des combats qui n’ont pas bougé d’un iota, et une ambiance graphique inspirée par le succès de la franchise Octopath Traveler. On retrouve finalement le savant mélange entre le pixel art délicat, et une atmosphère propre à distiller un brin de nostalgie. Les connaisseurs ne manqueront d’ailleurs pas d’avoir quelques frissons à l’écoute des premières notes du célèbre thème de la saga, dès le menu du jeu. Pour cette mini-compilation constituée de deux jeux, les développeurs ont bien entendu laissé la possibilité aux joueurs de lancer n’importe lequel de ces deux épisodes, dans l’ordre qu’ils souhaitent et sans aucune contrainte, les deux titres disposant de leur propre système de sauvegarde. Même si les trois premiers épisodes forment une trilogie, il n’est pas dérangeant de commencer avec l’un ou l’autre, si ce n’est que l’on peut passer à côté de certaines références.

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© ARMOR PROJECT/BIRD STUDIO/SPIKE CHUNSOFT/SQUARE ENIX

De notre côté, nous avons débuté avec le premier Dragon Quest dans sa version HD-2D, dans lequel on incarne un descendant d’Elric dont le but est de libérer la princesse Gwaelin de Tantegel, et mettre fin aux exactions semées par l’effroyable Lordragon. Un scénario simpliste, mais qui a le mérite d’échapper à certains poncifs du JRPG. Dans Dragon Quest I, on ne se découvre pas en héros, et on ne constitue même pas de groupe, puisqu’on incarne un guerrier accompli qui décide de mener sa quête en solo. On retrouve finalement une atmosphère générale plus proche du RPG occidental, un genre qui a beaucoup inspiré Yuji Horii, lui-même étant un grand fan de la licence Ultima. En allant à l’essentiel, ce premier épisode se boucle en une petite dizaine d’heures seulement, ce qui le place bien loin des standards du genre. Cela n’empêche pas d’y retrouver ce qui a servi de socle commun à tous les épisodes suivants, avec du combat au tour par tour, de l’exploration libre sur la carte du monde, ainsi que des discussions et des rencontres avec différents PNJ. Le parfum d’aventure est déjà bien présent, tout comme l’envie grandissante de découvrir le monde qui nous entoure.

Malgré la solitude, on évolue finalement dans un univers très vivant, sur un excellent rythme qui plus est. Pas de dialogues interminables, le scénario de Dragon Quest I va à l’essentiel, porté par une traduction des textes en français impeccable, ce qui est également le cas pour le deuxième épisode au passage. Les équipes de Yuji Horii et Masaaki Hayasaka ont d’ailleurs apporté quelques modifications au niveau de la narration pour offrir suffisamment de profondeur scénaristique à cette aventure qui a le mérite de poser les bases, au point de nous confirmer qu’il s’agit là de l’opus idéal pour débuter la franchise. Car avec un seul héros à gérer, on se retrouve finalement face à une sorte de très gros prologue qui permet au passage d’assimiler le système de jeu en douceur, avec un héros ni tout à fait mage, ni tout à fait guerrier, mais capable d’utiliser des compétences liées à ces deux classes. C’est d’autant plus vrai que, comme Dragon Quest III HD-2D, il existe trois niveaux de difficulté, ce qui devrait satisfaire à la fois ceux qui souhaitent se concentrer sur l’histoire, ou bien ceux qui préfèrent se lancer dans une difficulté équivalente à celle du jeu originale, et enfin ceux qui n’auront pas peur de farmer de l’expérience et de l’or pendant des heures.

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© ARMOR PROJECT/BIRD STUDIO/SPIKE CHUNSOFT/SQUARE ENIX

Trois modes également présents dans le remake de Dragon Quest II, pour un épisode qui introduit pour la première fois la notion de groupe. Même si l’on incarne le Prince de Médiévande, la Princesse de Ruisselune, et du Prince et de la Princesse de Cannock viennent s’ajouter au personnage principal au cours de l’aventure, pour un total de quatre héros. C’est d’ailleurs une grosse différence avec le jeu d’origine puisque la Princesse de Cannock est jouable pour la première fois grâce à ce remake, ce qui permet de donner un peu plus de profondeur aux combats. De manière générale, l’esprit de groupe insufflé par cette épopée menée par les descendants d’Elric prend une vraie dimension sociale, dans laquelle on apprend à apprécier chaque personnage, chacun disposant de son propre caractère.

Côté combats, on retrouve néanmoins les mêmes problèmes qu’avec Dragon Quest III HD-2D, avec des affrontements toujours trop basiques, incluant la possibilité de lancer des attaques simples et spéciales (aptitudes), de la magie, de prendre une posture défensive ou de fuir. Il est toujours possible d’accélérer les débats, voire de les automatiser tout ou en partie en donnant des ordres à chaque personnage. C’est bien utile pour passer rapidement les combats de moindre envergure, alors que les combats de boss obligent à être assidu et à reprendre la main pour bien alterner entre les attaques, la défense et les soins. Des boss qui ne sont pas excessivement nombreux mais qui représentent souvent un petit pic de difficulté qui oblige à s’équiper des meilleurs armures et des armes les plus puissantes du moment, et à gagner quelques niveaux pour augmenter les statistiques de nos héros et débloquer de nouvelles magies ou aptitudes.

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© ARMOR PROJECT/BIRD STUDIO/SPIKE CHUNSOFT/SQUARE ENIX

De manière générale, les deux jeux invitent à l’exploration, avec des coffres qui permettent parfois de mettre la main sur de l’équipement plus performant que ce que l’on trouve en magasin, ou sur des parchemins qui permettent d’apprendre de nouvelles aptitudes ou magie, là encore. Comme avec Dragon Quest III HD-2D, on retrouve la possibilité d’activer les marqueurs de quêtes afin de trouver rapidement son objectif, tandis que la carte des donjons et la magie Détectrésor/Flair de Chien stimulent l’envie de mettre la main sur chaque coffre, ainsi que sur chaque objet caché dans un pot anodin ou dans une sacoche accrochée à un mur. Même chose sur la carte du monde, très agréable à parcourir dans les deux titres, et qui regorge de points d’intérêt avec notamment des lieux secrets à débusquer. La découverte d’un nouveau village est toujours un véritable émerveillement, tant pour les architectures parfois somptueuses que par ces petits détails qui viennent insuffler une bonne dose de vie.

Un délice pour les yeux que l’on doit au travail remarquable réalisé dans le désormais célèbre style HD-2D amené par Octopath Traveler en 2018. Un mélange de pixelart, qui n’est d’ailleurs pas utilisé à l’excès ici, et de 3D qui fonctionne toujours aussi bien, ce qui offre un vrai cachet à un titre né à l’époque de la génération 8-bit. Du neuf avec du vieux, c’est un peu l’état d’esprit du côté des compositions musicales également, avec la reprise des thèmes iconiques de la franchise, mais dans leur version réorchestrée. Alors que Dragon Quest I nous propose en grande majorité des pistes entendues dans d’autres épisodes, Dragon Quest II possède des thèmes qui lui sont propres, et qui se hissent sans problème au niveau des meilleures musiques de la franchise. On note également le retour d’options de confort indispensables pour les joueurs de l’époque, avec un inventaire nettement plus simple à gérer et un système de sauvegarde automatique qui amène énormément de souplesse.

9/10
Là où Dragon Quest III HD-2D nous avait assez déçu, cette compilation semble avoir corrigé le tir et nous propose deux aventures qui valent vraiment le coup de s'y plonger pleinement. Les équipes de Yuji Horii et Masaaki Hayasaka nous servent deux merveilles du genre sur un plateau d'argent, et contribuent ainsi à faire perdurer la légende. Alors oui, Dragon Quest I&II HD-2D reste le jeu aux combats rigides qui rebutera forcément ceux qui détestent le tour par tour, mais il excelle en contrepartie sur à peu près tout le reste. Deux titres incontournables pour les amateurs du genre, et une excellente porte d'entrée pour les autres, voilà comment on pourrait résumer cette compilation qui ne galvaude absolument pas son statut de légende.

+

  • Deux jeux assez complémentaires en un
  • Rythme et exploration impeccables
  • Trois niveaux de difficulté
  • Style graphique somptueux
  • Musiques toujours aussi splendides
  • Quelques nouveautés appréciables

-

    • Des combats toujours trop rigides
    • Grind parfois inévitable
    • Les jeux originaux ne sont pas en bonus