Test : Industria sur Xbox One
Catastrophe industrielle ?
Le peuple se soulève à Berlin. Nous sommes le 9 novembre 1989, en soirée, et les Allemands ont décidé de faire tomber le mur de la honte. Une prise de conscience libertaire qui n’arrange pas vraiment Nora, le personnage incarné par le joueur, qui voit la StaSi s’intéresser de très près aux travaux de Walter, un scientifique avec qui elle partage la vie. Il faut donc quitter votre appartement au plus vite pour retrouver votre compagnon avant que les forces répressives de cette police est-allemande ne lui mette la main dessus. Un scénario qui nous emmène rapidement de l’autre côté du miroir, dans un monde dystopique étrange composé de nombreux immeubles et hangars, mais dont les signes de vie sont rarissimes.
Industria se présente comme un walking-simulator durant toute son introduction, pour finalement s’équiper d’armes à feu et se transformer en first-person shooter après quelques dizaines de minutes de jeu. Le titre de Bleakmill Games demande également aux joueurs d’avoir un peu d’adresse, avec une poignée de mécaniques de jeux de plateforme, et d’utiliser le moteur physique pour déplacer ou empiler des objets. Une possibilité qui rappelle un peu le reboot de la franchise Prey, et qui présente finalement très peu d’intérêt, sauf dans une poignée de situations. De quoi apporter un peu de variété à l’ensemble, pour une aventure qui s’étale sur environ cinq heures de jeu.
Et cette durée de vie un peu courte n’est pas vraiment mise à profit au niveau du rythme du jeu. Les environnements se ressemblent à peu près tous, et lorsqu’ils changent enfin, on a la mauvaise surprise de constater que c’est déjà la fin. On passe donc notre temps à arpenter les quelques chapitres dans des couloirs de bâtiments en briques rouges et à nettoyer les diverses zones occupées par des ennemis pour avancer. Le bestiaire est quant à lui assez complet avec finalement peu d’adversaires différents mais dont les attaques se distinguent bien les unes des autres. Ces ennemis prennent la forme d’androïdes de défense, qu’ils soient bipèdes ou quadrupèdes, équipés d’armes à feu, explosifs ou experts du corps à corps. Autant dire que l’ensemble rappelle un peu l’ambiance de Bioshock Infinite, avec un budget nettement plus limité, et cela s’en ressent.
Il est nécessaire d’explorer au mieux les environnements pour ramasser un maximum de munitions, une denrée rare dans Industria. Un pistolet, un fusil à lunette, une mitraillette et un fusil à pompe, voici l’arsenal complet de Nora. Une variété appréciable qui permet d’adopter un tout petit peu de stratégie dans les affrontements, en optant par exemple pour un nettoyage à distance avec le fusil sniper, ou pour une efficacité diabolique en combat rapproché avec le fusil à pompe. A condition de disposer de suffisamment de munitions, et ne pas hésiter à user de la pioche pour détruire des caisses en bois qui contiennent les précieuses balles et cartouches. On s’attendait d’ailleurs à pouvoir casser de nombreux éléments du décor, mais on se rend compte très rapidement que les interactions sont très limitées. Un comble pour un jeu qui nous permet d’empiler des rouleaux de papier toilette dans une baignoire mais qui nous empêche de briser une vitre déjà bien abimée avec notre pioche.
Le sound-design et l’impact des objets avec les environnements ou les ennemis ne sont pas non plus à la fête, ce qui aurait pourtant permis d’apporter un peu plus d’immersion à l’ensemble. Le gameplay manque aussi d’ergonomie avec la nécessité de laisser le stick gauche appuyé pour courir, et des déplacements qui ne s’effectuent que dans quatre directions, obligeant le joueur à orienter sans cesse la caméra pour gagner en souplesse. Même constat négatif avec les nombreuses phases passées dans des couloirs sombres. Des séquences peu marquantes, et une utilisation de la lampe torche assez limitée puisque les batteries à ramasser servent uniquement à ajouter un peu d’intensité lumineuse. Du côté de la jauge de vie, il est possible de porter jusqu’à trois fioles de soin mais on regrette que ces fioles ne soient pas mieux réparties dans les niveaux, avec des endroits farcies de ces tubes rouges facilement identifiables, et d’autres lieux qui en comptent trop peu, ou pas du tout.
Quelques soucis liés à un level-design qui présente l’immense défaut d’être très basique et sans réelles surprises. C’est d’ailleurs le principal reproche que l’on pourrait faire au jeu de Bleakmill. L’utilisation de l’Unreal Engine 4 n’apporte pas grand chose, d’autant que les jeux de lumière ne profitent pas des possibilités offertes par le moteur. Les ombres paraissent figées sur les murs et celle de Nora n’apparait même pas. Pire, certains effets entrainent l’apparition d’artéfacts assez désagréables, tandis que le clipping vient confirmer une partie technique pas à la hauteur des standards actuels. Pourtant, on note un réel effort entrepris sur la réalisation de certains intérieurs, mais c’est trop peu pour faire oublier le reste. Les plus valeureux pourront tenter le mode hardcore, avec une difficulté accrue qui supprime les sauvegardes automatiques au profit de sauvegardes manuelles à activer sur des machines à écrire, comme dans Resident Evil mais sans les tampons encreurs. Les munitions se font encore plus rare, et les ennemis plus agressifs, pour une expérience malheureusement pas franchement plus palpitante.
+
- Quelques intérieurs bien réalisés
- Cinq armes à feu différentes
- Nécessité de chercher des munitions
- Bestiaire suffisamment diversifié
-
- Gameplay qui manque de souplesse
- Peu d'impact sur les phases de shoot
- Effets de lumière ratés
- Level-design très basique
- Des briques partout et tout le temps
- Fin très décevante