Test : DRIV3R sur Xbox
Avant tout, j’aimerais signaler que nous devions recevoir le
jeu à peu près au moment de la sortie, ce qui en soit est déjà assez dramatique
puisque nous n’aurions pas eu le temps de proposer un test correct avant la
sortie en magasin, mais passons. A noter comme on vous
l’avait expliqué que la presse elle aussi a reçu le jeu bien trop tard pour
proposer des tests avant la sortie du jeu en rayons, qu’elle soit internet ou
papier (certains l’ont reçu à l’heure, on en
parlesurl’article en bas de la page–lisez , c’est intéressant -). Evidemment, il était trop tard
et le malheur était fait, des milliers de gens se sont jetés sur Driv3r dans des
magasins spécialisés décorés pour l’occasion et peuplés de vendeurs assurant que
oui, Driv3r est un excellent jeu et qu’il serait criminel de ne pas l’acheter
dans les prochaines minutes.
Souvent, le fait de ne pas envoyer le jeu à la
presse avant la sortie signifie qu’il y a anguille sous roche. Cette fois, c’est
d’un véritable python de 17 mètres qu’il s’agit, vous allez voir pourquoi dans
les lignes qui suivent.
C’est donc 4 ans après un Driver 2 bien asthmatique que
Reflections remet le couvert et nous ressert une aventure de Tanner, un flic
infiltré dans le monde de la pègre qui n’hésite pas à utiliser les grands moyens
(même si ça implique de laisser mourir des innocents…)pour garder sa
couverture et confondre les méchants. Cette fois, c’est un gang de voleurs de
voitures (qui a parlé de 60 secondes chrono ?) qu’il devra arrêter de
l’intérieur en remplissant diverses missions se déroulant dans les villes de
Miami, Nice et Istanbul.
4 ans après, on ne peut pas dire que beaucoup de choses aient
changé dans le monde de Driver. La principale nouveauté, empruntée à son modèle
avoué GTA3/VC, vient du fait que l’on peut diriger Tanner dans des missions « à
pieds » dans lesquelles on fait parler la poudre à l’aide de pétoires diverses
mais très classiques. L’ennui avec ces phases, c’est qu’elles sont à l’image du
reste du jeu, c’est-à-dire loin d’être finies. Tanner se meut avec une extrême
raideur et le système de visée se révèle totalement inconfortable et à mille
lieues de ce que peuvent offrir les jeux d’action à la troisième personne. Cela
occasionne des gunfights maladroits et confus, dans lesquels on ne peut pas
viser les ennemis en hauteur et en contrebas sans reculer de plusieurs mètres.
L’IA de ces derniers est assez pathétique, ils ne bougent jamais et se
contentent de vous allumer poliment en attendant la grande faucheuse. Hors des
fusillades, de nombreux bugs vous gâcheront la vie en vous empêchant d’entrer
dans une voiture, de descendre d’un bateau sans en être éjecté ou d’ouvrir une
porte comme tout un chacun. Autant dire que les missions se déroulant à pieds
sont un calvaire et plombent le gameplay au lieu de l’enrichir.
Une fois au
volant d’une conduite intérieure, on se dit qu’il y a un petit problème. Loin
d’être désagréable, la maniabilité ne propose rien de nouveau par rapport à
Driver premier du nom, sorti sur PSone il y a 5 ans quand même. On retrouve la
même gravité qui vous fait décoller au moindre trottoir, les freins surpuissants
qui permettent de tourner à angle droit sur 25 centimètres, et tout ce qui
faisait le succès de Driver en 1999 (sans les enjoliveurs qui se font la malle,
dommage). L’ennui, c’est qu’en 2004 ça fait un peu léger, et que GTA a fait bien
mieux depuis, tant en quantité qu’en qualité. Bien sûr, les nostalgiques de ce
gameplay permissif apprécieront de retrouver ce qui leur plaisait autrefois,
mais on est en droit de demander mieux, d’autant plus que ce ne sont pas les
poursuites ou les balades à moto qui changent la donne. Ces dernières sont une
vraie plaie à piloter, Tanner ne se penchant tout simplement pas dans les
virages, obligeant le joueur à tourner au frein à main et donc à perdre toute sa
vitesse. Et puis bonjour le fun… Inutile d’aborder les balades en bateau,
futiles et aussi lentes qu’un David Trézéguet avec des boulets aux pieds. Les
cavales n’ont pas changé d’un iota, elles non plus. On fuit toujours des flics
rapides mais stupides qui se contentent de suivre notre trajectoire à la trace
au lieu de rouler prudemment et de profiter de leur énorme (et injuste) avantage
de vitesse. Résultat, un long slalom entre les palmiers aura presque
systématiquement raison d’une voiture, et on peut continuer sa route jusqu’à la
prochaine patrouille qui vous « sentira » dans son cône de visée, même si elle
se trouve à quelques rues de là. Dans le genre paléolithique, on ne fait pas
beaucoup mieux.
La seule chose qui différencie Driv3r de Driver côté conduite
est l’amélioration du moteur physique, qui permet de restituer les chocs avec un
certain réalisme, du moins lorsque ceux-ci concernent des véhicules (une
touchette avec un poteau vous fait pivoter comme s’il vous agrippait, chose qui
a son petit côté insupportable). Les dégâts sont correctement représentés mais
pas de quoi rester estomaqué plus de 2 ou 3 secondes, et puis surtout les
accidents n’impliquent que deux ou trois voitures au maximum puisque celles-ci
roulent à une allure réduite et respectent bien les distances de sécurité.
Heurter quelqu’un n’a donc rien de particulièrement drôle, surtout quand on sait
que le moindre choc peut vous faire perdre la mission, les timings étant très
serrés par moments. 4 années de développement pour nous pondre un capot qui
saute, des ailes qui se plient et une voiture qui explose en morceaux bien
distincts (qui disparaissent en moins de deux), y’a du record de
non-productivité dans l’air…
Pour continuer les analogies entre Driv3r et son aïeul, la
réalisation s’avère relativement poussive bien qu’assez plaisante au premier
abord. Les textures sont relativement fines, les véhicules fort bien modélisés
et l’ensemble a plutôt de la gueule, même si le rendu est assez aseptisé et
manque de charme. Si ce n’étaient ce framerate bas et inconstant et le clipping
monstrueux qui plombent le jeu, on aurait là une réalisation bien plus
impressionnante que ce qu’on pu nous montrer les derniers GTA et True Crime
réunis. La moindre course poursuite est l’occasion de nombreux et énormes
ralentissements qui sont source de bien des échecs et d’une frustration assez
inédite chez le joueur qui n’en demandait pas tant, énervé qu’il était à essayer
de boucler une mission déjà bien difficile. Les bugs graphiques et le clipping
sont moins gênants mais alourdissent sensiblement la douloureuse, qui porte
décidément bien son nom.
Beaucoup s’extasient sur la qualité des cinématiques
et de la partie sonore du jeu, et ils ont plutôt raison même si tout est loin
d’être parfait. Les cinématiques paraissent très décousues et la voix-off
par-dessus des scènes visiblement importantes font penser à un changement de
dernière minute, comme si la production n’avait plus assez de thune pour finir
le boulot et s’était contentée de balancer un « Bon les gars, on finit le reste
à la bouche et on raconte ce qui se passe plutôt qu’on ne le montre ». Assez
anonyme pad en main, Tanner s’avère peu charismatique dans les FMW, d’autant
plus qu’il ne parle pas souvent et que son personnage manque de panache. Bref,
les cinématiques font preuve d’une qualité technique indiscutable, mais le reste
fait un peu trop cheap à mon goût, et donc peu convainquant.
Le doublage est
excellent en VO et un peu moins en VF, même si on reste dans la bonne moyenne.
Les bruitages sont globalement bons, mais les sons de moteur horripilent très
vite suivant les modèles pilotés, la palme revenant aux motos qui forcent le
joueur à baisser le son sous peine de devenir immédiatement taré. Là encore, le
budget paraît être passé principalement dans le casting de luxe plutôt que dans
la partie jouable du titre, c’est dommage.
Enfin, du côté de l’intérêt et de la durée de vie du soft, cela
reste acceptable même si on est loin d’atteindre la semelle du GTA Double Pack,
qui combine deux jeux qui sont chacun plus longs et diversifiés que ce Driv3r.
La partie undercover se boucle très rapidement une fois qu’on a compris la
manière de fonctionner du jeu et une fois qu’on sait où sont les limites de l’IA
(pas bien loin je vous rassure). Les mini-jeux n’attireront que les grands fanas
de Driver (une espèce en voie d’extinction je pense) et le mode balade recèle
quelques voitures à débloquer ainsi que la quête des Timmy Vermicelli, un clin
d’œil moqueur à GTA VC qui rappelle un peu le proverbe de la paille et de la
poutre… Il est aussi amusant de constater que les divers bugs de gameplay
arrivent bien plus souvent en mode balade qu’en Undercover, les développeurs
ayant visiblement camouflé lesdits bugs dans ce dernier. Classe.
Le mode
réalisateur, plaisant mais pas si profond que ça, ne suffira clairement pas à
retenir le joueur, même si la possibilité d’uploader ses « films » sur le Live
est sympathique de prime abord.
http://www.gamesindustry.biz/content_page.php?section_name=ret&aid=3680
+
-
- Plus ou moins pompé sur divers films, il part sur de relativement bonnes bases. Toutefois, on a l'impression de subir diverses ellipses qui ruinent petit à petit le boulot fait par les développeurs des cinématiques.
- La modélisation des véhicules est extra mais les villes manquent de charme et de vie (peu de piétons). Il reste de nombreux bugs graphiques, c'est à croire que la phase de débogage a été passée sous silence.
- Les voitures sont agréables à piloter mais on ne note presque aucun changement depuis Driver 1. Le reste se situe entre le très moyen (motos) et l'horripilant (Tanner, bateaux).
- Le mode principal se torche en moins d'une après-midi et les minis-jeux tiennent plus du gadget qu'autre chose. Le mode réalisateur et sa fonction Live sont anecdotiques.
- De bons doublages mais des bruitages qui saoulent très vite. Les musiques sont sympas mais tournent en boucle de manière trop visible, ça manque de soin.
- Nous mettrons une note à Driv3r quand Atari nous enverra une version finie (c'est-à-dire jamais, nous ne sommes pas dupes). Le jeu peut être amusant quelques heures pour les joueurs pas trop regardants, mais la qualité n'est vraiment pas au rendez-vous.
- Ralentissements énormes et nombreux, framerate tout juste correct le reste du temps. Préparez le collyre, vous en aurez besoin...