Test : The Gap sur Xbox Series X|S
Autant en emporte le temps
Comme c’est souvent le cas avec les walking-simulator, The Gap ne s’embarrasse pas avec les explications et nous plonge directement au cœur du débat. C’est donc sans aucune carte en main que le joueur avance dans un couloir sombre, jusqu’à arriver à un tableau en liège rempli de post-it. C’est alors l’occasion de découvrir l’étendu du gameplay, évidemment très basique, avec la nécessité de pointer certains éléments du décor pour les sélectionner et accessoirement les étudier. Un principe très classique qui ne fait absolument pas d’ombre à la proposition, celle d’offrir une aventure narrative bien écrite, capable d’embarquer le joueur dans un récit long de trois heures environ, avec quelques interactions capables d’impliquer suffisamment le joueur pour le placer en tant qu’acteur principal et non en tant que simple spectateur.
Une aventure à suivre dans la peau de Josh, un père de famille qui se réveille dans son appartement, face à l’énigme de sa vie. Des premiers pas assez déstabilisant pour le joueur, qui ne connait évidemment absolument rien de cet homme. Après avoir jeter un œil au schéma mystérieux gribouillé dans le salon, on commence alors à explorer les différentes pièces en quête d’indices. Les éléments exploitables sont assez facilement repérables, marqués d’un point lumineux lorsqu’on s’en approche. Globalement, le système est suffisamment clair, et l’appartement pas franchement immense, ce qui permet d’éviter au joueur de tourner en rond pendant de longues minutes à la recherche d’un objet ou d’un document indispensable. De même, lorsqu’un élément n’a pas été exploité à 100%, l’icone reste brillant pour indiquer au joueur qu’il reste à faire.
Un principe simple, mais qui possède tout de même une particularité, celle de revivre quelques souvenirs de Josh à travers des objets précis. En regardant certains d’entre eux, une fenêtre s’ouvre alors vers des moments clés de la vie de notre héros. Cela permet d’en apprendre plus sur le passé de Josh, avec l’impression de reconstituer un véritable puzzle au fur et à mesure de la progression. Car loin de la petite vie tranquille de cet ancien étudiant en neuroscience, c’est une véritable plongée à la fois scientifique et émotionnelle qui est proposée ici, avec de multiples thèmes abordés, allant du multivers à la dépression, en passant par les nanotechnologies. En apprendre toujours un peu plus, à mesure que l’on découvre des documents, est un véritable plaisir tant l’écriture est de qualité et les sujets bien traités. Pour offrir un peu plus de profondeur à l’ensemble, la narration est également construite sur plusieurs années charnières, qui viennent là aussi dessiner les contours d’une intrigue particulièrement intéressante à suivre. C’est habilement construit, avec des réponses distillées au fur et à mesure qui incitent le joueur à ne jamais lâcher sa manette.
Comme dans à peu près n’importe quel walking-simulator, quelques énigmes viennent interrompre la promenade et la lecture des documents. Celles-ci ont l’immense mérite d’être toujours connecter au quotidien, avec la nécessité de relire des notes en vue de passer un examen, ou de se creuser la tête pour trouver le code PIN d’un téléphone portable. Tout est fait pour conserver un maximum de cohérence et d’immersion. On regrette par ailleurs que ces énigmes soient finalement assez peu nombreuses, pour une expérience qui aurait clairement mérité d’être approfondie de ce côté-là. Même regret avec le dernier quart de l’aventure, qui a le mérite de lever le voile sur les dernières zones d’ombre de la vie de Josh, mais dont l’approche est finalement extrêmement linéaire et oblige le joueur à faire preuve d’une grande passivité pendant une grosse demie-heure, avant une conclusion qui laisse tout de même le choix entre deux fins possibles.
Techniquement, The Gap est sans surprise. L’utilisation de l’Unreal Engine 4 permet de profiter d’une modélisation impeccable de l’appartement, sans que cela ne fasse trop générique non plus. Les souvenirs présentent les personnages sous forme d’hologrammes, un peu à la façon d’un Tacoma, et ça fonctionne plutôt bien d’autant que chaque protagoniste a sa propre couleur et est donc identifiable rapidement. Les dialogues apparaissent d’ailleurs comme dans un casque de réalité virtuelle, une idée originale mais qui oblige parfois à se placer à un endroit précis pour en faire la lecture. A noter que le jeu est doublé en anglais, mais tous les textes sont traduits dans un français impeccables, et cela malgré les thèmes parfois très techniques abordés. Seule petite ombre au tableau, un framerate pas toujours stable qui vient un peu gâcher l’expérience générale.
+
- Histoire originale et narration intelligente
- Thèmes matures très bien traités
- Excellent travail de traduction en français
-
- Trop peu d'énigmes
- Framerate pas toujours stable