Test : We Were Here Forever sur Xbox Series X|S
Glacés pour l'éternité
Tout au long de six chapitres de longueurs inégales, les deux héros emmitouflés tentent de s’échapper du royaume maudit de Castle Rock. Si le premier chapitre se déroule en intérieur, depuis les prisons du château jusqu’à l’énigmatique royaume du bouffon Jasper, les cinq suivants emmènent les protagonistes à la découverte de mondes sous marins, de catacombes ou des ruines enneigées. Les énigmes et les mystères sont évidemment prédominants mais c’est sur fond des mémoires du royaume glacial que nous résolvons les puzzles.
Une histoire qui, sous ses allures alambiquées, est finalement assez simpliste et manque de profondeur : Le roi Bartholemeus semble avoir perdu la raison et maudit son royaume de Castle Rock avec tous ses habitants. C’est ainsi que les principales familles et artisans du village de Rockbury, s’alliant à une partie de la famille royale, ont cherché à s’extraire du joug du tyran. Rien de bien original donc côté background, mais qui, contrairement aux épisodes précédents, a le mérite d’être présent et cohérent. Ce d’autant que certains problèmes sont basés sur le lore, comme par exemple l’exploration du cimetière et des catacombes basée sur les membres des différentes familles de ce village maudit.
Débutant donc dans une froide ambiance de cachot, les personnages incarnés s’éveillent vêtus de leur anorak, armés chacun de leur seul et unique talkie walkie. Dans les entrailles de Castle Rock, le duo découvre ainsi comment communiquer pour avancer. Exclusivement jouable en coop en ligne, et proposant du cross-plateform, le titre néerlandais base en effet son gameplay sur la communication, la coopération et l’entraide. Et c’est là où la connaissance de votre partenaire semble essentielle. Savoir écouter l’autre et parler au moment opportun est un élément à ne certainement pas oublier puisqu’il est impossible de discuter en même temps. Avec le risque, parfois, de s’époumoner dans le vide si l’on ne prête pas attention au voyant de notre talkie walkie qui nous indique que notre compère est déjà en train d’utiliser le canal. S’il est possible de s’affranchir de cette contrainte en créant un groupe d’amis, il serait toutefois dommage de craquer dans des moments de faiblesses tant la petite pointe de frustration de cette coopération asymétrique fait la richesse de We Were Here Forever.
Comme dans les itérations précédentes, les deux joueurs sont le plus souvent séparés et doivent détailler les éléments visibles sur leur écran. Il est plus que recommandé de jouer avec quelqu’un que l’on connait et qui partage le même langage car se faire comprendre est parfois… ardu ! Les symboles à décrire sont franchement compliqués, donnant lieu à des descriptions parfois longues mais somme toute très amusantes. Mention spéciale à une des énigmes sous marines prétexte à des imitations sonores oscillant entre borborygmes et chants gutturaux. En plus de sa propension à savoir faire communiquer les joueurs, We Were Here Forever demande de la complémentarité.
Faisant ainsi appel dans ses mécanismes à de nombreux pans de l’intelligence humaine : abstraction, mémorisation, analyse ou logique, les atouts de chacun des joueuses et joueurs sont donc importants. S’il y a un aspect à ne pas négliger en décidant de se lancer dans l’aventure, c’est celui du choix de votre acolyte de jeu car celui-ci est loin d’être anodin. Comptez par exemple sur un partenaire doué d’un sens de l’orientation et de la latéralité de haute volée pour parcourir les fonds marins ; ou ayez confiance en un compère au sens de l’observation aiguisé pour vous extraire de la chambre forte. Contrairement aux opus précédents, certaines parties sont communes aux deux joueurs qui peuvent se réunir et coopérer dans la même pièce. Il s’agit dans celles-ci de savoir se répartir les tâches intelligemment pour ne pas entraver la progression du duo. Petite incongruité regrettable : les deux personnages doivent tout de même communiquer via leurs talkies walkies en étant dans la même pièce à un mètre l’un de l’autre. C’est dommage, nous perdons de l’immersion… et de la logique justement.
Les énigmes sont, elles, toujours variées. Bien que le habitués reconnaitront certains rares mécanismes des épisodes précédents, le titre de Total Mayhem Games brille par la diversité de ses puzzles puisqu’aucune redite n’est notée dans l’entièreté de We Were Here Forever, ce qui tient de l’exploit. Le travail des développeurs nééerlandais pour proposer des mystères, logogriphes ou casse-têtes aussi poussés est à saluer tant ils sont aller chercher loin pour satisfaire nos petites cellules grises. Pouvant amener jusqu’à une quinzaine d’heures de longues, très longues réflexions, le jeu permet d’occuper des soirées avec parfois de grands moments de solitude et de céphalées bien entêtantes. Certaines énigmes sont bien retorses sans toutefois être capillotractées. Toujours réalisables, c’est surtout un manque de communication ou une certaine impatience qui feront défaut, et rater la solution au problème. A noter, une possibilité d’indice et d’aide, qui existe, mais est totalement inutile.
En vue à la première personne, le jeu batave est initialement pensé sur PC. Le portage est plutôt bien fait, même si dans de rares fois, il est à regretter que la maniabilité manette n’ait pas été un peu mieux pensée. Cependant, rien qui n’a pu empêcher le bon avancement dans l’aventure, les actions avec les différents éléments sur lesquels il est nécessaire d’interagir se faisant sans difficulté.
Pour la réalisation du test, nous avons pu jouer à deux rédacteurs, l’un sur Xbox Series X, l’autre sur Xbox One, et la qualité graphique s’en fait ressentir. Sur nouvelle génération le jeu est franchement beau, propose une direction artistique étrangement sombre et torturée mais tout de même colorée. Un univers assez mélancolique, sur une bande-son douce, suffisamment discrète mais en accord avec l’ambiance du titre, comme si Alice au Pays des Merveilles s’était retrouvée dans l’univers de Bioshock. Entièrement sous-titré en français, aucune problématique de traduction n’a été notée. Sur Xbox One, aliasing et chutes de framerate sont au rendez-vous, tout comme des temps de chargements longs, très longs, faisant patienter l’autre, notamment lors de certains allers – retours auprès de l’Astrolabe. Le chapitre final est lui étrangement simple comparativement au très long parcours des deux aventuriers, pour une fin en demie-teinte. Et c’est bien dommage car le titre est très agréable à jouer dans l’ensemble. On revient avec avidité terminer le chapitre en cours ou découvrir le suivant pour enfin aller vers la sortie de ce monde glacial.
+
- Direction artistique soignée
- Enigmes variées
- Puzzles poussés mais accessibles
- Localisation en français
- Techniquement solide
-
- Scenario simpliste et fin bâclée
- Absence de chat local dans la même pièce