Test : The Isle Tide Hotel sur Xbox Series X|S
Tout bien que tu détiens est un souci qui te retient
Ne cherchez pas The Isle Tide Hotel sur Booking.com et consort. S’il en a l’allure, cet établissement n’accueille pas vraiment les voyageurs. Il n’ouvre qu’une fois tous les trois ans pour accueillir un groupe de personnes triées sur le volet, en vue de participer à la célébration d’une nuit ô combien particulière pour tous les participants. Elle marquera la fin d’un cycle, ou quelque chose du genre. En bref, et sans vous en dire plus que ce que le développeur a communiqué jusqu’ici, on a bel et bien affaire à une secte. Un groupe « éclectique » nous dit-on, où chacun parait obsédé par le choix de son costume pour la soirée spéciale à venir, mais doit s’en tenir absolument au respect d’une série de commandements que le personnage principal ne tarde pas à découvrir. Il n’a certes pas d’invitation sur lui, mais sa présence à l’hôtel Isle Tide est primordiale : voilà peu, un courrier provenant d’un détective privé l’informait que sa fille Eleanor avait été enlevée et qu’elle était désormais retenue dans l’hôtel. Qui est derrière toute cela ? Pourquoi Eleanor ? Que vient faire un détective privé au milieu de ce bazar ? Autant de questions qui en apportent rapidement beaucoup d’autres.
The Isle Tide Hotel démarre sur les chapeaux de roues question bizarrerie, puisque l’on s’apprête à suivre un homme qui part sauver sa fille (qu’il ne connait d’ailleurs pas) des griffes d’une secte qui prévoit de la sacrifier pour atteindre son objectif, à savoir trouver le sens de la vie de chacun. Rien que ça. Comment ? Il appartient au joueur de le découvrir, au terme d’un film interactif dont le premier run dure environ 80 minutes. C’est dans la moyenne du genre et dans l’ensemble c’est plutôt bien rythmé. Cela en dépit de quelques passages plus posés, où l’on dispose du choix de parler ou non à telle ou telle personne, où l’on peut prendre le temps d’observer certains éléments de l’environnement. On y décèle alors peut-être quelque chose qui conduit vers un chemin alternatif et une issue potentiellement très différente de la première fois.
The Isle Tide Hotel vaut justement pour ses embranchements et ses sept fins possibles, elles-mêmes disponibles en deux déclinaisons à chaque fois. Si la plupart des FMV disposent de cet argument de la rejouabilité, The Isle Tide Hotel démontre une bonne capacité à proposer des expériences réellement variées, au travers d’une utilisation intelligente des choix opérés par le joueur. Tant et si bien que certains choix ouvrent parfois sur de nouvelles possibilités au bout de plusieurs parties. Les décisions à prendre ne sont finalement pas si nombreuses que ça, mais elles ont donc pour l’essentiel un véritable impact sur la progression. On a même le plaisir de pouvoir découvrir des « quêtes secondaires », soit des rencontres avec des personnages dont l’issue de l’intrigue se situe à l’intérieur même de la progression principale. C’est plutôt plaisant. On peut bien sûr passer rapidement les scènes déjà jouées lors d’une partie précédente, avec comme toujours comme condition qu’elle soit le résultat de choix eux-mêmes déjà connus. Il existe même la possibilité de passer des chapitres en entier, mais il faut pour cela mettre la main au cours du jeu sur l’outil qui le permet.
Voilà donc un FMV qui met du sien pour proposer une aventure plutôt dense pour le genre. Dommage cependant que l’histoire en elle-même ne soit pas le moteur principal de notre envie d’y jouer. On n’attend certes pas d’un film interactif qu’il brille par son intrigue, mais avouons tout de même qu’à trop tirer sur la corde du bizarre/burlesque, The Isle Tide Hotel finit par s’éparpiller. On s’y intéresse sans vraiment s’y passionner. Et lorsque tombe l’explication ultime sur le pourquoi du comment, il manque la petite étincelle. Au-delà de l’univers et du fil rouge, c’est peut-être le casting en dents de scie qui fait défaut au jeu, notamment du côté du personnage principal. Michael D. Xavier (vu dans la série Blacklist) a quelque chose d’absent, on se sent plus concerné que lui par le sort de sa pauvre fille qui, bien qu’elle lui soit inconnue, mérite tout de même un peu plus d’émotion. Pour les autres on alterne entre la prestation carrée, efficace (Amit Shah par exemple, aperçu par ailleurs dans la très bonne série britannique Happy Valley), et la tentative de volontairement grotesque qui tend à devenir involontairement grolandesque. Tout ce beau monde évolue toutefois dans un environnement clos bien filmé et plutôt bien choisi pour servir son propos. Il n’y a rien à redire non plus sur la bande-son, agréable pour ses compositions et disposant des voix en anglais sous-titrées en français.
+
- Embranchements nombreux et diversifiés
- Sept fins principales
- Bonne rejouabilité dans l’ensemble
- Sous-titres disponibles en français
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- A trop en faire, l’univers manque de consistance et d’intérêt
- Certains acteurs ont laissé la motivation à la réception