Jeux

Far Cry Instincts

FPS | Edité par Ubisoft | Développé par Crytek

8/10
360 : 28 septembre 2005
06.11.2005 à 19h29 par |Source : http://www.xbox-mag.net/

Test : Far Cry Instincts sur Xbox

Quarante degrés sous les tropiques, un soleil de plomb fond comme du beurre vers la mer, les insectes vous collent à la peau sous cette moiteur insoutenable et la végétation dense, sans cesse en mouvement, semble vous faire barrage et ne jamais finir. Avec humour, on s’imagine être dans le sketch du voyage à Koumac de Patrick Timsit – exception faîtes qu’ici ce ne sont pas les moustiques qui vous empalent mais des mercenaires qui se sont appropriés les environs. Il aura fallu que le maître des lieux leur balance quelques centaines de dollars pour que vous deveniez la cible à abattre sur cette île où le moindre bruit vous hérisse les poils sur les bras.

Vol 747 en partance pour la Micronésie via Cuba

S’il existe des destinations inhospitalières à rayer de la carte, l’archipel de Jacutan en fait irrémédiablement partie. En effet, si aux 16ème et 17ème siècles, la mer des Caraïbes était infectée de pirates, de corsaires et de boucaniers prêts à vous trancher la gorge au moindre instant d’inattention, la végétation luxuriante de ces îles à la beauté trompeuse abrite aujourd’hui des activités tout aussi condamnables et hors la loi, hormis que la mitraillette a remplacé le sabre. C’est pourtant le lieu de villégiature où s’est installé Jack Carver, ancien soldat renvoyé de l’armée et plus vraiment dans les petits papiers de ses supérieurs. Sorte de baroudeur solitaire et peu sociable, notre héros s’est acheté un vieux rafiot qui lui permet de transporter du matériel sur demande et, à l’occasion, des passagers assez fous pour se pointer dans le coin. Ainsi, déboule Val Cortez – une journaliste intrépide – qui demande à Jack de la convoyer à la limite des territoires hostiles, chose que ne s’empresse pas de faire notre héros, mais un sac bourré de billets aura raison de sa ténacité. Dans son désir de pondre un article sur on ne sait quel sujet, la reporter emprunte un jet ski et s’éloigne du bateau tandis que Jack finit par s’endormir sous la chaleur écrasante. Les heures passent, un réveil en sursaut, un hélicoptère qui nous canarde, un plongeon dans l’eau, la vue qui s’embrouille et nous voilà lancés pour de bon dans une aventure où nous commençons aussi déboussolés que l’ancien soldat. Qui sont les hommes qui nous tirent dessus, pour quelle autorité travaillent t’ils, quelles activités se trament derrière ces installations précaires qui sillonnent la jungle ? La réponse viendra au fur et à mesure de votre progression sachant que tous vos instincts vont être sérieusement mis à l’épreuve.

Du statut de cible à celui de prédateur glissant et rampant

Après avoir personnalisé votre héros (en précisant que c’est la première fois qu’il est possible d’attribuer une couleur de peau, de cheveux, une tenue et du matériel à un personnage dans un FPS) et rejoint une berge après cette baignade non programmée, quelques messages à l’écran vous aident à maîtriser les techniques de corps à corps et de pause de piège – une option fort pratique lorsque vous vous trouvez à cours de munitions. En tant qu’ancien officier, Jack Carver possède la technicité et les réflexes des soldats, aussi dès le début vous pouvez opter pour une approche frontale en ramassant des armes au fur et à mesure ou tenter la stratégie militaire en vous muant en une sorte de prédateur rampant. Tel un serpent, Jack est en mesure de littéralement coulisser le long des herbes hautes pour espionner une conversation et repérer tout ennemi potentiel. Des facultés qu’il devra mettre à contribution rapidement dans le but de retrouver la trace de Val Cortez, avec une nature à double tranchant en réalité car si la végétation dense permet de se cacher et d’observer à distance, elle s’avère en parallèle gênante par moment lorsque l’on utilise le fusil à lunette par exemple. Elle est cependant partie intégrante du soft et octroie, si besoin est, de contourner les obstacles (mieux vaut il opter pour ce choix si vos points de vie sont au plus bas). Attifé d’un équipement para-militaire, comprenant des jumelles à fort grossissement et permettant de capter des dialogues, Jack s’avère un spécialiste du maniement des armes à longue portée (mitraillette, fusil à pompe, pistolet, lance-roquette, grenades, explosifs) et de corps à corps avec un couteau très immersif dans son utilisation lorsque l’on se présente discrètement derrière un adversaire ou tout simplement par l’usage des poings. A l’évidence, le panel de mouvements aurait gagné pourtant à être légèrement étoffé car les amateurs d’approche tactique ne se contenteront que d’une position debout, un peu repliée et couchée – avec possibilité toutefois de se mettre sur le dos – de sauts et d’un mouvement pour grimper (échelle, liane). Une gestuelle davantage orientée vers l’infiltration aurait contribué de manière plus tangible à mettre en exergue le côté « prédateur » du héros (pouvoir grimper aux arbres pour s’y confondre par exemple). D’autant plus qu’on relève beaucoup de fluidité dans les gestes et qu’aucun ralentissement ne vient amoindrir les scènes d’action d’où un savoir faire qui aurait pu être mis encore plus au service de la panoplie de mouvements.

Activité du jour : randonnée pédestre sur sentier non balisé

Asservi par des décors sublimes et une architecture caribéenne très à propos, l’aventure Far Cry nous mène vers le sanctuaire d’un scientifique qui se livre à des expériences inavouables. Protégé par une pléiade de mercenaires prêts à utiliser tout moyen et toute localisation pour vous capturer (hélicoptère, plateforme dans un arbre, tour de contrôle, patrouilles véhiculées), vous devenez rapidement une bête traquée dont l’instinct de survie deviendra le meilleur compagnon. Un principe qui séduit dès le départ en fait mais dont l’effet jouissif retombe comme un soufflé lors des premières heures de jeu. L’IA des ennemis ne se hisse, en effet, pas au niveau de ce quoi nous étions en mesure d’attendre. Une sorte de détecteur de mouvements à l’écran faisant office de boussole localisera les adversaires présents dans les parages et affichera leur positionnement – lui-même décliné en vert s’ils ne vous ont pas repéré, en jaune s’ils se méfient et en rouge si vous devenez leur cible. Une fois qu’ils vous ont aperçu, certains tireront à vue depuis leur position et d’autres courront vers vous – hormis qu’ils vous suivent jusqu’à une certaine distance ! Le fait de reculer vous donnera donc la possibilité de les éliminer petit à petit et de conclure, éventuellement, avec celui ou ceux qui se seront cachés sachant que cela ne leur arrive pas souvent. La technique la plus hallucinante reste celle de se hisser sous les maisons sur pilotis lorsque vous traversez des villages puisque les mercenaires sont littéralement incapables de vous repérer ainsi, de tirer une balle pour attirer leur attention et de les shooter un par un sans perdre un seul point de vie. Heureusement, le niveau de difficulté se corse en avançant avec une scène finale plutôt casse tête mais demeure sommaire car, si certains endroits vous réservent quelques guets-apens, il suffit d’un peu d’observation et de patience pour ne pas à avoir à rejouer la scène.

Les dégâts infligés s’inscrivent dans cette logique étant donné que la barre de points de vie descend aussi vite chez votre personnage que chez les adversaires. Néanmoins, avec un nombre de trousses de soin à récupérer conséquent et la régénération automatique des points de vie passé un certain stade, les niveaux sont passés plutôt rapidement. En contrepartie, on prend plaisir à s’arrêter et à observer la nature environnante, superbement retranscrite, colorisée et réaliste avec une mention spéciale octroyée au rendu des surfaces d’eau – probablement les plus belles jamais vues à ce jour sur consoles. Les paysages nous permettent d’apprécier l’île à travers des vues en plongée quand on monte sur les hauteurs et de saisir pleinement le travail effectué sur la faune et la flore locales. Ne vous attendez pas pourtant à croiser une quelconque trace animale – le primate du coin portant plutôt un uniforme vert kaki. L’idée de jouer le scénario sur une île aurait pu laisser sous-entendre une certaine répétitivité, il n’en est rien en réalité car les décors s’avèrent diversifiés avec des scènes dans des mines, des bases enfouies sous terre, dans des marécages (notre taux d’adrénaline montant en flèche à ce moment précis) et même au cœur d’un volcan. Cerise sur le gâteau, tout en préservant le suspens, nous ajouterons que Jack se voit doter en cours d’aventure de « pouvoirs » calqués sur le monde animal et lui conférant une force accrue, une résistance amplifiée et un odorat ultra sensible permettant de repérer toute forme vivante, fut elle cachée, dans les alentours.

Les joyeuses colonies de vacances d’Ubisoft

Certes, la marche à pied c’est bon pour la santé mais au vu de la circonférence de l’île, les créateurs ont eu l’ingénieuse idée de nous fournir des véhicules aussi divers que jouissifs à contrôler. Outre la classique jeep armée tout terrain, vous pourrez patrouiller par voie terrienne avec des quatre roues variés ainsi qu’une sorte de moto et par voie maritime avec des bateaux à moteur, des hovercrafts et des jet ski. Tous les transports se manient très agréablement et permettent de foncer dans le tas tout en tirant, voire de défoncer des barrières. Du coup, on abuse des véhicules lorsque l’occasion se présente tellement leur utilisation s’offre une excellente prise en main. L’autre option qui séduit rapidement est celle de pouvoir nager à la surface de l’eau ou en profondeur – votre souffle étant alors représenté par une barre. De cette manière, vous allez pouvoir par moments approcher la prochaine zone à « visiter » soit en suivant le chemin, soit en nageant le long du fleuve (par exemple) qui traverse l’île. Deux façons d’aborder un campement donc mais qui, malheureusement, n’empêchent aucunement une certaine linéarité. En effet, les environnements sont larges et si l’on peut zigzaguer de temps à autre et se fondre dans le décor, l’objectif à atteindre (indiqué sur votre détecteur de mouvements / boussole) demeure au bout du chemin – ne laissant pas le choix de visiter l’île à loisir sous tous ses angles. L’aventure ne demeure pas moins excitante et se prolonge avec un mode multijoueur et une compatibilité Live particulièrement fignolés pour le coup.

En multi, Far Cry Instincts se révèle très solide. Il s’organise autour de cartes très bien conçues, belles, vastes et équilibrées sans être (du moins de façon visible) symétriques. A la quinzaine déjà présente s’ajoute la quantité conçue via le très bon éditeur de maps. Celui-ci est fonctionnel et clair et permet de réaliser aisément de vraies cartes agréables à jouer. Certaines réalisations disponibles en téléchargement sur le Live sont véritablement dignes de celles des développeurs. Outre le terrain de jeu, l’important est d’avoir de bonnes règles. Au programme, quatre modes : Deathmatch, Team Deathmatch, Capture the Flag et, surtout pourrait-on dire, l’excellent Predator. Rien à dire sur les trois premiers, somme toute très conventionnels. Le mode Predator, lui, innove par son principe. Un joueur hérite de pouvoirs surhumains (les mêmes que ceux de Jack dans l’aventure solo) et est opposé aux autres qui, eux, n’ont aucune faculté supplémentaire. Leur but est d’atteindre un générateur et de rester à proximité durant quelques secondes. C’est le seul moyen pour eux de remporter la victoire. Le predator, lui, doit exterminer tous les mercenaires, qui ne respawnent que s’il est descendu durant la partie. Vu sa puissance, il est inutile de l’affronter seul, sauf si on est armé jusqu’aux dents. La coopération entre les joueurs adverses est donc primordiale. Cet aspect chasseur/chassés rend certaines parties exceptionnelles de tension et de suspense, et fait de ce mode un vrai plaisir. Mais Far Cry, c’est aussi un mode online réussi. De l’aveu d’Ubisoft, son ambition était d’ébranler le leader incontesté du Live en personne, à savoir Halo 2. S’il n’en sera sans doute pas ainsi, force est de constater que le système est bien rodé. En pratique, le jeu fonctionne en parties classiques qu’on choisit de rejoindre ou non. Des filtres pour choisir de jouer certaines parties ou certains types de joueurs sont accessibles. De manière générale, la quantité de paramètres réglables, y compris dans les règles, est très appréciable. On peut ajouter que le lag est relativement peu présent,rarement handicapant, un vrai plaisir donc. L’étendue des cartes, leur relief, leurs bâtiments et leur végétation permettent de ne pas trop tomber dans le shoot bête et méchant, et c’est tant mieux. Une réussite qui offre une très bonne alternative aux hits FPS actuels du Xbox Live.

Pour un avis plus complet sur le multi et l’éditeur de maps, on vous renvoie à notre précédent essai.

Ubisoft réussit son cocktail aux saveurs tropicales avec ce FPS de bonne facture et servi par des environnements joliment exploités en campagne solo et sur le Live. Ce baroudeur de Jack Carver s’affirme comme un personnage charismatique – un brin blasé mais qui possède tous les stigmates du vétéran. En sus, circuler dans Far Cry Instincts se révèle être l’un des aspects les plus attrayants - belle donne pour un jeu qui se déroule sur une île à la beauté envoûtante !

+

  • Un mode Live pour gourmets
  • Une bande son prenante et adaptée
  • Un gameplay intuitif (Dieu que c'est jouable)
  • Des graphismes à tomber par terre

-

    • Une nature sublimement retranscrite au service d’un scénario qui permet d’en utiliser les atouts pour mieux s’y fondre. L’eau y est d’une beauté surprenante et les effets de lumière d’une qualité rare.
    • Excellente prise en main des armes et des véhicules, accentuée par une interface de jeu rapide, simple et efficace. Tout est mis à disposition pour entamer l’aventure dès les premières secondes de jeu.
    • Seule la scène finale donne du fil à retordre – le titre étant bien plus facile en campagne solo que ce que nous aurions pu imaginer. La durée de vie, mixée au mode multijoueur et au Live, reste pourtant correcte.
    • Une bande son très prenante avec une accélération de rythme lors des phases plus intenses. Les dialogues, parfaitement rendus en français, sont travaillés (avec une mention spéciale pour la scène avec la radio dans les marais).
    • Pas loin de « L’île du Docteur Moreau », un scientifique se livre à des recherches plutôt glauques et vous prend pour un terrain d’expérimentation.
    • S’affirmant comme l’un des poids lourds de cette rentrée 2005, Far Cry Instincts rejoint le panthéon des meilleur FPS sur consoles. Beau et fluide, il se savoure comme un cocktail des îles !
    • On reste surtout sceptiques devant la réaction de certains mercenaires à l’IA plus que sommaire, face à une végétation qui ne bouge pas quand on avance et à une mobilité qui reste la même que l’on soit debout en couché.
    • Far Cry, avec un mode online dans l'ensemble très bien réalisé, s'affirme comme un des très bon titres Xbox Live
    • L'animation, pas toujours top
    • L'IA franchement à la ramasse