Test : Indiana Jones et le Cercle Ancien sur Xbox Series X|S
Indy at Xbox
Et quoi de mieux de s’appuyer sur une séquence mythique de la saga pour cela ? En guise d’introduction, les développeurs suédois ont eu la bonne idée de nous plonger dans un souvenir du célèbre archéologue. Et pas n’importe lequel puisque nos premiers pas se font dans la jungle sud-américaine, à la recherche d’une idole en or massif cachée dans un temple ancien. Après une petite balade au milieu de la végétation luxuriante, on se retrouve ainsi au cœur de cette scène culte, pour une séquence ponctuée de cut-scenes qui reprennent exactement les mêmes plans que dans l’introduction des Aventuriers de l’Arche Perdue. En plus de nous envoyer un message clair quant à leurs intentions de nous proposer un jeu respectueux de l’univers imaginé par George Lucas, les développeurs de MachineGames profitent de ce passage pour nous installer dans la peau d’Indiana Jones, pour un titre qui se joue, à quelques exceptions près, à la première personne.
C’était d’ailleurs l’une des craintes de nombreux joueurs, qui ne comprenaient pas pourquoi Indiana Jones et le Cercle Ancien adoptait cette vue subjective, là où l’intégralité des jeux d’aventures du même type se jouent à la troisième personne. C’est d’ailleurs un peu déroutant au départ, mais on finit par s’y faire très vite, et l’expérience du studio suédois en la matière n’y est sans doute pas étrangère. Tout est fait pour renforcer l’impression d’être dans le costume du professeur en archéologie, avec des passages qui rappellent les walking-simulators, un genre particulièrement immersif et généralement porté par sa narration. On en fait d’ailleurs vite la démonstration, quand Indy doit, au milieu de la nuit, remonter à la source d’un bruit inquiétant qui vient perturber le calme du Marshall College de Bedford, la célèbre université où il donne ses cours.
L’occasion de déambuler dans les couloirs, ouvrir quelques portes et récupérer des documents qui nous replacent le contexte de l’époque. Situé en 1937, entre Les Aventuriers de l’Arche Perdue et Indiana Jones et la Dernière Croisade, le titre de MachineGames nous plonge dans une période trouble qui voit l’Europe s’agenouiller face à la montée du fascisme. Même si la plupart des joueurs sont familiers avec le lore, on apprécie le travail minutieux réalisé pour conserver une certaine consistance historique, et il parait évident que la vue subjective aide grandement à se fondre dans cet univers. De même, certaines interactions simples proposent ici d’effectuer plusieurs étapes supplémentaires pour renforcer l’immersion. Ouvrir une porte fermée à clé oblige ainsi à sortir la clé, l’insérer dans la serrure, la tourner pour déverrouiller la porte et enfin pousser la porte. Une manière de mieux impliquer le joueur, qui n’est finalement pas aussi contraignante que l’on pourrait le penser au départ. Autre élément étroitement lié au genre du walking-simulator, Indiana Jones et le Cercle Ancien propose diverses énigmes au fil de son aventure. Deux choix s’offre d’ailleurs aux joueurs en début de partie avec la possibilité de réduire leur difficulté si on le souhaite, même si dans l’ensemble elles sont suffisamment bien faites pour qu’on finisse toujours par en comprendre le principe, du moins lorsqu’elles sont incluses dans une quête de l’histoire principale. En dernier recours, une option permet aussi de dévoiler des indices, histoire d’être bien certain de ne générer aucune frustration. A l’image de la saga, les énigmes sont toujours bien trouvées, et font clairement partie des gros points positifs du titre.
Un aspect enquête et exploration qui fait partie intégrante du game-design imaginé par les développeurs scandinaves. On alterne ainsi entre des séquences guidées, et des cartes plus ouvertes où tout ou presque est prétexte à lancer une quête secondaire. Au détour d’une conversation ou après avoir découvert une vieille relique cachée derrière un banc, le jeu nous propose ainsi de s’écarter régulièrement de la trame principale pour nous donner l’occasion d’explorer l’environnement plus en détails afin d’y révéler ses nombreux secrets. Un concept qui rappelle un peu Hitman, dans la mesure où il devient alors possible de se rendre à un endroit de diverses manières, en employant la manière forte ou au contraire la discrétion. Chaque lieu dispose également d’une carte, élément précieux pour éviter de se perdre, mais aussi pour concentrer ses recherches dans des zones précises. Sans être extraordinaire, le level-design est très cohérent, et invite régulièrement le joueur à récupérer une clé spécifique pour ouvrir une porte, ou à déchiffrer une énigme pour ouvrir un coffre-fort par exemple. Le sentiment de liberté, et donc d’aventures, prend ici tout son sens, bercé par un fond musical omniprésent, et capable de s’adapter à la situation vécue dans l’instant. On ajoute à cela la possibilité de prendre des photos de divers points d’intérêt, et on obtient une formule qui ravira pleinement les plus curieux, tout en rappelant aux autres que la franchise a beaucoup de choses à offrir au-delà de ses scènes d’action.
Avec quelques phases de plateformes par exemple, où le fouet d’Indiana lui permet de franchir un petit ravin ou de se hisser sur un élément situé en hauteur. Dans ces deux situations, en plus des échelles, on contrôle notre héros à la troisième personne, sans doute pour mieux On peut aussi sauter, se baisser, glisser et ramper, le tout à la première personne cette fois-ci, même si cela ne pose pas franchement de problème même lorsqu’il s’agit de sauter de corniche en corniche en tentant d’esquiver des lames tranchantes qui se balancent de gauche à droite. L’exploration de temples et autres catacombes est bien amenée, et souvent marquée par de bons changements de rythme qui, sans parler de tension palpable, créent parfois de petites montées d’adrénaline sympathiques. A noter que notre héros peut s’équiper d’une torche ou d’une bougie pour éclairer les lieux, avec des effets de lumière très corrects, à l’exception de l’ombre d’Indiana qui a tendance à se montrer peu réaliste durant les déplacements.
C’est un peu la même chose durant les combats, avec quelques animations un peu étranges et parfois peu naturelles. Mais cela n’empêche pas d’y aller avec un certain plaisir coupable quand même, à distribuer les bourre-pifs à qui nous cherche des noises. C’est d’ailleurs l’une des mécaniques principales de ce nouveau jeu Indiana Jones, qui offre de multiples occasions de prendre une garde de boxeur pour enchainer les droites et les crochets pour étourdir ses adversaires. Le système est assez simple, avec tout de même la possibilité de contrer un coup pour préserver sa barre de vie et enchainer avec quelques directs sans que notre vis à vis ne puisse esquiver. On apprécie de voir différents profils d’adversaires, avec des ennemis plus frêles que d’autres, qui tomberont avec de petits enchainements, quand il faudra persévérer un peu plus face aux grands costauds en veillant à ne pas faire tomber l’endurance à zéro sous peine d’être sans défense durant quelques instants. Pour s’épargner quelques égratignures, on peut également utiliser une multitude d’objets à récupérer dans l’environnement, allant de la pelle à la casserole, en passant par la tapette à mouche ou la guitare. Globalement, on ressent bien la puissance des attaques, au point d’avoir un peu d’empathie pour nos adversaires.
Quelques armes à feu peuvent également être récupérées, mais avec généralement très peu de munitions, et avec l’immense désavantage d’alerter tous les ennemis des alentours. Car Indiana Jones n’a rien de B.J. Blazkowicz, le héros de la franchise Wolfenstein. Foncer tête baissée ressemble généralement à une opération suicide, et mieux vaut jouer la carte de l’infiltration lorsqu’on se trouve en territoire ennemi. Il devient alors nécessaire de bien utiliser les conduits d’aération disponibles, ou trouver des moyens de se faufiler sur un toit pour atteindre un objectif défini. Pas de route unique donc, et s’aventurer dans des lieux bien gardés est généralement récompensé par la possibilité d’obtenir des livres, des documents ou des points d’intérêt à prendre en photo, ce qui permet de récupérer des points d’aventurier. Autant d’éléments qui incitent à explorer, et qui permettent d’augmenter les capacités de notre héros, ce qui est généralement bien utile pour simplifier les combats en un contre un. On regrette en revanche le peu d’intérêt des fruits et autres gourmandises à ramasser, et qui viennent injustement encombrer l’inventaire pour peu de choses.
Quelques faux-pas, largement compensés par un rythme totalement maitrisé qui nous fait alterner entre les séquences de recherche, des explorations de tombeaux pas avares en surprises et en pièges, et des affrontements qui font passer Indy pour Joe Louis. Et quand on pense que les développeurs vont finir par nous enfermer dans une boucle capable d’entrainer une certaine lassitude, ils décident alors de nous envoyer dans des phases beaucoup plus dirigistes qui semblent tout droit tirées d’un Tomb Raider version reboot. Sans rien dévoiler, on se retrouve parfois dans des séquences capables de nous surprendre, toujours portées par des dialogues particulièrement fidèles à l’esprit de la franchise, humour compris. On ne vous cache pas que ce Indiana Jones et le Cercle Ancien a un petit goût de reviens-y, avec cette envie de tout découvrir, et de reprendre la manette dès qu’on la lâche.
Et la réalisation y est sans doute pour beaucoup. L’ID Tech Engine est particulièrement bien utilisé et permet d’afficher des décors grandioses, jusque dans les détails, tandis que les intérieurs sont particulièrement fouillés, pour un ensemble très crédible. On note simplement quelques ralentissement sur certaines cut-scenes, et un peu de clipping (élément qui s’affiche avec du retard) sur certaines zones, mais rien de bien méchant. Globalement, les développeurs de MachineGames parviennent à nous transporter totalement dans l’univers imaginé par George Lucas, notamment en nous entrainant aux quatre coins du monde. Rappelant la franchise Assassin’s Creed par sa volonté de respecter les lieux, leur culture et leur époque, Indiana Jones et le Cercle Ancien est une franche réussite dans sa capacité à livrer des environnements très différents avec autant de justesse. On apprécie également la présence des transitions cultes de la série, avec cette fameuse ligne rouge tracée sur une carte qui montre les déplacements de notre héros d’un pays à l’autre. On retrouve également le typo caractéristique qui vient annoncer chaque lieu, tandis que les musiques inédites composées par Gordy Haab se marient parfaitement avec les thèmes originaux de John Williams. Impossible de terminer ce test sans évoquer l’excellent doublage en français, avec la présence de Richard Darbois, la voix officielle d’Indiana Jones depuis 1989.
+
- Gameplay en vue subjective pertinent
- Enigmes intéressantes et agréables à jouer
- Duo avec Gina qui fonctionne bien
- Décors très soignés qui invitent au voyage
- Humour omniprésent
- Musiques à la John Williams réussies
- Animations faciales au top
- Doublage en français de qualité
-
- Gestion de l'inventaire un peu galère
- Sound-design parfois étrange
- Animations pas toujours crédibles
- Quelques ralentissements durant les cut-scenes