Test : Grandia HD Collection sur Xbox One
Il n'y a pas d'âge pour de grandes aventures
Pour fêter ses 20 ans, la franchise Grandia s’était donc offerte une HD Collection sortie sur Nintendo Switch. Pour ses 25 ans, l’éditeur japonais GungHo Online Entertainment propose la même chose, mais sur de nouveaux supports avec une disponibilité sur consoles PlayStation et Xbox. Pas de surprises donc pour ceux qui lorgnaient sur cette compilation depuis un moment, avec la présence du premier Grandia, sorti sur Saturn à la fin de l’année 1998, puis sur la première PlayStation un an et demi plus tard, et celle de Grandia II qui avait vu le jour sur Dreamcast durant l’été 2000, puis sur PlayStation 2, là encore un an et demi après. Ici, un écran d’accueil permet de lancer le jeu souhaité, pour rapidement tomber ensuite sur l’interface du titre en question, et sans avoir à subir les innombrables temps de chargement de l’époque. C’est simple et efficace.
Ce que l’on constate rapidement, c’est que les deux titres profitent d’une remasterisation graphique réussie, avec un très gros travail réalisé sur le premier épisode, pour faire oublier au maximum tous les défauts liés aux limitations techniques de la génération 32-bit. L’aliasing est quasiment inexistant, les modèles 2D ne laissent plus apparaitre de gros pixels et globalement l’ensemble est très agréable à regarder. Seuls la mise en scène d’époque, quelques bruitages obsolètes et des mouvements de caméra saccadés nous rappellent le grand âge de ce premier Grandia. Autre nouveauté qui force le respect, l’ajout d’une localisation en français pour les textes de Grandia II (Grandia était disponible en français à sa sortie), même si quelques coquilles en ont profiter pour faire leur apparition. Compte tenu du nombre de lignes de dialogues, on apprécie tout de même grandement la démarche qui permet de profiter d’une expérience de jeu optimale. A noter que le choix est également laissé pour les voix, en anglais, ou en version originale japonaise.
Pour en venir aux jeux eux-mêmes, le premier Grandia nous permet de suivre l’histoire de Justin, un jeune garçon qui ne tient pas en place et qui se rêve à devenir un véritable aventurier. Et de ce côté là, on peut dire que les développeurs de Game Arts ont parfaitement rempli leur cahier des charges en embarquant le joueur dans une quête qui donne clairement envie de s’y plonger pleinement. Doté d’une écriture impeccable, le titre est porté par un excellent rythme avec l’enchainement de phases d’exploration, de combats et de rencontres avec des personnages marquants. C’est peu de dire que Grandia possède un charme fou, et d’autant plus dans cette version gommée de ses nombreux défauts techniques d’origine. Les trombines affichées lors des dialogues rappellent les productions animées japonaises de l’époque, de même concernant les quelques voix digitalisées qui ont conservé leur cachet d’origine, tandis que les cinématiques offrent un rendu tout à fait correct malgré leur faible résolution.
On se rend également vite compte que ce qui a fait la force de la franchise c’est son système de combat. Alors que Enix et Square Soft cartonnent respectivement avec Dragon Quest et Final Fantasy, des JRPG au tour par tour très classiques, Grandia se doit d’innover dans ses mécaniques de jeu, et force est de constater que c’est une franche réussite pour l’époque, notamment grâce à un système dynamique qui lui permet de bénéficier d’un côté moderne encore aujourd’hui. Si les options indispensables d’attaque, de magie ou de défense sont au rendez-vous, elles sont complétées ici par la possibilité de réaliser un coup critique ou d’utiliser une jauge d’attaques spéciales.
Mieux, de mémoire ce premier Grandia est un pionnier en matière d’ATB (Active Time Battle) avec une timeline qui définit l’ordre d’attaques des personnages, ennemis compris. De quoi apporter une vraie dose en matière de stratégie puisque les coups critiques ne frappent qu’une fois (contrairement aux attaques classiques qui touchent par deux fois), mais sont capables de stopper un adversaire qui se trouve dans sa phase de préparation. Un système qui permet également les contres dévastateurs quand un personnage est touché alors qu’il était sur le point de frapper. C’est simple, innovant pour l’époque et toujours aussi efficace aujourd’hui. A quelques petites différences près, notamment concernant les magies, les combats se déroulent de la même manière dans les deux jeux de cette compilation.
Alors que le premier Grandia est mémorable par le cachet unique qu’il dégage, son humour et sa bande-son exceptionnelle, on regrette que ces trois éléments soient beaucoup plus en retrait dans Grandia 2. Le scénario y est plus sombre, pour une histoire qui nous permet de suivre le geomercenaire Ryudo. Totalement antipathique au départ, on prend tout de même grand plaisir à le voir s’ouvrir aux autres à mesure que le groupe s’agrandit, là aussi avec des personnages travaillés, et qui disposent d’un énorme capital sympathie. Autres petites différences avec le premier épisode, les cinématiques paraissent étrangement moins propres, tandis que les modèles 3D des personnages enlèvent un peu du côté mignon du jeu précédent. A noter quand même que l’on peut ici choisir la difficulté, une option à réserver aux plus téméraires puisque la difficulté est progressive et oblige à bien s’équiper et à ne pas jouer trop petits bras sur la gain d’expérience.
Du côté de la réalisation technique, les efforts réalisés sur la remasterisation tranche sensiblement avec les environnements taillés à la serpe du premier Grandia, avec des textures simplistes et un angle de vue que devrait détester ceux qui n’ont pas un grand sens de l’orientation. Pour palier ce défaut, une boussole est présente en haut à droite de l’écran mais cela n’empêche pas forcément de tâtonner pour retrouver son chemin. On regrette aussi l’absence d’une carte avec des zones réellement interconnectées. Les deux titres proposent en réalité une carte sur laquelle le joueur peut sélectionner une zone déjà explorée pour s’y téléporter. Cela change des mondes ouverts des franchises Final Fantasy et Dragon Quest même si on finit par s’y faire. A noter également que le titre ne propose pas de 4K sur Xbox Series X, tout en tournant à 30fps en jeu. D’ailleurs le jeu n’est pas optimisé pour les Xbox Series X|S. Le Quick Resume est absent également, et c’est particulièrement agaçant de devoir composer avec les sauvegardes à l’ancienne uniquement.
Rien à redire en revanche concernant la direction artistique globale du jeu qui rappelle par moment les cadors du genre, notamment concernant les intérieurs. Le tout est porté par des compositions musicales absolument mémorables, côtoyant la perfection dans le premier Grandia, tout en s’affirmant comme bien sympathique dans Grandia II. Un petit mot concernant la durée de vie, énorme, de cette compilation puisqu’il vous faudra une centaine d’heures de jeu pour terminer les deux titres, sans jamais donner l’impression de trainer en longueur.
+
- Deux grandes aventures
- Système de combat dynamique
- Personnages travaillés et attachants
- Bande-son de haute qualité
- Textes tout en français (même Grandia 2) !
- Durée de vie gigantesque
-
- Sound-design parfois dépassé
- Pas de Quick Resume