Jeux

Elden Ring Nightreign

| Edité par Bandai Namco | Développé par FROM Software

7/10
One : 30 May 2025 Series X/S : 30 May 2025
11.06.2025 à 21h40 par - Rédacteur

Test : Elden Ring Nightreign sur Xbox Series X|S

This the Reign of the Night, the Night, oh yeah

Les Souls et le multijoueur ont toujours entretenu une relation particulière, discrète voire inassumée. On s’est tous demandé un jour ce que cela pourrait bien donner que vivre une expérience de ce genre en étant accompagné du début à la fin de l’aventure. Avec Elden Ring Nightreign, le développeur From Software semble vouloir apporter une réponse, mais comme à chaque fois, c’est à sa manière bien singulière qu’il procède. Quitte à brouiller les repères et déconstruire les certitudes. Est-ce bien raisonnable ?

Elden Ring Nightreign est le dernier spin-off en date de la grande famille des Souls. Il a toutefois comme première particularité d’être un « stand alone », comprenez par-là un jeu qu’il est possible d’acquérir et de jouer sans forcément posséder Elden Ring. Si le nom est bel et bien inscrit en grand sur l’écran d’accueil et que l’univers que nous nous apprêtons à découvrir est marqué au fer rouge par Elden Ring, Nightreign se suffit à lui-même. Vous connaissez la maison pour ce qui est du scénario et de la narration : une petite cinématique, quelques bribes d’écrits et de discussions avec les PNJ du hub central nous invitent subtilement à comprendre que l’on est ici pour régler un énième et sombre problème. Le monde de Limveld est corrompu par les Seigneurs de la Nuit. La pluie qui s’abat sur les terres détruit toute forme de vie et aussi, afin de sauver ce qu’il peut l’être, notre mission consiste à occire lesdits Seigneurs pour repousser le mal et mettre un terme à cette malédiction. Pour ce faire, il est nécessaire d’unir ses forces avec deux autres joueurs. Parce que oui, vous le saviez ou l’avez compris, la vraie particularité d’ Elden Ring Nightreign est d’être un jeu très largement orienté multijoueur.

On peut certes jouer à Elden Ring Nightreign en solo. Cela peut être intéressant au départ pour jouer les éclaireurs, apprendre les particularités de la carte et surtout tester les classes de personnages disponibles (au passage non personnalisables). Il y en a six au départ et deux supplémentaires rejoignent le menu de sélection après quelques heures de jeu. Ces classes regroupent les différents types d’approches du combat traditionnels des Souls, à l’image du corps à corps plus ou moins lourd, du combat à distance, de celui basé sur la dextérité ou encore des méthodes faisant appel à la magie. Cela étant posé, il faut savoir que jouer en solo et surtout réussir quelque chose dans cette configuration relève de l’entreprise herculéenne : Elden Ring Nightreign est non seulement très difficile comme le sont tous les Souls, mais il ne cherche aucunement à s’adapter au fait que l’on soit seul. Occire un ennemi est ainsi naturellement plus long en étant seul, ce qui complique grandement les affaires dans un jeu où le principal ennemi est précisément le défilement du temps.

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Lorsque From Software créé un jeu multijoueur, il ne le fait évidemment pas comme tout le monde. Le concept d’Elden Ring Nightreign se veut très particulier, et nous allons tenter de l’expliquer au mieux. Depuis le hub central, on sélectionne l’un des Seigneurs de la Nuit que l’on souhaite affronter et on lance le matchmaking. Une fois que le jeu a trouvé deux autres joueurs (ce qui se fait d’ailleurs généralement très vite), on sélectionne notre classe et nous voilà lancé en trio vers Limveld. Une fois le pied posé à terre, la course contre-la-montre peut débuter : il va falloir survivre durant deux jours et deux nuits sur cette map, avant que le troisième jour ne vienne marquer la rencontre avec le fameux Seigneur de la nuit. L’entreprise est ardue car non seulement la contrée est infestée d’ennemis, mais surtout elle rétrécit au fil du temps. Oui, comme dans Fortnite, pour ne citer que lui. Le temps est compté. Il convient dès lors que l’équipe se concentre sur l’objectif principal : optimiser le temps disponible pour améliorer les capacités des personnages et être en mesure de tenir tête au Seigneur de la Nuit. Afin de faire grimper le niveau du combattant et l’équiper des bonnes armes et accessoires, il faut aller occire des boss aux quatre coins de la carte. A chaque fois que l’un est abattu, on a le choix entre trois récompenses qui alternent armes et améliorations des capacités passives et actives. A charge au joueur de choisir ce qui convient le mieux et de repartir à l’assaut du boss suivant, sachant qu’il y a des « ennemis majeurs » dans le lot qui améliorent la qualité du loot en échange d’un combat âpre. Mais combattre n’est pas tout puisqu’il faut également penser à passez par les lieux spécifiques où l’on trouve des fioles supplémentaires pour se soigner ou encore des talismans. Les traditionnels feux permettent de recharger les batteries et d’améliorer le niveau global du personnage en échange de runes, sans toutefois avoir la main sur l’aspect du personnage à améliorer. L’augmentation est unique et ses effets dépendent essentiellement du type de personnage choisi.

Cette quête de l’optimisation est véritablement le cœur de l’expérience. Elle donne à Elden Ring Nightreign un rythme effréné. Chaque seconde compte pour tirer parti au mieux de la zone en cours d’exploration, avant que celle-ci ne soit recouverte par la pluie. Si l’on a le malheur de se trouver dans la zone pluvieuse, la mort arrive très vite. Aussi est-il primordial de garder un œil sur la carte et d’évoluer d’une zone sûre à l’autre. Cela jusqu’à ce que l’on se retrouve coincé sur quelques mètres carrés et vient le moment d’affronter le principal ennemi du « jour 1 ». Battre ce boss permet de dissiper la pluie et d’accéder au « jour 2 » ; on répète alors la même opération d’exploration à grande vitesse/optimisation et en battant le boss du jour 2, on parvient au « jour 3 », synonyme d’affrontement final contre le Seigneur de la Nuit sélectionné en début de partie. Il y en a huit en tout. Entre le moment où l’on est déposé sur la carte et l’affrontement contre le Seigneur de la Nuit, il se passe environ 45 minutes. C’est court, et en même temps le rythme est tellement intense que l’on aurait du mal à rester concentré plus de temps que cela.

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Elden Ring Nightreign est un titre vraiment à part qui coche toutes les cases du jeu que l’on aime ou auquel on n’accroche pas, sans véritable entre-deux. Il surprend, en ne laissant par exemple aucune place à l’exploration. La map a beau être petite, on ne peut se permettre de trainer. La découverte se fait au fil des parties et des inévitables échecs, ce qui peut on l’imagine secouer les habitués d’Elden Ring (tout court). Il n’est d’ailleurs pas acquis que l’on aime forcément Nightreign parce que l’on a aimé Elden Ring, et le contraire est tout aussi valable : l’originalité de la proposition fait de Nightreign un jeu complètement à part qu’il est probablement possible d’apprécier sans rien connaitre des Souls. Le jeu nous perturbe d’ailleurs pas mal dans nos habitudes, en choisissant par exemple de faire disparaitre les dégâts de chute ou en permettant au joueur de courir non-stop, sans incidence sur l’endurance. C’est surprenant et en même temps tout à fait logique au regard de la nature de l’expérience. Il y a également la génération aléatoire de certains boss qui vient un peu casser le principe de l’apprentissage par cœur, bien que cette composante demeure toutefois légère et avec peu d’impact sur la progression en général. Au bout de quelques heures, on finit clairement par savoir de toute façon à qui on a affaire et si l’état actuel de l’équipe peut permettre de s’en sortir. En ce sens, il aurait certainement été de bon ton d’équilibrer les boss, car on peut facilement faire le yoyo en quelques minutes entre un punching ball et une véritable machine à tuer.

Le niveau de difficulté général élevé et le principe du jeu qui ne ménage pas la frustration consacrent la coopération à trois joueurs comme indispensable. On s’en rend même compte lorsqu’un joueur disparait pour une raison ou une autre en cours de jeu, cela reste très tendu de progresser à deux. Est-il dès lors possible d’arriver à quelque chose sans communiquer oralement avec ses équipiers ? La réponse est heureusement oui, nonobstant quelques réserves et le fait que le jeu n’ait d’ailleurs pas pris la peine de proposer de chat. C’est incroyable mais vrai, Elden Ring Nightreign ne facilite en rien la communication vocale. Nous avons de notre côté participé à des dizaines de parties avec des joueurs inconnus et il a été relativement simple d’œuvrer efficacement en restant groupés et en utilisant les marqueurs à partager sur la carte. Mais bien évidemment, discuter avec ses équipiers reste de loin la meilleure des options et c’est avec deux bons amis et aussi un bon équilibre dans le choix des personnages que l’on se donne toutes les chances de réussir. Notez cependant que dans la catégorie incroyable mais vrai numéro deux, Elden Ring Nightreign n’est pas cross-plateformes. On joue uniquement avec d’autres joueurs Xbox, ce qui peut poser la question de la viabilité du jeu à long terme car soyons honnêtes, on flirte allègrement avec le jeu de niche qui risque d’en rincer plus d’un.

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On espère d’ailleurs que From Software a déjà en tête de nouvelles choses pour enrichir Elden Ring Nightreign dans les mois à venir. Si l’expérience nous a personnellement conquis, elle n’en demeure pas moins répétitive et mériterait d’être régulièrement renouvelée. Actuellement, on doit composer avec la difficulté élevée, le relatif déséquilibre entre certains affrontements et un loot encore trop peu engageant (il manque la possibilité d’aller dénicher du loot véritablement qualitatif). On aime cependant l’idée que l’on profite des effets passifs des armes que l’on équipe sans forcément les utiliser (trois par main). Cela permet de créer des combinaisons intéressantes, lesquelles s’ajoutent aux perks que l’on équipe depuis le hub central, avec des cristaux aux effets multiples et variés. Ces cristaux sont d’ailleurs les seules choses que l’on conserve d’une partie à l’autre et tomber avec un peu de chance sur les bons peut permettre de faire partir le prochain run sur de bonnes bases.

Il va probablement falloir que From Software « nourrisse » ses joueurs d’Elden Ring Nightreign pour que l’expérience ne s’essouffle pas trop vite. Il faut dire que si le gameplay est original, l’univers, les environnements et les ennemis le sont beaucoup moins. Nightreign est une sorte de patchwork fait à partir du découpage d’Elden Ring. On a pris le jeu, on l’a découpé, recollé et on y a redistribué la plupart des boss. Il se dégage forcément une grosse impression de déjà-vu et de quelque peu grossier faute de pouvoir retrouver la cohérence environnementale d’Elden Ring. Graphiquement le jeu n’a rien de notable dans quelque sens que ce soit, mais il offre tout de même une prestation tout à fait fluide en mode performances ; de son côté l’expérience online est tout à fait au point, on n’a absolument rien eu à signaler alors que l’on a multiplié les parties avec des joueurs divers et variés. Notons qu’Elden Ring Nightreign propose tout de même des boss originaux ( du côté des Seigneurs de la Nuit notamment), avec dans l’ensemble une belle opposition. On regrette néanmoins que la grande majorité ait été pensée pour être combattue à distance, ce qui rend le travail du joueur corps-à-corps parfois pénible : on passe un temps fou à courir après l’ennemi. Décidément, Elden Ring Nightreign ne veut pas que l’on soit tranquille, ne serait-ce qu’un instant.

7/10
Surprenant. C’est le mot qui vient à l’esprit à mesure que l’on plonge dans Elden Ring Nightreign. Cette première véritable incursion d’un Souls dans l’univers impitoyable du multijoueur coopératif offre une expérience qui ne ressemble à aucune autre, avec ce que cela comporte de bon comme d’horripilant. La difficulté est au rendez-vous, au point de rendre l’aventure en solo (certes possible en théorie) inconcevable pour le commun des joueurs. Nightreign requiert une dose d’application, de coordination et de concentration maximale pour parer au ciel qui semble nous tomber sur la tête en permanence. Nul doute que ce genre d’expérience très particulière et il faut dire, éreintante les premiers temps, ne convient pas à tous. Si en revanche on adhère à cette proposition quelque peu délirante, il y a de quoi passer de très bons moments. Des instants de combats épiques à l’issue desquels la victoire, ici partagée, a un parfum encore plus puissant qu’auparavant.

+

  • Concept très original
  • Coopération n’a jamais aussi bien porté son nom
  • Rythme effréné qui rend chaque expédition haletante
  • Classes de personnages plutôt bien pensées
  • Expérience en ligne parfaitement fluide et réactive…

-

    • … Malgré l’absence improbable du chat vocal et du jeu cross-plateformes !
    • Recycle beaucoup d’éléments d’Elden Ring
    • Difficulté parfois mal équilibrée
    • Loot souvent peu satisfaisant
    • Contenu peut-être un peu trop juste