Test : GTA San Andreas sur Xbox
Grove Street Represent
Difficile de laisser son passé derrière soi. Surtout quand on s’appelle Carl «CJ» Johnson. Cet originaire de Grove Street, ghetto de la banlieue Est de Los Santos, avait décidé de se ranger après un coup qui avait dérapé et coûté la vie à son frère Brian. Tenu pour responsable par «Sweet», son autre frère, Carl était parti en exil à Liberty City. Mais après 5 ans, la mort brutale de sa mère le ramène dans sa ville natale. Et vu qu’il n’est toujours pas rentré en odeur de sainteté auprès de son frérot, ce n’est pas ce dernier qui l’accueille à la descente de l’avion, mais l’officier de police Tenpenny et ses compères, Hernandez et Pulasky. Ces flics ripoux n’ont pas oublié Carl depuis son départ, et annoncent d’emblée la couleur: si CJ ne bosse pas pour eux, ils lui mettront le meurtre d’un de leurs collègues sur les bras. Difficile de faire plus unilatéral comme contrat. Les retrouvailles de Carl avec ses proches («Sweet», mais aussi «Ryder», «Big Smoke» et Kendl, sa sœur) ne seront pas beaucoup plus tendre, puisqu’en plus de le considérer comme un lâcheur, ils sont en train de voir leur gang couler dans la guerre qui les oppose aux Ballas, des quartiers voisins.
Dans San Andreas, vous incarnez donc CJ, et vous débutez sans le sou (Merci Tenpenny), sans réputation et un peu perdu par l’ampleur de la tâche qui vous attend. Comme dans les précédents GTA, vous devrez vous hisser dans les plus hautes sphères du black business, en suivant le fil d’un scénario complètement décalé mais prenant et qui réserve quelques surprises de taille. Trahisons, amitiés, idylles, il y a de tout, et dans tous les sens! Un joyeux feu d’artifice, où les doubleurs, excellents, s’en donnent à cœur joie (Samuel L. Jackson, Chris Penn, Peter Fonda, James Woods, et j’en passe) et où la mise en scène, digne d’un film «Winewoodien», flatte l’œil. Les voix sont en anglais, sous-titré. Ce n’est pas un mal, tant elles gagnent à rester en VO, mais cela gênera parfois, surtout quand les personnages se mettent à parler en voiture, alors que vous conduisez.
La «GTA touch» est elle aussi présente: clichés, humour noir, situations à prendre au 4° voir 5° degré… On aime ou on déteste, mais il ne faut jamais oublier qu’on joue à GTA, précisément, un jeu irrévérencieux qui ne prétend pas afficher les choses telles qu’elles sont en réalité, qui adopte volontairement un ton provoquant et reproduit bien des choses par le principe du miroir déformant.
Carl "Homme à tout faire" Johnson
Pour ce qui est du principe de base, GTA reste GTA. On progresse dans le jeu au fil des missions qui nous sont confiées par différents intervenants, tout cela n’entravant pas la liberté d’action offerte par ailleurs. Ainsi, sous l’impulsion de Catalina la tarée, de Truth le baba cool parano ou encore de Woozie, le chef de triade aveugle, vous devrez accomplir les plus hauts faits dans des missions plus farfelues et fun les unes que les autres. Assassinats (On en arrive au meurtre un peu facilement d’ailleurs)et poursuites classiques alterneront avec infiltration, défi de danse ou destruction de champ de Marijuana. L’imagination des développeurs s’est à nouveau déchaînée et on ne s’ennuie pas une minute… La plupart du temps. Certaines missions se révèlent parfois fastidieuses à cause d’une difficulté mal dosée et du manque de précision des contrôles (Voir plus loin). Cependant elles sont vite oubliées, noyées dans la qualité de l’ensemble. Une qualité d’autant plus admirable que GTA en recèle un paquet, de missions. Les dizaines d’heures défilent rapidement, d’autant plus que vous n’êtes absolument pas obligé de vous cantonner à ces missions principales.
Une myriade de «quêtes» secondaires est là, libre à vous de les tenter. Jouer au pompier, à l’ambulancier, au policier, au coursier, etc, est amusant, mais un peu répétitif à la longue. On a toujours accès à des courses, dont les dernières à débloquer vous obligeront à parcourir la carte immense de bord en bord. En outre, comme dans Vice City, mais un peu plus tard, vous pourrez dépenser vos deniers dans de nouvelles possessions immobilières qui possèdent leurs propres séries de missions, celles-ci étant aussi «complexes» que les principales et possédant leur propre trame historique. Avec à la clé, une fois tous les objectifs remplis, un revenu régulier.
L’argent faisant défaut au début du jeu, ces missions secondaires permettent de se mettre à l’abri du besoin avant que les primes offertes dans la «quête» principale ne deviennent plus généreuses. Vos sous vous serviront à acheter des propriétés, à vous armer mais également à bichonner CJ.
Métamorphoses
Pour la première fois dans un GTA, la personnalisation de son personnage prend une place importante, en plus de participer à l’immersion, car c’est bien sûr plus attrayant de vivre ses aventures avec un gars dans lequel on se reconnaît un minimum. Carl débute l’histoire avec une carrure normale, voire un peu frêle, et une seule tenue, mais il n’en restera pas là, si tel est votre désir.
Quel plaisir de pouvoir habiller, coiffer ou tatouer son Carlounet !De nombreuses boutiques vous offriront, moyennant finances, des vêtements variés, allant du smoking au caleçon à cœurs. Même si le système d’essayage se révèle assez chiant à la longue (Car justement ça prend trois plombes pour mettre un malheureux bob), relooker Carl est vraiment amusant, d’autant que les accessoires ne manquent pas (Montres, chaînes, chapeaux, etc.). Outre les habits, les tatoueurs vous proposeront un vaste choix de motifs à appliquer sur toutes (Enfin presque… Je vous vois venir! ) les parties de votre corps et les coiffeurs mettront un point d’honneur à rendre votre structure capillaire inimitable. Ah, la fameuse coupe afro… Mine de rien, ce sont des dizaines et des dizaines de possibilités qui se présentent à vous, ayant pour but de modeler votre héros à l’envi.
Il vous est même possible de changer l’apparence physique de votre chouchou, en allant suer un peu dans les salles de sport. Les machines de muscu lancent de petits jeux à base de tapotage de touches et vous permettent rapidement et plutôt facilement de devenir très athlétique.
Les restaurants dispersés un peu partout dans l’Etat servent à se nourrir (Non, c’est vrai? ). Manger vous redonne de la vie s’il vous en manque, mais cela peut vous rendre gros si il y a excès. A noter que contrairement à la réalité, il sera plus facile et plus rapide de devenir super baraqué qu’obèse. Quelle que soit l’apparence que vous désirez donner à Carl, il sera assez facile de l’obtenir, et s’entretenir (En étant gros, mince ou musclé) ne demandera que des efforts très ponctuels et peu réguliers.
Toutes ces actions sont regroupées en un groupe de jauges qui évoluent au gré de vos actions. Plus vous mangez, plus la barre de graisse se remplit. Plus vous faites de l’exercice, plus celle de muscle monte. Plus soigné et «mode» est votre look, et plus vous aurez de sex-appeal, ce qui vous permettra de séduire de jeunes donzelles qui deviendront vos petites amies. Ces jauges ont une influence directe sur le gameplay. Un Carl musclé se débrouillera mieux dans une baston, tandis qu’un gros Carl sera moins bon à la course qu’un Carl endurant. Ce système s’applique aussi au maniement des armes et des véhicules. Plus vous vous servirez d’un pistolet précis et plus vous serez meurtrier avec. Plus vous conduirez une voiture, et plus votre habileté au volant augmentera. Cela se constate par des dégâts augmentés, une visée plus précise, moins de dérapages impromptus, etc. Vous construire un super CJ bon partout demandera un certain temps de jeu, néanmoins ce n’est pas indispensable pour finir ce GTA. La plupart des jauges se rempliront d’elles-mêmes au fil de vos actions, mais libre à vous de vous perfectionner dans des domaines spécifiques. Des écoles de conduite, de pilotage, des stands de tirs vous y aident, si vous le souhaitez.
Un monde parfait
Il est délicieux de parcourir l’Etat de San Andreas, même en dehors des missions. Vous avez accès à trois villes, Los Santos (Inspirée de Los Angeles), San Fierro (San Francisco) et Las Venturas (Las Vegas), qui se débloqueront au fil de l’aventure. Gare à vos fesses s’il vous prend l’envie d’y aller avant que ce soit autorisé !Chacune de ces citésà son caractère, ses quartiers typiques, ses monuments. Plein de coins sympas sont à découvrir: boîtes de nuit où on peut aller danser, bar avec billard, skyscrapers d’où on peut s’initier au base jump (Grisant), ports, aéroports, avec plein de véhicules marrants à piquer, casinos… La campagne environnante est elle très soignée, entre les petits patelins paumés, les fermes, les forêts, le Mont Chiliad, énorme montagne au Sud Ouest, le désert de Las Venturas…
Tout cela vit: Les gens marchent dans la rue, les flics poursuivent des criminels, des avions volent dans le ciel… Sous l’eau (CJ sait enfin nager!), vous voyez poissons, tortues et dauphins. La météo varie en temps réel. Une ambiance forte se dégage, l’impression que ce monde n’est pas figé. Un énorme soin a été apporté à chaque zone, et il est rare de traverser des endroits totalement vides, sans rien à faire.L’ensemble baignantdans une atmosphère unique, décalée, succulente.
Outre l’immensité de la carte (Elle fait plus de 5 fois celle de Vice City), outre les villes variées, GTA propose un vaste choix de véhicules, tous avec leurs capacités et leurs performances propres. La GT, la mule, la moissonneuse batteuse, le monster truck, et j’en passe… Tous les genres sont là, et la conduite est toujours aussi agréable, à quatre ou à deux roues. Nouveauté, le vélo est vraiment très fun à utiliser, et est idéal pour les poursuites. Il existe même des garages où vous pourrez tuner vos caisses. D’autre part, vous avez toujours autant d’armes, et ça va du basique au franchement décalé (Allez donc faire un tour dans les douches du commissariat).
La bande-son, à laquelle vous avez accès via la radio des véhicules, est comme toujours excellente, et vous retrouverez des artistes aussi différents que Toto, James Brown, Dr Dre, Depeche Mode, David Bowie, America, Willie Nelson, 2 Pac, etc. Il devrait y en avoir pour tous les goûts, d’autant que vous avez la possibilité de passer les musiques enregistrées sur votre disque dur, quisont diffuséesentre deux pubs délirantes, comme sur une vraie radio.
Pour finir, notons qu’il est possible de jouer à deux, en se rendant sur des points spécifiques. Anecdotique, etbloquant la plupart des actions du solo,ce mode réserve malgré tout quelques moments savoureux, surtout si on se lance dans des poursuites avec les forces de police ousi on tente les missions spéciales représentées par les têtes de mort.
Ombres à un tableau de maître
San Andreas, même s’il vient de se faire encenser pendant quatre paragraphes, n’est pas exempt de tout défaut. A commencer par le côté graphique. Le jeu a certes été amélioré par rapport à la version PS2, et ça se voit (Un peu); mais il reste réellement moyen, quand on voit ce qu’un jeu comme Conker peut faire à l’heure actuelle. Ne pas oublier cependant que rares sont les jeux à proposer autant d’étendue, et un espace si vivant. On peut donc relativiser le niveau moyen du jeu sur ce plan. Il subsiste le problème des bugs. Nombreux, tantôt touchant le décor (Clipping, retard dans l’affichage des textures), tantôt d’autres aspects du titre (IA vraiment très moyenne, disparitions subites de personnages ou d’armes de l’inventaire, coupures de son), ils font tâche dans un jeu aussi ambitieux.
Autre problème: les contrôles. Bien pensés sur le papier, on se rend compte qu’en pratique c’est différent. Les problèmes de caméra pullulent, surtout au volant. Rageant de ne pas pouvoir ajuster la vue dans les situations chaudes. La visée dans les gunfights se veut plus claire, avec son système de lock, mais elle fonctionne mal, et on vise souvent un gars à 6 mètres alors qu’un autre nous allume dans le dos à 50 centimètres. Le changement de cible est lui rébarbatif (Boutons blanc et noir), et parfois la meilleure solution sera de viser au stick, sans locker. Il serait temps que GTA se dote d’un système de tir vraiment simple, maniable et fun. Tirer en voiture tient là aussi de l’exercice de style. Pour tirer sur le côté, il faut appuyer sur les boutons blanc et noir, toujours. Quand la main droite doit presser la gâchette droite, le bouton de tir et celle de gauche doit contrôler le freinage avec l’autre gâchette, il ne reste guère que les pieds pour bien s’en sortir en contrôlant tout. Le pad Xbox se révèle peu adapté pour certaines actions, là où la manette PS2 excellait. Eh oui, GTA SA a été fait avant tout pour la console de Sony.
+
- Immense
- Jouable
- Du fun, du fun, du fun !
- Une bande son du feu de Dieu !
-
- Un jeu moyen. Ce n’est clairement pas là qu’est son intérêt. On peut louer l’effort qui a été fait pour légèrement améliorer le tout par rapport au titre PS2, mais ça reste buggé et en dessous des derniers gros jeux Xbox.
- Carl se contrôle assez aisément, on peut faire plein de choses, la conduite est géniale, mais beaucoup d’actions se révèlent brouillonnes, parfois à cause du changement de pad entre Xbox et PS2. A quand un vrai bon système de tir ?
- Tout bonnement énorme ! Aux multiples missions primaires et secondaires s’ajoutent les moments où on déambule dans les rues, sans but précis, sauf celui de s’amuser. La carte, immense, réserve bien des surprises.
- Un peu en dessous de celle, fabuleuse, de Vice City, elle reste vraiment excellente, et propose un panel de chansons de qualité. Les bruitages sont très réussis et les voix des doubleurs géniales.
- Carl rencontre pas mal d’adversité sur son chemin, et son aventure est riche en rebondissements et coups de théâtre. Tout cela dans un esprit déjanté propre à la série des GTA.
- Un excellent jeu qui risque de vous scotcher au pad pendant longtemps, à moins que vous ne soyez vraiment pas dans le trip GTA. Sans doute un des derniers hits de la Xbox. Dommage que la technique, une fois de plus, ne suive pas.
- Les personnages bougent parfois bien, parfois beaucoup moins. Tout n’est pas à jeter, il n’y a pas de temps de chargement, sauf au début, et les ralentissements sont rares. Ca demeure moyen pour un grosse prod.
- Fait finalement peu évoluer le concept GTA
- La maniabilité délicate parfois, les phases de tir
- Passable techniquement
- Va très loin dans le politiquement incorrect