Test : Eternal Strands sur Xbox Series X|S
La gnaque des Titans
Eternal Strands s’ouvre sur une cinématique réalisée en dessin animé, dans un style qui rappelle les récentes adaptations des franchises Castlevania ou Tomb Raider sur Netflix. On y suit Brynn, une jeune femme capable d’utiliser la magie, et qui cherche à atteindre l’Enclave, un endroit inhabité depuis que la Tempête l’a dévasté. Le prologue permet de mettre en place les premiers éléments du lore, et nous demande ainsi de passer le Voile, un immense mur protégé par un miasme mortel. Après quelques péripéties et une rencontre fortuite, Brynn et son équipe se retrouve alors à l’intérieur de l’Enclave, là où le jeu va dérouler le reste de son aventure. Un scénario pas franchement difficile à aborder au départ, mais qui a tendance à se complexifier un peu inutilement à mesure que l’on avance. Le lore aurait sans doute mérité quelques commodités, car à vouloir trop en dire, le scénario et les nombreux documents disponibles n’aident pas toujours à s’y retrouver.
Au final on se concentre sur l’essentiel, à savoir Brynn est une tisseuse, et qu’à ce titre elle est capable, on l’a dit, d’utiliser la magie. En tant éclaireuse, elle doit alors récoltée des informations sur l’Enclave, aidée à distance par son équipe. Eternal Strands n’est pas un monde ouvert, et se découpe en plusieurs zones plus ou moins vastes reliées entre elles. On explore ainsi chaque zone avec des objectifs donnés en amont, accompagné d’une carte sur laquelle on trouve certains points d’intérêt pour aider à se repérer. Le principe invite clairement à découvrir et à lever les mystères de l’Enclave, et notamment celui qui entoure les Arkons, par le biais de mécaniques simples, comme la possibilité de sauter, d’escalader dans la limite de ce que notre barre d’endurance permet (c’est d’ailleurs la seule ressemblance qu’on lui a trouvé avec The Legend of Zelda: Breath of the Wild) ou de combattre. Car si l’intérieur du Voile n’abrite plus d’humains, il y existe en revanche de nombreuses menaces capables d’entraver votre mission. Entre les loups féroces, les grosses abeilles cracheuses de flammes, ou les soldats animés par on ne sait quelle force obscure, le joueur doit rester en alerte, et d’autant plus dans le niveau de difficulté le plus élevé.
C’est d’autant plus vrai face aux arkons et autres bêtes majestueuses commes les wyvernes ou les vouivres. Le monde d’Eternal Strands n’étant pas linéaire, on peut ainsi croiser la route de ces créatures à n’importe quel moment, avec la possibilité de les éviter ou de les affronter. Si vous optez pour la seconde option mieux vaut être bien préparé, en ayant en tête que la récompense vaut généralement les quelques minutes de souffrances et de combat acharné. Ces ennemis peuvent subir des dégâts locaux et il est même possible de les escalader façon Shadow of the Colossus pour aller toucher des points faibles directement. Battre ces géants est primordial dans le sens où ils offrent de nouveaux filaments à tisser dans la cap de Brynn, ce qui lui octroie ainsi l’accès à de nouvelles magies. Un élément central du game-design puisqu’il possède la particularité de créer des synergies entre les capacités. Cela signifie par exemple que l’on peut invoquer un familier de feu, puis l’envoyer vers un ennemi en utilisant le lien de tisserand, ou bien piéger un ennemi dans une bulle gravitationnelle avant d’y insérer de la glace ou du feu. Les possibilités sont multiples et c’est particulièrement grisant de découvrir de nouveaux usages et en mesurer leur efficacité.
On sent bien que les développeurs québécois de Yellow Brick Games ont souhaité laisser un maximum de liberté au joueur, en offrant de multiples façons d’éliminer les ennemis. Pour cela, la physique tient une place importante, et la plupart des éléments du décor peuvent être détruits, brûlés, gelés ou déplacés… de préférence pour être envoyé en direction d’un ennemi. Il est d’ailleurs également possible d’attraper directement un adversaire pour le balancer du haut d’une falaise, et éviter ainsi de croiser le fer. Un système de roue des pouvoirs permet de changer de magie rapidement, en ralentissant l’action en fond, mais avec ce petit défaut de ne pas être très précis. Même si la magie tient une place prépondérante dans Eternal Strands, cela n’empêche pas Brynn d’être équipée d’un arc et d’une arme de corps-à-corps. La gestion de l’équipement est d’ailleurs un peu différente des autres jeux du même genre puisqu’en réalité on ne trouve pas directement les armes et armures sur le terrain, mais seulement des schémas qui permettent de les fabriquer ensuite au camp, avec l’aide de nos amis.
Le titre fait preuve d’une grande originalité sur ce point, puisque les statistiques de chaque pièce d’armes ou d’armures dépendent des matériaux utilisés lors de la fabrication. Cela passe bien évidemment par du loot, avec des ressources triées par niveau de rareté selon un système à la Diablo (commun, peu commun, rare, épique, légendaire). Comme vous pouvez vous en douter, les matériaux les plus rares se trouvent dans les coffres les mieux cachés, dans les zones les plus dangereuses ou chez les ennemis les plus puissants. Un principe qui pousse à ne jamais se dérober, et à se dépasser pour obtenir . L’inventaire étant limité (mais extensible via des améliorations à réaliser au camp), il vaut ainsi mieux faire des passages réguliers au camp pour sécuriser sa récolte, même si une défaite vous donne la possibilité d’en sécuriser une petite partie. Le jeu n’est d’ailleurs pas vraiment punitif, et la courbe de progression donne encore une fois matière à y revenir pour toujours faire mieux. Pour se déplacer facilement d’une zone à l’autre, on peut également débloquer des portails à tisser, ce qui est évidemment bien pratique lorsque certaines quêtes nous obligent à effectuer des allers/retours.
On note aussi la volonté de varier l’expérience de jeu sans multiplier inutilement le nombre de zones à explorer. Ainsi, les développeurs ont eu la bonne idée d’inclure un système de météo, avec des variations climatiques capables de changer la physionomie d’une zone. De même, les ennemis colossaux ne sont pas toujours placés dans la même zone, ce qui oblige là aussi à adapter son équipement, d’autant que les variables de températures sont importantes à prendre en compte dans certaines situations. A ce sujet, les différents effets thermiques sont plutôt bien réalisés, et globalement le jeu est plutôt joli à voir sans tomber dans le côté générique qui peut caractériser l’utilisation de l’Unreal Engine 5. La bande-son est tout à fait dans le ton et finit de nous embarquer dans cet univers enchanteur.
Pas de bugs à signaler non plus, le jeu tourne bien même lorsque certains éléments du décor volent en éclat. On regrette quand même un petit déséquilibre sur l’aspect narratif, avec une mise en scène totalement inexistante, et des vignettes inexpressives qui ponctuent des dialogues illustrés façon visual-novel. Peu courant pour un jeu indépendant, celui-ci est entièrement doublé en français, avec un jeu d’acteur tout à fait correct, mais qui souffre du manque d’audace de l’écriture scénaristique.
+
- Synergie entre les magies grisante
- Ennemis colossaux impressionnants
- Direction artistique enchanteresse
- Design de Brynn très réussi
- Textes et voix en français intégral
-
- Narration pas toujours bien amenée
- Roue des pouvoirs pas ultra précise
- On se perd parfois entre tous les éléments du lore