Jeux

Ghost Trick : Détective Fantôme

Point'n Click | Edité par Capcom

9/10
One : 30 juin 2023 Series X/S : 30 juin 2023
28.06.2023 à 11h11 par - Rédacteur en Chef

Test : Ghost Trick : Détective Fantôme sur Xbox Series X|S

Le remaster à ne pas ghoster

Plutôt habitué à nous ressortir ses vieux titres sous forme de compilation, Capcom joue cette fois-ci la carte du portage à l'unité. Il faut dire que Ghost Trick : Détective Fantôme n'a eu le droit qu'à un seul épisode, sorti en 2010 sur Nintendo DS, avant de se retrouver dans un placard fermé à double tour. Pourtant, le titre imaginé par l'équipe de Shu Takumi, la même derrière la franchise Ace Attorney, a connu un joli succès critique à son arrivée sur la portable de Nintendo. Aujourd'hui le titre s'ouvre à un public plus large, tout en conservant ses nombreuses qualités.

Ghost Trick : Détective Fantôme c’est avant tout une aventure qui débute très très mal pour vous. Le titre s’ouvre en effet sur votre propre mort, sans aucun souvenir à emporter dans l’au-delà. Deux petites sources de satisfaction viennent toutefois éclaircir un peu le tableau puisque vous avez toute la nuit pour tenter de comprendre qui vous êtes et ce qui vous est arrivé, tout en bénéficiant d’une capacité bien pratique qui vous permet de vous déplacer d’un objet à l’autre et d’influer divers éléments de l’environnement. Découpé en 18 chapitres, le jeu de Capcom nous entraine dans un univers imprégné des polars et des films noirs, tout en conservant le design et la patte humoristique qui caractérise les jeux Shu Takumi, le créateur de la franchise Ace Attorney. Comme dans la franchise mettant en scène Phoenix Wright et Appolo Justice, la galerie de personnages de Ghost Trick est totalement délirante, allant de l’inspecteur Cabanela et ses entrées façon Michael Jackson, au chien fidèle prêt à se donner corps et âme pour sa maitresse. Impossible d’en dévoiler plus tant le scénario est sujet à rebondissements, et capable de vous tenir en haleine durant une bonne douzaine d’heures de jeu.

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Une durée de vie tout à fait correcte pour ce type de jeu qui invite clairement à être joué par de petites sessions. Un héritage laissé par son support d’origine, la Nintendo DS, mais qui n’est absolument pas dérangeant dans la mesure où le scénario profite d’une écriture à la fois simple et inspirée, tandis que quelques petits flashbacks permettent de se remémorer les passages importants lorsque c’est nécessaire. Au-delà de son gameplay, c’est donc surtout l’intrigue de Ghost Trick qui se charge d’happer le joueur, avec l’immense avantage d’être entièrement traduit en français. A l’exception de quelques petites coquilles de traduction, certainement reprises de la version d’origine, les dialogues sont absolument savoureux, et l’humour parfois potache fait mouche quasiment à tous les coups.

Alors que le scénario ne peut souffrir d’aucun problème lié au portage d’une machine à une autre, on pouvait en revanche avoir quelques doutes concernant le gameplay, surtout quand le titre en question se jouait essentiellement au stylet dans sa version d’origine. Et de ce côté là, il faut bien avouer que Capcom a bien su transposer ses mécaniques pour les adapter à la manette, avec un maximum de confort possible. Car pas question de déplacer un personnage de façon traditionnelle ici, les morts n’ayant plus vraiment l’usage de leurs jambes, c’est l’âme du héros qu’il faut faire transiter d’un lieu à un autre. Pour cela, il devient nécessaire de passer dans le «monde fantôme» et ainsi voir quels sont les objets à hanter. Des pouvoirs plutôt limités, notamment par le fait que deux objets doivent être suffisamment proches pour que l’on puisse passer de l’un à l’autre. En revanche, il est possible d’interagir avec certains éléments, comme ouvrir une porte de placard ou accélérer la rotation d’un ventilateur par exemple. Des actions simples qui permettent toutefois de changer la configuration des pièces, de façon parfois très surprenante, et donc de progresser.

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Ghost Trick invite clairement à actionner tout ce qui peut l’être, et force ainsi le joueur à tâtonner et à imaginer une suite logique d’événements qui peuvent l’amener à trouver la solution d’un problème donné. C’est malin et terriblement satisfaisant lorsqu’on parvient à résoudre une énigme. Un principe simple qui se complexifie au fur et à mesure de la progression du joueur. La plus grande capacité du héros reste néanmoins sa faculté à revivre les quatre dernières minutes d’un personnage décédé. Des passages qui permettent de lever le voile sur un flou scénaristique, avec la possibilité de changer le destin de la victime. Le principe reste sensiblement le même, à la différence qu’il devient possible de ne pas faire les choses de la bonne façon ou dans le bon ordre, et donc de devoir reprendre la séquence. Quelques checkpoints permettent toutefois de ne pas tout recommencer à zéro à chaque fois, ce qui permet de valider un passage réussi et évite d’avoir l’impression de faire les mêmes choses en boucle.

Alors que le fond n’a pas changé d’un iota par rapport à la version de 2010, mis à part l’ajout d’une galerie d’images et de thèmes à débloquer à la fin de chaque chapitre, Ghost Trick a subit un gros traitement pour lisser les vilains pixels de la version portable. Totalement sous le charme de son moteur maison, c’est le RE Engine qui a permis de remettre à jour l’ensemble des graphismes du jeu pour un résultat très convaincant, bien loin de ce que nous avait proposé la trilogie Ace Attorney sortie en 2018, qui n’utilisait pas encore ce désormais célèbre RE Engine. Les musiques et le sound-design collent parfaitement à l’ambiance générale, avec ce petit côté rétro franchement pas désagréable pour les oreilles. Certaines animations et la mise en scène très sommaire sont également là pour nous rappeler que le jeu est sorti il y a tout juste 13 ans, sur une machine aux limites techniques évidentes. A noter que le format 4:3 a été conservé pour l’essentiel du jeu, tandis que les transitions ont été entièrement revues pour profiter d’un plein écran appréciable.

9/10
Les joueurs qui ont eu la chance de faire Ghost Trick : Détective Fantôme sur son support d'origine avaient déjà connaissance de ses nombreuses qualités. Il est désormais l'heure de s'adresser à un public bien plus large, par le biais d'un remaster qui parvient à conserver l'essence du jeu d'origine, tout en y apportant une petite touche de modernité tout à fait cohérente. Fort d'une intrigue captivante, le jeu de Shu Takumi mérite qu'on s'attarde sur son cas, laissant pour seul regret celui de ne jamais avoir eu droit à une suite.

+

  • Des rebondissements dans tous les sens
  • Ambiance de polar très réussie
  • Gameplay bien adapté à la manette
  • Galerie de personnages hauts en couleurs

-

    • Quelques coquilles dans la trad'
    • Mise en scène très sommaire