Jeux

No More Heroes III

Action | Edité par Marvelous Entertainment | Développé par Grasshopper Manufacture

6/10
One : 11 octobre 2022
13.10.2022 à 17h17 par

Test : No More Heroes III sur Xbox One

Travis est de travers

Si les productions japonaises pures jus se font rares ces dernières années sur les consoles Xbox, c'est avec un grand enthousiasme que nous avons attendu l'arrivée de No More Heroes III sur Xbox One et Xbox Series. Production de l'illustre SUDA 51, NMH3 semble être dans la droite lignée de ses jeux déjantés. Mais en 2022, le kitch paie-t-il encore ?

No More Heroes III est la suite de deux jeux sortis sur Nintendo Wii en 2007 et 2008. À l’époque, Suda51, à qui l’on doit des jeux déjantés tels que Killer7, mais aussi Shadows of the Damned et Killer is Dead, a donné vie à Travis Touchdown, un otaku qui se lance dans une carrière d’assassin professionnel après avoir acheté un sabre laser sur eBay : le Beam Katana. No More Heroes 3 débute avec un flashback où l’on découvre Damon, un enfant qui se lie d’amitié avec une bestiole extraterrestre d’apparence inoffensive surnommée Fu. Très vite, les deux compères sont suivis par des hommes inspirés qui aux airs de Men in Black. Acculés, Damon et son pote extraterrestre doivent se séparer et ce dernier doit repartir chez lui tout en faisant la promesse de revenir dans vingt ans…

Vingt ans ont passé et la petite bestiole toute mimi a laissé place à un Prince psychopathe, sociopathe et surpuissant nommé Jess Baptiste VI, tout droit venu d’une galaxie lointaine, très lointaine avec pour but de détruire l’univers tout en prenant plaisir à exterminer toute personne souhaitant s’opposer à sa volonté. Dérangé pendant son sommeil c’est à Travis que revient le droit d’éliminer toute cette racaille intersidérale. L’aventure est articulée autour d’un classement des dix meilleurs tueurs avec la nécessité pour Travis de gravir les échelons un à un avant de pouvoir en découdre avec Jess Baptiste VI. Un scénario assez simple, animé par une mise en scène digne des meilleurs nanars. On aime ou on déteste, mais une chose est sûre, No More Heroes 3 ne laisse pas indifférent.

no more heroes 3

L’aspect nanar de l’ensemble ne n’arrête pas là malheureusement puisqu’il est accompagné d’une réalisation technique indigne de ce que l’on peut attendre en 2022. No More Heroes 3 est initialement sorti sur Nintendo Switch en 2021 et déjà à cette époque il ne brillait pas par sa technique. Sur Xbox Series X on prend la même base, que l’on pousse en 4K et 60 images par secondes. Modélisation sommaire, environnement vide, textures pauvres, il n’y a bien que le chara-design atypique pour remonter un peu le niveau. Même les cinématiques avec le moteur du jeu saccadent parfois et sont sujettes aux pop-ups. Bref, oubliez les paillettes, c’est du sang que vous allez avoir dans les yeux. La partie sonore s’en tire mieux surtout grâce à des thèmes musicaux en adéquation avec le coté nanar déjanté du jeu. Mention spéciale aux génériques qui introduisent chacun des chapitres à la manière d’une série mais à la saveur d’une œuvre de Tarantino.

No More Heroes 3 propose trois niveaux de difficulté pour être accessible à tout le monde, néanmoins, c’est un jeu assez trash et gore, il est estampillé PEGI 18+. Même si on peut le qualifier de nanar rigolo, le jeu de Suda51 n’est pas à mettre entre toutes les mains. Le gameplay est assez inégal, assez efficace et structuré dans les combats, alors que les phases d’explorations en moto sont chaotiques et sans intérêt. La ville de Santa Destroy est désertée de presque toute vie, mais c’est un mal pour un bien car la moto de Travis est tellement horrible à piloter qu’on aurait eu bien du mal à se déplacer s’il y avait eu de la circulation.

no more heroes 3

Les combats, quant à eux, sont rythmés par des timers, les coups sont simples et les frappes fatales se déclenchent via un petit QTE. Durant le combat, après un certain temps on peut aussi revêtir temporairement une armure de superhéros pour éclater les ennemis restants. Hormis la caméra un peu hasardeuse, on ne peut pas reprocher grand chose aux phases de combat. La clé de la victoire est souvent une bonne gestion du timing ainsi que de votre stock de petits plats pour remonter votre vie ou booster vos aptitudes. Parce qu’il fallait en parler, NMH3 dispose d’un système de sauvegarde fixe à l’ancienne, ici il n’est pas question de rubans de machine à écrire mais d’une pause au WC pour laisser une trace… de votre aventure.

Pour progresser dans le jeu il faut gagner de l’argent afin de payer un droit de combattre le boss du chapitre. Pour se remplir les poches on enchaine les jobs ingrats sous forme de mini-jeux (tonte de pelouse, débouchage de WC…). Travis peut également dépenser son argent en nourriture et en vêtements afin d’être le plus beau pour aller taper. C’est parfois amusant, ça dénote fortement avec le coté badass de Travis mais c’est voulu et c’est peut-être ce qui est le mieux réussi avec les combats dans No More Heroes 3. Les missions secondaires résident le plus souvent dans l’élimination d’ennemis vus et revus et permettent également de grappiller quelques sous. L’intérêt n’est pas dingue, surtout que ce schéma se répète jusqu’au boss de fin.

Au final, No More Heroes 3 aurait pu être une référence du kitch mais il se contente d’être un vilain petit nanar qui devrait contenter malgré tout les ultras fans de la première heure et les joueurs en mal de japoniaiseries.

https://youtu.be/1d6XOwAWN9o

6/10
No More Heroes III réussit le tour de force de briller par sa mise en scène et son ambiance particulière tout en sombrant dans la médiocrité de sa réalisation technique. Le Gameplay est bon, si on ne déteste pas l'ambiance, on peut même facilement apprécier l'aventure, mais Grasshopper Manufacture a céder au chant des sirènes des mondes ouverts, pour nous sortir un jeu articulé autour d'un monde vide, sans âme, que l'on a difficilement envie de sauver. Heureusement que le charisme incommensurable de Travis relève le niveau...

+

  • Ambiance atypique
  • Charisme du héros
  • Combats dynamiques
  • Mise en scène nanardesque assumée
  • Aller au WC pour sauvegarder

-

    • Un style qui déplaira à certains
    • Techniquement obsolète
    • Beaucoup de blabla inutile
    • Monde ouvert vide sans intérêt